samedi 27 février 2010

Dans le même bateau

Le hasard, vous disais-je...

Le hasard m'a donc fait croiser Agnès et Denis, du projet bio, un collectif que j'avais rejoint, avant de m'en éloigner rapidement. Toujours enthousiastes, ils m'ont expliqué les changements dans leur projet. A défaut de créer un lieu sympa, ils souhaitent livrer des plateaux-repas bio aux entreprises.

Et donc, me direz -vous... Eh bien, ils cherchent un laboratoire pour confectionner tout ça. Un peu comme moi, en somme. On discute d'un éventuel partenariat, d'un partage de ce fameux labo et Denis, comme illuminé, m'arrête:

"Tu pourrais faire un temps partiel avec nous?"

Je m'entends répondre que tout est envisageable, réalisant un peu plus tard qu'à force de me disperser, je ne parviens pas à me fixer un but précis. En fait, j'ai l'impression d'être tiraillée chaque jour un peu plus, cherchant à me démultiplier, avec l'idée que ça finira bien par payer. Mais en attendant, je mets l'écriture de côté et je consacre tout mon temps aux fourneaux, sans résultat concret à ce jour.

Patience est mère de vertu, oui, je la connais celle-là. Madame Patience n'est pas mon fort, je le concède volontiers.

A vrai dire, je ne veux plus perdre de temps et il va falloir, vite, engranger les bénéfices. Or, la voie vers laquelle je m'engage est pleine d'embûches et, surtout, fragile. Il me faudra du temps, j'en ai conscience, pour vivre de mon activité, si tant est que je puisse la développer.

Finalement, toutes ces incertitudes me ramènent à mon statut précaire. Au delà du sourire initial, cette réunion de la SCOP m'a un peu effrayée, mine de rien, car c'était un concentré de gens, au mieux interrogateurs, au pire paumés, qui veulent vivre d'une passion - d'un simple loisir parfois - et s'inventer un job, parce qu'ils ont été mis de côté par la société, qu'ils ont subi de plein fouet la crise ou parce qu'ils n'en peuvent plus d'être exploités. Dans leur discours, j'ai entendu cette soif d'indépendance, de travailler pour soi. De chez eux, aussi, dans leur cocon.

Limite si je ne les imaginais pas avec leur plaid sur le dos, à rassembler minutieusement les fruits de leur labeur.

Devenir son boss, c'est un luxe et il peut s'avérer coûteux. J'en avais déjà conscience mais, plus que jamais, je réalise à quel point je suis partagée entre l'idée d'entreprendre et celle de rejoindre les rangs de la meute. En postulant pour un "vrai métier", avec un salaire qui tombe chaque mois et basta. En même temps, ai-je le choix? Ont-ils le choix, tous ces êtres sur le carreau?

Ce qui m'inquiète, sincèrement, c'est de constater cette résignation presque palpable. Personne n'est choqué lorsqu'un "porteur de projet" raconte qu'il a été licencié et qu'il a désormais un client, son ex-employeur, tout bonnement, libéré de toutes charges patronales. Aucune tête ne se lève lorsque l'intervenant évoque la difficulté de vivre de son projet - celui qui nous prend tout notre temps et notre énergie et la possibilité de gagner peanuts deux ans durant. Non, nul ne relève lorsqu'il donne un exemple de salaire à 600 euros. Comme si c'était normal. Comme s'il fallait renier ses exigences, parce que, de toute façon, vu le marasme...

J'écris cela et pourtant, je continue de croire en l'avenir, j'ai de l'énergie à revendre. Ça va. Ce qui me gêne juste, c'est cette sensation permanente de me chercher. D'errer.

D'être paumée, comme ces âmes que j'ai croisées, en quête de quelque chose. D'un ailleurs, d'un après, d'un autre. D'un déclencheur qui rendrait, à ma vie, à la leur, un rien de sécurité, de sérénité.

Oui, la liberté a un prix.

vendredi 26 février 2010

Burlesque, gothique et customisation

J'suis à la bourre.

J'entre dans la pièce, table en U, une vingtaine de personnes autour. Et deux visages familiers. Agnès et Denis, du projet bio. Drôle de coïncidence.

Afin de présenter la SCOP, l'intervenant explique que de tels regroupements d'entrepreneurs salariés existent dans chaque département de la région, "excepté la Vendée, mais bon, c'est un état dans l'état, alors..."

Ensuite, son speech me conforte dans l'idée que c'est probablement la solution idoine dans mon cas. Il faut avoir peaufiné son projet et en être au stade où l'on veut tester son activité, tout en conservant quelques acquis. En gros, au lieu de se jeter dans le vide, on use de quelques parapets. Parfait pour un chat échaudé...

Vient ensuite le tour de table. Il y a donc mes deux connaissances, qui ont visiblement revu leurs envies, en panne de local et de moyens (tiens, tiens).

Une couturière en tissu d'ameublement qui bafouille un peu. Et qui vient de... Vendée. L'intervenant rougit et tente de se justifier. Il rame et bafouille à son tour.

"Enfin, vous voyez, quoi, c'est un peu spécial, là-bas... En tout cas, c'est sympa, la mer, hein."

Un ange passe. Il se tourne vers les suivantes. Deux créatrices de bijoux, sorte de jumelles gothiques, qui portent leurs créations. L'intervenant, visiblement fort perplexe et peu adepte du tact, pointe du doigt le gros collier qui orne le cou d'une des demoiselles :

"Euh, alors, c'est ça que vous voulez vendre?"

Les deux filles s'enfoncent un peu plus dans leur siège. Et laissent la parole à leur voisine. Toute de rouge vêtue, la couturière - de vêtements, cette fois - m'oblige à tendre l'oreille. J'ai du mal à décrypter son langage, mais je crois comprendre qu'elle a "une passion pour l'amour."

Tiens donc.

Personne ne bronche, même les têtes sérieuses. Du genre consultants, en informatique, bilan de compétences et autres développement personnel.

Les autres embrayent. Il y a le transformateur de véhicules à la voix de fausset, qui évoque avec passion sa customisation de camionnettes en fourgons à pizza. Ce qui laisse de marbre son voisin, un clown burlesque - que j'ose supposer plus drôle sur scène que dans cette pièce.

Un chauffeur-livreur avé la gourmette qui va bien. Le sourire niais et la bonne tête de vainqueur. Une vraie caricature.

Une salariée qui veut cumuler son boulot et une nouvelle activité, déclenchant le sourire de l'intervenant.

- "Travailler plus pour gagner plus, hein, c'est ça?!"

- "Non, travailler autrement."

Et paf dans les dents. Faut dire que le monsieur semble un peu fait dans le même moule que l'homme-qui-aimait-les-croques-perdus. Du genre cow-boy un rien hautain, qui écoute vaguement, sans cacher sa perplexité pour ces pseudos-créateurs qui viennent le saouler avec le statut d'auto-entrepreneur.

A sa décharge, certains n'ont visiblement pas la lumière dans toutes les cases, là-haut. L'un d'entre eux a visiblement envie de nous faire partager ses états d'âme. "C'est chaud", qu'il répète. A la fin, en se grattant la tête, visiblement soucieux (ou alors cherche-t-il à éveiller l'intelligence qui sommeille depuis trop longtemps en lui?), il pose la question qui tue:

"Mais alors, entre le statut d'auto-entrepreneur et votre truc, là, c'est quoi le mieux?"

