lundi 31 mai 2010

Déjà vu

Un homme, une femme, dans la nuit new-yorkaise. Des étoiles plein les yeux. Et cette sensation de déjà-vu...

J'adore cette expression, souvent reprise, en français dans le texte, dans nombre d'oeuvres américaines. Avec ce délicieux accent. Déjà vouuuu...

Stop! On arrête là le romantisme à trois centimes.

Un homme, une femme, dans un bureau de Pôle Emploi. Des fourmis dans les jambes, d'avoir attendu autant. Et cette sensation de déjà-vu...

J'adore l'expression de l'homme, sérieuse et rassurante. Il parle français, enfin, le français que je comprends. Pas celui du 39 49. Ni l'autre, de l'accueil de son agence.

Il se souvient de mon dossier. Et ajoute: "j'étais en vacances et en rentrant ce matin, j'ai trouvé vos documents sur mon bureau. Alors, je vous ai actualisée."

Aussi simple que ça. Problème suivant!

L'homme mérite son auréole.

La femme en reste béate d'admiration et de reconnaissance.

Cet homme est mon apôtre. Mais, je vous l'ai déjà dit, non?

dimanche 30 mai 2010

"Vous êtes célibataire?"

Je suis là, devant le rayon de coulis de tomates, à me demander si oui ou non j'en prends, si c'est bien normal que le bio ait pris 20 centimes en quelques mois et si j'ajoute aussi des tomates pelées dans mon panier, lorsqu'une personne m'interpelle.

Un homme, devrais-je préciser.

Je crois même qu'il a toqué à mon épaule. Oui, oui, comme si j'allais lui dire d'ouvrir la porte.

Donc, toc-toc. Qui est là? Il prend sa respiration, ah non, visiblement, il ne veut pas savoir l'heure qu'il est, je le sens à sa mine concentrée et un rien angoissée.

Mince, aurais-je une patate sur la joue?

"Mademoiselle, seriez-vous, par hasard, célibataire?"

Et là, le blanc. Je crois que l'on ne m'a plus posé la question depuis... depuis... Ah oui, je me souviens, une fois, un homme m'avait accostée de cette façon. J'étais enceinte de six mois. La classe.

Donc, le blanc. Euh, je dois répondre quoi? Vite, vite, vérification. Est-il physiquement intelligent? Le rayon coulis de tomates est-il adapté à la situation? N'aurais-je pas un bout de salade coincé dans les dents?

Ah, ça y est, c'est une blague. Si je lui réponds oui, il va me dire: "eh ben, dans votre cas, c'est normal."

Ouh, je deviens vraiment parano, moi. Donc, je lui réponds que non, mais il a senti mon hésitation.

"A moitié célibataire, alors? " me demande-t-il, plein d'espoir (promis, je ne me la raconte pas. En même temps, à bien y regarder, il n'est pas physiquement intelligent. Pas moche, non, mais pas spécialement ma tasse de thé).

"Non, non, je ne suis pas libre."

Ben quoi, j'ai pas menti: Avec mon loulou, mes aventures à plein temps avec Pôle Emploi et mes rêves d'ailleurs, j'ai pas une minute à moi. J'aurais pu dégager un créneau, éventuellement, sur un ascendant pompier ou Georgecloonesque, mais là, vraiment...

Il est reparti, la mine basse. Mince, je lui ai collé un vent, sans faire exprès. Trop forte.

samedi 29 mai 2010

Je déteste officiellement Pôle Emploi

Hier, petite virée chez mes amis de Pôle Emploi, fort occupés, semble-t-il, si j'en juge par l'absence cruelle de personne à forme humaine à l'accueil. Pendant un bon quart d'heure, nulle voix pour vous guider, rien. Les sièges étaient vides.

Et les regards las, les mines défaites, de ces allocataires attendant je ne sais quoi, installés de façon désinvolte sur des chaises.

Sans doute se tenaient-ils droits à leur arrivée.

Au bout d'un moment, alertées par la file d'attente qui commençait dangereusement à s'allonger, deux employées ont surgi de je ne sais quel recoin pour nous recevoir. Pas dans un bureau, non, juste à l'accueil, faut pas rêver.

J'explique de nouveau mon cas, auto-entrepreneur, radiation début mai puis réinscription immédiate (je vous l'avais dit, que j'avais été radiée? Je ne sais plus. Pour trois heures travaillées en trop...), trop-perçu signalé et formulaire à la tête rose reçu, pour m'inscrire encore une fois.

Aujourd'hui, j'ai de la chance, ils ont la connexion. Elle regarde, oui, d'accord, "ne tenez pas compte de ce formulaire, c'est automatique en cas de réinscription, mais laissez tomber."

"Vous en êtes certaine?"

"Oui, oui, ne vous inquiétez pas" (quelle idée, aussi, pourquoi s'inquiéter? Hein? Leur compétence est tellement avérée)

Sur ce, je lui transmets tous les documents nécessaires pour ma réactualisation, à confier à mon apôtre. Elle me précise de ne pas oublier de faire la dite-actualisation sur internet.

Tu penses, je risque pas d'oublier.

Aujourd'hui, je m'exécute. "Votre dossier ne vous permet pas d'accéder à ce service", qu'ils me disent sur la toile. Coup de fil au 3949, évidemment, pas de conseiller en ligne, suis-je bête, un samedi matin. Mais le même message, à la consultation de mon dossier. Petite précision: "mademoiselle, vous nous devez des sous." Je veux bien les rendre, moi, mais la dame de l'agence m'a dit de ne m'occuper de rien! Ah oui, c'est vrai, c'est une machine qui cause.

Donc, en gros, je suis allée deux fois cette semaine sur place, pour rien, et là, je comprends que je ne peux pas m'actualiser, donc pas toucher mon alloc, ce qui a le don de compromettre un rien la situation de mon compte bancaire. Et de m'agacer fortement.

Je réalise que le début de mes soucis avec Pôle Emploi a commencé lorsque j'ai repris à bosser, de façon très, très partielle. Ai-je besoin, franchement, d'aller au combat alors que mon alloc pourrait m'attendre bien au chaud? J'en peux plus de ce système; j'en peux plus de ces nanas souriantes et totalement incompétentes; j'en peux plus des bugs informatiques réguliers.

Je n'ose penser à tous mes "collègues" les chômeurs, forcément en proie à pareils dysfonctionnements. Je comprends le désespoir qui peut poindre. Je n'ai jamais attendu de Pôle Emploi qu'il trouve du travail à ma place. Mais simplement, lorsque je prends les choses en main, pourquoi suis-je à chaque fois confrontée à ces freins administratifs? Pourquoi ai-je envie de coller des liasses de formulaires roses dans la bouche de la prochaine qui osera m'affirmer qu'il n'y a pas de souci?

Lundi matin, je suis bonne pour une nouvelle virée.

J'adore.

jeudi 27 mai 2010

Ma journée avec Dark Vador

Alors, je reprends les posts de la semaine: un plan bien établi, une liste des choses à faire, une nouvelle visite chez Pôle Emploi prévue ce jeudi (enfin, avant la fermeture des portes à midi), le balai dans le dos bien tenace et le jonglage de tout ça avec un loulou sollicitant en toute innocence sa maman overdeborded et atteinte de melon-ite aigu.

Même pas peur.

Sauf qu'un tel château de cartes, ça s'écroule au moindre coup de vent.

Loulou s'est réveillé ce matin, atteint d'une taux rauque qui m'a rappelé Dark Vador (un vieil ami de mes songes, laissez, faut pas chercher) et qui a surtout paniqué tous les passants, sur la route de notre pseudo-sauveur, le médecin. Ces derniers, visiblement effarés, se sont retournés sans discrétion sur cet enfant visiblement en phase terminale. Avec le regard noir vers la maman soi-disant digne, du genre: "faudrait p'têtre le faire soigner, votre môme, il agonise, là, et pis c'est sans doute contagieux." Parano? Une dame m'a quand même accostée en me signalant qu'au bout de mon bras se tenait "un pauvre gosse", et qu'en plus, cela ne faisait aucun doute: "c'est la coqueluche, ça!"

Elle a rejoint son mari en soupirant.

Ah, cette sollicitude extrême de nos concitoyens, ça fait chaud au coeur...

