dimanche 31 mai 2009

Répit

C'est fou comme il suffit parfois de peu de choses pour se remettre d'aplomb et envisager la vie autrement. Au fond du trou voilà peu, j'ai écouté les conseils d'une amie me conseillant d'être "un peu gentille avec moi-même". J'ai aussi pris l'un de mes soucis majeurs du moment (et très personnel) à bras-le-corps et il me semble entrevoir de réels progrès. La formation CCI m'a confortée dans l'idée que je VEUX aller au bout. Et je me suis accordé un peu de répit.

Soleil aidant, je suis partie lézarder dans un parc voisin, mais ma lecture de Rufin a été fortement perturbée par les multiples pensées qui envahissaient mon esprit. Quand vais-je déposer le nom du resto, et dois-je sacrifier cette recette, mais où est ce foutu bilan comptable si vicieux que je n'arrive pas à mettre la main dessus, et si j'écrivais, tiens, qu'est-ce qu'elle a la peau blanche, ma voisine, elle va se prendre un méga coup de soleil, est-ce ça vaut le coup que j'ouvre le lundi, je fais une soupe aux fraises ou un tiramisu framboise pistaches chocolat demain... Et donc, qu'est-ce qui lui arrive à Juliette, hein ? Oui, la Juliette de Jean-Christophe Rufin, qui sabote un labo ? Obligée de relire les pages tellement j'étais absorbée.

La nuit, c'est pareil, je ne rêve que d'achats, de fonds, d'engueulades, de p'tit thé pris dans la quiétude tant attendue d'une fin de journée agitée, d'une vie que j'ai imaginée mais qui n'existe pas. Pour l'instant. Cela dit, je cherche toujours à interpréter pourquoi j'ai laissé la moto de mon ex sur le quai de gare de Strasbourg, avec un simple antivol de vélo, avant de monter dans le train. Cherchez pas, y'a rien à comprendre (enfin si, en l'écrivant, j'ai saisi... sauf Strasbourg. Bref). Un ami compatissant vient d'ailleurs de me donner un guide de l'interprétation des rêves, par Freud. Bien joué.

A un moment donné, j'ai renoncé à ma lecture pour remonter dans le centre-ville. Je voulais acheter deux-trois livres que j'avais repérés et à vrai dire, j'avais juste envie de flâner, après une semaine studieuse. Le fameux répit, encore. En fait, je me suis surprise à prendre pitié pour tous ces commerces situés à quelques mètres seulement des rues principales, mais qui ont besoin d'un panneau pour signaler leur présence. Je fais comme tous les autres clients potentiels, je suis fainéante et je les laisse à leur solitude. Je suis passée à un troc-ventes de vêtements, ouvert il y a peu. Fermé. Local vidé.

C'est ça la réalité des choses.

Aujourd'hui, je suis convaincue que mon projet va aboutir. Oh, il y aura certainement encore beaucoup d'embûches, d'imprévus, de pleurs et des nerfs à fleur de peau, mais j'y crois. Le fait d'en évoquer les contours avec des clients potentiels, parfois perplexes certes, souvent très enthousiastes, me conforte dans cette idée. La question est maintenant de savoir où. J'ai "réactivé" la piste qui me semblait pourtant morte il y a peu, ayant trouvé, peut-être, une solution intéressante. Si cela n'aboutit pas, j'ai le choix de m'endetter sur sept vies en achetant un fonds de commerce au coeur de la "zone royale" (entendez les meilleurs emplacements de la ville, où on n'a pas besoin de ces panneaux-pitié-venez-nous-voir-sinon-on-va-crever); ou bien de prendre le temps et de saisir la bonne opportunité.

En attendant, je vais continuer d'observer, de savourer, de réfléchir, en retrouvant une sérénité que j'avais un peu (doux euphémisme) perdue. Continuer de tester de nouvelles recettes et décider de les ajouter, ou non, à ma carte; répertorier quelques fournisseurs. J'ai déjà pensé à ma déco et retourné le nom de l'enseigne dans tous les sens, pour en retenir un... Oui, comme si le restaurant était déjà une réalité. Mais sans pression particulière, sans précipitation.

Ah oui, j'allais oublier. Je vais aussi me tartiner de Biafine. Je suis sûre que ma voisine à la peau laiteuse s'était fait la même réflexion en me voyant. Je suis rouge écrevisse. Merci Rufin, hein.

vendredi 29 mai 2009

Les carrés, les barbus et le dormeur

Ouh la la... J'avais oublié la sensation du vendredi soir, lorsque l'on met la clé dans la serrure et que l'on se pose, enfin, sur le canapé, après une loooooongue semaine de travail. Déjà parce dans ma vie d'avant, la semaine se prolongeait régulièrement jusqu'au week-end. Et puis, les années lycée, quand on écoutait encore les profs toute la journée durant, sont très, très, loin.

Bref, je me sens fatiguée mais pleinement satisfaite de ce stage de cinq jours, qui m'aura permis d'engranger un maximum de données et de rencontrer de nouvelles personnes. Et d'entendre, quand même, quelques drôles de discours. J'ai l'honneur de vous dire que, si jamais je crée mon entreprise, je ferais partie de l'élite. Oui, madame, oui monsieur, le gratin, la haute, c'est moi! J'ai un melon, je vous explique même pas... Non, mais franchement, c'est quoi ça ? Classer ainsi les salariés comme de bons moutons et considérer les créateurs d'entreprise comme appartenant à l'élite? Mieux vaut en rire.

Forte de mon statut qui me rend définitivement imbuvable et condescendante (eh, mais c'est ça, mon agresseur d'hier, il fait partie de l'élite! C'est sûr, il a dû aussi suivre la formation, tout s'explique maintenant), j'ai envie de balancer, tiens, sur deux des intervenants que nous avons eus. Comme je suis très manichéenne, pour vous résumer cette ultime journée, on a eu deux bons et deux mauvais.

Ce matin, c'était le gang des barbus. Le premier avait le kit du beauf accompli. Un p'tit côté bon père de famille, mais avec la gourmette, la p'tite brioche, la cravate kaki moche (oui, il y a du kaki beau, mais là, c'était du kaki moche), les lunettes toutes ringardes. Bref, vous l'aurez deviné, c'était un mauvais. Le banquier, en l'occurrence. Qui nous aurait presque apitoyés sur le sort des banques et qui n'a pas hésité à exposer sa philanthropie. Bien sûr. Lui, il nous prend pas pour l'élite, mais bien pour des buses. Avec son look d'éleveur de chèvres dans le Larzac, le second, employé du CFE (là on l'on enregistre son entreprise) était dans le camp des bons.

Et cet après-midi, c'était le clan des carrés. La première, jolie petite rousse à la bouche charnue et à la vivacité contagieuse, nous a expliqué comment monter un site internet. La schtroumpfette (je ne sais pas pourquoi j'ai eu cette image d'elle, le fait qu'elle soit tout de bleu vêtue, peut-être) qui ressemble en fait plutôt à Clémentine Autain, nous a donné les trucs et astuces pour s'exposer sur la toile, nous incitant à la plus grande rigueur. D'où l'idée des gens carrés, comme le monsieur de l'URSSAF qui n'est, de fait, effectivement pas la fantaisie incarnée.
Pour tout dire, il s'est montré au moins aussi assommant que l'expert-comptable la veille, mais en (beaucoup) moins beau. Oui, j'avoue, j'avais oublié de préciser que notre grand fou des chiffres avait un p'tit truc, genre méfiez-vous de l'eau qui dort... Je m'égare, toujours est-il que monsieur Carré -le mauvais, évidemment - est reparti comme il était arrivé, sans aucune tenue (enfin, il était sapé. Heureusement d'ailleurs, parce que là, j'ose pas imaginer le carnage). Mais le pire, c'est que la formatrice lui a donné un ticket de parking de deux euros pour que, surtout, le stationnement ne lui coûte rien. Le rat.

Voilà, la semaine est finie. J'en connais un qui est soulagé : le dormeur! Il a admis s'être endormi un peu trop souvent et avoir loupé deux-trois trucs. Le midi, il s'octroyait une sieste sur un canapé de la CCI, au grand dam de l'assistante revêche. Car oui, le dormeur ne dort pas la nuit, il travaille : il est pompier. Il nous l'a dit dans un sourire éclatant. Je ne sais pas s'il fera partie de l'élite, mais il a montré qu'il n'y a pas que les rayeurs de parquet qui peuvent nourrir des ambitions. Certes, va falloir qu'il se réveille un peu. Mais autant d'humanité, c'est plutôt rassurant...

jeudi 28 mai 2009

Le grand méchant loup

Drôle de journée. Ce midi, j'étais partie déjeuner avec une amie, vite fait pendant la courte pause généreusement octroyée par la CCI. On voulait un lieu où manger rapidement et bien, hop hop hop, nous voilà chez l'un de mes potentiels concurrents (ah ah ah, ça y est, je m'y crois totalement). Je ne suis pas fan d'un des deux associés mais bon, nous voilà parties. On s'installe, le bonhomme en question me regarde un peu de travers mais je n'y prête pas spécialement attention, plutôt concentrée sur notre conversation. Et puis, au moment de quitter les lieux, il me toise de son air le plus condescendant - il ne peut pas trop me prendre de haut, c'est un nabot- et crache son venin:

"- Alors, ça avance bien, votre projet?"
Moi : ".........."
Lui: "Surtout, si vous avez besoin de conseils, n'hésitez pas!

Ai-je besoin de préciser son ton sarcastiquissime? (oui, quoi, j'ai envie)

Moi : "- Je ne comprends pas... Comment savez-vous ?" (Inutile de nier, en plus je ne suis coupable de rien, a priori)

Lui: "- Pff, au Mans, tout se sait"
Moi: " - Oui, enfin, quand même"
Lui : "Vous faites une grave erreur, oui, une grave erreur!"

Là, j'ai l'impression d'assister à une tragédie de Racine, nous sommes en plein mélo et il s'insurge. L'agression est en règle, je suis abasourdie. Déjà que l'expert-comptable nous explique la gestion dans un mélange de chinois-serbo-croate depuis ce matin, qu'est-ce qu'ils ont tous à utiliser des langues que je ne connais pas?

Lui : "Nous sommes déjà quinze au Mans, qu'avez-vous besoin d'aller monter un salon de thé, hein?"