J'avoue, j'ai un peu honte pour lui. L'intervenant ne se démonte pas, lui qui, a priori, doit prôner le bienfait de la SCOP. Lorsque tout le monde est sorti, il semble soulagé. "Je n'ai pas été agressif, aujourd'hui." Visiblement, y'a parfois du plus lourd, encore.

Doit pas s'ennuyer, le monsieur. Surtout s'il est comme moi, à chercher la p'tite bête. C'est vrai, je le sais, il ne faut pas se fier aux apparences et là, je suis mauvaise langue, quand même. Le beauf à la gourmette, il est peut-être pas beauf, en fait. Le custom-boy, pareil. Et le bêta, ça se trouve, c'est une lumière.

Non, ça, c'est trop improbable.

Demain, si vous le voulez bien, je vous raconterai les joies du hasard.

jeudi 25 février 2010

Les meilleures choses...

Dans mon esprit, un tourbillon d'images qui reviennent - et le sourire avec. Je n'ai pas vu le trajet passer, hier soir, et pourtant, il a bien fallu me rendre à l'évidence: la semaine de vacances est terminée. Finie l'insouciance. D'ailleurs, j'avais à peine posé ma valise (enfin, un sac de quatre tonnes, jamais su faire des bagages légers) que j'avais rejoint la cuisine. Fouet à la main, le combiné à l'oreille pour parler à loulou (resté chez son papa), j'ai préparé la pâte à cannelés pour une livraison vendredi.

Business is business, eh, qu'est-ce que vous croyez?

J'suis crédible, là? Non, OK. N'empêche que j'étais bien contente d'être une fille et de pouvoir faire deux choses à la fois (un rien de private joke, je le concède). Parce que j'ai du boulot sur la planche.

C'est le retour immédiat à la réalité, avec son lot de commandes sucrées - plutôt excitant - et celui, moins drôle, de questionnements. La place retrouvée de l'incertitude, en somme. Mais, au moins, j'aurais balayé mes angoisses quelques jours durant. Les bouchons et autres p'tits restaus chaleureux, les balades dans le Vieux Lyon, les soirées simples entre amis, les discussions à bâtons rompus, rien de tel pour se ressourcer.

Parfois, ça a légèrement débordé, entre fête improbable d'un dimanche soir un rien aviné ou recherche intempestive des "Kedsonnes" (Entendez "Quais de Saône") qui ont engendré des traversées en sens interdit ou sur les couloirs des trolleys - voire un arrêt au frein à main en plein boulevard lyonnais.

J'ai toujours l'impression d'avoir douze ans, dans ces moments-là, et je savoure. Même si je sais au fond de moi qu'il serait temps de vivre comme une adulte, raisonnée et raisonnable.

Alors, je vous rassure (?), c'est prévu. D'ailleurs, je vais cet après-midi à une réunion qui devrait décider de mon futur statut professionnel.

Oui, les meilleures choses ont toujours une fin, mais elles réactivent généralement les envies et projets. Que j'entends bien faire fructifier. Enfin.

jeudi 18 février 2010

Légère interruption des programmes

En février 2004, j'ai quitté la maison en retenant difficilement mes larmes devant la frimousse de mon loulou, trois mois à l'époque, et je suis partie me geler à Mulhouse, à côté d'un journaliste en charentaises (véridique) qui ponctuait tous les matches par un petit verre d'Efferalgan. Pschiiiiit, que ça faisait, et moi, je me frottais les yeux pour être sûre de ce que je voyais. Oui, oui, c'était bien ça. J'aurais peut-être pu venir avec mon bébé, finalement... Le Mans, mon équipe de coeur, a perdu sur le fil en finale. Pour ponctuer cette semaine fort agréable, j'ai reçu un coup de fil: mon grand-père venait de mourir.

En février 2005, nous sommes arrivés sous la neige à Clermont-Ferrand et de nouveau, les températures glaciales ont calmé nos ardeurs. La salle aux relents soviétiques, immense et hostile, était d'une tristesse innommable. Limite si nous n'avions pas l'impression d'assister à un congrès du parti (mais sans la vodka, laquelle, au moins, aurait pu nous réchauffer). Le Mans a été absolument ridicule, sortant dès le premier tour, et j'ai égaré mon dictaphone, puis mon accréditation. J'ai retrouvé mon dictaphone, qui ne servait plus à rien puisque les vigiles ne voulaient pas me laisser rentrer sans passe. J'ai vu la finale, je ne sais par quel miracle.

En février 2007, à Nancy, j'ai pensé qu'il serait bon de déplacer cette semaine en août, par exemple, histoire d'éviter les crevasses et autres petits bonheurs du genre. Ou alors d'émigrer vers le Grand Sud. Et Le Mans a perdu en finale, me laissant une fois encore sur ma faim.

En février 2008, j'ai laissé à regret mon loulou, grippé, pour rejoindre Toulon. Le Mans, de nouveau ridicule, s'est encore fait sortir au premier tour. Petite compensation, néanmoins, mes prières avaient été visiblement entendues, le soleil était là. Enfin, je l'apercevais depuis ma fenêtre, puisque j'ai passé la semaine clouée dans la chambre d'hôtel... grippée à mon tour. J'ai vu la finale, me traînant jusqu'à la salle, fiévreuse et sous corticoïdes. Grande forme.

En février 2009, libérée de toute obligation professionnelle (ah, ah), j'ai vu le port du Havre, ses soirées endiablées et Le Mans l'emporter (enfin). J'ai cru que nous allions nous faire lyncher, la salle étant aux trois-quarts pour Orléans, l'équipe finaliste, pendant que nous étions quatre à hurler, sans honte aucune, pour encourager nos poulains. Je me suis dit que c'était quand même vachement sympa, l'événement, vu des tribunes. Et qu'il faut oublier tout sens du ridicule lorsque l'on joue au supporter.

La Semaine des As (oui, c'est du basket!) démarre ce jeudi à Lyon. Autant vous dire que pour l'édition 2010, j'entends bien profiter de ma liberté pour savourer ce joli moment de basket... et de vie.

Alors... à bientôt!

mercredi 17 février 2010

Les castes et le poubellier

Ce week-end, avec ma soeur, alors que l'on passait une soirée pleine de surprises et de rencontres, on s'est souvenu d'une "fête" épique à Paris, organisée par des architectes. Épique, parce que les "archis" en question n'avaient pas daigné nous adresser la parole. Enfin, si, l'un d'entre eux s'était vaguement adressé à nous, un moment, avant de réaliser son erreur: non, il ne parlait pas à l'un des siens. Je revois encore son air dégoûté lorsque ma soeur lui a dit que j'étais journaliste.

Pas assez chic.

Autant vous dire qu'il s'est détourné aussi sec et que personne d'autre ne s'est approché de nous, sorte de pièces rapportées (nous étions venues avec un archi, un vrai...). Nous étions là, dans une cour de Belleville, entourées de pédants qui ne parlaient qu'à d'autres pédants et je me souviens encore de la rigolade, lorsque l'on a décampé de la soirée.

