jeudi 24 avril 2014

A contretemps

Comme si j'en étais fière...
 
Hier soir, ça m'a pris d'un coup. J'ai enfilé mon magnifique corsaire bien moulant, en tentant d'y faire rentrer mes culottes de cheval. J'ai complété le déguisement de runneuse avec ma brassière, mon T-shirt, le sweat, parce que, quand même, il faisait bien frisquet, le casque sur les oreilles et zou.
 
Va courir, ma fille, ça te défoulera.
 
J'avais fait 2 km tout au plus que les premières gouttes de pluie sont tombées. Tiens donc, ma veine habituelle... Allez, j'ai continué, sans pouvoir épargner à ma caboche de sombres pensées, toutes plus pessimistes les unes que les autres. Sans pouvoir m'enlever de la tête, non plus, que j'étais décidément souvent à contretemps.
 
A contretemps? Oui. Je pensais au plaisir que j'ai, parfois, souvent même, à écrire de petites scènes de la vie quotidienne, des chroniques sans queue ni tête. Au plaisir très narcissique, également, de lire que ces mots ont pu toucher quelques personnes. Et tout en courant, alors qu'on était passé à la limite de la submersion marine (j'exagère à peine), je me suis dit qu'actuellement, je préférais... écrire que cuisiner.
 
Quoi? Quoi? Quoi?
 
Tout ça pour ça?
 
Oui, je sais, quand j'ai repris à écrire de façon "pro" (ah ah ah) (comprenez que j'étais payée pour ça), je n'ai plus pensé qu'à cuisiner. Et maintenant que je suis quasi sur les rails pour partir derrière les fourneaux, voilà que je fais un petit caca nerveux.
 
Tout ça parce que j'ai raté un pauvre cake à la banane (c'te honte) et des scones (tout raplaplas) (en même temps, avec la bonne dose de levure, ça pourrait aussi aider) (il faudrait juste que je lise la recette) (mais que je la lise vraiment, je veux dire).
 
Ajoutez à cela quelques lectures décourageantes, et j'ai bien compris la chose : je n'arrive pas à la cheville du premier amateur de pâtisseries venu.
 
Je suis une quiche. Et même pas lorraine: je n'aime pas le porc. Donc, les quiches, chez moi, c'est sans lardons (le premier qui ouvre le débat, je lui casse les pattes).
 
Et pis d'abord, je sais pas ce que je veux, mooooooooiiii...
 
Oui, je me donne souvent envie de me retourner des claques, tellement je suis une girouette.
 
Pour autant, arrivée au bout de ma course, je n'a pas eu pas besoin de me flageller. Les grêlons s'en étaient chargés. Oui, des grêlons. J'avais les yeux piquants, rougis et larmoyants. Ça ressemblait un peu à la scène de Match Point où Scarlett Johansson emballe le vilain héros sous la pluie, la star sexy, le physiquement intelligent et le glamour en moins (et hormis un drôle de bonhomme avec son chien, c'était un peu le désert de Gobi, dans les bois).

Non, je ne me prends pas pour une égérie de Woody Allen, c'est juste pour vous situer l'idée. En fait, je ruisselais de partout, j'avais froid et je ne faisais vraiment pas ce que je voulais avec mes cheveux. En croisant mon reflet dans le miroir de l'entrée, j'ai juste vu un zombie. Mais un zombie trempé, je veux dire. Et pis, aux joues rouges, parce que courir, quand même, ça fatigue.
 
Je n'avais pas besoin de ça. Bah oui, parce que je ne vous l'avais pas dit, mais, outre ma souplesse (qui n'a pas résisté à la présence insistante de mon balai), j'ai égaré mon moral, depuis quelques jours. Cet idiot est parti se planquer dans mes chaussettes, mais mon balai dans le dos, justement, m'empêche d'aller le chercher.
 
J'envisage d'aller me cacher en Laponie ou en Papouasie, j'hésite encore, le temps de remettre la main sur tout ça et de rassembler les morceaux.

A moins que je tente de me réincarner en chat.

Comme diraient les Nuls, les chats, c'est rien que des branleurs. Mais des branleurs chanceux, quand même.


 

2 commentaires:

  1. Coucou la mouette! C'est vrai que tu écris super bien, c'est drôle et touchant, on aime tes histoires et ton histoire... Tu sais nous tenir en haleine alors surtout ne renonce ni à l'un ni à l'autre!! (la cuisine et l'écriture je veux dire!) J'ai envie que tu réussisses ton projet et d'aller manger un jour tes bons petits plats et gourmandes pâtisseries dans ton resto! Ne te décourage pas, tu commences bientôt une formation passionnante... Vas y fonce! Grosses bises pluvieuses de Rennes...

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  2. Ben évidemment qu'il y a des doutes sur le chemin, chère Mouette… Ils sont dangereux quand ils te plombent tellement que tu ne le vois plus, le chemin, mais quand ils viennent te titiller pour t'interroger sur ce qui te donne envie de te lever le matin, ils sont ce que tu as de plus précieux. Que tu utilises tes plumes pour écrire ou pour voler, tu restes une chouette mouette avec plein de belles choses possibles devant toi :-) Plein de bises

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