dimanche 6 avril 2014

Le doux parfum de cette sacrée madeleine

Plusieurs mois durant, ma p'tite madeleine et moi, on est parti de bon matin, à bicycletteuh... (Charles Trenet, sors de ce corps)...
 
C'était il y a longtemps, et peut-être ai-je un peu idéalisé ces moments, que je considère comme jolis et empreints de liberté alors que, quand même, j'en ai passé des heures à préparer de la pâte à cannelés par hectolitres, lancer quinze fournées de madeleines, m'échiner sur des centaines de macarons et démouler des milliers de financiers et autres cookies... pour la gloire, ou presque.
 
Sans parler de ces loooongues minutes passées devant le four, à scruter LE moment où il fallait sortir la tarte au citron, juste avant de carboniser la meringue sous le grill.
 
Bon, grâce à Bobo le petit robot, la meringue, elle tient bien, très bien...
 
 
Mais voilà, j'avais toujours cette petite fierté d'avoir créé mon p'tit truc, d'aller livrer ma restauratrice bien-aimée et de voir ces assiettes vides et les sourires des clients, repus et satisfaits.
 
Je me souviens du sentiment de petite mort, le jour où j'ai dû lâcher ma p'tite madeleine, confrontée à quelques détails d'importance.
 
Alors, lorsqu'au hasard d'une conversation, ma covoitureuse, qui me déposait à Bordeaux, m'a demandé si je pouvais lui préparer quelques douceurs, pour l'anniversaire de son papa, tout est revenu à la surface, avec cette même excitation qui m'avait permis alors de surmonter quelques flammes et autres couacs.
 
Elle venait chercher sa commande ce samedi. J'aurais dû, bien sûr, ne pas réfléchir et faire comme avant, quand je me lançais à la one-again. Sauf que, soudain, le doute est venu ternir ma bonne humeur. Et si ça ne lui plaisait pas? Et si je n'étais pas capable? Et mon moelleux, il va pas paraître un peu simplet? Et si, pour la charlotte, mes biscuits à la cuillère ne sont pas calibrés, comment je fais?
 
Ou comment se faire des nœuds au cerveau pour des pâtisseries que j'ai déjà préparées à peu près dix mille fois.
 
Enfin, pas les biscuits à la cuillère. Je vous épargne mes mains tapissées de pâte liquide quand j'ai rempli pour la douzième fois la poche à douille trop petite (bonne nouvelle, je sens que je passe au niveau supérieur, en termes de maîtrise de la popoche. Du genre "ECA", en cours d'acquisition, comme ils disent à l'école). Je vous épargne aussi la tête des dits-biscuits, ç'aurait été trop facile que je les fasse tous de la même taille. Pour vous situer ma haute confiance, j'avais acheté... une grosse boîte de biscuits cuillère, au cas où. Grosse classe.

L'avantage, c'est que si je me pète les chicots demain, je pourrais taper dans cette réserve de boudoirs pour une bonne semaine. Comme les bébés ou les vieux, en fait.
 
Oui, j''ai eu un sérieux doute, d'un coup, sur ma capacité à assurer. Vraiment, je veux dire. J'ai développé le syndrome de la débutante, celle qui a de la chance au premier coup mais qui ne parvient plus à reproduire le bon geste derrière et qui rame, qui rame...
 
Bon, après avoir bien psychoté, je me suis dit que, oh, c'était jamais que trois gâteaux, que le ciel n'allait pas me tomber sur la tête et qu'avec un peu de doré, ça passerait.
 
Je le sais, je ne serai jamais designeuse culinaire.
Le plus dur, c'est de ne pas toucher au carré de chocolat aux cranberries. Pour la déco, juste pour la déco...
 
Non, mais en fait, si ça déborde, c'est juste pour montrer que c'est une charlotte aux fruits rouges. De la mauvaise foi? Meuh non, pensez donc...
 
Le truc, c'est que mes ronds dorés étaient tous trop grands. Obligée de les couper. Avec ma polio, ça faisait tout de suite moins classe. C'est comme dans certaines grandes cuisines (ah ah), si on regarde dans les coulisses, c'est décidément pas brillant.
 
 
J'ai bien pensé m'en servir comme une couronne, mais ça tient pas. Pff.
 
Allez, en attendant d'avoir les retours - et sans doute pour me rassurer - je garde en tête l'air gourmand qu'a pris la personne venue chercher les pâtisseries. "Vivement 15h, qu'on mange le dessert!"
 
Et moi aussi, j'ai pensé "Vivement." Vivement que la p'tite madeleine ressorte des cartons. D'ici là, qui sait, j'aurais peut-être acheté des cartons dorés au bon diamètre.

3 commentaires:

  1. Demande plutôt à Yves Montand de sortir de ton corps parce que y'a déjà Fernand, Firmin, Francis et Sébastien
    (Et puis Paulette), et ça fait du monde à table ;)

    'paraît que c'est bon signe de revenir au syndrome des deux mains gauches, on apprend mieux. Tu nous raconteras :)

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  2. Tiens, mais mais mais...c'est qu'il grandit, l'oisillon ! ;-)

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  3. Oui, Anneso, j'ai bien confondu Charles Trenet et Yves Montand, grosse classe, heureusement, certains veillent, comme l'oiseau, sur Facebook, ou toi, donc, merci les z'amis! Et merci, Anne, aussi, toujours fidèle au poste, ta présence aussi me fait du bien. Vraiment, je veux dire.
    Bon allez, je vais me cacher et je reviens. Je vais essayer de virer ces deux mains carrées qui s'incrustent, là... Pff.

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