A vrai dire, c'était une sorte de caricature. Mais on le sait, on ne peut y couper: à chaque sortie, que ce soit un dîner ou une fiesta, il y a toujours un moment où quelqu'un nous demande ce que l'on fait dans la vie. J'en connais un que ça agace profondément: l'Ex. A chaque fois, il préparait sa réponse toute faite. Lorsqu'on lui demandait, comme il s'y attendait, son métier, il jubilait : "Éboueur", souriait-il.

Ça jetait toujours un froid et ses interlocuteurs gardaient le silence, ne sachant trop quoi répondre. Que pouvaient-ils dire?

"Oh, c'est super... Oh, tu dois voir du pays... Oh, tu dois t'éclater"... ?

C'était de la pure provocation, car l'Ex n'était pas poubellier (c'est ainsi que je les appelais, quand j'étais môme) et je lui reprochais de vouloir simplement mettre les gens dans l'embarras. Lui ne supportait pas que l'on soit défini par son métier. Je lui rétorquais que c'était juste une façon d'entamer une conversation, de faire connaissance, car ce que l'on fait au quotidien, quoi qu'on en dise, parle pas mal de nous, de notre véritable nature.

Après, forcément, il y a des exceptions. Le poubellier qui se tape des tournées à 5h du mat' ou l'ouvrière qui travaille dans une usine de fromage peuvent difficilement être définis selon leur activité sociale, tant on suppose l'aspect sclérosant de leur fonction. Toute la différence tient en fait dans la conception que l'on a du travail. On peut s'éclater dans la vie et faire un boulot alimentaire. Ou être un grand pro et s'emmerder dans sa vie. On peut vivre pour son travail ou considérer son métier comme une simple façon d'accéder à des plaisirs autres.

Mais dans les deux cas, on ne pourra jamais éviter la question "et toi, qu'est-ce que tu fais?" D'où l'intérêt d'acquérir un statut social car, à la longue, on finit par rester au bord de la route pendant que les autres avancent.

Je me mets à les envier, à les regarder en me demandant s'ils réalisent la chance qu'ils ont de pouvoir, chaque jour, s'accrocher à ce rôle. Lorsque j'entends des employées de la ville se plaindre tout haut de leurs conditions de travail, sans même se soucier des clients qu'elles sont censées servir, je ne retiens que l'indécence de leurs propos. Alors qu'elles ont peut-être raison, sur le fond - par sur la forme, je vous assure. Quelle honte...

Toute cette période de chômage que je traverse m'aura au moins permis de prendre du recul, d'envisager les choses autrement. De réaliser, aussi, que l'on peut s'épanouir, rencontrer du monde, échanger des tranches de vie, sans aucun statut social. De n'être "rien" et de vivre pleinement.

Oh, bien sûr, vous allez me dire, "on n'est jamais rien", on ne peut se définir comme un trou béant. Mais la sensation de vide, je la ressens régulièrement, parfois de façon vertigineuse. Cette impression de rester sur le quai tandis que le train amène les "normaux" sur le chemin du quotidien rassurant.

C'est fugace, mais redondant. Heureusement, alors, que l'on peut rencontrer des nouvelles têtes et leur demander ce qu'elles font dans la vie. Ou, ce qu'elles font de leur vie, plutôt.

mardi 16 février 2010

Bêêêêêêêêêêêêêêêê

Parfois je me demande comment je ferais si j'avais un métier.

Ah oui, je ne ferais pas.

J'ai l'impression de courir en permanence. Tenez, ce matin, j'étais au restaurant à remplir les bocaux de petites douceurs, avec ce sentiment du devoir accompli. Et là, la gérante m'annonce qu'il lui faudrait une autre grosse fournée pour jeudi. Lorsque je serai dans le train, en gros (oui, je pars quelques jours...).

Comme je ne veux pas m'auto-saborder, j'ai donc accepté la commande et je sais déjà que ça va être chaud-chaud pour tout livrer en temps et en heure. Mais ça va le faire, parce que ça finit toujours pas le faire. C'est idiot, mais c'est le sentiment qui m'anime, une sorte d'optimisme retrouvé.

Le bémol, c'est qu'à force de rester dans ma cuisine, je m'imagine déjà en panne de matière, à ne plus pouvoir alimenter correctement ce blog - un comble. Nul sachant, nulle fronceuse de sourcils, nul banquier, je suis seule entre ces quatre murs.

Ah, c'est vrai, je parlais d'optimisme.

Alors, affairée derrière les fourneaux, il faudra que je songe à regarder par la fenêtre, voir ce qui s'y passe. Pourquoi je voulais monter un restaurant, déjà? Ah oui, le concept du lieu où l'on croise des gens, de la vie, tout ça, y'a pas à dire, c'est séduisant. Ah non, c'est vrai, ne pas retourner le couteau dans la plaie, avancer, regarder au loin.

Trouver une alternative. Celle de l'écriture, avec des vrais morceaux de gens à l'intérieur, qui vivent et voudront voir leur histoire couchée sur du papier.

Ça n'alimentera pas forcément le blog mais nourrira au moins mon imagination. Et ça me permettra de faire comme tout le monde. Oui, j'ai envie de renoncer à pas mal de petites réjouissances quotidiennes pour travailler, simplement, et retrouver un statut social qui commence à me manquer sérieusement.

Une histoire de conformisme, sans doute. De confort, c'est sûr.

lundi 15 février 2010

Statu-quo

Ma boîte e-mail n'est plus inondée de spams en tout genre, comme autrefois, lorsque j'avais une adresse professionnelle - et certains collègues surfant sur des sites pas très catholiques, si je me fie au nombre de propositions indélicates -, mais elle contient quelques relances publicitaires dues à des recherches passées sur la création d'entreprise et des demandes de devis en tout genre.

Un vrai bonheur.

"Magouët, vendez votre entreprise", "Magouët, une nouvelle standardiste vous attend", "Magouët, de nouvelles feuilles de paie pour vos employés", "Magouët, changez de camion"... J'en passe et des meilleures, c'est moyennement agréable de voir son nom transformé en enseigne de magasin, mais je sais que cela n'a rien de personnel.

Tout ça me paraît tellement loin que je n'y prête guère d'importance et je supprime à tour de bras. J'ai failli en faire de même ce soir, avec une missive, avant de jeter un oeil dessus. Il s'agissait d'un concours, pour remporter un peu de sous et un chouia de gloire éphémère et très locale, en se présentant au titre de "Sarthoise de talent".

Je sais, ça pète.

Je m'imagine déjà retourner mon dressing sens dessus dessous pour trouver un truc glamour à me mettre.

Puis trouver le pauvre prétexte du "rien de décent pour fouler le tapis rouge" et faire cramer la CB histoire de remédier au problème.

Euh, on ne s'emballe pas. D'abord, c'est pour un gain de 1000 euros (ok, c'est toujours ça, me direz-vous. Mais si je déduis le prix de la tenue virtuelle...). Et surtout, petit détail, il faut avoir créé son entreprise.

Là, ça se complique un peu. Parce que mon four a beau tourner à plein régime, ce soir encore (troisième commande à livrer pour demain, yes), pour l'instant, rien n'a bougé.

Enfin si, je rêve d'une hotte et d'un lave-vaisselle (eh oui, je suis terre à terre ce soir). Ras-le-bol d'avoir l'odeur des cannelés et les mains fripées.

Cela dit, les choses prennent forme doucement. Dans mon esprit, j'avais fixé mars comme une date-butoir pour décider de la tournure des événements. Les contours sont encore flous mais je crois bien que la deadline sera respectée.

