mercredi 25 mai 2011

Entre deux

J'ai toujours vu ce blog comme un exutoire. Je n'aime pas le laisser en friche et pourtant, je sens bien que ce n'est plus tout à fait comme avant. Oh, je continue de me chercher, d'explorer de nouvelles voies, de dire poliment bonjour au voisin physiquement intelligent et de retranscrire des autorisations de programme et des crédits de paiement à gogo, je vous rassure. Mais c'est comme si toute cette nouvelle vie pleine de relief et de sentiments ne pouvait prendre corps ici, comme si cet espace n'était réservé qu'à ce long chemin pavé d'épines que j'ai traversé.

Je ne vous abandonne pas, je sais que je vais revenir ici. J'espérais même vous raconter comment j'ai décroché un entretien pour un vrai travail, avec des morceaux de stabilité dedans. Las, le rendez-vous a été reporté. Me voilà de nouveau dans cette phase entre-deux, sans savoir vraiment de quoi demain sera fait mais avec la certitude que, décidément, ça va aller.

Je vous embrasse!

mardi 17 mai 2011

Le Vent des égarés

Ouh la la, une semaine sans post, mais enfin, que pasa? Je n'ai pas été enlevée par des extraterrestres, je n'ai pas disparu dans une grotte pleine de politicards qui débattraient sans discontinuer jusqu'à ce que mort s'ensuive, je n'ai pas brûlé au soleil de l'Atlantique (quoique, je peaufine mon bronzage agricole)...

Non, non, rien de tout ça.

Je vis, je ris, j'oublie... Je trie, j'envie, je jubile. Je crie, je m'ennuie... et puis je souris.

Je souris parce que malgré ces cris (Loulou a besoin d'un resserrage de vis assez poussé actuellement) et cet ennui que je ressens parfois - celui de penser que rien n'est acquis, professionnellement parlant - je reste là, dans une étonnante béatitude, savourant quelques doux moments comme si enfin, la chance avait tourné (ça doit être un coup de Saturne, ça, ou je ne sais quelle planète qui a eu pitié de ma petite personne et qui me déverse un rab de jolies choses pour compenser les déveines passées).

Béate, mais pas complètement idiote non plus. Un peu de lucidité n'étant jamais complètement inutile, je me suis mise en tête de tenter un nouveau truc, pour voir : l'intérim.

Hier, je me sape un peu en pingouin (mais pingouin d'été, quand même), parce que je me dis que ça fera plus sérieux, tout ça. En entrant dans l'agence, je tombe sur le clone de Philippe Lucas, même coupe, même air à qui on ne l'a fait pas, et le monsieur se fait gentiment rebouler par les dames qui ont visiblement d'autres chats à fouetter. Tu parles, avec son look, forcément... Alors que moi, avec ma chemise blanche et mon tailleur, qui me donne l'impression que la température a grimpé de dix degrés en quelques minutes, forcément, je vais être bien reçue...

"On ne prend que sur rendez-vous, Mademoiselle. Et de toute façon, vous n'êtes pas dans la bonne agence."

OK. Retour à l'envoyeur, je me suis finie chez... IKEA, parce qu'après tout, j'avais aussi ma terrasse dans un état de jachère avancé et qu'il était temps de s'occuper enfin de détails aussi futiles.

J'étais pas très fière, j'avoue (n'empêche que ma terrasse commence à avoir de la gueule. Et que j'ai pris un vrai plaisir à m'assoupir sur ma chaise longue, au retour de l'école, sous le regard ahuri de Loulou qui n'a plus osé broncher, traumatisé de voir sa mère la bave aux lèvres au réveil. Nan, décidément, je suis d'une grande classe).

Donc, dans un sursaut salvateur, j'ai repertorié les diverses agences et ce matin, dès potron-minet (bon, 9h, mais les agences n'ouvrent pas avant, visiblement), je prenais mon téléphone pour prendre des rendez-vous, déverser mon CV et inonder les boîtes nantaises de mes velléités professionnelles.

Je me suis pris un vent. Enfin, quand il y en a plusieurs, on dit un Vent. Majuscule.