S'il pouvait m'étriper, il le ferait.
Lui (c'est un peu un monologue, pour tout dire, j'ai du mal à en placer une tellement il est enragé) : "J'en ai assez, tous les concurrents sont venus nous voir, j'en peux plus de ce cirque."

Mon amie et moi en restons bouche bée. Mais quelle idée aussi d'aller déjeuner chez un psychopathe pareil? Hein? J'oubliais que, tel James Bond (ou Mata-Hari, je suis pas sectaire, je vous l'ai déjà dit), je suis venue espionner son lieu ce midi et que j'ai placé en douce des micros et même tenté de coucher avec le cuisinier pour l'amadouer. Suis-je bête.

On lui explique. Calmement. Que le midi, nous, ben on a faim. Que l'on voulait juste apaiser la guerre qu'il y avait dans nos estomacs. Que l'on n'a jamais songé susciter (et affronter...) un tel courroux, que l'on n'a d'ailleurs jamais imaginé pareil scénario. Soudain, le soufflé retombe, il se montre confus.

"- Ah, euh, bah, euh, au temps pour moi alors, enfin. Vous savez quoi ?"

Je sais quoi? Qu'il a inventé le concept du salon de thé, que personne n'avait le droit d'ouvrir un tel commerce dans la même ville, parce que c'était son idée, au départ, de servir du thé aux femmes - des êtres qu'il semble détester par dessus tout, ironie du sort ? Qu'il mord? Qu'il n'est pas serein et qu'il voit d'autant plus d'un mauvais oeil la concurrence que ses affaires sont couci-couça ? Ce dernier point, je l'ignorais, mais son agressivité me laisse supposer que tout ne doit pas tourner rond pour qu'il s'inquiète de l'arrivée d'un nouvel établissement...

Pour le reste, il sait. Que le salon de thé, donc, ça ne marche pas ici, que les animations pour les enfants, bah pas plus, que de toute façon, les gens ne viennent que pour déjeuner ("Ouvrez donc plutôt un restaurant, alors!" ose-t-il) et que l'après-midi, depuis un an et demi, avec son associé, "ils se tournent les pouces."

Dois-je à mon tour l'attaquer parce qu'il vient de rajouter à ses services l'apéro dînatoire, une suggestion qu'il a pu voir sur mon questionnaire, que j'ai osé - rendez-vous compte - déposer à l'école de mon fils (et qu'il a donc intercepté) ? Un truc auquel, bien sûr, personne n'avait jamais songé ?

Dois-je lui dire que si les clients ne reviennent pas forcément dans son restaurant, au cadre pourtant très, très agréable et ses plats plutôt bons, c'est parce qu'il est d'une amabilité à faire passer, en comparaison, un agent du fisc pour le plus doux des agneaux, et que sa condescendance n'a d'égale que sa connerie?

Non. Je l'ai laissé sortir tout son fiel. J'ai décidé de prendre ça d'où ça venait. J'avoue que je ne sais pas vraiment comment il m'a identifiée, mais peu importe. Il me considère comme une ennemie, comme s'il n'y avait pas de place pour tous. Finalement, il m'a donné une bonne leçon de tout ce qu'il faut éviter. Je ne prétends pas être la meilleure, je n'en ai aucune légitimité, mais j'ose croire que je peux exister. Il n'arrêtait plus de répéter "Au temps pour moi". C'est ça, enfonce-toi. Je suis repartie la boule au ventre, parce que ce n'est jamais agréable de se faire agresser. Je me suis dit que les temps devaient être bien durs pour que ce "pionnier" des salons de thé s'inquiète de mon éventuelle présence sur le marché, alors qu'il ne me connaît pas.

Je suis retournée au stage. L'expert-comptable avait visiblement ajouté le hongrois à son langage initial. J'avais envie de me défouler. Un regard vers le dormeur et le malaise s'est estompé. Lui qui avait ouvert son compteur ce matin (contraint et forcé, il a lâché deux mots, avant de refermer les yeux) piquait de nouveau du nez et s'est pris la tête entre les mains, pour dormir, comme si de rien n'était. Je ne pourrai jamais faire comme si de rien n'était. Je dois bien me rendre à l'évidence : l'histoire de l'homme qui est un loup pour l'homme, j'en ai eu une parfaite illustration aujourd'hui. Mais le petit chaperon rouge, très peu pour moi.

mercredi 27 mai 2009

Renard et picsou sont dans un bateau...

Mais c'est que cela devient palpitant, cette formation! Non, sans rire, j'ai passé une nouvelle journée très fructueuse et enrichissante, un peu contre toute attente, d'ailleurs. Les barrières continuent de tomber et le tutoiement entre participants s'impose au fur et à mesure, malgré des profils totalement différents. Dans les nouveautés, j'ai entendu le son de la voix de quelques personnes jusqu'ici plus que discrètes, entr'aperçu l'esquisse d'un micro-sourire sur le visage toujours énigmatique du dormeur et rencontré une sacrée brochette de filous, si j'en crois les différents corps de métiers représentés. Le mieux, c'est de reprendre la galerie de portraits là où je l'avais laissée hier :

L'avocate: Elle arrive en retard, petit souci de santé oblige, mais n'en perd pas son aplomb. Quand elle présente ses excuses, je crois au départ qu'elle évoque son enrouement, avant d'apercevoir son poignet bandé. En fait, elle a la voix de Jeanne Moreau et l'allure d'une jolie bourgeoise, collier de perles et petit paletot bien comme il faut. Elle en jette. Elle balance sur les assureurs et un peu sur les notaires. Elle ne vit clairement pas dans le même monde que moi, nous expliquant, sans l'once d'une hésitation, qu'elle a touché 61 euros par jour lorsqu'elle s'est fait opérer de son canal carpien (le poignet bandé, je vous dis, y'en a qui suivent, dans l'assistance?). Mon dieu, mais qu'allait-elle bien pouvoir faire d'une somme aussi dérisoire ? Ramenée au mois, on est là à un salaire pour le moins correct pour un salarié lambda, une vraie fortune pour un jeune créateur d'entreprise et, donc, une broutille pour un avocat. Question de relativité.

Le notaire : Avec son cou de taureau et son petit côté ventripotent, il ressemble un peu à un garçon boucher (enfin, l'image que je m'en fais, pitié, ne m'envoyez pas le syndicat des garçons bouchers me casser les dents! La dame du RSI m'a bien dit que je paierai un max pour une couverture minimum en matière de santé, laissez-moi une chance!). Mais un garçon boucher en costume, ça en jette pas mal. C'est un notaire, donc, qui a visiblement déjà humé l'air du temps et qui connaît des tonnes d'anecdotes, ce qui lui permet de balancer sur les assureurs. "C'est du vécu" rappelle-t-il à plusieurs occasions, évoquant des situations pseudo-hypothétiques assez hallucinantes, qu'il a donc rencontrées. Comme cette histoire du type qui avait repris un resto et qui devait subir, tous les midis, le passage d'un paysan avec sa brouette de fumier, voisin irascible et rancunier qui profitait d'un droit de passage dans la cour; de ce commerçant qui a vu son loyer multiplier par dix par négligence; ou de ce commerce inondé chaque hiver, ce qui complique un rien les affaires... On a eu un éventail de tous les scénarios imaginables. Cela a de quoi freiner ceux qui hésitaient sur leur futur statut et on mesure à quel point le salariat, s'il est vécu comme une entrave à l'épanouissement personnel, s'avère malgré tout hautement plus confortable.

L'assureur: "Je me présente, je suis un picsou." Alors lui aussi, il a mangé un clown. Le pire, c'est qu'il est vraiment drôle et vivant. Il balance un peu sur les notaires, nous suggère de cacher notre recette quotidienne dans notre panier, sous la baguette, invente des scénarios. Et me prend comme... tête de turc de l'après-midi, imaginant, pour illustrer les risques encourus, qu'il me bouscule, me fait tomber, me casse une jambe. Au final, je me retrouve en chaise roulante et donc, je l'attaque. Bien fait, tiens! Nous sommes en plein jeu de rôles et son approche ludique nous permet réellement d'envisager les dangers qui s'annoncent. On ne pourra pas dire que nous n'étions pas prévenus!

Demain, l'expert-comptable rentre en piste. Va-t-il lui aussi balancer sur les autres ? Parce que, visiblement, c'est au filou qui plumera le plus l'autre...

mardi 26 mai 2009

Les experts

Tiens, tiens, je retrouve des similitudes avec l'AFPA... En ce deuxième jour de stage CCI, les visages se sont déjà déridés, quelques rires ont fusé et si j'en suis toujours à me demander la nature des projets de la majorité des participants, j'ose le dire: l'ambiance se détend! Bon, ce n'est pas la fête du slip mais a priori, on n'est pas là pour ça non plus.

La personnalité de quelques "porteurs de projet", comme on nous appelle ici, a permis de faire sauter les premières barrières mais les intervenants de la journée ont contribué à briser la glace. C'est d'ailleurs l'intérêt de cette semaine très intense, où les "experts" en tout genre viennent prodiguer leurs conseils et nous encourager- ou nous effrayer, d'ailleurs. Pour vous situer, il y a :

- La formatrice : elle n'aime pas trop le lundi. Le mardi, elle emploie un ton déjà plus enjoué, qui laisse supposer une nature joviale, derrière le masque pro de rigueur. J'ai hâte de la voir en fin de semaine.

- Le documentaliste: genre un peu coincé mais, pour l'avoir côtoyé plus tôt, je sais qu'il est d'une gentillesse à toute épreuve et son petit sourire complice suggère une personnalité plus affirmée qu'il n'y paraît. Hier, il a un peu fait un bide, si j'en crois les participants. Il ne doit pas adorer le lundi non plus. C'est lui qui a achevé le "dormeur", participant énigmatique, qui passe beaucoup de temps à bâiller, fermer les yeux, se prendre la tête entre les mains, se moucher bruyamment ou partir quinze fois aux toilettes.