En attendant, je continue de faire ce que j'aime, comme je l'entends, sans savoir réellement si cela sera payant. On appelle ça un statu-quo. Ça m'angoisse parfois, ce truc. Là, étrangement, je vis ce temps de battement assez sereinement, comme si je savourais les derniers moments de liberté...

dimanche 14 février 2010

La vie est mal faite

Généralement, lorsque je voyage seule en train, j'ai le chic pour tomber sur de bons boulets. Dont j'ai évidemment du mal à me dépêtrer, sinon ce serait trop facile (et ce ne serait pas des boulets, je suis d'une logique implacable.) Une vraie championne des rencontres à deux balles.

Eh bien là, pile-poil le jour où je prends le teugeuvé avec mon loulou, pas un, mais deux... bombes. En face de nous, dans un carré.

A ma gauche, il est brun, visage triangulaire, yeux noirs, bâti bien comme il faut, costard-cravate, mais avec la petite barbe de deux jours qui va bien. Sexy en diable, il lit "L'homme qui voulait être heureux".
Lâche-le et viens avec moi, monsieur, je pourrais toujours te résumer le bouquin, et je peux même t'expliquer concrètement la méthode (comment ça, je suis prétentieuse?)

A ma droite, il est blond, visage large, yeux couleur lagon, bâti bien comme il faut, petit pull sur petite chemise nickel et petite barbe de deux jours qui va bien. Sexy en diable, pianotant de ses longs doigts fins la table centrale, il lit "Le Point". Lequel hebdo titre: "La Bombe humaine."
Lâche-le et viens avec moi, Monsieur, c'est toi la bombe. Je peux te résumer les grandes lignes de la vie qui t'attend si tu fais le bon choix (bah quoi?) et même t'expliquer concrètement la méthode (comment ça, j'ai vraiment le melon?)

Et au milieu de ce duel inattendu de canons même pas bagués de l'annulaire- le genre de détails que je me surprends à observer, parfois, je deviens grave - l'arbitre.

Loulou.

"Eh ben tu sais, maman, je vais avoir de nouvelles cartes Pokemon à la rentrée, y'a un copain qui m'en a promis."

Rien de tel pour me recoller les pieds sur terre.

vendredi 12 février 2010

Cette carcasse qui me décarcasse

J'ai reçu aujourd'hui une lettre de la Direction Sanitaire et Vétérinaire. A l'intérieur, un formulaire de déclaration OBLIGATOIRE d'activité, sachant que le monsieur m'a indiqué que la démarche, bien que conseillée, était facultative. Soit. La copie du guide des bonnes pratiques hygiéniques, en pâtisserie (enfin, la couv' seulement, pour lire ce chef d'oeuvre de littérature, il m'en coûtera la modique somme de... de... ah, c'est ça, 37 F -j'avais lu 37 euros, je me disais aussi). Oui, c'est pas du neuf-neuf.

Et, enfin, un merveilleux document concernant les décrets, arrêtés et circulaires du ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche. Où l'on y cause carcasse, gibier et décongélation du bovin mais pour ce qui est de cuisiner chez soi, en respectant simplement le BA-Ba de l'hygiène, bêtement, non, rien.

C'eût été trop facile.

Bon, alors, je peux ou je peux pas, cuisiner de malheureux gâteaux sans porc ni dorade dedans?

Eh bien, croyez-le ou non, c'est un vrai flou artistique, cette histoire. Hier, j'ai contacté un laboratoire pour en savoir plus sur les modalités d'un audit. L'assistante, charmante au demeurant, a été claire: "en fait, la réglementation dépend de la personne que vous avez au téléphone (???), du département aussi: ce qui va être toléré à un endroit sera interdit à un autre."

Bon, je continue de creuser la piste et j'ai écrit à deux auditrices. Je rigolerais qu'elles me donnent deux avis différents, tiens.

En attendant, il me fallait explorer d'autres voies, moins officielles. J'ai donc appelé une personne qui avait lancé, voilà quelques mois, un service de plats cuisinés à domicile. Je la croise souvent, elle est faite de chair et de sang, visiblement, et n'a pas le bras plus long que le mien, a priori. Comment fait-elle donc?

L'extraterrestre n'en est pas une. En fait, elle a... cessé son activité. Trop compliqué. Ayant tout fait à l'envers - c'est elle qui l'a concédé - elle a commencé par s'inscrire en tant qu'auto-entrepreneur, a lancé ses plaquettes et hop, a pris ses premières commandes. Premier stop : la chambre de commerce, qui lui a indiqué le chemin de la DSV. Laquelle institution lui a alors interdit de cuisiner directement pour les particuliers. Le marché, oui, mais pas de main à main, comme ça, sans intervenant qui vient se servir au passage.

Oh, comment qu'il fait, sinon, l'état, pour se rétribuer ? Les impôts? Ah oui, les impôts. Mais visiblement, ce n'est pas assez, on a besoin, dans ce pays, d'intermédiaires. La cuisinière a donc stoppé sa petite entreprise, un peu dégoûtée, craignant en outre une reconduite à la frontière (ça aussi, ce sont des choses qui arrivent si, par malheur, vous n'êtes pas "Français" d'origine).

Gentiment, elle m'a souhaité "Bonne chance."

Là, je suis perplexe. J'ai d'un côté toute cette lourdeur administrative, cet exemple concret et de l'autre, des personnes qui m'encouragent simplement à foncer. Chez ces derniers, je sens bien une forme, peut-être pas d'agacement, mais un rien d'impatience, l'idée que j'hésite trop et que cette lenteur cache autre chose, comme si je cherchais un prétexte pour ne pas y aller, une excuse à la noix pour repousser, encore et encore.

Sincèrement, je ne sais pas. Moi, ça me plaît bien de livrer mes fournées et de répondre à une demande. Je crois que je suis juste un rien échaudée par les sachants en général, et les inspecteurs en particulier. Et que j'ai besoin de cadrer les choses. Une question de contrôle, j'imagine.

La solution est proche, j'en ai la conviction. D'autant plus qu'il me reste une carte, que je n'ai pas encore jouée, que je considère comme un joker. Pour l'instant, je continue de ramer, euh, pardon, creuser, creuser... les pistes.

jeudi 11 février 2010

A requêtes débiles, histoire débile

Fidèles du blog, vous connaissez cette "rubrique" où je reviens sur les requêtes des internautes, enregistrées par un logiciel de stats, et qui me permettent donc de savoir ce qui a mené certaines âmes ici. Le dernier pointage remonte à moins d'un mois, mais là, y'a du lourd, alors je ne voulais pas vous priver de ça.

Pour changer, je me suis amusée à replacer ces expressions dans une historiette à trois centimes. Voyons cela...

La femme rentre du travail, harassée. Elle s'assoit sur le canapé et commence à masser ses pieds endoloris par le port de talons de 12 cm. Marre d'être une fashion victime, demain, elle met ses ballerines. Elle aperçoit au loin des charentaises immondes que son mari lui avait offertes, pour rire - une blague au goût douteux qu'elle n'avait guère appréciée.
L'homme, qui grignote des amandes en attendant que madame ait fini de s'écouter, la fixe mollement. Elle, ça l'agace. Fini, les roucoulades amoureuses, elle ne lit dans ce regard torve qu'une désagréable suggestion. "Sois une Bree".