Pas de rendez-vous, uniquement des inscriptions sur le site Internet des différentes agences. Sauf que, bien consciente qu'en déposant mon CV sur leur base, j'avais autant de chances d'être appelée que DSK d'être oublié par la meute, je les appelais justement pour obtenir un entretien, me donner une chance. Pas folle la guêpe, je me doutais bien que mon profil atypique n'aurait pas l'heur de séduire les employeurs. Qui veulent, de façon très logique, un maximum de garantie, donc des personnes déjà expérimentées dans leur domaine, opérationnelles d'emblée. Pas une scribouillarde. "Des gens similaires aux personnes déjà passées à leur poste", m'a résumé l'une de mes interlocutrices. En concluant par: "je ne vous ferme pas la porte, mais..."

Ouais. Mais.

Ainsi donc, les agences ne reçoivent plus les potentiels candidats. "On le faisait avant, mais on ne peut plus, vu le contexte", m'a expliqué un autre. "Nous avons pléthore de candidats, pour de moins en moins de postes", ajoutant qu'il ne pouvait se permettre d'offrir "une visite de courtoisie", quitte à donner de "faux espoirs." Au moins, les choses sont claires.

Et moi qui culpabilisais de ne pas avoir tenté ma chance en intérim... Je ne me sens pas abattue, j'ai juste l'impression qu'une piste - que j'explorais vaguement depuis un certain temps - vient de s'envoler et que je suis un peu longue à la détente. Peu importe, je retourne à Poney, parce qu'il me reste encore du travail de ce côté. Je sais qu'une autre mission va bientôt me griller de nouveau les neurones. Mais, sans ça, comment aurais-je pris la chose?

J'ai la vague impression qu'à l'heure où l'on parle de mutation de la vie professionnelle, de reconversions multiples et de remises en question personnelles, le monde du travail continue de broyer du salarié et à écarter tout ce qui sort un peu des rails.

A concevoir la différence comme une difficulté, et non comme une richesse.

Pff. C'est tellement logique, finalement. Et tant pis pour les âmes égarées.

mardi 10 mai 2011

Un melon, des polis

Il est en grande forme, Loulou, en ce moment. J'ai l'impression que les vacances l'ont bien retapé. Il cumule les bons mots, rigole à toutes mes vannes pourries (comment ça, il fait son fayot? Ah, mince, je n'y avais pas pensé), vide mon frigo en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire (je me demande s'il n'a pas le ténia), reprend de la tarte à la ricotta en se léchant les babines (le ténia, je vous dis), se regarde dans la glace et se fait rire tout seul avec ses grimaces à trois francs (déjà mégalo, damned). Bon, petit détail, il ne veut plus aller à l'école "parce qu'on y apprend des choses qu'on sait déjà."

Euh, elle est où la valve pour dégonfler le melon, là?

Donc, le matin, c'est la croix et la bannière pour le lever, alors qu'il réveillait toute la maison (c'est à dire... juste moi. Même pas un poisson rouge, tiens) dès 6 heures du mat' pendant la trêve pascale. Mais alors, une fois en route, on ne l'arrête plus. Pour vous situer, quand je le laisse devant l'école à 8h53, j'ai déjà la tête farcie. Mais enfin, globalement, rien à avoir avec une logorrhée, c'est même parfois passionnant, ce qu'il raconte. Ou juste drôle. Y'a du déchet,  j'en conviens. Parfois, c'est même lourd (ça doit venir de son père, ça, forcément;)). Mais enfin, je dois être bon public, il me fait marrer (ah, on me signale qu'en temps que mère, je n'ai aucune objectivité. C'est pas faux). Exemple? Tiens, ce matin.

"Maman, tu sais quelle est la ville où on est le plus poli dans le monde?
- Nan, mon loulou, dis-moi." (Imaginez une mère pétrie d'admiration pour son fils, la voix claire, le regard lumineux, les oreilles affûtées... Nan, je déconne, il est 8h53, je vous rappelle, c'est pas encore tout à fait défriché là-haut à cette heure).

"Bah, Tripoli! On est y trois fois plus poli qu'ailleurs.

... (un ange passe)

"Oui, enfin, tu sais, en ce moment, les civilités là-bas, c'est un peu moyen. Ils se battent, les gens, en Lybie.

- Ouais, je sais, n'empêche qu'ils sont plus polis qu'ailleurs à Tripoli. Trois fois plus."
C'est marrant, pourquoi je suis pas tentée d'aller apprécier tant de savoir-vivre?

lundi 9 mai 2011

De l'usage de la candeur

Complètement engluée dans une retranscription terriblement incompréhensible, j'écoute des gens parler, je crois reconnaître parfois quelques mots, mais globalement, c'est comme s'ils parlaient en serbo-croate. Et j'ai pas pensé à prendre serbo-croate à l'école.