- La commerciale : Venue évoquer les logiciels de gestion, elle en profite pour tenter de refourguer sa came. Elle a l'air d'un gros bonbon avec cet énorme noeud dans ses cheveux frisés et s'avère drôle, un peu à son insu. Totalement réfractaire au discours marketing de son associé de mari, elle reprend toutes les fiches pour les débiter à sa sauce. Les phrases alambiquées, elle les achève d'un soupir et dit "mes gars" pour parler de ses employés. A la bonne franquette. Elle repart comme une voleuse, consciente peut-être de sa démarche commerciale un peu limite. Marrante.

- La responsable communication: Grande, athlétique, coupe courte et dégaine de garçon manqué, elle déboule avec une énergie contagieuse. Très pro, elle débine un peu les journalistes en les traitant de post soixante-huitards. Elle n'a pas tellement tort et comme je la trouve très pro et passionnante, je suis même limite à l'approuver. Elle nous dit de faire attention à ne pas se prendre pour des Américains. Je fais un tour de table visuel: y'a peu de risques, je pense (ok, les apparences peuvent être trompeuses). Je crois surprendre le dormeur ouvrir ses yeux plusieurs secondes d'affilée. Peut-être un effet d'optique. Mais si c'est le cas, c'est un bel exploit. Bravo madame.

- Les agents du fisc : il y a le boss, sosie de Daniel Ceccaldi (copyright ma voisine Blandine, très observatrice pour le coup), et son adjoint. Bon, ben, ils sont pas là pour plaisanter, normal, hein, mais ils sont normaux. L'adjoint mémorise le petit malin qui évoque le détournement de TVA. Un futur redressement en vue. Le dormeur a de nouveau les paupières très lourdes.

- L'employée du RSI: enfin, je dis employée, mais elle est sans doute responsable de quelque chose au RSI, Régime social des Indépendants. Une rebelle, une vraie, qui rentre dans le lard de son propre système, mais aussi et surtout de l'URSSAF, les "carrés" comme elle les surnomme affectueusement. Sa franchise et sa pertinence sont remarquables et toute la salle rit volontiers. Je vous rappelle que l'on parle de RSI. Oui, cette femme a mangé un clown. Le dormeur reste hermétique à son humour mais à vrai dire, peu de choses doivent vraiment l'atteindre.

J'imagine le petit laïus de chacun de ces experts, ce soir en rentrant à la maison et en parlant de la bande d'empotés qu'ils ont eus aujourd'hui. Mais en tout cas, moi, je me suis bien marrée. Demain, c'est l'avocat, le notaire et le type des assurances. J'ai hâte, tiens.

lundi 25 mai 2009

Banc d'essai

En ce moment, dans les magazines féminins, c'est le banc d'essai des crèmes amincissantes qui vous font perdre 12 cm en une nuit, à la condition, évidemment, de les appliquer quinze fois par jour et cela pendant six mois non stop (cherchez l'erreur). Mon unique candidature spontanée à ELLE ayant échoué voilà quelques mois, je peux néanmoins assouvir mon rêve de réaliser des bancs d'essai, d'un tout ordre, moins capiteux, mais avec des neurones dedans. Pas les miens -je sentais déjà les esprits chambreurs me rappeler à l'ordre - mais ceux des formateurs et autres experts en tout genre que je croise dans ma grande tournée de stages en création d'entreprise.

Donc, après le RILE, super asso chargée d'initiatives locales, dont j'ai apprécié l'approche très personnalisée (en gros, on présente son projet à une personne, qui s'est avérée très attentive et précieuse, de par ses conseils), après l'AFPA (enfin, j'y retourne dès la semaine prochaine) que j'adore, je vous présente la Chambre de Commerce et d'Industrie, la CCI de son petit nom, et son programme bien rôdé, "Entreprendre en France".

Je vous en avais déjà touché un mot, évoquant l'avis hautement passionné du conseiller qui m'avait reçue, condescendant jusqu'à ce que le "croque perdu" lui donne l'eau à la bouche. Pour tout dire, je m'attendais à un stage un rien redondant, mais incontournable. Laborieux, mais instructif. Bingo! J'ai eu parfois les paupières lourdes lors de cette première journée, rêvant d'une piscine au milieu de la salle et d'un peu d'air, car l'atmosphère était pour le moins suffocante. Shame on me.

Oh, je n'étais pas la seule avec deux de tension. J'ai surpris quelques bâillements et des yeux mi-clos, mais c'était inévitable. En gros, on a eu une démonstration de ce que doit être une étude de marché en quelques heures, là où l'AFPA y consacre plusieurs séances. Plus des interventions certes pertinentes, mais assommantes. En fait, tout cela manquait cruellement de spontanéité et de vie, tout simplement parce que la CCI, souhaitant respecter la confidentialité de chaque projet, se refuse à un tour de table.

Du coup, nous sommes tous là à écouter, récolter les infos nécessaires mais sans aucune interaction. La formatrice lit les "powerpoint" en commentant d'un ton monocorde, illustrant parfois ses dires, quand même, par des exemples concrets. Ce n'est pas inintéressant, pour sûr et je reste persuadée du bien-fondé de ce stage. J'ai simplement l'impression d'entendre une synthèse de mes lectures depuis ces derniers mois (et j'ai piqué du nez un nombre incalculable de fois sur des pages remplies de préceptes comptables et juridiques).

Clairement, cela manque de chair, d'entrain. Les grands principes évoqués pourraient tout aussi bien convenir au lancement d'un restaurant routier qu'à un élevage d'alligators. Le plus drôle, c'est cette pancarte que l'on a devant nous, qui nous donne huit préceptes pour "profiter au mieux de ce stage". On nous incite notamment à "parler avec enthousiasme" et à "dire ce que l'on pense". Comme si cela n'était pas inné lorsque l'on arrive à ce stade de la création. Ben non, remarquez, ce n'est peut-être pas inné.

Eh bien, vous savez quoi? Je ne suis pas sûre d'entendre la voix de certains dans la semaine. Et, plus fort encore, ça a eu le don de me couper le sifflet. Là, on peut parler de performance.

dimanche 24 mai 2009

Mes ennemis les chiffres

"Pauvre Thalès !" C'est l'annotation qu'avait faite mon prof de maths, dont j'ai oublié le nom mais pas le visage anguleux - et, ma foi, pas désagréable. J'étais en troisième mais je me souviendrai toujours de son air affligé chaque fois qu'il me rendait une copie. Mes notes oscillaient généralement entre 0 et 9 (sur 20, évidemment), même si j'ai fait à l'époque un effort surhumain pour augmenter ma moyenne générale. Sans quoi, j'aurais été privée de basket et ça, c'était même pas envisageable.

Je vous rassure, je n'ai aucune nostalgie de cette époque, où je cumulais plus les plâtres que les numéros de garçons (j'étais téméraire sur le terrain de basket, pas dans la vie). C'est juste pour vous dire à quel point je suis une quiche dès qu'il s'agit de chiffres. Bien sûr, 50% au Comptoir des Cotonniers me parleront toujours et je peux me muer en calculette géante au moment des soldes (oui, c'est idiot et pathétique) mais voilà, un bilan comptable, c'est du chinois pour moi. Un monde totalement opaque et définitivement hermétique.

Bref, en lançant mon restaurant, mon plus gros cauchemar n'est pas de rater ma béchamel ou de faire cramer mes cannelés (quoique, ça laisserait présager une funeste sortie...) mais de "gérer" ma comptabilité. Rien que le mot "gérer", ah ah ah, moi qui suis incapable de faire mes comptes correctement, je sens que ça va être compliqué. J'ai donc choisi de suivre une formation à la Chambre de Commerce, cette semaine, remplie de toutes mes terreurs nocturnes: TVA, BFR, SARL, EURL ou SA, gestion, plan de financement...

Je ne rêve pas, je ne vais pas devenir une crack en la matière, mais je souhaite juste me familiariser avec ce champ sémantique que j'ai volontairement éloigné de ma vie, des années durant. Vous voyez, un peu comme quand on prend l'avion lorsque l'on en a une peur bleue. C'est moins brutal, ça dure 5 jours, inutile de m'en faire tout un monde. Mais bon, cela m'oblige à faire une pause avec l'AFPA, cette semaine, et ça va me manquer. Je me suis attachée à mes petits camarades de promo!

En tout cas, j'imagine la tête que ferait ce prof de maths s'il savait... Je le vois avec ses sourcils relevés, la moue boudeuse, lâchant, entre sadisme et - je l'avoue - réalisme: "ma pauvre Stéphanie, les chiffres et toi, ça fera toujours trois." Le pire, c'est que je l'approuve totalement.

vendredi 22 mai 2009

Une journée avec...

Avec tous ces ponts, j'ai l'impression d'être dimanche et pourtant, le week-end ne fait que commencer. Hier, pourtant, je faisais la fine bouche en assurant que les jours fériés, quand on est au chômage, c'est moyennement drôle, rapport que pour une fois, les gens "normaux" sont comme nous, à glandouiller. Qu'ils voient cela comme une chance, un répit dans leur semaine folle là où pour nous, âmes inactives, c'est juste un jour où le super U ferme plus tôt et qu'il faut donc planifier les courses...

Bah oui, parce que la journée d'un chômeur, ce n'est pas forcément ce que vous croyez. Faut pas croire, on fait la même chose que vous, mais en plus lent. Enfin, en prenant son temps. J'oserais même avancer que l'on fait plus de choses que vous, parce qu'il faut bien s'occuper. C'est bien de déprimer, mais sincèrement, c'est vite lassant.

J'ai des journées tellement pleines que j'ai pris du retard dans la lecture de mon ELLE. L'autre soir, j'ai donc voulu m'instruire en sciences féminines et savoir comment je pouvais éviter l'effet "j'ai un cocard" en me faisant un smoky. Là, je suis tombée sur l'une de mes rubriques préférées : "une journée avec". C'est là que j'ai réalisé mon -léger- décalage avec les vip.

Bon, le principe, bien connu, consiste à raconter la journée "classique" d'un people. Cette semaine, c'était Albane Cleret, que je ne connaissais pas, j'avoue (pitié! Je promets de me mettre à la lecture de Voici au plus vite!). Bon, pour vous situer, elle a 36 ans mais en fait dix de moins, les cheveux bruns en cascade, le sourire ultra-brite et la peau mate, l'air faussement nonchalant, les mains dans les poches, dans une tenue faussement simple (8.000 euros, une paille). Albane, donc, est une figure incontournable du Festival de Cannes. Bon, déjà, ça classe. Dans la prestigieuse capitale française du cinéma, elle gère un resto et une boîte, rien que ça.