Ça aussi, ça a le don de l'énerver. A force de jouer sur tous les tableaux, elle est devenue cette femme qu'elle déteste aujourd'hui. Elle se demande si l'homme, aussi, la déteste.

L'homme, justement, n'a rien d'un kamikaze. Les yeux noirs de sa femme l'incitent à la jouer profil bas. C'est bon, la "photo de la femme très mécontente", il n'a pas envie de l'imprimer dans son cerveau. Alors, il sourit. "Miracle de l'amour, ange ou démon", il choisit la première option.

- Tiens, dit-il, j'ai "envie de cuisiner mais quoi faire?"
Un rien surprise, la femme fixe l'homme, droit comme un piquet. Il la chambre, ou quoi? Il a horreur de se mettre aux fourneaux. Elle attaque:
- "J'aime bien les cafards"
Lui, au premier degré : - "Comment aimer les cafards?"
Il se ressaisit. - "Les cafards aiment bien quoi?" Hein? "Un loup mal léché?"

Hum, hum. Il se fait la réflexion. "Toi, tu vas avoir des problèmes." De fait, la femme fait la tronche. Ce n'est même pas lui, au fond, c'est juste la vie. La routine, qui rend insignifiant et insupportable l'être sans qui on ne pouvait envisager de vivre voilà quelques mois, quelques années. Elle soupire. Renonce aux charentaises - y'a des limites, surtout que la peau de vache et le pouet dessus, on n'a pas vu plus ringard depuis la banane de Dick Rivers. Elle frôle son mari dans la cuisine.

Il a compris le message. Il rend les armes et quitte, sans grand regret, la cuisine, pressé d'aller finir ses fruits secs en attendant que l'orage passe. C'est compter sans sa femme, irascible: "Le balai, avec la pelle, fainéant", qu'elle lui dit.

Il obéit, entre docilité et lâcheté. "Comment faire avoir envie une femme?" se demande-t-il, en cherchant aussitôt la signification de pareille expression. Comment donner envie à une femme, peut-être? Ou comment avoir d'envie d'une femme? Pas plus sûr, il rigole intérieurement. Elle veut tellement paraître avenante, sa "douce", dans la vraie vie! Mais le masque tombe vite. L'autre jour, il a lu la requête sur Google, s'affichant sur l'écran resté allumé. "Devenir cool sur Facebook" s'interrogeait sa femme. Et dans la vraie, vie, y'a le mode d'emploi, non? s'est-il alors esclaffé.

Comme il parlait à voix haute, sa femme l'a entendu, et l'a mal pris, évidemment. Au lieu de raconter n'importe quoi, va donc dans la chambre du petit, "raconter une histoire avec l'homme et la mouette", lui a-t-elle signifié.

- "L'histoire du monsieur qui mange de la mouette et meurt?" s'est étonné le mari.

- L'histoire du monsieur qui mange de la mouette et meurt" a confirmé la femme.

Je l'ai déjà dit, que j'étais pas digeste, mettez-vous ça dans le crâne une bonne fois pour toutes, les gars, les filles...

mercredi 10 février 2010

La gueule du loup

J'ai un principe, dans la vie: quand il y a moyen de se jeter dans la gueule du loup, je fonce.

Sans réfléchir. C'est un peu ça mon problème.

Donc hier, toute rassurée par les propos avenants de mon charmant interlocuteur de la DSV (il n'est pas physiquement intelligent, mais il faut savoir montrer l'estime et la gratitude que l'on ressent pour les gens qui nous disent ce que l'on a envie d'entendre - c'est épuisant une phrase pareille, tiens, foutue parenthèse), j'appelle le monsieur des Fraudes.

Déjà, Fraudes. J'aurais dû me méfier. Mais non, paf! Direct dedans, que j'y suis allée. Bonjour-monsieur-c'est-pour-vous-déclarer-que-je-veux-cuisiner-dans-mon-chez-moi-même-pas-tout-en-inox (c'est épuisant aussi, ce genre de phrases à tirets, comme quoi ça n'a rien à voir avec les parenthèses), c'est possibleeeeeeeee??

Que pensez-vous qu'il a répondu ?

Ben oui, forcément, à la base, c'était plutôt négatif. D'autant que, vous comprenez madame, si un p'tit gars, il meurt dans un restau à cause de vous, on va remonter à la source. Et qu'il est hors de question d'aller dans un domicile privé.

Encore un snob, qui n'aime pas les HLM, tiens.

Bon, je lui ai expliqué, il m'a précisé qu'il me faudrait indiquer le nom EXACT du gâteau en question, sa composition EXACTE, la dénomination EXACTE de ma société, la DLC EXACTE et moi, j'étais EXACTEMENT pétrifiée devant tant d'exigences d'exactitudes. Il faut dire que j'aime beaucoup l'improvisation et les incertitudes quotidiennes de la vie (mon cannelé brûlera-t-il si je le mets de ce côté-là, mon prince charmant est-il réellement tombé dans un ravin, un ravin, n'est-ce pas encore une excuse bidon pour pas se pointer, et au fait, le prince charmant, ce serait pas encore une invention à la noix pour nous vendre de la sape au kilomètre. Et de la noix, puis-je en mettre à la place des noisettes prévues dans la recette? Mais je m'égare).

Bon, à la limite, cette histoire d'étiquette, pourquoi pas, j'ai exprimé mon désir d'écriture, eh bien voilà un bon début (ah ah ah). Non, le plus contraignant, c'est de solliciter un laboratoire pour que des gens en blouse viennent vérifier que ma cuisine est aux normes, que personne ne mourra empoisonné à cause de mes préparations HAUTEMENT toxiques, parce que, y'a pas à dire, rien ne vaut un bon produit industriel sous cellophane: là, au moins, on a la garantie que le consommateur aura la vie sauve (enfin, normalement). Quant au goût, bah, faut savoir, vous voulez pas non plus tout avoir, hein?

Je schématise et je suis la première à reconnaître la saveur de certains mets cuisinés (monsieur Picard a modestement ses entrées dans mon congélo, j'avoue) mais tout de même, je ne peux m'empêcher de penser qu'on ne fait pas grand-chose pour favoriser l'initiative personnelle. A force de tout aseptiser, on arrive à trouver extraordinaire un restaurant où tout est fait maison, comme si cela ne devrait pas être la "norme"... Mais, surtout, on laisse des tonnes de gens, plein d'envies, sur le carreau, à défaut de pouvoir lancer leur projet.

Parce qu'il y aura toujours des freins, des "oui mais" et ce genre de discours rabat-joie.

Bref, j'en étais à ces funestes pensées lorsque le monsieur change de ton, devenant presque jovial. Et lui qui me demandait quelques minutes plus tôt comment j'envisageais de transporter mes pâtisseries de mon "laboratoire" (ah ah ah, encore) jusqu'à chez mes clients, me demande tout de go si je ne songe pas à la vente... par correspondance. "Parce que, vous savez, bien emballés, certains produits peuvent tout à fait être envoyés ainsi." J'ai le flash d'un pot de rillettes envoyé -en express- en Italie pour une somme honteuse et l'état de la cochonnaille à son arrivée dans la Botte. Bonne pour la poubelle. Alors, donc, je suis un peu hésitante.

Lui, le monsieur, il insiste, pense que ce pourrait être un très bon marché, blablabla et sur ce, me demande mes coordonnées, "pour suivre votre dossier."