En même temps, ça n'aurait servi à rien, il semble que ces gens parlent français. Mais un français bizarre, avec des revendications dedans, des bouts de phrase qui traînent, des points de suspension qui en disent long, tout ça, le coup agrémenté de sonneries de portables, de feuilles froissées, de commentaires en off, de petits rires en coin.

Un vrai défi.

Je souffre, les amis, je souffre. J'ai bien cru que j'en réchapperai après une petite sieste mais rien à faire, ça m'a juste découragée encore plus.

Alors, soupirant encore et encore, j'ai avoué ma difficulté à Loulou, ce soir, seule oreille disponible.

"J'ai l'impression que j'y arriverai jamais"; ai-je osé, comme s'il y pouvait quelque chose, le pauvre.

Il s'est tourné vers moi et d'un ton évident, m'a asséné un truc mortel:

"Maman, faut croire en toi."

Ah oui, même lui le sait. J'aimerais bien avoir 7 ans et retourner dans la cour d'école, tiens. Et pas uniquement pour apprendre le serbo-croate.

mercredi 4 mai 2011

De l'impact du concentré de Bisounours

Je suis fauchée.

Je n'ai pas décroché un boulot en or, seulement une mission de sept heures à rendre pour hier, avec des syndicalistes et des archéologues dedans (enfin, je crois), dont je ne comprends pas un traître mot.

Je n'ai toujours pas trouvé comment on éteignait les piles sur mon Loulou, en cas d'urgence (id lorsque je suis à deux doigts de craquer).

Je n'ai pas non plus dégoté la formule magique pour stopper net mon irrépressible (et fatale...) attraction pour le chocolat, si ce n'est d'aller me taillader les mollets avec des orties, à l'insu de mon plein gré en allant courir dans les bois pour atténuer les dégâts (entre autres).

J'ai essuyé un revers et demi amoureux ces trois derniers mois (nan, nan, pas deux, un et demi, on a sa fierté).

J'ai les marques de mon bikini, sur un bronzage agricole global, c'est très classe.

Ma frange repousse trop vite, et ma coiffure j'en-ai-marre-de-vivre reprend le dessus.

Je ne demanderai pas à Kate de me prêter sa traîne pour cet été.

Superman s'est déchu lui-même de sa nationalité américaine et même Oussama ne nous fera plus rire avec ses "espices de counasses". Paraîtrait qu'il est parti endosser l'habit de lumière d'Elvis.

On continue de bouffer du pesticide, on ne pourra bientôt plus utiliser sa voiture - fut-elle quasi-neuve comme ma nouvelle titine-qu'elle-est-trop-belle-les-amis - sans risquer de sacrifier un demi-salaire mensuel, les écolos s'aventurent sur le terrain miné de la zizanie, emprunté déjà fort maladroitement par la gauche, on risque de bouffer du Nicolas & Carlita junior à toutes les sauces si la rumeur se confirme, la menace Fukushima, à défaut de remplir les colonnes des journaux - qui ne savent plus donner de la tête entre Yemen, Lybie, Oussama, Obama, notre vieux fou ex-catho nantais et la révélation des quotas dans le foot français (nooooon???? Il y aurait des gens racistes dans le sport? Quelle révélation, dis donc. Je crois que je vous en reparlerai un de ces quatre) - la menace Fukushima, donc, continue de planer sur nos têtes tandis que Nico explique sans broncher les vertus du nucléaire, la crise n'en finit plus de rendre nos quotidiens chaque jour plus moroses, Xavier Bertrand ne dupera personne, même s'il croit avoir trouvé la combine pour faire baisser les chiffres du chômage...

J'ai cassé ma salière (involontairement, hein) mais je n'ai trouvé ni le courage, ni, surtout, l'envie d'aller demander du sel à mon voisin physiquement intelligent.

J'ai rêvé que j'écrasais trois sortes d'araignées, qui se trouvaient à mes pieds et dont on m'affirmait qu'elles étaient des cancers. Sauf que l'une d'entre elle s'accrochait à ma peau, la saleté, me laissant désarçonnée... et réveillée en sueur.

