lundi 6 avril 2015

Le jour où mon fils a créé sa chaîne youtube

A quel moment nos rejetons deviennent-ils wild?...
 
 
Hier encore, il était sur ma poitrine, cherchant mon sein, un 30 octobre 2003.
 
Il y a peu, je prenais un coup de vieux parce qu'il faisait sa première rentrée. Celle de maternelle. Puis de primaire.
 
Le dernier coup de massue est arrivé en septembre dernier, lorsqu'il a franchi les grilles du collège.
 
Loulou, c'est encore mon bébé, la chair de ma chair, cet enfant que j'appelle toujours "mon canard" même si, quand même, je lui évite la honte ultime en ne l'embrassant qu'une fois dans la voiture, lorsque je passe le récupérer à la sortie des cours.
 
Quand je l'appelle, il a toujours cette voix de bébé, même si les conversations se sont allongées, depuis les premiers coups de fil, le week-end, lorsque nous étions loin l'un de l'autre.
 
Le matin, il joue au gros dur mais discrètement, il vient se lover contre moi dans la cuisine, avant de partir au collège.
 
L'après-midi, il revient souvent l'œil brillant, le sourire aux lèvres et aime partager avec moi ses récits potaches. Il grogne au moment des devoirs mais n'attend qu'une chose, finalement, c'est de s'y plier parce que c'est autant de temps passé ensemble, pour lui.
 
Le soir, il adore que je lui parle de l'esprit de la couette, des moutons qui ont mal digéré ou de toutes ces histoires qui n'appartiennent qu'à nous et qui l'aident à s'endormir.
 
La nuit, je passe parfois le voir alors qu'il dort d'un profond sommeil et j'observe avec émerveillement cette bouille ronde et encore si innocente respirer doucement, sans imaginer le milliard de questions que je me pose à son sujet.
 
Oui, Loulou a onze passés mais il reste encore un enfant, à mes yeux. Même les soupirs, les haussements d'épaule, les mouvements d'humeur qui, ça et là, émaillent parfois ses gestes et mouvements, ne peuvent atténuer la tendresse que je ressens pour lui et ce sentiment qu'il a encore terriblement besoin de sa môman.
 
D'où le choc, aujourd'hui.
 
Tout fier et totalement excité au bout du fil, il m'annonce qu'il a fait "un truc énorme" chez son papa. Me voilà déjà à l'imaginer allant chercher un brevet quelconque de Géo Trouvetou, en m'interrogeant néanmoins sur ce truc si génial qui réveille l'enthousiasme parfois endormi de mon Loulou (l'air blasé, il maîtrise pas mal depuis quelques temps).
 
C'est comme ça que j'ai appris que mon fils, la chair de ma chair, cet être si jeune et innocent... avait créé sa chaîne sur YouTube.
 
Oui, oui.
 
Pas de journal intime ni de quelconques réflexions forcément philosophiques, Loulou consacre ses premiers pas sur le net à l'un de ses jeux favoris, clash of clans.
 
Autant vous dire que c'est du high level...
 
Bon, par curiosité, et histoire de pouvoir échanger avec lui sur la question, je me suis farci les dix minutes de cette première vidéo.
 
Où j'apprends que mon fils...
 
... qui ne veut pas conjuguer le verbe "avoir" en anglais quand on fait ses devoirs, a un accent de la mort qui tue quand il s'agit de parler de son clan, Golden Force
 
... aime l'or
 
... ne se mouche pas vraiment quand il est chez son père (n'y voyez aucun règlement de compte, je constate juste)
 
... emploie des termes marketing et ricane lorsqu'il parle de "placement de produit"
 
... fait son chef de base, prévenant les courageux postulants qui souhaiteraient le rejoindre d'une effrayante injonction : "ne faites pas n'importe quoi, sinon je vous rétrograde".
 
Il a créé "son" truc sur le oueb, qu'il entend bien développer, tout simplement.
 
Cela devait arriver un jour, j'imagine, et il y aura dix mille autres situations où je sentirais que mon fils m'échappe un peu plus. A vrai dire, je trouve ça plutôt mignon, malgré tout. Et le fait que mon Loulou ait envie de créer son propre univers me donne plutôt le sourire.
 
Même s'il s'agit de parler tout seul devant son écran, avec le nez bouché sur clash of clans...
 
Après tout, je raconte bien ma vie ici, pourquoi devrait-il se censurer, lui, hein? :)
 
 

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