En fait, c'était une laryngite. "Ou bien une crise d'asthme, c'est l'un ou l'autre" a assuré le médecin - absolument nul, mais il était le seul à pouvoir nous prendre, on se demande pourquoi. "De toute façon", a-t-il ajouté après consultation express de son Vidal, " le traitement est le même". Me voilà rassurée. D'une toux rauque, loulou a acquiescé.

Avec mon Dark Vador en herbe, nous sommes rentrés et autant vous dire qu'entre deux quintes de toux, l'avancée de mes travaux s'est réduite à peau de chagrin. Allez savoir pourquoi, ça m'a déconcentrée d'entendre Loulou parler comme Jacques Monclar...

Bah, ça ira mieux demain.

mercredi 26 mai 2010

Problématique d'une mère indigne

Far, far away... Je jouais à la maman indigne. Alors que mon loulou avait trois mois, je l'ai laissé, une semaine durant, pour partir à... Mulhouse (youpi), histoire de couper le cordon, de nous habituer, lui et moi, à vivre des séparations.

Il avait huit mois - l'âge où, paraît-il, il ne faut surtout pas laisser son enfant - lorsque je me suis envolée pour Los Angeles. Pour trois semaines.

Oh, à chaque fois, c'était pour le boulot, évidemment, je n'y allais pas (que) pour faire du tourisme.

En vérité, j'ai pleuré nombre de fois, dans ma chambre alsacienne, et plus encore au Motel 6 d'Hollywood. Lorsque j'ai pu quitter la Cité des Anges, j'ai couru de joie sur Hollywood Boulevard, ravie de mettre un terme à ma souffrance, au manque que je ressentais au plus profond de moi.

La situation s'est répétée, pas forcément aussi loin, aussi longtemps mais Loulou comme moi nous sommes accoutumés à ce drôle de rythme. Je ressentais toujours ce petit pincement au coeur, à chaque séparation, surtout lorsque je préparais nos affaires - ma valise, bien sûr, mais aussi une pile de vêtements pour que son papa puisse s'organiser au mieux. Au moment de lui dire au revoir, aussi. Mais enfin, il vivait sa vie, je vivais la mienne et nous nous retrouvions avec ce même bonheur, soulagés de partager de nouveau notre quotidien.

Il était petit et n'avait pas vraiment la notion du temps. Il oubliait. Je me persuadais qu'il ne pouvait pas m'en vouloir.

Ensuite, la vie nous a un peu bousculés. De trois, nous sommes passés à deux. Éviter la fusion, ne pas en faire un fils à maman, j'ai songé à tout ce qu'impliquait une vie de famille mono parentale. C'était comme ça, c'est tout. J'ai continué à partir, à droite, à gauche. Cela ne changeait pas grand-chose. Je préparais toujours nos affaires, ma valise, bien sûr, mais aussi la sienne. Quoiqu'un peu chahuté dans son organisation, son papa était ravi de mes déplacements intempestifs, il pouvait profiter davantage de son fils, lui qui était désormais privé de ce quotidien familial.

Les événements ont fait que je me suis mise à espérer... une routine. Je ne voyais plus mon loulou, accaparée par un rythme infernal au boulot. J'ai décidé de mettre un terme à tout ça, de redéfinir mes priorités. La chair de ma chair, ça représente plus que n'importe quel job, même si celui-ci vous fait goûter aux joies des mégalopoles américaines.

Oui, je savais ce que signifiait une famille mono parentale, pour en avoir vu un exemple, celui d'une amie ayant élevé seule sa fille. Pour autant, je bénéficiais d'une "béquille", en la personne du papa, bien présent. Et lorsque je cochais "parent isolé" dans ma déclaration de revenus, c'était toujours avec un rien de scrupule, comme si je n'étais pas vraiment le cas social que ce statut me conférait.

Des arrivées intempestives, toute essoufflée, à 19h, le discours bien huilé pour parer à toute revendication des employées de la garderie, je suis passée à celles, calmes, apaisées (et chiantes, parfois) de 16h45, jouant à la maman modèle. Le goûter à la main, la main passée dans les cheveux blonds du loulou, ma seule préoccupation était de savoir si sa journée s'était bien passée. Une sorte d'intermède entre deux vies, qui a duré.

Parfois, j'ai résisté, expliqué à Loulou les contraintes d'une vie à se chercher - et à trouver sa voie. Il a protesté, du haut de ses 5, puis 6 ans, mais à vrai dire, il n'avait pas trop le choix. Il s'est habitué à avoir sa maman à disposition, à l'accaparer. En pure maman indigne, je me suis sentie parfois oppressée par cette tâche maternelle - oui, je l'admets - parce que je m'enfermais dans un rôle de mère au foyer qui ne me convient pas.

Fort heureusement, je soufflais régulièrement, d'abord en m'occupant l'esprit avec cette création d'entreprise, ensuite, tout bêtement, en profitant de mes jeudis soirs - où Loulou allait traditionnellement chez son papa - pour me faire un ciné, une petite sortie dans un bar de la ville ou ce genre de menues distractions. Rien de fou, mais une aération régulière et nécessaire. Et, un week-end sur deux, c'était quartier libre, le grand boulevard, la vie sans contraintes, sans repères. Sans Loulou.

Cette solitude récurrente m'a permis de laisser libre cours à ma mélancolie. Plus besoin de taire mes états d'âme, de me montrer disponible, ouverte et résolument concentrée sur les envies mutines ou insolentes de Loulou. Il était en de bonnes mains, occupé, pendant que je vaquais à mes occupations égoïstes.

Vint pourtant un moment où, confrontée à la réalité économique et aux difficultés répétées, j'ai compris qu'il me faudrait probablement quitter la ville pour explorer ailleurs des perspectives plus fructueuses. Une fois de plus, je freinais cette envie, consciente de l'importance pour mon loulou de voir régulièrement son papa.

...

Aujourd'hui, lorsque je coche "parent isolé" dans ma déclaration de revenus, je mesure tout le sens de ce statut. Oh, je vous rassure, pas question de jouer à Cosette ou Caliméro, j'assume complètement cette situation. Simplement, maintenant que je n'ai plus de "béquille", le papa travaillant dans une autre région, me voilà à devoir jongler entre velléités professionnelles et priorités familiales, avec un loulou qui n'a rien demandé et qui n'a pas à souffrir plus que de raison de ce nouveau contexte.

Je découvre pleinement ce qu'est une famille mono parentale. Bizarrement, cela a quelque chose de gratifiant parce qu'au bout de la journée, avoir assuré sur les deux fronts me laisse un sentiment de fierté incroyable (n'oubliez pas que je ne passe plus les portes, depuis hier). Pour le reste, oui, je dois revoir certains plans, et pas des moindres. C'est compliqué. Mais je ne veux pas, surtout, que mon fils se sente comme un poids, un frein.

A moi de lui montrer que loin d'être un fardeau, sa présence s'avère au contraire un moteur. J'ai beau être une mère indigne, c'est son sourire, sa fraîcheur et ses rêves enfantins qui me portent et me donnent envie de croire en des lendemains joyeux. C'est ce mélange détonant d'aplomb et d'innocence qui génère chez moi de la force.

Oui, chaque jour davantage de force, au fur et à mesure qu'il grandit, qu'il comprend - n'hésitant pas, parfois, à en jouer - que sa vie n'est pas forcément aussi classique et stable que celle de ses petits copains.

Qui sait? Peut-être aura-t-il un blog, plus tard, pour y conter à quel point sa mère était folle.

mardi 25 mai 2010

Le melon d'une petite chose courbée

Je l'avoue, j'avais saupoudré d'un zeste de superstition mon dernier post: j'espérais que, ainsi démasqué, mon balai allait se faire la malle. Jouer profil bas, maintenant que je l'avais repéré, prêt à me pourrir la vie.

Eh bien raté. Le vilain méchant, appréciant peu que je le défie à coup d'une partie de basket, s'est réveillé, douloureusement, et m'offre depuis cet après-midi une démarche à la Aldo Maccione.

Totalement has-been, on est d'accord.

C'est donc armée de mon balai tout puissant que je me suis rendue chez mon employeur, le touchant, l'incroyable, le merveilleux Pôle Emploi. Je m'en serais bien passée, pour tout dire, mais là, une sorte d'urgence me chuchotait de taire mes envies de mourir, vite, pour affronter le mal (le balai, bien sûr) et vaincre l'administration. Du genre, deux en un. Efficace et rapide.