Albane, elle côtoie Madonna comme moi je croise la gardienne de mon immeuble. Brad Pitt est limite à lui faire les yeux doux là où le tout-pas beau du 4e me lorgne bizarrement dans l'ascenseur. Elle descend à la cave pour y dégoter un grand-cru pour Matt Dillon quand moi, je pousse jusqu'au local poubelles où je ne peux même pas jeter mes bouteilles. Alors, je me suis dit que j'allais comparer nos vies. Le constat sera édifiant, je l'imagine déjà.

Alors, d'abord, elle raconte qu'elle amène "son petit univers" quand elle part à l'hôtel. Des fleurs blanches, notamment. Perso, je sais pas comment elle fait, parce que les fleurs, ça a tendance à faner pendant le voyage. Bon, elle est vip, hein, alors, j'imagine que ses fleurs à elle, elles tiennent bien. De toute façon, je ne vais plus à l'hôtel depuis que je ne travaille plus. Je reste chez moi et les Ibis ne me manquent pas trop, à vrai dire.

Elle dit aussi, Albane, que ses journées sont "archicalibrées": ben alors là, c'est presque comme moi: je sais que tous les matins, quand le réveil sonne (beaucoup trop) tôt, invariablement, je l'éteins et je me rendors, pour me réveiller, un quart d'heure avant l'arrivée à l'école, ce qui me donne l'occasion de blâmer mon fils qui est décidément beaucoup trop lent.

En même temps, elle n'a pas beaucoup de mérite, Albane: elle se lève à 11h! Ah, ah, je vous jure, ça se la joue actif et ça fait la grasse mat'. Comment ça, elle se couche à 5h à cause du boulot? Oui, bon, drôle d'excuse.

Albane, sinon, elle est mince mais c'est pareil, elle n'a pas de mérite: son estomac a la taille d'une noix. Un thé le matin et hop, la voilà repue. Ah oui, quand même, avant de quitter sa chambre, elle "avale des tartines grillées de pain complet" car elle sait qu'elle n'aura "pas le temps de déjeuner". A 18 heures, "premier coup de barre de la journée: trois carrés de chocolat et ça repart". Après, j'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé la trace d'un repas quelconque... Il y a une explication: "si je mange trop, je dors", qu'elle dit, Albane. Je pense qu'en suivant pareil rituel, je pourrais envisager à mon tour de perdre quelques kilos, mais je ne garantis ni mon état physique ni, surtout mon état mental. Je suis bête, aussi, je prends trois repas par jour, c'est d'un ringard!

Du coup, elle rentre sans peine dans l'une des douze tenues qu'elle a prévues pour le festival là où j'ai déjà sorti douze tops, lamentablement avachis par terre, pestant contre moi-même pour avoir repris trois fois un carré de chocolat, hier, parce que la vie, elle est décidément vraiment trop injuste.

Et pendant que je perds mon temps, chez moi, à manger/m'abrutir sur mon ordi/devenir cool sur Facebook, ou dire du mal de tout le monde, tranquillement installée sur une terrasse (mais accompagnée, je ne parle pas encore toute seule quand je sors), Albane, elle, elle s'active: et vas-y que je cherche qui couche avec qui, à Cannes, qui veut sortir avec qui, quel est le meilleur plan pour se faire maquiller et qui monte les marches. Ma journée est de mon côté bien avancée et je me dépêche de rentrer avec mes trois sacs Zara-H&M-Comptoir, résultat d'une envie irrépressible de shopping (car la vie est décidément vraiment trop injuste, vous connaissez le refrain) quand je réalise que les marches, je vais devoir les monter, parce que l'ascenseur est - encore- en panne. L'avantage, c'est que l'idiot du 4e ne me reluquera pas mais les escaliers, dans mon immeuble, ils sont aussi reluisants que les toilettes d'une boîte cannoise après le passage de Mickey Rourke (je dis ça, j'ai rien contre lui, c'est juste des préjugés).

Bref, je me dépêche pour ne pas rater la sortie de classe de mon loustic pendant que madame Albane, elle, file chez le coiffeur (elle n'a donc une fois encore aucun mérite avec sa crinière de rêve) et comme c'est une super maman, elle appelle sa fille à 19h30, ce qui lui permet d'oublier cinq minutes tout le stress généré par le port de talons de 10 cm et plus globalement par ce foutu job qui l'oblige à sourire non stop et se cogner les caprices de stars.

A la même heure, j'essaie d'expliquer à mon fils qu'il est un parfait cobaye pour le resto et que, non, je ne peux pas lui servir du jambon-pâtes tous les soirs, et que pour la glace, il peut toujours rêver: cinq fruits et légumes par jour, c'est du bourrage de crâne, certes, mais pas que. Les talons et le sourire, je les ai rangés depuis un moment (enfin, mon fils a droit à quelques risettes quand même, je ne suis pas une marâtre) et si j'ai le bonheur d'être en tenue de soirée (entendez pyjama top glamour) à 20h30, je sais que ma soirée sera excellente.

Albane, vers 23h, elle accueille Sharon Stone, Sean Penn, Pénélope Cruz, Quentin Tarantino... Moi aussi, je peux, je les ai dans mon étagère, bien rangés, vous savez, tous ces DVD que l'on aimerait tellement voir et revoir. Parfois, je pousse jusqu'à 1h, 2h du mat, véritable toxico de séries addictives. Albane, de son côté, ne voit pas les heures passer, soucieuse que les people se sentent bien dans sa boîte, "comme à la maison". Elle ne ménage pas son énergie, jusqu'à 5 heures du mat. Je l'imagine, excitée comme une puce, virevoltant, aux aguets. Prête à accourir auprès de ces vip, capables de lâcher l'équivalent d'une année d'indemnités ASSEDIC juste pour s'envoyer une entrecôte-frites à l'aube.

Quand elle se couche, elle pense la même chose que moi: "yes, une de plus". Enfin, moi, je ne dis pas "yes", seulement "une de plus". Une journée de plus passée sans bosser dans la vraie vie, une journée de plus en total décalage avec la vie active, une journée de plus entre liberté, réflexion, euphorie et spleen. Mais elle, tellement qu'elle est heureuse, elle ajoute "yes".

Je regarde la rubrique et je m'interroge. Oui, je sais que Photoshop est passé par là mais quand même, je voudrais bien qu'elle m'explique, Albane, comment elle peut avoir ce teint de rose avec une vie de débauche pareille quand moi, avec ma vie tellement rangée, j'ai des cernes de noctambule? Je dois en faire trop, j'imagine... Foutue vie de chômeuse.

mercredi 20 mai 2009

Rencontres

Prise à mon propre piège! Hier, je me lamentais sur mon pauvre sort et aujourd'hui, forcément, on m'encourage (et j'apprécie, attention!) à ne pas lâcher prise, en m'assurant que mon projet va marcher, qu'il me faut y croire... Ce que je n'ai pas précisé, c'est que je suis vraiment optimiste quand il s'agit de "mon" 'tit resto. Sincèrement. Et mes pleurs ne sont pas forcément liés à ce pan de ma vie.

D'où l'idée du piège. Ce sont des histoires personnelles, très intimes, que je ne peux, que je ne veux, dévoiler qui me mettent dans tous mes états (enfin, aujourd'hui, grand soleil sur la météo du moral, comme on pourrait le lire sur Facebook). Pas question de les évoquer ici, c'est trop douloureux et de toute façon, cela n'a rien à y faire. J'ai envie de légèreté, pas de plomber l'ambiance!

Comme je l'écrivais ici, je ne veux pas mentir et leurrer mes six lecteurs en chantant que tout va bien, tout le temps. Donc, quand ça va mal, je le dis. Quand je touche le fond, immanquablement, j'ai envie de puiser dans mes ressources et de donner un grand coup de pied, avec parfois un soutien, si minime soit-il, extérieur. Sans doute devrais-je alors, pour éviter toute confusion, me contenter de raconter ma journée comme si de rien n'était. En mettant de côté mes états d'âme, quand ils sont purement de l'ordre personnel. Sauf que je ne peux pas dissocier les deux. Je suis trop entière pour passer sous silence ma morosité passagère. Encore une fois, elle n'a pas forcément grand-chose à voir avec mon projet. Mais les démarches que celui-ci engendrent n'en sont pas facilitées.

Ceci étant dit, et en attendant un post ô combien futile à venir, cette journée aura été excellente. Quitte à passer l'après-midi avec mon loustic, j'ai décidé d'allier l'utile à l'agréable et j'ai donc sorti mes questionnaires, cette liasse qui effraie tellement de monde dans le centre-ville et qui, au sein du Jardin des Plantes, haut lieu des mamans en tout genre, a été accueillie avec curiosité et sympathie. J'ai sollicité quatre personnes. Vous savez quoi? Elles ont toutes accepté de me répondre. En souriant, en plus. Un truc de dingue.

Oui, OK, quatre en, allez, trois heures, ce n'est pas très "rentable". Mais j'ai surtout pris le temps d'écouter, de discuter, d'entendre les envies de chacun et chacune. Après une adorable maman, je suis restée longtemps avec une jeune grand-mère (42 ans!), elle-même mère d'un bout de chou de 3 ans, qui m'a raconté en long et en large sa vie, coupée en deux, entre les lourdes responsalités de chef de famille et ses envies nocturnes, comme une parenthèse nécessaire pour alléger son quotidien. Un sacré personnage, en vérité. J'ai ensuite rencontré un couple de... commerçants, qui avaient d'ailleurs songé à monter un salon de thé, avant de choisir une supérette. Une vraie mine d'infos.

Et puis, mon fils ayant eu la bonne idée de piquer le tracteur d'un minuscule bonhomme, j'ai pu m'entretenir avec Nathalie, charmante femme aux troublants yeux bleus. Sans jamais se départir de son sourire, elle s'est confiée, racontant sa solitude, sa détresse avec son petit Nicolas (véridique) qui, à bientôt 18 mois, ne marche pas et ne sait pas rester, surtout, assis seul. Elle était emballée par cette idée d'un p'tit resto où l'on pourrait se poser, rencontrer de nouvelles têtes et distraire son enfant sans soi-même tourner en rond.

