jeudi 12 novembre 2015

Clark et moi

"Non, mais oh, t'es vachhhhhheeeeeeee!"

Un jour de novembre 2014, assis derrière son ordi, il a levé la tête, m'a regardé, mi-courroucé, mi-stupéfait et il m'a dit ça :

 "Non, mais oh, t'es vachhhhhheeeeeeee!"

Je me suis touché le torse, j'ai cherché le bouton mais je n'ai pas réussi à faire "meuh" (j'avais un drôle d'humour à l'époque, je m'en rends compte).

Pourtant, j'ai compris rapidement l'objet de son courroux.

L'homme parcourait mon blog et lisait ce post.

Dedans, j'écrivais notamment : " je n'ai pas mon Clark Gable à disposition (on fait avec les moyens du bord, y'en avait plus en rayon, quand on parle de pénurie, je vous jure, ce ne sont pas de vains mots) "

Laissant entendre, donc, que j'étais comme une âme en peine, sans la moindre trace d'amour à mille kilomètres à la ronde. Alors qu'un homme, un vrai, était bel et bien à quelques mètres de moi, là, dans ce salon soudain envahi d'incompréhension et de gêne.
 
...
 
 
Pourtant, il était là, mon Clark, revenu après avoir pris le large.
 
Et puis, la vague l'a de nouveau emporté.
 
Un an après avoir écrit ces premiers paragraphes, Clark n'est plus mon Clark. J'ai envie de me recroqueviller et puis, dans un même élan, de relever la tête.
 
J'ai envie de taire ma douleur; en même temps, j'ai l'impudeur de vouloir la partager, comme pour mieux évacuer toutes ces choses qui pèsent sur mon cœur.
 
Je me sens sereine mais j'ai les yeux embués.
 
Je suis solide mais mes jambes sont en coton.
 
Je me dis que tout ça ne regarde que nous deux. Je me dis que la tristesse fait partie du processus très banal que je vis, de nouveau. Je relativise.
 
Mais après tout, pourquoi retenir ses larmes? Je sais, le temps fait son œuvre, patin couffin.
 
Aujourd'hui, c'est juste que si je tourne la tête vers cette chaise désormais vide, c'est juste le souvenir d'un air mi-courroucé, mi-amusé, qui me reste en mémoire.
 
Rien d'autre.
 
Et pourtant tellement.
 

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