La file d'attente ne l'était pas, efficace et rapide, mais enfin, c'est pas comme si j'avais un métier, des choses à faire, un boulot à chercher, un plan à concrétiser, ce genre de détails superflus. Arrivée devant l'accueil - parce que tout arrive à qui sait attendre, eh oui- je sens que les choses vont se gâter.

"On est en panne aujourd'hui, pas de connexion, je ne peux pas vous aider."

" Bien, mais peut-être pourriez-vous me dire à quoi correspond ce formulaire que vous m'avez envoyé - et que je dois vous retourner?"

"Ah ben non, et puis sans connexion, je ne peux rien vous dire."

J'insiste. " Vous n'aurez pas accès à mon dossier, mais peut-être que vous, ou une autre personne peut me renseigner sur le sens de ce papier".

"Ah ben non, et puis sans connexion..."

Ça va, j'ai compris. Je suis bonne pour un tour gratuit. Dans un geste incroyable de conscience professionnelle, elle décide de jeter un oeil sur le dit-formulaire. Elle soupire. Je la sens un peu dépitée. Elle cherche ses mots. Et puis entend sa collègue, juste à côté, répondre au monsieur également dans l'expectative: "Nan, bah revenez demain, hein."

Alléluia, elle a un flash, ses yeux en témoignent:

"C'est ça, hein, revenez demain, hein."

Un bref instant, j'ai l'impression d'avoir perdu mon temps. Va savoir pourquoi...

Une chose est sûre : Il est vraiment temps de quitter ce drôle d'employeur. Je ne mets pas en cause la bonne volonté des personnes rencontrées : je n'ai jamais eu à me plaindre d'une quelconque agressivité. Je les sens juste dépassées - et pour cause. N'empêche qu'au delà de l'angoisse générée par le trou béant qui se profile dans quelques mois, la répétition de ces attitudes un rien désinvoltes me pèse et me pousse à accélérer le mouvement.

J'ai donc envoyé deux candidatures aujourd'hui. L'une des offres, dégotée un peu au hasard, me séduit particulièrement. Là aussi, je vais saupoudrer d'un zeste de superstition ce post. Il sera toujours temps d'en parler, si... On verra. Après tout, des miracles, il en survient constamment.

Un exemple? Eh bien, ma mission d'agent secret Fisher Pricien s'est conclue par un retour positif - autant le dire, avec mon nouveau melon, je ne passe plus les portes. Je songe sérieusement à dresser un autel devant la chambre de Loulou, où j'ai trouvé ce matériel aux richesses insoupçonnées. En attendant, je vais pouvoir tester la solidité de mes nerfs - et des piles du magnétophone - prochainement, semble-t-il. "Nous n'hésiterons ainsi pas à faire de nouveau appel à vos services..." J'ai dû relire au moins cinq fois le compte rendu et la correction que j'ai reçus par mail ce soir, tellement contente du résultat.

Cela ne m'épargnera pas une nouvelle visite à Pôle Emploi. Cela ne va pas éloigner mon balai d'un coup de baguette magique. Mais quel coup de booster pour l'ego!

Je ne passe plus les portes, je vous dis. Même courbée comme je le suis.

On ne se refait pas.

lundi 24 mai 2010

Ce que j'ai dans les tripes

J'ai rangé ma tenue d'agent secret, celle de snobinarde au pays de Beaufland, aussi, et me voilà de retour dans la peau... de la chômeuse que je n'ai jamais cessé d'être, même si mes dernières péripéties m'avaient un peu éloignée de cette idée.

Retour à la normale, après une semaine sans la moindre minute pour penser à moi, à ma situation, à demain. C'est donc reparti pour un tour, les petites annonces, les lettres de motivation, la foire au job miraculeux qui me sortirait enfin de la galère dans laquelle je me suis fourrée toute seule.

Comment ça, c'est moi qui voulais?

Ah ben oui. C'est moi qui voulais. Et au risque de me répéter, je ne regrette rien. Car je repars à la guerre l'esprit (relativement) serein, comme si ce premier retour dans la vie active allait signer un redémarrage professionnel. J'ai établi un premier plan de bataille, je sais à peu près à qui je vais proposer mes services, et je me prépare d'avance aux refus. Mais bizarrement, sans angoisse. Comme si j'avais besoin d'explorer les tréfonds de mon âme pour voir, vraiment, ce que j'ai dans les tripes.

Appelez ça une épreuve intérieure, si vous le voulez. Ce n'est pas cela qui va me faire manger, certes, mais j'emmagasine l'expérience pour un projet. Je vous en parlerai bien, un jour ou l'autre.

Oui, j'appréhende les semaines à venir avec cette sérénité, couplée, toujours (et paradoxalement) avec quelques bouffées d'angoisse que j'élimine à coups de séances de sport. Autant vous dire que je prie pour que le balai ne rapplique pas.

En attendant, je vais aller faire un tour chez Pôle Emploi, histoire d'éclaircir une radiation et une réinscription express, et la réception d'un document qui me laisse un rien perplexe. Je sais déjà qu'ils m'ont trop versée, ce mois-ci, puisqu'ils m'ont informée que je leur devais des sous: ben oui, si en bossant (un peu), on gagne plus qu'en glandant, où va le monde, je vous le demande!

Ah? C'est ainsi que cela se passe? Décidément, une semaine coupée du monde et de la folle absurdité du système, et j'oublie tous les principes de base...

dimanche 23 mai 2010

J'traîne des pieds

Un soleil de plomb.

Un champ immense.

Un vinyl de Joe Dassin. Un jeu des 2 be 3. Des cartes de catch. Des tonnes de vaisselle moche et ébréchée. Les jouets du p'tit dernier, "parce qu'y faut bien faire de la place", des bodys un rien douteux pour le bébé à naître - "c'est une nénette, une petite Marine", dit la future maman en se caressant le ventre.

De jolies malles, trop chères. Des miroirs cassés. Des lots de babioles à 50 centimes, de vieux livres et de la Chick Lit' à tire-larigot. Des voitures de collection. Beaucoup en plastique.

Du marchandage. Une femme qui feinte de vider les lieux, pour mieux revenir. Une autre qui fixe d'elle-même le prix, s'offusquant que le vendeur ne lui offre pas, avec son offre mirobolante - 1 euro le livre neuf -, un bouquet de roses en sus.

Des Dylan. Des Théo. Un Diéno (non, pas Diego. Diéno. Si si). Une Brenda.

Une gamine qui se plaint de tous ceux qui lui marchent dessus, estimant que c'était décidément une bien mauvaise idée de venir en tongs- mais qui traîne des pieds nonchalamment.

Des odeurs de sueur. De frites-merguez. De crêpes au chocolat. Des tables, des bancs, protégés du cagnard, où ils se sont réfugiés en masse.

Voilà dix jours, ils se plaignaient du froid, du chauffage qu'ils avaient dû remettre en route - "bonjour les factures de gaz, déjà que tout augmente!" - et voilà qu'ils fuient le soleil, haut perché, comme la peste. "Pas un temps pour les gros" soupire un monsieur bedonnant, s'essuyant le front à coup de mouchoir.

Pas un temps pour les peaux blanches, non plus, au vu des rougeurs qui surviennent, ça et là, sur les épidermes les plus fragiles.

Ceux-là sont contents: ils partent, hors vacances scolaires, maintenant que les enfants sont partis, "parce que c'est moins cher. Et puis", rajoute la dame, "au moins, on est tranquille, maintenant qu'ils ne sont plus à la maison, on fait ce qu'on veut."

Ces autres, vissés dans leur siège de camping, tapent la discut' en ignorant les clients. "Combien le sac?" demande cette femme. "8 euros? Ah non, c'est pas possible, je change de sac comme de chemise, alors je veux pas mettre autant." Cette autre dame, peu délicate, décrète à son amie que cette robe ne lui ira jamais, "elle est beaucoup trop petite pour toi!" Pas grave. "De toute façon, je ne l'aimais pas, elle est pas belle." "Elle est pas belle, ma robe ?", s'offusque la vendeuse en s'appliquant de la crème solaire sur son décolleté rouge et fripé.

Euh, non, madame, elle est pas belle. Enfin, les goûts et les couleurs...

Du rire gras. Du look Bidochon. Des blagues lourdes. De l'auto-satisfaction. Heureux d'être contents.

