lundi 10 octobre 2011

De l'autre côté de la barrière

Je n'écris plus ici, je m'en veux un peu mais il est des moments, entre deux, où mieux vaut s'abstenir.

Oh, je vous rassure, tout va bien, j'aurais plein de choses à vous raconter sur ce monde parallèle, qui grossit, qui grossit, habité par une drôle de race, qui grossit, qui grossit, cette dimension qui menace de toucher la patrie entière... (ça y est, vous avez peur?)... Oui, je parle de la précarité et de ses petits, les pauvres, dans le sens littéral du terme. Les pauvres, les démunis, vous savez, qui trompent un peu leurs ennemis, maintenant, en plus. Parce que les pauvres n'ont plus forcément le cheveu filasse, ne sont plus forcément vêtus de haillons, seulement de fringues que l'on appellera vintage (aux yeux de la fashion addicted que je fus, dans un temps autre) parce que dégotés voilà une, deux, voire, ouh la la, trois saisons, du temps où faire les boutiques restait une activité autorisée et possible, sans craindre derrière de quelconques représailles.

Une seule chose demeure: le regard de l'autre. Son effroi, comme si la pauvreté était contagieuse.

Je ne vous la fais pas Cosette, je vous rassure. Je pourrais aussi vous parler du traitement que l'on réserve à ces gens "sortis de l'emploi" depuis belle lurette, à ces mines défaites, à ces regards las et ces épaules tombantes, ces silhouettes que l'on croise au détour d'un rendez-vous censé nous stimuler, nous remettre d'aplomb... Peut-être y a-t-il un rapport avec ce fameux regard effrayé, tiens. Allez savoir.

Je pourrais évoquer ces BD qui fleurissent sur le thème de l'emploi en France aujourd'hui, comme ce Working Jeanne dont je me suis délecté, hier soir, lovée sur une banquette, bien au chaud en ce dimanche soir.

Je pourrais...

Mais je suis entre-deux. Je me garde bien de toute explication pour le moment, peut-être par superstition, que sais-je, sans doute par volonté de ne pas connaître trop de désillusion, surtout. Simplement, j'aimerais vous parler de tout ça autrement, lorsque je serai vraiment de l'autre côté de la barrière.

Avec le recul, c'est toujours tellement plus facile.

2 commentaires:

  1. Oui, les fringues vintage et tout ce que tu décris là, je connais. Je n'arrive pas à me souvenir de quand je me suis pour la dernière fois offert des vêtements neufs et (j'allais dire à la mode mais même quand j'achète des vêtements neufs, ils ne le sont pas vraiment, à la mode - question de goût, je suppose :)) Où en étais-je ? Ah, oui, je connais, disais-je (sans faire mon Caliméro pour autant).
    Bon, enfin bref, je te souhaite de passer rapidement de l'autre côté de la barrière et de trouver la stabilité nécessaire.
    Bises, la Mouette.
    L'oiseau

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  2. Oh, je connais.....je suis tellement lasse de l'avoir vécu de l'intérieur ! sauf que moi, je faisais VRAIMENT peur. Peut-être à cause de ce bouillonnement de rage rentrée qui perçait malgré tous mes efforts ? et qui m'assurait, sinon un poil de respect, au moins un peu de circonspection et quelques égards. Des fois que j'aurais mordu...:)))

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