Ce projet, j'ai envie de le concrétiser pour un tas de raisons, entre autres pour satisfaire mon ego et, accessoirement, pour travailler. Mais c'est aussi pour ces jolies rencontres, pour de belles personnes comme Nathalie que j'ai envie d'y croire et d'aller au bout. Je me répète sans doute mais je suis épatée par la chaleur qui peut émaner de ces anonymes que l'on croise, dès lors que l'on prend le temps de s'intéresser à leurs envies, leurs habitudes. A eux, tout simplement.

Je m'interroge parfois sur ce lâcher-prise d'individus que je ne connaissais absolument pas quelques minutes plus tôt. Mais après tout, ne suis-je pas moi-même en train de raconter ma vie?

mardi 19 mai 2009

Post mal léché

J'ai hésité à poster aujourd'hui, mais bon, après tout, autant être honnête: ça ne va pas toujours comme on veut, inutile de le nier. Ma carapace s'avère parfois trop mince pour supporter certaines réflexions, mais quoi? Life goes on... Simplement, je me déteste lorsque je m'apitoie sur mon petit sort, parce qu'après tout, je ne suis pas censée me plaindre. Je cherche toujours à relativiser, mais que voulez-vous, quand la coupe est pleine...

Je vois ces atermoiements personnels comme une vraie faiblesse et lorsque je suis ainsi, j'ai envie de me terrer pour éviter le regard des autres, d'éteindre la lumière et d'attendre que ça passe. Dans le même temps, j'ai besoin de ces confrontations à l'extérieur, qui me boostent. Mais comment défendre mon bout de gras lorsque je suis à ce point à fleur de peau ? On nous incite tellement à être performant que la moindre sensibilité est perçue comme gênante. Pas facile d'aller négocier avec le volailler du coin, la larme à l'oeil...

Ce masque de la-fille-forte-qui-trace-sans-trop-d'états-d'âme, je le mets de façon inconsciente, souvent. Hier, à l'AFPA, le formateur m'a gentiment chambrée, en lançant, très sarcastique:
"oh, j'en ai vu des questionnaires nuls, mais alors celui-là, c'est le pompon !" Puis, après lecture de mon business plan: "pff, décidément, c'est nul!" Il plaisantait, évidemment, mais j'ai senti que ma carapace, soudain, se fissurait, que l'émotion prenait le pas et qu'il me fallait marquer le coup. "Vous savez, je n'ai aucune confiance en moi-même", lui ai-je assuré. Il m'a fixée, stupéfait. "Toi? Pas confiante? Quelle menteuse!" Il est reparti dans un grand rire. Moi aussi, j'ai souri. Mais...

Oui, l'ambiance était au beau fixe et pourtant, ça a jeté un froid dans mon esprit. Bien sûr que l'on se crée un personnage, dans le cadre professionnel. Mais le gouffre entre l'image que ce formateur a de moi et la réalité est abyssal. J'aimerais tellement ressembler à cette personne qu'il décrit! Cela me permettrait de me blinder et de laisser glisser toutes ces petites piques négatives que j'ai peux entendre. C'est la directrice de l'école qui lâche, ce matin : "oh, les mamans n'ont pas répondu à votre questionnaire, elles l'ont trouvé trop long." L'agent immobilier qui décrète que je ne trouverai rien à moins de 300.000 euros. Une amie qui me dit que le nom que j'ai choisi ne convient pas.

Aucune de ces personnes n'étaient mal intentionnées, bien sûr. En temps normal, j'aurais très bien pu les considérer comme des avis pertinents. Mais lorsque les nerfs sont à vif, tout devient tellement trouble et violent que mes épaules me semblent alors bien frêles pour garder le cap, la tête haute et l'esprit ouvert et inspiré.

Pour tout vous dire, je ne parviens même pas à trouver les mots, ce soir. J'ai la sensation d'un post mal léché... Mais tant pis, il reflète simplement mon état. Stop complain! Je vais tenter de rectifier le tir au plus vite car j'ai besoin d'énergie, et surtout pas de m'écouter pleurnicher. Life goes on, disais-je...

samedi 16 mai 2009

Délire nocturne

Cette nuit, un tube de dentifrice géant est allé s'écraser directement sur Rennes, tel un avion pris en otage par Al Quaida, provoquant une onde de choc jusqu'au Mans. Le feu se propageait à une vitesse hallucinante et tout n'était que chaos. Ma chance, c'est que mon fils rentrait dans une boîte en carton (!), donc je n'ai eu aucun mal à le porter.

Ce qui m'a le plus affligée, c'est que j'ai vérifié que j'étais habillée décemment pour fuir à l'autre bout du monde. Apparemment, c'était la destination prévue.

Saleté de rêve.

Je vais aller reprendre mes gouttes, moi, tiens.

vendredi 15 mai 2009

J'ai pas le temps

J'ai pas le temps, dit la dame en souriant.
J'ai pas le temps, dit le monsieur en me narguant.
J'ai pas le temps, dit la vieille en ricanant.
J'ai pas le temps, j'ai pas le temps, j'ai pas le temps...

Au secours, j'ai des envies de meurtre!

Allez, je vous raconte. Imaginez une rue piétonne, un vendredi après-midi, dans une cité rendue d'autant plus grisâtre que les nuages menacent au loin. Des gens, de tout, des vieux, des jeunes, des snobs, des pas finis, des ados avec la mèche-les Converse-et-le-trench-qui-va-bien, des beaux, des moches. Et au milieu, une âme esseulée, chemise et stylo dans la main. Il me faut racoler. Oui, racoler. Leur demander, à ces gens-là, ce qui leur plairait (ou pas). Stopper leur élan, les interrompre, envisager qu'ils daignent montrer un peu d'intérêt pour autre chose qu'eux-mêmes.

OK, alors là, c'est ma part non commerçante qui parle, vous l'aurez compris. Un rien cynique, du genre "d't façon, tous des cons sauf moi." Là, j'envisage un retour express en arrière en allant postuler direct au canard local.

Mais j'ai de la chance, une adorable maman vient démentir ces pensées mauvaises. Elle m'accorde quelques minutes, ma part commerçante vient de regagner dix points. Je renonce à toute velléité journalistique et déchire virtuellement la lettre - toute aussi virtuelle - de motivation.

Et là, comment dire ? Vous voyez la rue ? Elle devient grise, toute grise. C'est là que les premières envies de meurtre naissent. C'est un abominable homme qui ne me laisse pas en placer une. NON. Une folle tentant de m'esquiver et qui, prise en flagrant délit de sournoiserie, me toise et s'emballe. NON, NON et NON. Une jeune femme visiblement au bord du suicide, qui me dit oui, puis non, qui s'excuse, elle va pas bien aujourd'hui. Des femmes qui accélèrent le mouvement, au péril de leurs bras, parce que la poussette, c'est lourd, mine de rien. Et ce refrain, "J'ai pas le temps", sorte de leitmotiv assez décourageant, je le concède. Surtout quand la femme pressée ralentit le pas, dix mètres plus loin, pour aller disséquer les vitrines, la bave aux lèvres et la carte bleue déjà frémissante. C'est de bonne guerre.

Je la joue stratégique, je file dans la galerie commerciale avoisinante. Tiens, je vais passer à la FNAC, ça me détendra. Ah oui, c'est vrai, je suis pas là pour ça, mais pour sonder les gens. Ces fourbes qui évitent le contact. J'envisage de recoller ma lettre virtuelle. Au moins, ça les intéressait de causer, les interlocuteurs que j'avais la chance de rencontrer, dans mon travail d'avant.

Bon, la galerie est un bide absolu. On parle de la crise, mais ce n'est pas un mythe: pas un chat dans les boutiques, les vendeuses se tournent les pouces, l'air un rien las, limite à sortir le tapis rouge pour la première cliente à passer le cap des 10 euros.

Je sors. Retourne à l'endroit initial. Mes copines du Comptoir des Cotonniers (à force d'y traîner, j'ai fini par sympathiser avec elles. Je sais, c'est mal. Pas de sympathiser, d'aller au Comptoir, l'endroit de perdition par excellence, pour moi), mes copines, donc, sont géniales. Elles me remontent le moral. L'une d'entre elles, Béatrice, accepte même de se prêter au jeu. Seule condition: ne pas rentrer dans la boutique car chaque passage à l'entrée est comptabilisé et quand il n'est pas concrétisé par un achat, les responsables du Comptoir sortent le fusil à pompe et collent la pression aux vendeuses de la boutique. Bonne ambiance... Bref, je commence. Nous sommes interrompues par l'une des deux clientes qui vont acheter dans la journée.

J'investis de nouveau mon champ de bataille mais je change de tactique. Je ne dis plus "Bonjour madame, pourriez-vous m'accorder deux minutes, svp", mais "Je-souhaite-ouvrir-un-restaurant, j'aimerais-connaître-votre-avis, promis-je-n'ai-rien-à-vous-vendre", débité en trois secondes six centièmes et, ô miracle, ça marche. "Depuis le début de l'après-midi, cela fait quatre fois que je suis sollicitée, vous êtes la seule à qui je réponds, parce que j'ai entendu restaurant" me raconte l'une de mes (charmantes) sondées. Ah bah voilà. Je chiffonne ma lettre virtuelle. Je veux être commerçante.

Un truc de malade se produit alors: trois personnes de suite, sans essuyer le moindre refus. Avec, à chaque fois, deux minutes qui se transforment en bon quart d'heure, le temps de prendre la température et de converser. J'écoute et j'adore ça. Elles me racontent leurs envies et de là naissent des bribes de leur vie. C'est passionnant. Elles veulent un endroit comme je l'imagine, cosy, convivial, humain, loin des salons de thé guindés existant. L'une d'elle, fort pertinente, demeure sceptique quant au potentiel réel d'un tel lieu au Mans. Mais s'enthousiasme dans le même temps pour toutes les idées. C'est génial, le commerce.