Je sillonnais les allées de cet immense vide-grenier - l'un de mes péchés mignons - et, plus j'avançais, plus je me sentais transportée ailleurs. Sur une planète où les gens sont juste contents d'être là, avec leurs soucis quotidiens, leur petite vie installée, leur routine, leurs envies de se retrouver tous ensemble, ce soir, à l'apéro, vidés mais ravis.

Finalement, ils ne se posent pas de questions. Ils avancent en rêvant des prochaines vacances, en espérant que les enfants grandiront sans trop de soucis. " J'avais dit deux, je me suis arrêté à deux" explique d'ailleurs cet exposant à une amie. "Oh, on n'est jamais à l'abri d'un accident", lui répond-elle, avant de s'esclaffer. Je jette un oeil. Trois enfants en bas-âge, dont la dernière dans la poussette. Pas de doute, elle parle en connaissance de cause.

Oui, plus j'avançais et plus j'traînais des pieds, effarée du spectacle. Vous allez dire que je juge, mais sincèrement, j'étais à Beaufland aujourd'hui. Et avec leurs tenues de footeux - les hommes - ou de corsaire moule-cellulite -les femmes -, ces Français-là m'ont collé un frisson.

Je me demande s'ils s'encombrent d'états d'âme, eux.

Je me demande quel peut bien être leur but, dans la vie.

Et je me suis demandé si, finalement, il fallait avoir un but pour être heureux dans la vie ou bien s'il fallait être heureux pour avoir un but.

Et si le but, tout simplement, consistait à être heureux?

Pff, je vais reprendre mes gouttes, tiens.

samedi 22 mai 2010

Fisher Price m'a sauvée

A quoi ça tient, un job, disais-je...

A un jouet en plastique, parfois.

Cette semaine, j'aurais pu effectuer un banc d'essai pour les déodorants. Tester leur efficacité en situation extrême. Oui oui. Rien de moins.

J'aurais aussi pu tester les auto bronzants, histoire de ne pas offrir ce spectacle de fille au teint cadavérique et cernée jusqu'aux omoplates.

Sauf que je ne vois vraiment pas à quel moment j'aurais pu me tartiner de la chose avant d'aller vaquer, à oilpé, dans mon appart, le temps que le fluide agisse.

Je n'ai pas escaladé l'Everest. Je n'ai pas passé la porte de la moindre cuisine de chef étoilé. Mais je n'ai jamais autant rêvé à des journées de 48 heures.

Surmenage, que ça s'appelle.

Je rassure tout de suite les pompiers de service (quoique, j'en ai croisés tout à l'heure, la race présente quelques spécimen physiquement intelligents) (oui, je sais, j'adore les clichés) (mais en même temps, vous auriez vu les dits messieurs, en train de mater la fille au teint cadavérique et en vélo en train de foncer sur eux, vous ne pourriez que m'approuver) (Bref) (c'est drôlement fatigant, la lecture entre parenthèses, un jour, je vous ferai un billet sponsorisé pour vous récompenser de votre fidélité par un mââââgnifique cadeau) (ah oui, c'est vrai, je ne suis pas une bloggueuse influente, aucune chance que cela arrive) (Bref, disais-je), je rassure tout de suite les pompiers de service, je n'ai pas fini à l'HP. Et je n'ai succombé qu'à un seul malaise, devant l'école, à l'issue de LA nuit de trop, à taper du discours au lieu de dormir, bêtement.

Quelle idée, je vous le dis, moi, de dormir la nuit.

Alors qu'un tas d'opportunités s'offre à vous.

La journée, c'était pareil. J'ai refusé tout contact extérieur, dès lors qu'il était amical. J'ai pas le temps, j'ai pas le temps, j'ai pas le temps : personne sondée, sors de ce corps.

J'ai naïvement cédé à une séance de basket, ce que j'ai regretté amèrement, tant elle m'a plombé mon timing.

Là, comme vous êtes, je le sens bien, vous pensez quand même que j'ai pété une pile, que je suis proche du burn out. En fait, non. Et maintenant que les suées sont derrière moi (ça sent meilleur que sous les aisselles, pour sûr), je vous raconte.

Lundi, donc, j'allais à une réunion de Conseil municipal (pas au Mans, c'eût été trop facile), pour retranscrire les débats. Avant de partir, je vérifie quand même la durée d'enregistrement de mon dictaphone. 2h45. Mince.

Je suis mal, ça durera plus.

Mon portable de la mort qui tue est doté d'un magnétophone, je le teste, alléluia, ça marche, je suis sauvée, si j'avais un voisin pompier, je l'embrasserais.

Mon enthousiasme s'avère un rien douché une fois sur place, je sens bien que le magnétophone va être un peu faiblard pour enregistrer les propos de cette grande assemblée.

Je suis mal.

Premières suées. Armée de mon ordi, je tape ce que je peux au cours de la réunion, les gens parlent de noms d'arrêt de bus un peu biscornus (les noms, pas les bus), je ne capte rien. Je les regarde tous : Et vas-y que j'embrouille l'étrangère au teint pas encore cadavérique avec des abréviations à la noix. Il faut TOUT retranscrire.

Je suis mal.

J'ai un voisin sympa (même si son allure n'a absolument rien à voir avec celle d'un pompier, mais ne mélangeons pas tout, nous ne sommes pas là pour ça) qui m'aiguille un peu sur qui est qui. Je crois que mes suées l'ont touché (ou incommodé, c'est possible aussi).

Je respire. Un peu.

Je dois aller éteindre mon dictaphone, pour enregistrer à l'arrache les fichiers sur mon ordi, avant de le rebrancher, le tout dans la discrétion la plus totale. Sauf que si je bouge, les mouches tombent.

Je suis mal.

Je m'y résous, les gens doivent avoir les sinus bouchés (ou alors ils sont polis), tant mieux, je passe, branche mon téléphone portable, histoire de ne rien manquer, éteins mon dictaphone, procédant à la manoeuvre hautement stratégique qui me laisse l'impression d'être devenue un agent secret doté de matériel de la plus haute technologique (une clé USB, pensez donc) et j'imagine combien ce nouveau statut va susciter une liste d'attente hallucinante de princes charmants, alléchés par l'apparat.

Je me ressaisis. Pourquoi elle parle si bas, la dame, là ? Et lui, il a besoin d'imiter Speedy Gonzalès, 'peut pas articuler ? Non mais, des fois.

A l'issue de la séance, je me jette littéralement sur ma sauveuse. Une demoiselle qui va me fournir les cassettes de l'enregistrement, à la condition express que je lui renvoie rapidement - c'est la seule trace de ce Conseil. Je respire (pas elle, j'imagine, impressionnée par mes auréoles sous les bras- j'suis bête, j'ai gardé ma veste, elle peut pas les voir. J'eus été plus inspirée de l'enlever, cela dit, histoire d'éviter ce coup de chaud), je vais pouvoir tout écouter, sans le son pourri que j'imaginais déjà, enregistré sur mes appareils hautement technologiques, je vous le rappelle.

Je me demande juste sur quel support je vais bien pouvoir écouter ces cassettes.

J'enlève mon costume d'agent secret et je rentre. Comme je suis à l'ouest, je ne retrouve pas le chemin de l'autoroute et je me tape de la nationale à minuit, j'adore. Un p'tit mail à la société pour les informer que tout s'est passé sans souci, tu penses, et au lit.

Le lendemain, illumination, je vois ma chaîne hifi, un rien antique, et ses deux boîtiers de cassettes (je ne sais même pas comment on appelle ça. Rapport au fait que je suis passée au tout-technologique. Hum). Toute contente, je mets la première cassette dedans. Hop. Play. Hop. C'est quoi ce bruit? Hop, Eject. Hop, Eject que j'ai dit.

La cassette ne peut pas sortir, l'appareil est bloqué. C'est pas comme s'il s'agissait de l'UNIQUE trace de ce Conseil, que je dois en outre retranscrire DANS SON INTÉGRALITÉ. Avant de la rendre ABSOLUMENT.

Je suis mal.

Je sens des torrents de sueur envahir mon corps.

Là, je me souviens que j'ai une cuisine, avec des couteaux dedans. J'en prends un, je défonce l'appareil, ah ah ah, 'fait moins le malin, cet idiot. Tout ça parce que je ne l'utilisais pas, il a décidé d'une grève du zèle au pire moment. Saleté de technologie vintage.