La gueule du loup, vous disais-je.

mardi 9 février 2010

Artisanat

Ça faisait un moment que je n'avais pas contacté la moindre institution. Ce matin, je me suis décidée pour la DSV. Notre première rencontre s'était avérée assez épique. Là, état vaseux aidant, j'ai opté pour le téléphone.

L'idée, c'était de savoir si, oui ou non, je pouvais, légalement s'entend, cuisiner chez moi sans transformer mon débarras en laboratoire ni m'endetter pour les cent prochaines années.

Au début: "oui, c'est possible. Il vous faut un laboratoire. Une pièce distincte des autres pièces d'habitation, bien sûr."

Pas certaine que loulou va accepter de céder sa chambre. Pas convaincue que la mienne, de chambre, s'adapte facilement à cette nouvelle configuration. Perplexe, soudain.

Non, parce que, lorsque l'on me dit de sortir par la porte, je n'hésite pas à repasser par la fenêtre. Mais si les éléments s'obstinent contre moi, va bien falloir me résoudre à rayer de mon esprit obstiné cette histoire de cuisine - qui m'a rattrapée, je dois bien l'avouer.

Et comme je n'ai pas de grenier, ni de pièce vide, je cherche.

Le monsieur de la DSV - le même que lors de mon dernier passage, d'ailleurs - doit sentir mon silence. Il me demande: "mais, y'aura de la crème dans vos desserts? En quoi consistent-ils? Parce que vous savez, pour tout ce qui est confection de crêpes et ce genre de produits, on n'intervient pas."

Ah bah voilà, fallait le dire plus tôt! Donc, en gros, tant que je ne colle pas des bouts d'os dans mon fondant, de poisson dans les cookies ni de jarret dans les madeleines, ma p'tite activité serait tolérée sans que l'on me cherche des poux.

Ce que je lui demande de confirmer. Pas folle, la guêpe. Il m'oriente vers les fraudes. Mais se veut rassurant. Un premier feu vert.

Le monsieur des fraudes étant "parti en contrôle" dixit son assistante, je suis donc allée livrer ma deuxième commande, savourant ce petit moment comme il se doit.

J'ai de la chance, la restauratrice est chic : elle a expliqué à ses clients que non, ce n'est pas elle qui avait cuisiné ces douceurs qu'elles proposaient au dessert, mais que tout ceci était artisanal, faisant ma p'tite pub au passage. Et devinez quoi, une personne en a même acheté pour emporter... Exactement le scénario que je souhaitais pour mon p'tit restau.

Alors, certes, ce n'est pas ma structure, mais il y a visiblement possibilité de creuser la piste en proposant des p'tits gâteaux emballés à la vente à emporter. Je me dis que, finalement, ce que j'ai appris et imaginé l'an dernier commence à prendre corps, d'une façon certes différente, mais pas inintéressante.

Je suis donc à deux clics de rejoindre cette nouvelle tribu d'auto-entrepreneurs (encore deux, trois petites choses qui me chiffonnent, mais que j'entends bien résoudre au plus vite), avec l'idée de créer au plus vite cartes de visite et site internet pour promouvoir ma p'tite activité. Comme ça, à mon rythme, toute seule comme une grande.

Et pendant ce temps, le prix du local que je visais est descendu de 11.000 euros...

* En me relisant, je constate que j'use et abuse du "p'tit"... Un manque d'ambition, peut-être ?

lundi 8 février 2010

Wait & see

Un mail, dimanche soir.

"Gros succès des assiettes gourmandes! Peux-tu me préparer une fournée de cannelés, madeleines et macarons pour mardi?"

Ça ne mènera peut-être à rien, mais c'est toujours plaisant de répondre à pareille requête. Si j'écoute Pierre, Paul, Jacques, autant que je cesse tout de suite les frais - le statut d'auto-entrepreneur supposant quelques contraintes, forcément. Mais si je me fie à moi-même, je me dis que, sans essayer, je ne risque pas de voir ce qui se passe.

Je suis repassée aux deux restaurants que j'avais démarchés, la semaine dernière. Je ne sais toujours pas s'ils répondront positivement à mon appel du pied, mais les deux ont visiblement apprécié les échantillons sucrés que je leur avais laissés. Cela peut-il les convaincre d'investir? J'en doute. Parce qu'entre acheter un fondant au chocolat industriel à 88 centimes la part et un fait maison à un peu plus d'un euro, certains restaurateurs, pragmatiques, n'hésitent guère et privilégient la rentabilité. Tant pis si c'est au détriment de la qualité.

J'entends leurs arguments, même si, en tant que consommatrice, j'estime le raisonnement gagne-petit et peu commercial. Ne revient-on pas davantage dans un établissement qui fait le choix qualitatif? Dans le même temps, j'imagine qu'ils ont tous cette volonté, au départ, et que nombre d'entre-eux finissent simplement par privilégier le gain de temps et d'argent.

Wait & see, donc. Je ne veux pas sacrifier cette envie d'écriture, d'où la difficulté de s'investir pleinement sur la confection et livraison de gâteaux. Pour autant, lorsque j'ai lu ce mail, j'ai ressenti un p'tit truc, comme une décharge, pensant qu'il y avait peut-être moyen d'ouvrir la voie sur de nouveaux horizons.

dimanche 7 février 2010

L'adultence

Nous étions en grande discussion, aujourd'hui, avec loulou et je lui parlais de l'importance d'être aimé, dans son enfance.

"Oui, mais moi, je suis plus en enfance", qu'il me sort, du haut de ses 6 ans.

Interloquée, je lui demande quelques explications. Non, parce que naïvement, je croyais qu'à cet âge-là, on était en plein dedans - et là, je ne vous parle même pas du complexe d'Oedipe, un autre "détail" du moment.

Sans compter que, moi-même, je n'ai parfois pas l'impression d'en être tout à fait sortie, de l'enfance.

Il marque un temps d'arrêt et esquisse un sourire canaille. "Ben non, j'suis dans mon adultence."

Qu'il répond, fièrement.

samedi 6 février 2010

La vie des autres

Dans ma vie d'avant, entre les interviews "chicken or pasta" (des trucs bidons où on demande aux basketteurs de se dévoiler, au travers du fameux questionnaire de Proust) et les sempiternelles questions du genre "alors, ce match", il y a un exercice que j'adorais. Le "moi je", où une personnalité se racontait, telle qu'elle était et pas seulement en expliquant pourquoi elle préférait Halle Berry à Angelina Jolie.

L'idée, c'était d'être un simple relais entre la personne, son histoire et les lecteurs. Écouter, retranscrire, sans chercher à faire des effets de style. Rester fidèle au récit.

J'adorais ça. Nous essayions, dans la mesure du possible, de nous tourner vers des personnes au profil atypique, ou qui avaient connu un bouleversement dans leur vie. Histoire d'avoir un peu de relief, de donner à découvrir une autre facette que le sportif (ou la sportive) que les gens avaient l'habitude de côtoyer.