La semaine dernière encore, je me lamentais sur mon sort et cherchais à combler ce vide presque palpable, en cherchant à comprendre pourquoi, décidément, j'avais besoin d'être au pied du mur pour réagir...

Et pourtant.

Et pourtant, je me sens heureuse comme rarement je l'ai été dans ma vie. Paradoxe de cette frugalité, dont je vous avais déjà parlé, où, face au désarroi, on finit par trouver l'essentiel, toucher à ces petits riens qui transforment le quotidien en une aventure sans cesse renouvelée. On se creuse l'imagination, on cherche comment se sortir de l'impasse et ce sont finalement des micro-événements, un certain fatalisme - mais pas une résignation, symbole de la mort de nos chimères - qui nous mènent vers des chemins inattendus et fastes.

En venant à Nantes voilà maintenant six mois, j'ai pris, sinon la meilleure décision de ma vie, au moins celle de la libération, d'un nouveau souffle. J'en étais intimement convaincue mais je n'étais pas dupe. L'herbe est toujours plus verte ailleurs et le risque de désillusion existait. J'ai pris tranquillement mes repères, retrouvé cet océan si proche qui m'avait tant manqué; des amis avec qui je n'ai plus à programmer des retrouvailles pour 2016 mais que je peux simplement appeler la veille pour le lendemain, ou presque; ces rues si familières que je traverse comme on savoure une madeleine en fermant les yeux ; cet environnement qui ravive de jolis souvenirs d'enfance... mais qui n'aggrave pas ma mélancolie et me pousse au contraire vers des possibles soudain à portée de main.

Non, je n'ai pas pris de drogue ce matin. Aucune substance illicite, ni même un shoot de tagada. Je ne me suis pas endormie dans un bain de formol concentré à 3% de bisounours (vous avez aussi celui à base de oui-oui, mais le côté un peu Rain-Man du personnage m'agace un peu, du reste). Non, tout n'est pas résolu, loin de là. Oui, il se passe des choses. Je ne veux pas me projeter. Je continue de vivre au jour le jour.

Mais se sentir vivant à ce point, my god, ça me ferait presque oublier la décadence de mon existence et surtout celle, bien plus grave, de notre jolie planète...

lundi 2 mai 2011

So long, Clochette

Voilà un an, je revenais toute ragaillardie d'une semaine rennaise assez exceptionnelle, de mon point de vue, après m'être vu confier les clés de la maison le temps que la cafelière aille se ressourcer quelques jours. Oh, se ressourcer n'était pas un terme exagéré tant la fatigue, mais aussi l'envie d'aller humer un autre air, lui enjoignaient de laisser la main le temps d'une pause.

Aujourd'hui, la cafelière doit laisser la main. Mais cette fois, elle ne reviendra pas. Le Café Clochette est à vendre et, si ce lieu, par bonheur, est repris, mon amie, elle, quitte cette aventure qu'elle a menée avec une détermination incroyable depuis le début. Elle était, je crois, l'un des modèles de pas mal d'entrepreneurs (euses, devrais-je peut-être écrire), rêvant eux aussi d'ouvrir un endroit un peu alternatif, où la chaleur humaine et les bons p'tits plats, la simplicité et l'envie de partager dépassent le simple cadre d'un restaurant. Des utopistes, comme moi, j'imagine.

N'empêche, la cafelière y est parvenue, elle a donné du corps à son projet. Elle a transformé sa maison en un commerce dont le seul bémol, finalement, fut... de ne pas en être vraiment un. Le concept autour des enfants est très intéressant, mais les enfants ne consomment pas forcément. Les mamans viennent avec leurs petits pots, ou partagent leur plat du jour avec leur tête blonde. Les gens y sont bien, ils restent. On n'est pas là pour faire de la rotation. En gros, l'affaire n'est pas rentable. Comme on ne vit pas dans le monde des Bisounours, il faut parfois se rendre à l'évidence et jeter l'éponge.

Lors de mes passages dans la cuisine de la cafelière, je me souviens de ces heures intenses où le cerveau est pleinement sur mode automatique, concentré sur chaque tâche à accomplir. Je me souviens du coup de feu, quand la sauce à l'orange se met à faire des siennes, profitant de quelques secondes passées à sortir les lasagnes du four, de cette montée d'adrénaline incroyable, de ce sourire qui revient à la vue des clients, et puis du silence qui suit, à la fin du service, quand, telle une petite fourmi, vous nettoyez, ramassez, videz, et jetez un dernier oeil à l'espace immaculé qui était encore un champ de bataille deux heures plus tôt.