Bon, le couteau toujours dans une main, la cassette sortie triomphalement de l'autre, je tente de réfléchir calmement. Comment j'écoute ce truc, vu que je n'ai que des lecteurs de CD sous la main?

Et là, nouvelle illumination, je bénis Loulou d'avoir insisté, un jour de vide-grenier, pour acquérir ce magnifique magnétophone-enregistreur Fisher Price.

Puis, je me bénis d'avoir acheté, un jour de grande inspiration, des piles.

Ça marche. Ça maaaaaaaaaarche. Je suis sauvée. J'aime cet appareil, s'il n'était pas en plastique, s'il n'était pas jaune, aussi (j'ai un peu de mal avec cette couleur, trop criarde à mon goût), je l'embrasserais (n'ayant en outre pas de pompier de permanence à disposition, c'est dingue, ça, je suis quand même un peu agent secret dans l'âme).

J'ai donc ré-enregistré les débats sur mon dictaphone. C'est là que j'ai réalisé qu'il manquait le début des propos. J'aurais pu de nouveau défier les lois du Narta-univers. Bah, même pas. Enfin, presque pas.

Bon, quatre heures d'enregistrement, on dirait pas, mais c'est long, très long à retranscrire, d'où le teint cadavérique, les cernes, la tête farcie et le délestage de trois kilos (au moins, çela aura servi à quelque chose) vu que, en sus de ma diète, je n'avais de toute façon pas le loisir de manger - ça prend trop de temps.

Le travail, c'est la santé. Tu parles.

Ah oui, parce que je ne vous ai pas précisé que j'ai Loulou à plein temps, maintenant (je dis ça et il est parti en week-end chez son papa, c'est pas d'une logique incroyable, mais bon), vu que l'Ex a trouvé du boulot à quelques centaines de kilomètres d'ici. Et puis j'avais eu la bonne idée d'accepter une commande et livraison de petits gâteaux, aussi. Remarquez, ça m'a détendue, de cuisiner tout ça, à l'arrache, entre deux délibérations.

Ça s'appelle jongler. Et y'a pas à dire. Fisher Price est le meilleur ami du jonglage.

Avec Madame la Folie, quand même.

Hop hop hop...

... Je reviens.

Si, si.

La vraie vie et, paradoxalement, mon blog, me manquent. Allez comprendre. Je vous raconterai comment Fisher Price m'a sauvé la peau (j'exagère à peine).Oui, je parle bien de cet appareil, là.



Un jouet? Pensez donc. A quoi ça tient, parfois, un job...

mardi 18 mai 2010

La vérité sort toujours de la bouche des enfants

"Monsieur, je travaille ici depuis vingt ans, laissez-moi vous servir."

C'est l'heure de la traditionnelle histoire du soir et j'ai pris un ton classieux pour mimer l'intonation d'un domestique d'une maison bourgeoise - ou du moins est-ce l'idée que je m'en fais.

"Pourquoi il parle comme ça, le monsieur?" me demande Loulou, à fond dans le récit.

"Parce qu'il est un peu précieux."

"Pourquoi il est un peu précieux?"

"Euh, je sais pas, c'est à force de travailler dans une très belle maison, avec des gens classe, j'imagine que ce domestique a fini par adopter le même ton qu'eux." (on nage en plein cliché, c'est n'importe quoi. Je rame!)

"Et c'est quoi un domestique ?"

" C'est une personne qui s'occupe des travaux de la maison. Par exemple, si nous, nous avions un domestique, il ferait la vaisselle il nous servirait, il ferait les lits..."

Ça y est, Loulou a épuisé le stock de ses pourquoi, je le vois à son oeil brillant : il a compris.

"Ah oui, en fait, ici, c'est toi la domestique!"

En fait, oui.

Coup de vent

Contrairement aux apparences, je ne délaisse pas le blog.

Non non non, j'y pense même très fort.

La somme des tâches quotidiennes ne me permet pas, hélas, de l'actualiser comme j'aime le faire. Pas bon, ça, j'en vois déjà deux ou trois qui, découragés, quittent le navire. Allons bon, pour sûr qu'il y aura bientôt du croustillant mais là, la situation s'avère un rien particulière: A l'heure où je vous écris, je rentre tout juste de ma première "mission".

Autant vous dire que j'en aurais des bonnes à vous raconter. Mais je suis tenue à la confidentialité et puis, surtout... je tombe de fatigue. Alors, je ne vous oublie pas, je reviens très vite!

mercredi 12 mai 2010

48 heures dans la vie d'une chômeuse

Ouh la la, je ne suis pas mourue, j'ai simplement expérimenté en vrai le concept de la fille coupée en deux depuis 48 heures. Me voilà un rien lessivée, mais waouh, que c'est bon, toute cette énergie. Tiens, d'ailleurs, après mon 24 heures, qui m'avait valu le commentaire peu amène d'une anonyme -me conseillant de jeter mon ordinateur (!) et de renoncer à la littérature de gare - je ne peux résister à la tentation de vous raconter mes dernières 48h. Du suspense, de la souffrance, des larmes, des cris, des rires, vous allez voir, vous allez voir... J'arrête le jingle à la sauce M6, vous allez finir par y croire et vous seriez déçus. Allez, flashback...

19h45 - J'ai posté mon message, j'attends encore un peu et je n'y crois plus. C'était une fausse alerte, sans doute, ce job. Un peu désappointée, et d'autant plus que j'avais demandé à l'Ex de garder Loulou, j'appelle ce dernier, histoire de prendre des nouvelles et, pourquoi pas, sur un malentendu, de le récupérer. Une heure plus tard, loulou m'écrase de tout son poids, confortablement installé dans le canapé. L'Ex a bien voulu le ramener à la maison. Tu parles d'une soirée studieuse...

22h- J'avais oublié qu'un Loulou, ça dort pas toujours. Me voilà à chasser les monstres et à implorer le marchand de sable de rappliquer vite fait.

2h - J'avais oublié qu'une mouette tourmentée, ça dort pas toujours. Une semaine que mon sommeil est perturbé. Me voilà à implorer le marchand de sable de montrer sa fraise vite fait.

7h20 - J'ai dormi trois minutes. Enfin, c'est l'impression que j'ai, au son du radio-réveil qui s'est déclenché. Wax Tailor chante "Say yes" et j'ai juste envie de lui répondre no.

7h35 - Au moins, j'aurais profité d'un quart d'heure de sommeil au cours de cette nuit agitée. Pff.

8h35 - J'annonce à Loulou que je viendrai le chercher à la sortie de l'école, sacrifiant ainsi nombre de velléités personnelles (chercher un travail, m'insérer dans la vie active, tout ça). Loulou, sans conscience aucune des incidences tragiques de cette décision sur mon avenir professionnel - comment ça, j'exagère - sourit. Ça vaut le coup de faire des concessions.

8h40- Je suis parano ou la maîtresse de Loulou me regarde bizarrement? Tout ça pour quelques malheureux cernes et un épi capillaire? Pffffffff.

9h- Je l'appelle? Je l'appelle pas? Elle m'a quand même plantée, cette DRH, avec ses tests auxquels je n'ai pas eu le loisir de répondre.

9h01 - C'est dingue, quand même, ils ont besoin de quelqu'un et ils ne rappellent même pas.

9h02- Euh, cela dit, j'ai un peu besoin d'un travail.

9h03 - Je reprends du thé.

9h04 - Je la rappelle. Elle a envoyé ses tests à 17h30, m'assure-t-elle. Jamais rien reçu. "Pourquoi n'avez-vous pas rappelé?" Bah, et toi, Madame, ai-je envie de lui répondre.

9h05 - Toujours se souvenir que j'ai besoin d'un travail.

9h06 - Elle me propose de m'envoyer de nouveau les tests. Si je pouvais y répondre pour hier, rapport que le travail doit démarrer lundi prochain, ce serait drôlement bien.

9h07 - Je lui précise que ma journée est chargée et pleine de rendez-vous, à 10h, midi, 15h (sans compter la sortie d'école de Loulou, mais je n'en dis rien, petite maligne que je suis). Et que ça ne va pas être easy-easy de traiter cela au plus vite.

9h08 - Elle me demande si je suis toujours intéressée par le poste. Je ne comprends même pas qu'elle puisse en douter.