Il y a eu quelques chocs. Je me souviens notamment d'un joueur, Fred N'Kembe (je peux le citer, son histoire est connue dans le milieu du basket), me racontant comment il avait évité le viol en prison. Le titre me revient encore en mémoire. "J'étais comme une bête". Emprisonné après avoir menacé d'une arme (de défense, pas une vraie comme chez les cow-boys) un automobiliste, le jeune homme a vécu un cauchemar. Interpellé de façon brutale, il s'est retrouvé derrière les barreaux, y passant trois mois - si mes souvenirs sont bons. Encore traumatisé au moment où je suis venue chez lui recueillir ses propos, il s'est lâché, sans chercher à jouer les héros. Je savais ce que je devais faire: l'écouter. Simplement ça.

Je me souviens aussi de Samuel Nadeau, autre basketteur atypique, qui aura connu une carrière tumultueuse, retenu prisonnier dans une maison aux Etats-Unis, privé de passeport, et qui n'aura jamais pu exprimer son potentiel ensuite. Trop cassé. Dans son appartement à Vichy, il avait lui aussi décidé de se livrer, sans fards, et j'avais ressenti, de la même façon, ces frissons envahir mon corps soudain congelé.

A vrai dire, leur histoire était si forte que je me suis interrogée sur une possible mythomanie. Mon rédac' chef m'avait même conseillé de conserver l'enregistrement. Le doute restait prégnant pour N'Kembe. J'ai fini par supprimer les passages trop douteux, parce que je n'avais aucune possibilité de vérifier ses dires. Or, travaillant pour un journal, avec cette volonté de diffuser de l'information, il était hors de question de véhiculer des affabulations. Néanmoins, la confiance était là. Le récit paru était fidèle à ce qu'il avait pu raconter.

Il y a eu d'autres histoires, graves ou plus légères, avec à chaque fois ce bonheur immense, celui d'arriver chez la personne, dans son environnement, de s'installer et d'écouter. Le tête-à-tête avait quelque chose de déroutant, à chaque fois, car l'interviewé prenait conscience qu'il ne pouvait pas faire semblant, qu'il allait devoir dire sa vérité - et non la vérité, nuance de taille. J'ai découvert des personnes épatantes, authentiques. Certaines prenaient même la peine de m'appeler ou d'envoyer un texto, après la publication, pour me dire combien elles avaient été touchées.

Même si cela fait plaisir, je n'en tirais aucune gloire. J'avais bien conscience de ce qui les avait réellement touchées : elles avaient posé un regard sur leur propre parcours, tout simplement et cela les bouleversait. Le fait de lâcher ainsi des choses si personnelles tenait de la thérapie.

Et c'est justement ainsi que Nicole envisage les choses.

Nicole? Je vous parlais de grand écart, l'autre soir... Après la matinée follement excitante à démarcher les restaurateurs, je suis de fait partie à la campagne, pour démarrer un nouveau projet, totalement étranger aux fourneaux.

Nicole veut raconter sa vie et en faire un livre. Lorsqu'elle m'en a parlé, j'étais plutôt enthousiaste, car j'adore l'idée d'être nègre et j'ai bien l'intention d'entamer des démarches dans ce sens. Pourtant, une partie de moi demeurait sceptique. N'a-t-on pas tous la sensation de vivre des choses extraordinaires, parfois, qui, racontées aux autres, deviennent fades et sans saveur? Nicole avait-elle l'impression d'avoir une vie hors du commun ou cette vie-là l'était-elle vraiment?

Après une séance, je sais qu'elle n'a pas eu une vie ordinaire, de fait. La difficulté, c'est maintenant d'aller au delà du factuel et de s'aventurer dans les méandres de son moi, avec la part d'ombre que celui induit. Elle le voit comme une thérapie? A elle, alors, d'accepter de lâcher des biscuits, pour que le fil de son histoire devienne clair comme de l'eau de roche, dans mon esprit. Je n'aurai pas ensuite à juger. Je serai son scribe, voilà tout. Pour l'instant, on a survolé sa drôle d'existence, tandis que je sentais des verrous sauter et d'autres freins ralentir, dans le même temps, le flux de ses paroles.

Il y a un bon signe, en tout cas. J'ai ressenti le froid envahir mon corps, alors qu'elle parlait. Cette congélation express, si elle n'est guère agréable, me permet d'attendre le prochain rendez-vous avec une certaine curiosité...

vendredi 5 février 2010

Première! (suite)

Oui, je sais, elles sont floues, ces photos, mais voilà ce qui m'a légèrement retardée hier soir... Ma première commande en image, donc. Comme je disais sur Facebook, enjoy...

Cherchez l'intrus!






jeudi 4 février 2010

Première!

"Allô, je te dérange pas?"

"Non, non."

C'est pas comme si j'étais en pleine séance de shopping avec une amie. Au rayon cuisine - une balade à visée professionnelle, il va sans dire.

"Alors, je te confirme ma commande pour des macarons au chocolat, des mini-cannelés et des mini-madeleines."

Soit une centaine de petits gâteaux, à la louche.

"Pas de souci, je t'apporte ça demain matin!"

C'est pas comme si j'étais en pleine séance de shopping avec une amie, donc, à une centaine de kilomètres de chez moi, qui plus est. Loin de mes fourneaux.

C'est pas comme si j'avais un moule à mini-madeleines. Et du beurre dans mon frigo.

Voilà pourquoi ça fait trois heures que j'enchaîne les fournées. Mais que ne ferait-on pas pour sa première commande, hein?

mercredi 3 février 2010

Bonjour, c'est pour une douceur...

Mine de rien, j'avais un peu le trac et un noeud à l'estomac, ce matin, en enfourchant mon vélo, mais enfin, il était temps de savoir. Et puis avec l'équivalent de quinze milliards de calories sur mon plan de travail, j'avais de quoi me réchauffer pour quelques années et de prendre quinze kilos de gras en 24 heures. Autant aller livrer ça rapidement, avant le carnage.

Avant de partir, un coup d'oeil à la glace, hop hop hop, je relève mes cheveux en queue de cheval histoire de cacher la coupe-j'en-ai-marre-de-vivre - euh, pardon, pour avoir l'air plus dynamique - et en route.

Premier arrêt. C'est un café qui prépare de plus en plus de repas le midi. J'arrive, je me présente, alors comme ça, il paraît que vous cherchez quelqu'un pour préparer des desserts?

Limite trop sûre de moi (penser à diminuer la dose d'arrogance).

"Ah bon, on cherche quelqu'un! Première nouvelle! C'est marrant, c'est moi qui suis en cuisine et je ne suis pas au courant!"

Hum. La boulette.

Je songe déjà à la discussion animée qui va suivre entre ce monsieur et son associé avide de desserts. Je souris de plus belle et tente de calmer l'animal. Il m'explique qu'il manque cruellement de place - et donc de stockage - m'emmène dans sa cuisine -toute petite, il n'a pas tort. Et puis que, de toute façon, avec les desserts industriels qu'il achète à 88 centimes, je ne peux pas rivaliser.

Certes.

Comme le monsieur m'est quand même sympathique et que je n'ai pas envie de rester avec mes fournées dans mon grand panier, je lui sors mes échantillons. Il regarde, réfléchit, me dit: "oui, enfin ça, c'est vrai que ça pourrait être sympa, pour l'après-midi." Avant d'ajouter: "Je suis désolé, hein, j'ai pris ça un peu à froid, il faut que je digère mais pour le reste, pourquoi pas! Je vous appelle."