Je cherche alors une p'tite famille, parce que je n'ai visé qu'un public féminin pour l'instant. Hop hop hop, je l'ai: le papa, la maman et les trois enfants, en bas âge, tous en cirés. Je m'approche. Le papa accepte de répondre, pendant que la maman est rentrée dans une boutique. Elle ressort et j'aperçois le sac Cyrillus. Je pense qu'il ne faut jamais cataloguer, que ça m'est même arrivé de rentrer dans un tel magasin. Ce n'est pas parce qu'ils sont tous habillés pareil, qu'elle a un serre-tête, la jupe au genou et le carré strict, ni parce que ses enfants semblent sortis de Madame Figaro et de sa BD "Les Triplés" que je peux les caser. Au moment où elle vouvoie Henri-Charles qui sautille partout, j'ai comme un doute et je me dis que j'ai mal entendu. Une fessée à l'autre bambin, suivi d'un "vous cessez, maintenant" et là, ouh, je réalise que les apparences ne sont pas toujours trompeuses. "Nous ne faisons pas partie de votre cible, nous privilégions davantage les longs repas de famille", me dit le papa. Bien.

Je retourne à Béatrice, qui me raconte sa vie d'avant, à New York. Je suis transportée, d'un coup. Son mari est coiffeur en studio là-bas et elle devrait le rejoindre d'ici un an. Elle a des étoiles dans les yeux, à l'évocation de cette expérience qui l'attend. Elle assure que Big Apple n'est pas épargnée par la crise, loin de là, mais que cette énergie incroyable que l'on ressent à Manhattan est intacte.

Alors, c'est vrai, je n'ai récolté, au bout d'une demi-journée, que... sept questionnaires (on ne se moque pas) mais chacun aura été une mine d'informations et d'échanges. Un condensé de ce que j'aimais dans mon ancien métier et de ce que sera mon nouveau.

jeudi 14 mai 2009

Violence

Hier matin, elle s'est levée, comme d'habitude, s'est préparée pour aller travailler et a ouvert la boutique. Peut-être n'avait-elle pas spécialement envie d'être là, un mercredi qui plus est, elle qui a eu un enfant il n'y a pas si longtemps. Je me souviens de son air contrit à son retour de congé mat', lorsqu'elle se demandait ce qu'elle faisait là, à sourire à ses clients, porter des cartons, monter sur les escabeaux branlants, la perceuse à la main, alors que son bébé n'attendait que ses bras.

Oui, mais c'est la vie. Donc, elle a ouvert les portes, l'ordi, ses mails et là: stupeur. La direction nationale lui annonce qu'elle doit solder tout le magasin. L'enseigne est en liquidation judiciaire. Vendredi, ses deux comparses et elle sauront si elles sont reprises ou si, comme elles le craignent, la franchise n'est pas rachetée. Dans ce cas, elles iront rejoindre le rang des chômeurs dès lundi.

Sous le choc, elle a réagi telle une petite abeille, s'agitant dans tous les sens pour assurer, seule, cette liquidation, véritable aubaine pour des clientes toujours avides de jolie déco et de prix au rabais. Aujourd'hui encore, malgré la nuit sans sommeil que seuls ses cernes trahissent, elle a continué, vaille que vaille, à encaisser, escalader, se faufiler entre les meubles. Sa collègue était là et elles ont vendu comme jamais. "Si seulement on avait eu autant de clientes ces derniers temps!" soupirait cette dernière. Car il y avait eu quelques signes, bien sûr. Du passage, oui, mais sans achat. Ou juste un cadre à 3,50 euros, un bibelot à trois francs six sous.

Le choc s'avère d'autant plus rude qu'elles ont voulu imaginer que ça passerait, qu'elles étaient intouchables, que le contexte actuel n'aurait pas de répercussion. Et là, de plein fouet, elles apprennent que l'on n'a plus besoin d'elles. C'est d'une violence inouïe.

Une violence inouïe, oui, qu'elle a tenté de contenir tout au long de la journée. Mais lorsqu'une vieille rombière a demandé un paquet-cadeau pour une babiole à 2 euros, là, les nerfs ont un peu lâché. Elle a expliqué:
- "Vous savez, on n'aura plus de travail la semaine prochaine, nous sommes en liquidation."
La cliente (un rien offusquée, on ne doit pas souvent la contester, visiblement):
- "Au moins, donnez-moi du papier. Pff, je le ferai moi-même."

Elle a baissé la tête, a ravalé un sanglot. S'est dit que tout ça était vraiment trop injuste. J'ai jeté un oeil sur la feuille qu'elle a scotchée sur le mur, désormais vide de tous ses cadres. L'écriture y était saccadée, presque enfantine, semblant révéler tout le désarroi de la situation :

"Nous recherchons donc toutes les trois un emploi. Merci."

C'est le "donc" qui m'a frappée. La conséquence d'une société désarmée, qui bout intérieurement mais qui n'a pas encore toutes les armes pour bouleverser l'ordre établi. Pour se rebeller.

Elle, elle n'est pas la première ni la dernière à perdre son emploi. Ce n'est pas une amie, pas même une copine. Juste une jeune femme désemparée, rentrée chez elle, impuissante, en colère, qui a pris son enfant dans ses bras. Mais, dans un tel monde, comment peut-elle espérer le rassurer?

mercredi 13 mai 2009

Journal de bord

Déjà un mois que j'ai lancé ce blog, un peu sur un coup de tête et, pour tout dire, je ne le regrette pas. C'est un journal de bord, sans autre prétention. Quand je poste, je fais d'emblée un bond en arrière dans mon enfance, lorsque je noircissais ce petit carnet fermé par un cadenas, toujours aux aguets, prête à le refermer au moindre bruit suspect (des parents potentiellement indiscrets, une grande soeur qui se serait moquée. Hein, Isa?).

Envolée, la clé, mais le soutien que j'ai ressenti grâce à vos commentaires - pas seulement ici, mais également dans la "vraie vie" - me conforte dans l'idée que partager son expérience, avant de concrétiser une envie de partage, naît d'une véritable volonté narcissique et s'avère plus enrichissant encore que j'aurais pu l'imaginer!

Grande addict à internet et à ses multiples trésors, je me délecte de blogs plus ou moins futiles et je pensais tendre vers ce genre d'expériences, où je me serais photographiée, peut-être juste pour partager ma culpabilité à l'issue d'une virée shopping honteuse, dévoilant sous toutes ses coutures le énième top déniché chez Zara and co. J'aurais pu aussi raconter toutes mes dérives, lorsque je lâche (trop) de lest et passe mon temps la tête dans les nuages. Pester contre les dix mille obstacles qui se dressent chaque jour. Me censurer lorsque j'ai l'impression de n'écrire que sur moi, moi et moi-même (ce qui est vrai!) en m'interrogeant sur l'intérêt de se livrer ainsi et celui des lecteurs d'apprendre pareilles inepties. Ou juste raconter que je n'ai pas versé une larme à "Je l'aimais" ou que j'ai hâte de voir "Millenium".

En fait, je n'ai rien perdu de ma futilité, mais j'ai juste envie d'aller à l'essentiel, car ce carnet intime reste à mes yeux le fil rouge, me permettant d'avancer, jusqu'à ce jour où, enfin, je rejoindrai les fourneaux. D'ici là, je n'ai pas fini de m'écouter, de galérer, de rire et de pleurer, et j'espère continuer d'expérimenter ces tranches de vie avec vous!

PS: Au fait, vous pouvez continuer à répondre au questionnaire, en essayant de vous mettre dans la peau d'un consommateur lambda, en toute objectivité, quoi... Je peux vous l'envoyer par mail si vous le souhaitez. Merci!

mardi 12 mai 2009

Zen

D'abord, merci pour votre participation, je ne me lasse pas de lire vos commentaires et tous sont bienvenus. N'hésitez pas à me redemander le questionnaire par mail si ça vous semble pénible via ce blog. Il est trop tôt pour dégager une tendance mais je ne manquerai pas de vous synthétiser tout ça.

Tout ça me rebooste, sincèrement. Après avoir vécu ces deux dernières semaines avec le vague à l'âme et la sensation de chuter très, très bas, je sens l'énergie revenir. L'optimisme reprend le dessus sur mes crises de larmes et mes envies de tout larguer pour jouer à Robinson Crusoé aux Antipodes. J'ai peut-être trouvé le nom du restaurant (je vous en reparlerai), j'ai avancé sereinement dans mon étude aujourd'hui et mon fils a validé le croque-perdu dans le menu, après sa mission glouton du soir... Bref, je me sens sur les rails. Et à quoi cela tient-il? Franchement, je n'en sais pas grand-chose (les hormones, peut-être, diraient les mauvaises langues). Au fait d'être tombée si bas, peut-être. Au soutien de quelques personnes, bienveillantes. A l'idée qu'à l'impossible, nul n'est tenu...

Oui, je ressens moins de pression, étrangement, alors que l'étau est censé se resserrer. La journée de cours hebdomadaire, hier, a également été fructueuse. On y a parlé plaisir, épanouissement, sensations. Avec son air de redoutable nettoyeur - silhouette sèche, oeil caustique et sourire narquois - le formateur du jour a évoqué le danger de "fabriquer des choses dans sa tête". Contre toute attente, il nous a conseillé de laisser de côté toutes les théories issues des cerveaux du marketing. Et encouragé à écouter notre coeur, sans chercher à tout intellectualiser.

Vous ne pouvez pas savoir le bien que cela m'a fait, d'entendre que tout n'était pas rationnel et qu'il fallait laisser cette place au ressenti. J'ai l'impression d'avoir trouvé un sens à ma démarche. Vivre et sourire, prendre du plaisir, sans regretter, et en vivre, justement. La chape de plomb me semble d'un coup lointaine.

lundi 11 mai 2009

I need YOU!!

Je vous reparlerai probablement de cette nouvelle journée à l'AFPA, cette semaine, mais je tenais à rebondir sur le commentaire de Jérôme, qui se disait déçu que je n'ai pas pensé à vous consulter, pour mieux connaître les attentes des clients.

En fait, c'était prévu, mais je voulais adapter un chouia mon questionnaire, rapport que mes nombreux (ah ah, au moins six!) lecteurs n'ont pas tous l'immense joie d'habiter au Mans. Alors, voilà, je vous propose mon petit sondage ici même, et vous pouvez me répondre sur mon adresse email (stephanie.magouet@aliceadsl.fr) directement, et je peux même vous renvoyer le fichier histoire que ce soit plus simple pour vous. (parce que 1/a; 2/ c; 3/ etc, ça risque d'être un rien rébarbatif, je vous le concède...) Si vous le préférez, passez par les commentaires, cela pourra créer une petite émulation, why not? Et d'ailleurs, n'hésitez pas à commenter! Bref, faites comme vous le sentez, l'important, c'est de participer.