9h35 - Voilà, j'ai eu l'envoi. Un intitulé me fait frémir: QCM culture générale. Soudain, le triste souvenir de mon plantage me revient en mémoire. J'ouvre le document. Je m'en sors bien, c'est plus simple. L'autre QCM, sur l'orthographe et la grammaire, s'avère également doux comme un agneau. Ouf.

11h30- Mon rendez-vous a traîné en longueur et l'annulation de la séance de basket arrive à point nommé. La DRH m'a parlé d'un test de trois heures, si tout va bien, j'aurais fini avant d'aller chercher Loulou à l'école.

11h31 - J'ai ouvert tous les documents et instructions. Je commence à lire.

11h32 - J'appelle l'Ex. Maman aura la tête de Papa, ce soir, à la sortie de l'école. Impossible de faire autrement.

14h48 - Je dois quitter momentanément mon poste de travail, rendez-vous oblige. J'ai dû retranscrire trente minutes sur un son de trois heures. Je sens que la soirée va être longue.

16h15- Passage express chez Promocash. Dans l'optique des cent madeleines et autant de cannelés et macarons, j'ai besoin de nouveaux moules pour accélérer le mouvement. Je songe à cette image de la fille coupée en deux et je sais déjà que je vais passer ma soirée entre le salon, à retranscrire cette foutue réunion, et la cuisine, pour enchaîner les fournées de cannelés. Ma vie est un bordel sans nom. Au bout d'une tête de gondole, deux femmes s'échinent pour savoir si oui ou non elles prennent le stock de purée Mousline soldé à 50%. Vive la cuisine authentique... Ma vie est un bordel sans nom, mais j'ai des valeurs, moi. Vade retro, la purée Mousline, vive les plats maison... Un éclair de lucidité et je me souviens que j'ai 300 gâteaux maison à préparer pour demain. En plus du test, je veux dire. Ma vie est un bordel sans nom, de fait.

16h30 - Allez, cette fois, c'est reparti.

20h- Je me demande si la bande-son a réellement une fin.

20h35 - J'envisage une pause dîner avec, ô suprême folie, l'allumage de télé et un petit moment de bonheur devant Hondelatte et son "Faites entrer l'accusé" (il me fait beaucoup rire).

20h50 - Je dois me rendre à l'évidence. Je ne connaîtrais jamais le fin mot de l'histoire. Afin d'apaiser ma frustration, je n'éteins pas la télé, seulement le son.

21h12 - Ma première tournée de cannelés est officiellement cramée. Mauvaise idée que d'avoir mis deux moules simultanément. Les petites bêtes me narguent, avec leur tête noircie. La soirée va être looooooongue.

23h45- Bercée par le rythme du minuteur, je me lève à chaque sonnerie, histoire de vérifier que les cannelés dorent correctement. Dans le salon, on parle accessibilité des handicapés et fonds de financement pour aménager des ascenseurs et autres marches à contrastes. Et puis d'ACMO et de travaux dans la lingerie. Je suis à fond.

1h15 - Cette fois, les cannelés sont tous cuits et en boîte. La cuisine ressemble à un champ de bataille. Je me décide à la nettoyer.

1h45- Cette fois, j'ai écouté l'intégralité de la bande - trois heures. Allez, quelques retouches, deux-trois vérifications sur les noms et on n'en parle plus.

3h50 - Les retouches prennent du temps. C'était peut-être pas une si bonne idée de vouloir écouter de nouveau la bande.

5h03 - Alléluia! J'ai fini! J'envoie aussitôt le document à la DRH.

5h04 - J'ai comme un doute, là.

5h05 - C'est bien ce que je pensais. En fait, je viens seulement de réaliser une partie du travail. J'ai retranscrit in extenso. Maintenant, je dois retravailler le texte, le débarrasser de ses fioritures. Le tailler au scalpel.

5h06 - Je serais suicidaire, je me taillerais les veines, tiens.

6h32 - Je jette un oeil à la télé, que j'avais oubliée. Mon dieu, c'est Télématin, mais c'est pas vrai, il est quelle heure?

6h33 - Je sens une bouffée de fierté m'envahir. Ma dernière nuit blanche remonte à... un temps où je pouvais encore les assumer, j'imagine. Mais surtout, je n'ai pris AUCUNE substance pour tenir - pas même un carré de chocolat. Tout juste pourrais-je admettre une légère addiction aux réflexions débiles d'un syndiqué, qui n'en finit plus de prolonger la réunion -et mon calvaire.

6h34 - Je suis droguée au travail, en fait.

6h35 - J'ai toujours pensé que ce n'était pas si bon que ça pour la santé, le travail, en fait.

6h36 - D'ailleurs, j'en pleure. Des larmes de fatigue. Je n'ai aucune résistance, finalement. Je ravale ma fierté.

6h44 - Alléluia! J'ai fini! J'envoie aussitôt le document à la DRH.

6h45 - J'ai comme la migraine, là.

6h46 - Un oeil sur ma messagerie, puis sur les fenêtres ouvertes de mon ordi. Tiens, je fais 3615ma vie sur Facebook en évoquant ma nuit blanche. Je suis pathétique.

6h47- Je vais me coucher.

6h48- J'ai oublié de me démaquiller.

6h49 - C'est chiant, d'être une fille.

6h50- J'adore mon lit, il n'est plus qu'à quelques centimètres de moi lorsque...

6h51 - Je réalise que je n'ai pas fait la pâte à madeleines. Celle qui doit reposer une heure au minimum. Avec une livraison à 16h30, ce ne serait pas du luxe de prendre un peu d'avance.

6h52 - L'odeur du beurre fondu à cette heure, je sais pas, j'ai un peu de mal.

7h - Allez, cette fois, j'y vais.

7h01 - Non, je ne peux décemment pas laisser la cuisine et la vaisselle dans cet état.

7h12 - Cette fois, je suis au lit.

7h13 - J'ai oublié de me laver les dents.

7h14 - Je renonce à la perfection (ah ah).

7h20- J'entends de la musique. C'est mon radio-réveil qui m'annonce qu'il est l'heure de se lever.

7h21 - Mon radio-réveil est un grand comique. Comme j'ai également mangé un clown, je lui coupe la chique. J'ai fait pareil avec les téléphones, d'ailleurs.

7h43- Je pensais que trois pages suffiraient pour me plonger dans un sommeil profond. Camille Laurens, sa romance nerveuse et sa rancoeur immense me tiennent en éveil. Saleté.

11h - J'ai dormi trois minutes.

11h30- Au moins, le four va me réchauffer et chasser ces frissons qui secouent mon corps las.

15h30 - Pâtisseries OK, ménage OK, Mouette KO. Dans une heure, je dois jouer à la serveuse, à l'occasion d'un buffet.

15h31 - Pourquoi j'ai pas de Guronsan chez moi?

16h - Je me prépare un deuxième expresso.

16h10 - Coup d'oeil à ma messagerie. "Votre candidature a été retenue". Je relis. Je souris. J'ai le poste!

16h30 - Arrivée au restau. La journée peut commencer.

18h31 - "Va voir la dame en rouge, elle veut te parler de tes gâteaux!" me dit ma "boss", pendant le buffet.

18h33 - "C'est pas tout ça, mais au boulot!" me rappelle ma boss, me libérant de l'emprise de la dame en rouge qui adooooooore mes douceurs. Évidemment, je n'ai amené aucune carte.

18h35 - "Ils sont bons, ces gâteaux", lâche le Maire, toujours dans les bons plans, en gobant un macaron. Ma boss me gratifie d'un clin d'oeil. Je suis bouffée par la vanité.

18h45 - Les pique-assiettes sont partis, nous laissant avec plus de deux cents verres sales. Le silence reprend progressivement ses droits. Un peu de vaisselle, du rangement et je file.

19h45 - Retrouvailles avec Loulou. Après avoir joué à cache-cache avec lui, je vais profiter de ces quelques jours de l'Ascension pour rester sagement à ses côtés. Dans la cuisine, je retrouve mon deuxième expresso, intact, que j'ai oublié de boire avant de partir. Finalement, je n'en aurais pas eu besoin pour rester éveillée.

Y'a pas à dire. Ma vie est un sacré bordel. Et j'aime sacrément ça.

lundi 10 mai 2010

La fille coupée en deux

Journée chargée, pour démarrer la semaine: extra ce matin et ce midi, tests de recrutement ce soir.

Un peu de restauration, un peu de rédaction.