Je me souviens de cette sensation d'avoir les pieds qui poussent, d'être restée si longtemps debout à m'agiter. Je me souviens de ce lent chemin vers le sommeil, trop excitée par la journée passée. Je me souviens avoir pensé que cette vie était un sacerdoce. En me demandant si j'aurais eu la force de tenir à ce rythme, finalement.

A cette heure, j'imagine que la cafelière, elle aussi, revoit ces images qu'elle a vécues au quotidien plus de deux ans, ces images qu'elle avait déjà imaginées tout au long de la construction de ce projet unique. Le Café Clochette restera pour moi un lieu où il était permis de rêver, d'imaginer pouvoir vivre autrement, d'envisager des relations clients/commerçant différentes et humanistes. De façon bien plus prosaïque, le bilan économique a décidé qu'il était temps de tourner la page. J'en suis triste. "Oui, l'émotion est là quand on sent filer un rêve", m'écrivait-elle sur ce blog, voilà un an.

Pascale, je te souhaite tout le bonheur que tu mérites, dans ta nouvelle vie, ta nouvelle voie. Cela n'y changera rien, mais tu peux être fière de ce que tu as construit.

dimanche 1 mai 2011

Droit de réponse...

Allez savoir pourquoi, le blog fait des caprices, je n'arrive plus à enregistrer de réponse aux commentaires. Et comme j'ai envie d'y répondre, un p'tit post fera l'affaire. D'autant que la réaction mi-amusée, mi-consternée qui a suivi mon dernier papier, sur mon côté garçon manqué, n'a pas manqué de m'interroger. Celle de mes copines et de ma soeur, d'abord, qui avaient l'impression que j'avais un peu pété un câble en écrivant un truc pareil, parce qu'il paraît que j'ai l'air d'une fille, en vrai. Bien. C'est rassurant, finalement. Je crois que je vais continuer à mettre des boucles d'oreille pour tromper les apparences...

Il n'empêche que je traînais ce sentiment depuis fort longtemps et le fait de le formuler m'a soulagée, je dois vous l'avouer. Comme si je mettais le doigt sur un aspect qui me bloquait, déclenchant le starter pour passer à autre chose.

L'autre réaction, celle d'Anne, dans les commentaires, m'a un peu brusquée, je dois dire, d'où mon envie d'y répondre. Surtout le "Il serait temps que tu te voies femme. La bonne copine, passé 25 ans, ça finit vieille fille."

Ouh. C'est dur. Vrai, mais dur.

Bien sûr que j'ai le droit d'être une femme, et non une "das", comme j'appelle ces êtres qui passent parfois, dont on ne saurait trop affirmer le genre tant ils ne ressemblent à rien (je sais, c'est cruel. Mais je suis cruelle, et pas seulement bonne copine sympa, ah ah ah).

Je me suis néanmoins reconnue dans les propos d'Anne sur cette "peur de la capture, (peur de) perdre quelque chose en ayant une relation sérieuse". J'ai tellement couru après cette liberté - dont je continue de payer le prix aujourd'hui - qu'envisager la vie en duo serait comme me tirer une balle dans le pied, je crois. Alors, finalement, je comprends mieux aujourd'hui cette forme de recul que j'ai prise, ce presque-refus de rentrer dans la séduction. Question d'orgueil, finalement, car j'évite ainsi toute désillusion, ce risque d'abandon (qui peuvent néanmoins survenir également dans l'amitié, cela étant) et cet enchaînement à l'autre que je considère, je m'en rends compte, comme une entrave à tout mouvement.

Oui, quand on reste dans sa grotte, au moins, on ne risque rien... Et on meurt d'ennui.

Et comme j'ai encore un peu envie de m'amuser, que je vois bien que parfois, c'est pas trop bête, un garçon, que j'ai pas mal de boucles d'oreille et de jolies robes (ben quoi?), je me suis dit qu'il était peut-être temps, maintenant, de se défaire de cette panoplie encombrante de Tomboy (je persiste...) pour en revêtir une nouvelle, plus entreprenante. Une sorte de mue, en gros.

Pas certaine qu'il en sorte un joli papillon, hein, mais enfin, l'intention y est. C'est un début, non?;)