Forcément, certaines demandes vont sans doute vous laisser plus ou moins indifférent, mais imaginez qu'il s'agit d'un lieu de votre ville... Ramassage des copies dès que possible, évidemment, mais je vous laisse jusqu'à dimanche pour y participer. Je dépouillerai ensuite tout cela pour comparer vos habitudes, attentes et envies à celles déjà enregistrées.

Bien sûr, il n'y a absolument rien à gagner, hormis toute mon estime, voire un p'tit thé quand vous viendrez me rendre visite, quand même!

D'avance, un grand, grand MERCI!

1- Combien de fois par semaine déjeunez-vous à l'extérieur ?
a/0; b/ 1; c/ 2; d/3 ; e/4 ; f. 5 ; g/ plus (précisez)

2- Combien dépensez-vous en moyenne pour un déjeuner en semaine?
a/Entre 5 et 8 euros; b/ Entre 8 et 10 euros; c/ Entre 11 et 15 euros; d/ Entre 16 et 20 euros; e/ plus de 20 euros

3- Aimeriez-vous organiser les goûters d'anniversaire de vos enfants dans un restaurant/salon de thé?
a/ oui; b/ non

4- Seriez-vous intéressé(e) par la tenue d'un atelier différent (cuisine, bijoux, arts plastiques...) pour les enfants, chaque mercredi? Ou chaque samedi ?
a/ oui; b/ non
Plus mercredi: c/ oui; d/ non
Plus samedi: e/ oui; f/ non
Les deux ! : g/ oui; h/ non

5- Quel est le prix minimum que vous seriez prêt(e) à mettre pour une telle prestation? Et le prix maximum? A partir de quel prix estimeriez-vous cela trop cher ou pas assez (susceptible de vous faire douter de sa qualité)?
Prix minimum:
Prix maximum:
Trop cher à partir de :
"Douteux" à moins de :

6- Aimez-vous aller dans les salons de thé? Pourquoi?
a: oui; b/ non.
Pourquoi:


7- Achetez-vous du thé en vrac? Combien par an et à quelle fréquence?
a/ oui; b/ non

8- Quelle marque appréciez-vous ? Si plusieurs, numérotez par ordre de préférence (1/ mon préféré, 2/...)
a/ Palais des Thés; b/ Théodor ; c/ Mariage Frères ; d/ Damman; e/ Cannon; f/ Autres (précisez)

9-Seriez-vous intéressé(e) par des brunchs le dimanche?
a/ oui; b/ non

10/ Seriez-vous intéressé(e) par une soirée vide-dressing (troc ou ventes d'occasion) pour des vêtements femme? Vêtements enfants?
a/ Oui; b/ non

11- Aimeriez-vous acheter des produits consommés dans le restaurant ou le salon de thé?
a/ oui; b/ non
Madeleines, cannelés, cakes faits maison et ensachés: c/ oui; d/ non
Vaisselle: e/ oui; f/ non
Autour du thé : g/oui; h; non

12- Seriez-vous intéressé(e) par une formule "Sortie d'école!" à un prix attractif, pour prendre le goûter avec votre enfant à la sortie de l'école? A quelle fréquence?
a/ oui; b/ non

13- Seriez-vous intéressé(e) par des plateaux-tartines, réalisés sur commande?
a/ oui; b/ non

14- Par des apéros dînatoires?
a/oui; b/ non

15- Par des ateliers pour adultes (écriture, cuisine...)
a/ oui; b/ non

16- Par la tenue de "boums" (on ne rit pas, merci), pour les pré-ados?
a/ oui; b/ non

Merci de préciser si vous êtes a/un homme, b/une femme, votre tranche d'âge (encore mieux, votre âge!), le nombre d'enfants, le nombre de personnes vivant au foyer, si vous êtes locataire ou proprio, en maison ou en appart, votre CSP (demandeur d'emploi, ça marche aussi) et si ça ne vous gêne pas, votre fourchette de salaire moyen (par mail, c'est plus discret. C'est juste pour les stats, je ne vous racketterai pas ensuite).

Si vous n'avez pas décroché, merci pour votre grande ténacité et à très vite pour les résultats!!

dimanche 10 mai 2009

Ouvert non stop

Ce week-end, c'était opération "je-vais-tester-mes-clients-potentiels". Mon imprimante n'a guère apprécié et a affiché sa lassitude d'un désespérant "toner empty", mais enfin, qu'importe, j'ai réussi à sortir plus d'une centaine de questionnaires pour savoir quand (matin, midi, soir, jamais), qui (des célibataires, des couples, des enfants, des jeunes, des vieux...) et avec combien (de sous) ces gentils clients allaient venir remplir mon p'tit resto. Et c'est là que l'on maudit la diversité des Français.

En gros, il faudrait que je propose un service non-stop de 8h à pas d'heure, que ce soit un salon de thé qui fasse des apéros dînatoires ; que l'on puisse y amener les enfants mais que l'endroit soit un espace zen et calme; qu'il soit en plein centre ou bien carrément en périphérie, avec un gros parking bien comme il faut pour y poser l'incontournable Scenic (ou Picasso, je ne suis pas sectaire)... Je vois d'ici le panneau 24h/24 clignotant comme dans une mauvaise série B. Et moi, dessous, l'oeil éteint, le teint blafard, des cernes affreusement dessinées et les cheveux gras.

Cette vision cauchemardesque (ou prémonitoire?) aussitôt effacée, j'ai parcouru de nouveau ces premiers questionnaires, résumant l'hétérogénéité des attentes. Mission impossible ? Chiche!! J'adore ça.

Évidemment, certaines données sont incompatibles et il y aura forcément des déçus, concernant l'emplacement, car je penche pour l'instant vers un lieu central. Mais j'ai bien envie que Mariage Frères laisse sa place au Saint-Emilion (ou à un petit Chardonnay, je suis pas sectaire, je vous dis), le soir venu; que les enfants aient plaisir à s'y retrouver le mercredi et /ou le samedi après-midi (c'est bon, l'incertitude!), mais que ces messieurs friands de calme (hein, cher Ouin') puissent surfer tranquillement ou oublier le temps, le nez dans un bouquin; que le lieu soit parfois très girly, mais n'oublie pas les sportifs, le temps d'une soirée basket...

Je vois déjà vos moues sceptiques. Perso, je ne suis pas à une contradiction près. D'ailleurs, songeant à l'organisation de nocturnes autour de plateaux tapas, j'ai concocté... un brunch aujourd'hui. Rien à voir, je sais. Contradictoire, je vous dis.

vendredi 8 mai 2009

Indépendant(e), si je veux!

Ce matin, en allant courir, j'ai croisé un (charmant) jeune homme avec un beau bouquet. Puis un couple qui partait visiblement déjeuner en famille. J'étais donc là, suante, les joues rouges, en tenue ô combien glamour, pendant qu'eux, solennels, tirés à quatre épingles, s'en allaient accomplir les rites. C'est un peu le lot des jours fériés ou des dimanches, pour les solitaires. Nous sommes en décalage avec "le monde réel", celui qui respecte les traditions. De quoi coller le blues, parfois. Mais aujourd'hui, plutôt que de m'attrister sur ma solitude, j'ai juste savouré mon indépendance. La différence?

La solitude, c'est :

- Vivre seul, se réveiller seul, manger seul, avec pour seul compagnon un silence angoissant;
- Vivre à deux, se réveiller à deux, manger à deux, mais ne pas concevoir la vie de la même façon;
- Sortir une vanne et ne susciter au mieux qu'un regard pathétique;
- Ne jamais partager ses expériences, qu'elles soient positives ou négatives;
- Se lever le matin en pensant que la seule personne à qui l'on peut éventuellement causer, c'est le facteur qui vient déposer un recommandé;
- L'envie de hurler en sachant pertinemment que l'impact sera nul (ou au pire, un billet direct pour l'asile le plus proche);
- Regarder le téléphone. Vérifier le branchement. S'appeler avec le portable. Constater que la sonnerie est tellement stridente qu'il est impossible de ne pas l'entendre. Et que, donc, personne n'appelle, sauf l'institut SOFRES ou les cuisines VOGICA. Pour savoir combien notre ménage dépense dans ses loisirs ou sa maison. C'te blague.
- Ecouter son répondeur. Trouver la voix tarte, surtout quand elle annonce qu'il n'y a aucun message.
- Compter ses amis par dizaines, centaines, sur Facebook. Et n'avoir personne avec qui aller à un concert ou se faire une toile;
- Envisager que les plaisirs de la vie ne valent pas que partagés. Relire la critique de Télérama pour débriefer le film à la sortie du ciné.
- N'avoir envie de ne rien décider...
- ... Mais ne compter que sur soi pour tout ;
- Finir par parler tout seul.

L'indépendance, c'est tout ça. Mais avec le sourire et l'envie d'assumer ses propres choix. La frontière est ténue, certes. Mais je crois au verre à moitié plein.

jeudi 7 mai 2009

Dans quel état j'erre

En ce moment, c'est un peu le Bronx dans ma tête. Hier soir, je n'avais envie de rien d'autre que de m'affaler sur mon canapé douillet et de regarder un truc débile à la télé. Résultat- heureusement plus productif- j'ai travaillé. Mis au point mon questionnaire pour sonder les clients potentiels et cerner leurs demandes. Avant de le sortir en cent exemplaires, avec atelier- bourrage-de papier-suscitant- l'envie-de-donner-un-grand-coup-dans-l'imprimante... Ceci précédant la passionnante épreuve de l'agraphage, engendrant, elle, un p'tit verre d'Efferalgan. Tout ça pour dire que j'étais dans une bonne dynamique, me lançant ensuite dans un début de calcul prévisionnel. 1h23 du matin, il était temps d'envisager de dormir.

Sauf que je me connais. Mieux vaut que je continue lorsque je suis partie sur ma lancée. Car, en revanche, quand la machine est grippée, aïe, aïe, aïe, je suis bonne à jeter. Ainsi donc, ce matin, après un rendez-vous calamiteux qui m'a laissé l'âme en peine, les yeux rougis (pas d'histoire romantique, non) et l'esprit à l'Ouest, je n'avais pas, mais alors pas du tout le coeur à bosser. Juste envie de pédaler, tranquillement, et me rendre d'un point A à un point B sans calcul aucun.