Voilà qui ne va pas arranger mon équilibre, moi qui suis toujours le cul entre deux chaises, à ne pas savoir quelle direction prendre.

Pas très confortable, assurément.

Si je devais choisir à l'issue de ces dernières heures, c'est bien la restauration qui l'emporterait. J'ai pris plaisir à assurer cet extra et je suis ravie de réitérer l'expérience dans deux jours, à servir, cette fois-ci, mes propres fournées de petits gâteaux (trois cents pièces commandées, c'est pas beau, ça?).

Et sinon, j'attends toujours, à cette heure, de recevoir les tests qui auraient dû arriver dans ma boîte mail entre 17h et 18h. J'ai beau taper "F5", rien, nada, la DRH a dû me zapper... Oui, c'est moyen, je vous l'accorde volontiers. En allant me renseigner sur la toile, j'ai lu que cette société faisait partie d'une blacklist de la presse. Rassurant, non?

Du coup, j'ai eu le temps (!) de parcourir quelques forums consacrés au journalisme. Décidément, ça va de mal en pis. Les patrons ne prennent plus de gants et vont aux plus offrants, privilégiant tous ces jeunes Rastignac qui cassent le marché. Puisque ça marche, pourquoi se priveraient-ils?

Libération évoque ce jour la situation de journalistes de plus en plus précaires, sans nier cette exploitation de la main d'oeuvre, ni ce chantage exercé pour que les pigistes prennent le statut d'auto-entrepreneur (pourtant incompatible avec le job de journaliste, comme l'a confirmé le ministère du Travail). J'ai appris que sur 37000 titulaires de la carte de presse, nous étions près de 2300 à avoir pointé à Pôle Emploi en 2009.

Nous? Je m'inclus dans le décompte car j'ai toujours cette carte mais, à vrai dire, je me suis terriblement éloignée de cet univers.

J'ignore si j'y retournerai un jour.

Je ne sais même pas si j'en ai tellement envie.

Une chose est sûre, en attendant : je conserve ma petite entreprise et je prends les commandes, consciente que mes mains, asséchées par ces heures de cuisine, me sont actuellement d'un grand secours et me permettent de garder la tête à peu près droite.

dimanche 9 mai 2010

Cherche mari millionnaire (mais vite, hein)

D'un côté, l'envie. Les perspectives de développement. D'une nouvelle vie.

D'un rêve qui se concrétise, finalement.

De l'autre, l'aspect purement matérialiste. Des histoires de charges à payer, de gagner sa vie, d'être payée pour travailler... Un vaste concept qui tend à se ringardiser, si j'en crois le nombre multiple de stages et boulots à-hautes-responsabilités-et-faible-rémunération qui pullule sur le oueb. Mais un concept que l'on doit prendre en compte lorsque l'on décide de son avenir pro.

Soyons clair. J'ai tellement envie de m'installer derrière le comptoir que je serais prête à zapper la question sous, si je le pouvais.

Mais mon bailleur n'est pas d'accord. Je ne suis pas sûre que les employés - chez GDF, Orange, j'en passe et des meilleures - goûtent à ma littérature lorsque je leur renverrai, en guise de paiement, des factures barrées avec juste: "Désolée, je bosse pour la gloire. Je ne peux donc honorer ces charges et vous remercie d'avance pour votre compréhension."

Ce boulot, ce doit être mon gagne-pain. J'ai pas le choix. Or, dans l'état actuel des choses - et après une longue, très longue conversation avec l'experte-comptable - il me permettrait de régler les charges du commerce, pas d'en tirer un quelconque bénéfice. Même en supputant que l'affaire va décoller, parce que plus d'heures d'ouverture, plus de services, plus de gâteaux à emporter...

J'en suis arrivée à la conclusion de mes grandes-amies-les-banquières : Il me manque un mari riche pour "subvenir à mes besoins". Pas (forcément) un gars physiquement intelligent, non, un mec avec des sous pour assurer le tout-venant.

Comment ça, je suis cynique? Mais n'est-ce pas la marque de la réussite, lorsque l'on se lance dans le business ?

Bon. Respirons. Je n'ai sans doute pas exploré toutes les options. Doit bien y avoir un moyen...

vendredi 7 mai 2010

Monde de fous

"Bonjour, Bip-Bip de la Société Bip".

Oh non, encore une personne qui va me proposer de monter mon site web, de développer mon activité ou de payer un encart pub - ça n'arrête pas.

"Je vous appelle suite à votre candidature."

Mince, ils donnent suite aux lettres de motivation, maintenant?

Je n'ai pas réfléchi, j'ai répondu sans tenir compte des doutes qui m'assaillent actuellement. Mais en me concentrant davantage que la fois précédente. Du coup, j'ai des tests lundi. Pour une mission qui démarrerait la semaine suivante.

La bonne nouvelle, c'est qu'il ne s'agit QUE de missions. Même en décrochant le poste (ce que je souhaite), je resterai précaire.

Ouf.

jeudi 6 mai 2010

Derrière le comptoir

Pas la peine de mentir, j'ai passé la nuit derrière mon comptoir. Oui, oui, déjà.

Ou encore.

Ou de nouveau.

Enfin, bref, ça a tilté aussitôt, dans mon cerveau pourtant embrumé - et embrouillé par tant de pistes, lesquelles me laissent paradoxalement bredouille.

Y'a pas à dire, l'idée d'avoir mon lieu à moi, si modeste soit-il, me convient. Je songe déjà à toutes ces fournées de petits gâteaux que je pourrais cuisiner et proposer directement à la vente, sans avoir à redouter un contrôle de la DSV ou un consommateur trop zélé. Je pense à tous ces plats, du genre sans gluten, et / ou légers, qui attireraient une clientèle insatisfaite en la matière. J'envisage de nouveau les apéros dînatoires, ces "afterworks" qui voient actuellement le jour au Mans, précédés d'une pub sans précédent. Je suppose, je compte, j'anticipe...

Je vois rose. Je vois noir.

Au fond, je sais déjà que, côté finances, ça risque d'être compliqué. Le but, lorsque l'on travaille, est de ramener un salaire, paraît-il. Et à ce sujet, j'ai comme un doute. Pourquoi, alors, ne pas rayer l'opportunité dès maintenant? Car je vois cela comme l'ultime chance de tenter le coup, d'essayer. Un an, deux ans derrière ce comptoir et l'expérience tant requise ne serait plus un facteur bloquant. Non, je ne serai pas charlotte+ 12 mais je pourrai tenir plus facilement tête à ces banquiers réticents.

Ah, c'est compliqué. Je suis tombée hier soir sur un article, dans Marie-Claire (on a les lectures que l'on peut, hein, perso, je suis fan depuis... près de 20 ans. ça ne nous rajeunit pas), qui évoquait les virages de femmes d'une voie professionnelle à une autre, souvent opposée. A commencer par Chloé S, graphiste et photographe, qui s'est lancée dans les cupcakes alors qu'elle peinait à trouver du boulot, qui a livré un premier restaurant, un deuxième... Aujourd'hui, elle a ouvert son lieu, organise des cours de cuisine, fait parler d'elle partout, comme le reflète son blog. Une vraie success story qui laisse songeur.

Elle est devenue Miss Cupcake? Et pourquoi je deviendrai pas Miss cannelés, hein? (comment ça, je suis prétentieuse?)

Alors, oui, c'est à Paris, zone de chalandise autrement plus importante que dans ma province. Je ne connais pas cette Chloé, ni ses cupcakes, ni ses moyens, ni son réseau. Simplement, elle a avancé en croyant à son entreprise, en offrant aussi une image de qualité et de plaisir.

Elle a l'art de faire les choses.

C'est toute la différence. Faire. Pour l'instant, mon seul art, c'est d'imaginer dix mille hypothèses. Pendant que les autres avancent.

mercredi 5 mai 2010

Tout vient à point...

Bon, j'avoue, j'étais pressée hier midi mais je tenais absolument à partager mon excitation; et puis, l'idée de vous faire mariner n'était pas pour me déplaire.

Yes, my name is Cruella (mais sans les Dalmatiens, j'ai pas la place dans l'appart et ça pourrait rebuter le cheval blanc, le jour où il se décidera enfin à poser ses fers ici).