Deuxième arrêt. Un bar-tabac qui vient d'être repris et qui propose désormais des déjeuners. Derrière le comptoir, un couple affable. Je leur explique le topo. "Oh, vous savez, on démarre, alors on ne peut pas trop sous-traiter." Même opération, je déballe mes papiers alu et là, je m'aperçois que j'ai devant moi un amateur du fondant au chocolat et autres douceurs. La femme, ne connaissant pas les cannelés, en goûte un aussitôt et ils me proposent un café. "Bon, en même temps, laissez-nous vos coordonnées, vous pourriez peut-être nous dépanner, parfois! On vous appelle."

Je veux ensuite repasser au premier restau, pour qui j'ai déjà fait quelques fournées. Sur le chemin, je m'arrête dans un salon de thé, parce que j'avais promis à sa gérante des madeleines. On discute cinq minutes de tout ça, elle goûte un macaron au chocolat et là, à ma grande surprise (c'est la personne avec qui j'avais envisagé une location-gérance. Autant dire que nos relations sont un rien ambiguës), elle me dit: "ça m'intéresse. Mais vite. Tu peux me faire des choses rapidement?"

Et comme le dernier restau sur ma route est également intéressé par quelques douceurs, je me dirige tout droit vers le statut de l'auto-entrepreneur, pour démarrer doucement une nouvelle activité. Il y a tout un tas de détails à régler, en termes d'hygiène et de sécurité notamment, mais j'ai déjà une commande de macarons et de mini-cannelés pour vendredi. D'ailleurs, je vous laisse, je dois aller préparer la pâte.

Je vous raconterai plus tard comment j'ai fait le grand écart, l'après-midi.

mardi 2 février 2010

A l'attaque

Frigorifiée au retour d'une visite de la Cathédrale (vive les sorties scolaires en plein hiver), je me suis jetée sur 1/la bouilloire, pour me préparer fissa une théière; 2/ des macarons au chocolat que j'avais réalisés hier, suivant à la lettre la délicieuse et simplissime recette de Café Clochette ; 3/ le four, qui continue, à cette heure, de tourner à plein régime.

Car quitte à me réchauffer, autant joindre l'utile à l'agréable. Demain matin, je vais démarcher, comme prévu, des restaurants pour leur proposer mes douceurs et j'avoue que ça m'a bien plu, d'enchaîner les tournées de madeleines -citron et fleur d'oranger - financiers, cannelés et autre fondant au chocolat. Pendant que tout cela dorait, je me suis attelée à ma "plaquette". Bon, c'est du travail d'amateur, mais j'ai fixé mes tarifs, mes coordonnées sont en corps 75 (APPELEZ-MOI, APPELEZ-MOI!!), j'aurai un échantillon sucré à offrir et... ma conscience s'en voit apaisée.

Coïncidence, j'avais pris rendez-vous, voilà une dizaine de jours, avec une personne qui souhaite me raconter sa vie, pour en tirer une biographie. Après la tournée des restaus, je filerai donc dans la campagne sarthoise, recueillir les confidences de cette femme qui m'a évoqué, l'oeil brillant, les tonnes d'histoires qu'elle a vécues.

Ce sera peut-être un coup d'épée dans l'eau. Mais peu importe, je suis dans le mouvement, le cul toujours entre deux chaises, certes, mais avec l'envie de mettre à exécution mes petites idées. De taire cette angoisse qui m'étreint.

Et de trouver une excuse pour ne pas accompagner la classe dans une cathédrale lorsqu'il fait un froid de canard, en bonne mère indigne que je suis.

lundi 1 février 2010

Cosette et le Lexomil

Comme j'étais bien décidée à avancer aujourd'hui, j'ai passé ma journée... pendue au téléphone. Un mal nécessaire, chez moi, mais qui déclenche pas mal de perplexité. Chez moi, toujours, mais aussi chez mes interlocuteurs, qui commencent à se demander si je ne pète pas doucement un câble.

Ça part d'un banal "ça va?" Le genre de question à laquelle je ne parviens pas à répondre. Si j'étais honnête, je dirais "oui, une fois le tube de Lexomil avalé, je me détends."

A la place, je me contente d'un "on fait aller". Lorsque je m'entends dire ça, je suis prise de honte, tant je fais moi-même mon malheur. Allez, Cosette, va te rhabiller, la plus grande victime du monde, c'est moi.

Parfois, même, je me fends d'un enthousiaste "Super, et toi?" comme si j'étais la reine de la pampa. Ça sonne tellement faux que ça déclenche un silence général.

Pour de vrai, alors? Comme d'habitude, je vis des hauts, des bas... Mettons ça sur le compte des doutes qui me gagnent chaque jour un peu plus. Ou des hormones, tiens, pourquoi pas.

Je peux le concéder aujourd'hui, j'ai craint un moment de sombrer dans un drôle d'état, celui qui nous prive d'énergie et d'envies. La dépression, que ça s'appelle, ce truc-là.

En fait, je peux maintenant évoquer le terme de déprime, tout bêtement. Une histoire de deuil, gardant en tête qu'il n'y a pas eu mort d'homme et que les choses ne sont pas immuables. Oh, je sais, ce n'est pas un scoop, vous aviez bien deviné ma léthargie, ces derniers temps, sans que j'aie à mettre de nom là-dessus. J'avais beau relativiser, j'appréhendais de vivre ce moment où je n'aurais plus goût à rien.

Finalement, les soirées à ne plus potasser se sont transformées en moments pour moi. Pour lire autre chose que des bilans comptables, pour sortir, aller au ciné, voir des amis, vivre. Et l'autre soir, en dansant dans la rue (ben quoi?) sur le Womanizer de Lily Allen, j'ai senti que le vent tournait, que je reprenais goût aux p'tits bonheurs quotidiens.

Paradoxalement, c'est ce regain de vitalité qui m'interroge et me culpabilise. Mes proches m'ont laissé du temps pour tourner la page et commencent à me remettre les pieds sur terre. A me bousculer un peu. Sur le fait de perdre le fil, de me laisser un peu trop vivre. Hier soir, une amie m'a fait remarquer que novembre - date de ma fin d'allocations chômage - c'est demain. Je vous dis pas, j'ai beau le savoir, j'ai senti une bouffée d'angoisse et l'envie d'aller taper dans le Lexomil.

Pas d'inquiétude, je ne suis pas intoxiquée, je ne prends pas de cachets pour apaiser mes maux (remarque, je devrais peut-être?!) mais je ne peux nier le vide et l'effroi que je ressens, deux fois par jour: le matin en me levant, le soir en me couchant. Comme un éclair de lucidité. Entre les deux, j'ai pris le parti de résoudre la situation, à mon rythme.

Donc, lentement.

J'ai causé, vous disais-je donc aujourd'hui, et je me suis contrainte à finir des coûts de revient, pour aller démarcher deux restaurants en quête de livraisons de gâteaux. Entre les deux, j'ai cuisiné deux, trois petites choses, histoire de présenter un échantillon de mon travail. Et j'ai beau penser que jongler entre la cuisine et l'écriture m'installe dans une position instable, je n'arrive pas à trancher, ressentant autant de plaisir à m'adonner à l'une ou l'autre activité.

Faire les deux? Ce sera, de toute façon, toujours plus productif que de rester là, les bras ballants, à réfléchir de façon stérile à l'avenir.

Le coup de la chômeuse volontaire, je dois l'admettre, ça commence à devenir un rien obsolète.