Comment, dans ces conditions, ai-je atterri juste au pied de la propriétaire du restaurant que j'étais censée reprendre ? Ah, parce que c'est en plein centre-ville, peut-être. Sauf que j'avais tendance à éviter la rue, ces derniers temps, ne sachant comment réagir et me comporter depuis son refus cinglant. Toujours est-il que je me suis décidée à passer - et m'arrêter. Bien m'en a pris puisque son accueil s'est avéré très cordial, de quoi me rassurer sur la nature humaine. A priori, pas de changement dans sa décision, mais au moins a-t-on pu converser comme deux adultes, sans rancoeur ni agressivité, mais au contraire avec beaucoup d'allant.

Et c'est ainsi que pour la première fois de la journée, j'ai eu le coeur à l'ouvrage et l'envie, réelle, de sourire, en pensant simplement qu'il suffit parfois de s'accrocher à un petit rien, si infime soit-il, pour laisser entrevoir un peu d'espoir.

mercredi 6 mai 2009

L'imposture de l'écriture

Les apparences sont trompeuses. Hier, j'en ai eu la preuve flagrante. Je me suis dit que l'écriture pouvait à la fois s'avérer ma meilleure alliée et ma perte. Je vous explique.

Jamais trop sûre de moi, je me suis encadrée un maximum pour me lancer dans cette toute nouvelle aventure qu'est la création d'entreprise. CCI, AFPA, RILE, je prends tous les conseils possibles et imaginables et j'attends toujours celui qui me dira que tout mon projet n'est que du vent. Bon, cela a bien failli arriver très vite, avant que le croque-perdu ne sauve la mise (Mu, je ne peux pas dévoiler tous mes secrets... Surtout, si je donne ma recette, vous allez tous comprendre l'escroquerie: c'est trop facile!), mais enfin, je suis très surprise de constater que personne, à part el padre, ne me freine. Au contraire, mes interlocuteurs me poussent à développer mon business plan, sans censure aucune. Parce que mon idée est géniale?

Ah, ah, ah.

Je me dois d'être honnête, je ne vais rien révolutionner (Je sais, je suis en train de m'auto-saboter, là).

Parce que personne n'y a pensé avant moi ?

Ah, ah, ah.

Parce que pendant ce temps, je ne pollue pas ma conseillère Pôle Emploi avec mes états d'âme?

Ah, là, c'est une possibilité.

Parce que j'amuse la galerie avec mes histoires débiles (mais réelles!) à l'AFPA?

En voilà une autre.

Mais la raison principale, c'est que j'adore partir dans des délires sans fin, et coucher ces idées sur le papier. Comme lorsque je travaillais à "Bip- Bip" (censure oblige), j'en écris des tonnes et je ne sais pas m'arrêter. Je cause, je développe, j'en rajoute... Généralement, ça finissait par un élagage du texte à la tronçonneuse, me laissant frustrée de devoir ainsi raccourcir ce qui me semblait indispensable au récit.

Aujourd'hui, c'est différent. Je peux me lâcher. Lorsque j'ai écrit pour la première fois un topo sur mes envies, tout est venu, d'un bloc, sans vraie réflexion. Les idées sortaient naturellement, sans doute contenues depuis longtemps dans mon esprit, sans même que j'en mesure l'ampleur. Ce topo m'a servi de "passeport" sur les rencontres initiales. avant que je le développe. Ce projet, c'est mon bébé, ce business plan, le signe de mon attachement et comme j'y mets tout mon coeur, eh bien, j'ai fini par croire en ce que je racontais... donnant exactement l'image contraire de ce que je suis réellement. Et hier, donc, l'une de mes (précieuses) interlocutrices m'a dit, après avoir lu mes travaux: "Vous êtes sûre de vous! Presque trop."

Là, les bras m'en sont tombés. Ma plus grosse faille, c'est cette confiance en moi. Cela prouve bien à quel point l'écriture peut permettre à l'imposteur de tromper son monde. Ma simple rédaction pourrait, semble-t-il, laisser supposer que j'ai les compétences pour concrétiser mon rêve. Elle apporte de la crédibilité à mon CV... lequel, lui, ne ment pas et reflète à quel point je n'ai aucune expérience dans la restauration.

Je m'auto-flagelle, certes, mais voyons les choses en face. On valide mon projet sans avoir goûté mes plats. D'où la question qui se pose: vais-je à ma perte, simplement en couchant des mots sur un projet ? Je ne chercherai pas la réponse, je vais juste aller au bout de mon expérience. En y mettant toute ma passion et mon coeur, excellents palliatifs à mon manque criant de confiance.

lundi 4 mai 2009

Fonce, sur un malentendu, ça peut marcher...

Elle est arrivée ce matin, l'oeil chagrin, l'air énervé. "Je viens vous dire au revoir." C'était l'une des deux "futures associées", de notre groupe, avec un projet de service à la personne qui ne semblait pas l'attirer plus que ça. De fait, sa copine lui a fait faux-bond, décidant de stopper la formation et laissant en friche toute cette belle volonté affichée voilà deux semaines.

Nous étions là, autour de la table, et notre réaction a été unanime: "pourquoi arrêter? Qu'as-tu à perdre ? Lance-toi dans ton propre projet!" Influençable, la jeune C. nous a regardés, un peu interloquée. Elle nous a écoutés. Chacun avait ses arguments. Sans nous concerter, nous étions sur la même longueur d'ondes. Emue, comme en témoignait son regard un rien embué, elle nous a fixés. Elle s'est pincée les lèvres. "Je reste." Aussi simple que cela.

J'ai aimé cet instant de solidarité, sans aucun calcul. Nous non plus n'avions rien à gagner. Nous ne la connaissons pas. Et pourtant, nous avions tous envie qu'elle y croit. Qu'elle tente, au moins. Et nous n'étions pas peu fiers de l'avoir à la fois convaincue et déridée. Nous ne pouvions concevoir qu'elle parte sans avoir essayé.

Elle a agi comme un miroir, représentant nos peurs de nous lancer, exprimant les mêmes doutes qui nous taraudent. "Je n'ai pas les épaules assez larges", se justifait-elle, avant de changer d'avis. Oui, elle a fait écho à nos propres angoisses.

Moi-même, hier soir encore, je me disais que finalement, j'allais tout lâcher, que je n'y arriverais pas, qu'il valait mieux que je reste dans le journalisme (mais cela est-il même envisageable? hum, pas sûre... ). Et me voilà, le lendemain, à lui assurer que non, vraiment, elle ne doit pas renoncer mais au contraire foncer, affirmer ses convictions et sa soif d'indépendance! C'est tout moi, ça, faites ce que je dis mais pas ce que je fais. En même temps, je ne peux que la remercier, elle m'a permis de prendre conscience de mon envie d'avancer. J'ai trop creusé pour revenir en arrière. Qu'importe les moues sceptiques, que je continue de surprendre sur des visages parfois hautains.

Forcément, je ne suis pas sûre que mes épaules suffiront à porter mon délire. Mais moi aussi, je veux essayer.

vendredi 1 mai 2009

Décalage

Aujourd'hui, 1er mai, je n'ai rien trouvé de mieux que de bosser. J'avais des devoirs en retard et je suis contente, mon business plan commence à s'étoffer. Mais en fait, les jours fériés et les dimanches, toute seule, j'ai un peu de mal. En gros, quand tout le monde goûte à un repos bien mérité, je n'ai pas envie de sortir le nez dehors. L'image de la famille réunie pour une petite promenade, des couples enlacés sur les bancs, comme si personne d'autre n'existait, cette illusion d'un bonheur certes fugace mais enviable, allez savoir pourquoi, je préfère éviter.

En revanche, lorsque tout le monde taffe, je papillonne et joue à la glandeuse professionnelle. Mes activités de prédilection, en solo ?

- Une virée shopping, parce que je suis une dingue de la sape et que j'aime bien dénicher LE truc qui rejoindra les dix mille autres dans mes tiroirs déjà blindés (faut pas chercher, j'ai bien pigé que j'étais une acheteuse compulsive. Cela ne change pas grand-chose de le savoir mais au moins, j'ai conscience d'être juste un peu tarée et cette folie justifie donc mes actes. Bref);

- Un petit yogging, dans mes bons jours, dès que l'envie shopping me démange un peu trop (faut pas chercher, je vous dis);

- Un ciné, un bon bouquin (quoique, en ce moment, entre "Ouvrez un restaurant", "Le Guide de la Création d'entreprise pour les Nuls" et "Faites votre étude de marché", je trouve la littérature moyennement excitante);

- L'intégrale de Dexter ou comment je m'interroge quant à ma passion pour un psychopathe...;

- Un p'tit tour chez Du bruit dans la cuisine, avant une rafle de thés chez mes divers fournisseurs. Le Thé des Chérubins (Damman) est mon dernier petit chouchou ;

Sans oublier les heures passées le nez dans les livres de recettes et dans ma cuisine, à faire la popotte pour entendre mon loulou dire que mon cheese nan est "aussi bon que le Croque McDo" (on atteint là des sommets dans le domaine du compliment) ou plus généralement que lui, ce qu'il aime, c'est le jambon-pâtes (et le foot, mais c'est un autre débat).

Au début, quand j'ai arrêté de bosser, je n'ai vu qu'une solution pour gérer mon temps: établir des listes. Que je prenais un malin plaisir à barrer, au fur et à mesure, avec le sentiment du devoir accompli. On m'a demandé maintes fois si je ne m'ennuyais pas au chômage. M'ennuyer?? Pour quoi faire? Non, moi, je rêvais de journées de 36 heures, tentant ainsi de réaliser toutes mes envies.

Aujourd'hui, je l'admets, je m'octroie moins de petits plaisirs, tout simplement parce que mon esprit est tourné vers mon projet. Mais je ressens toujours ce petit plaisir coupable lorsque j'enfourche mon vélo ou que je pars courir, à une heure où tout le monde bosse. Je me sens privilégiée, étonnamment.

En revanche, quand tout le monde glande, pas question de "revenir dans la norme". C'est pour ça qu'aujourd'hui, j'ai la tête farcie. C'est ma liberté.