Entre-temps, j'ai réalisé que cela devait rester confidentiel. Aïe. Comment ça, vous n'allez pas le répéter? Mais on est sur une plate-forme géante ici, demain madame Wang est au courant et Mister John Doe ne manquera pas d'en parler à son collègue Pablo Ramirez.

Mais si, vous savez, la mondialisation, tout ça... Bon, j'abdique, je suis une inconnue, pas la peine de se montrer trop parano, je balance l'info. Hier matin, mon unique cliente restauratrice, qui tient également le restau que je convoitais initialement (ça va, vous suivez toujours?), m'a proposé de prendre ce dit-établissement en location gérance.

C'est pas fou, ça ? Comment ça, j'en étais au même point l'année dernière? Justement, ça ne s'était pas fait et ça m'avait pas mal perturbée. Je m'étais longtemps accrochée à l'idée, avant de finir par y renoncer, consciente qu'elle ne lâcherait pas l'affaire. Pourtant, je savais que c'était là l'alternative idéale: tu jouis du lieu, moyennant une redevance. Tu n'investis pas dans un fonds ou du matos à dix mille dollars, mais tu es ton boss.

Tous les banquiers que j'ai rencontrés (huit, oui, je me souviens bien) étaient unanimes: c'était la solution idéale. "Si seulement vous aviez pu prendre ce restau", me disaient-ils régulièrement. Oui, si seulement...

A vrai dire, lorsqu'elle m'a évoqué la chose, alors même que je venais la livrer pour l'habituelle fournée de gâteaux, j'en suis restée un peu abasourdie. Tout ça vient alors que j'ai tout empaqueté, que les valises sont prêtes pour une autre vie et l'album-photos de la cuisine relégué au rayon des souvenirs. Ironique, n'est-ce pas?

Pourtant, comment ignorer cette offre qui vient au moment où je ne l'attendais plus (mais alors plus du tout) ? Le lieu continue de me parler, la clientèle existe, l'emplacement est top, son volume est idéal pour une personne seule, pourquoi hésiter?

J'ai senti une montée d'adrénaline. Pourtant, j'ai gardé la tête froide. Je lui ai dit que cela méritait réflexion. Je ne veux pas me précipiter, car je connais aussi les bémols de la situation, telle qu'elle se présente aujourd'hui.

Une chose est sûre: j'ai descendu tous les cartons que j'avais rangés, la mort dans l'âme. Maintenant, il s'agit de manier les chiffres au mieux, pour décider de quoi l'avenir sera fait. Vais-je aller au bout de l'aventure, alors que l'épilogue était écrit?

Oui, quelle ironie, décidément.

mardi 4 mai 2010

La semaine du miracle

Un miracle acheté, le second offert! Mieux que les soldissimes, les offres de la semaine ne sont même pas alléchantes, elles relèvent du miracle, oui oui. Après la semaine du blanc, la semaine du noir (souvent, ces derniers temps), celle du blues afférente, voici donc la période promotionnelle que je préfère: celle où tout arrive lorsque l'on ne s'y attend plus.

Stop! Je vous vois venir. Pas de cavalier physiquement intelligent au coin de la rue.

Aucun cheval blanc recensé.

Aucun chasseur de tête en provenance direct des meilleures rédactions françaises, que dis-je, planétaires, pour me dérouler le tapis rouge.

Aucun éditeur, pour me proposer une avance sur frais sur un manuscrit quasi virtuel.

Aucun basketteur, pour que je devienne son... nègre (n'y voyez aucun mauvais jeu de mots).

Aucun client, pour que je lui livre chaque jour une fournée gourmande, pour un salaire indécent.

Bah quoi, alors?

Eh bien, c'est un retour dans le passé. Oh, ça va, je le fais assez souvent comme ça, ma pauvre fille, arrête avec ta mélancolie à trois balles...

Stop.

Pas ça non plus.

Bah alors c'est quoi?

Tiens, et si je vous laissais deviner? Tiens, oui, je vous laisse deviner.

lundi 3 mai 2010

Un apôtre à ma rescousse

Je vais finir par me méfier de cet appareil qui sonne. Oui, ce téléphone annonciateur de mauvaises nouvelles. Aujourd'hui, le conseiller de Pôle Emploi que j'ai vu la semaine passée m'appelle. Il me dit que 78+35 = 113 et que, de fait, je n'aurai pas d'allocation ce mois-ci, pour trois heures de "trop" travaillées.

...

Il est gêné, je le sens bien, mais ne peut rien y faire.

Grâce à l'abruti que j'ai eu la semaine passée au bout du fil, je vais donc vivre une vie de RSA member ce mois-ci. Les heures se cumulent bien et mes droits sont reportés d'un mois. Comprenez que pour avril, c'est nada, niente. Tu as bossé? Bah, arrête, ça coûte trop cher!

...

Dire que je suis sentie abattue serait un euphémisme. Je me suis demandé comment j'allais bien pouvoir payer mon loyer, la cantine de Loulou et les classiques charges ce mois-ci. Quant au contrôle technique de la titine, n'en parlons pas. Hey, y'a de la place sous les ponts? L'esprit de Cosette était de nouveau en train de m'envahir lorsque...

Re-coup de téléphone. De nouveau le conseiller. Il est allé voir le directeur de l'agence, lui a exposé la situation. "Comprenez bien que Pôle Emploi n'est pas là pour mettre des bâtons dans les roues aux gens qui veulent s'en sortir." Ça m'arrangerait d'y croire, pour tout vous dire. "Nous avons des règles, bien carrées, et ce n'est pas à la tête du client. Mais vous aussi, vous avez été carrée et on ne peut pas laisser la situation telle quelle."

Là, il m'annonce qu'il va déroger à la règle, exceptionnellement, vu que j'ai gagné peanuts sur mon activité d'auto-entrepreneur. "On va s'arranger, ne vous inquiétez pas."

J'ai envie de l'embrasser.

"Vous savez, on n'est pas de glace. Moi, ça me dérange grandement, ce genre de cas", ajoute-t-il.

Mon fils voit Dieu dans les nuages. Moi, j'ai senti comme un parfum de petit miracle à Pôle Emploi aujourd'hui.

dimanche 2 mai 2010

Dieu dans les nuages

En voiture, souvent, j'aime bien jeter un oeil dans le rétro et observer, en douce, loulou. Les yeux grand ouverts, il semble happé par le paysage, avec l'envie de ne pas en rater une miette. Parfois, il fronce les sourcils. "Je me concentre", m'explique-t-il, quand il surprend mon regard amusé.

Hier soir, il avait donc les yeux au ciel - menaçant, très menaçant, envahi par de gros nuages noirs - lorsqu'il a failli m'envoyer dans le fossé.

"Heeeeeeeeeeeeyyyyyyy" a-t-il hurlé, "je vois Dieu."

Va vraiment falloir que je songe à lui prescrire des gouttes.

Moi, détachée: "Ah oui, où ça?"

"Ben là, tu vois bien" m'indique-t-il avec son doigt (je lui ai déjà dit que ce n'était pas poli de pointer une personne ainsi, mais quand il s'agit de Dieu, peut-être y a-t-il dérogation)

Moi, rabat-joie : "Hum, je ne vois rien, tu sais, chacun voit bien ce qu'il veut avec les nuages."

Lui, catégorique: "Sauf que là, c'est bien Dieu."

Silence.

"D'ailleurs, c'est lui qui m'a donné des super-pouvoirs."

Moi, dubitative: "Ah oui, lesquels?"

Lui, comme si c'était une évidence: "Par exemple, je suis le maître du temps. Je peux changer la météo"

"Ça tombe bien, faudrait que la pluie cesse, là."

Il fronce les sourcils, signe de sa concentration extrême. Je prends un rond-point, je sors, et, coïncidence amusante, il ne pleut plus. Loulou jubile.

"Tu vois?" ajoute-t-il, très fier.

"Tu en as d'autres, des super-pouvoirs comme ça?" poursuis-je, intéressée.

"Oui. Tu veux quoi, par exemple?"

Je réfléchis, avant de lui lancer le défi ultime :"Tu pourrais me trouver un travail?"

Il fronce de nouveau les sourcils, tente de se concentrer.

"Là, ça va être vraiment plus difficile."

Loulou voit Dieu dans les nuages, peut changer la pluie en soleil. Il est souvent dans la Lune, mais est réaliste: sa maman ne va pas se caser comme ça, juste sur l'un de ses coups de pouce célestes.;)