mercredi 6 mai 2020

Balance ton monde

La journée a bien commencé: mon chat s'est approché à quelques millimètres de moi, alors que j'étais encore au lit et... m'a éternué au visage.

Le bonheur.

Rien à dire, ça présageait une bonne journée. J'ai eu du mal à me rendormir, alors, je me suis massé le ventre. Un poil plus plat qu'il y a peu. De quoi me rassurer, après les craintes ces dernières semaines. Oui, avant l'arrivée d'Arthur, mon fidèle allié, mon destrier, j'avais senti comme un corps extérieur s'immiscer sur mes hanches. Comme une bouée, vous voyez le genre.


L'un des pièges du confinement. On ne voit pas grand-chose? C'est pour éviter une tentation trop forte.

J'ai sérieusement pris peur. Parce que, la culotte de cheval, ça va, ça fait longtemps qu'elle est intégrée, mais euh, ce truc qui pousse, tout mou, tout moche, on est obligé?

Arthur m'aura donc permis de retrouver un semblant de dignité, de relever la tête, d'imaginer le futur, tonique, dynamique, ... hygiénique... Hygiéniste ?

Et là, ton moral retombe un peu.

Mais quel est donc ce monde auquel on se prépare, là? La semaine prochaine, retour au travail tel un laborantin de Wuhan, tout équipé pour rien choper et bosser. Mais pas comme si de rien n'était, clairement. Tout devient atrocement calculé. On va devoir anticiper nos moindres gestes et dépenser le PIB de la Suisse pour s'équiper, tant en masques, qu'en gel, qu'en charlottes, qu'en... emballages, ce truc dont je m'évertue à me débarrasser depuis le début de mon activité, et qui revient en force. Minimiser les risques de contamination, c'est ranger chaque plat préparé, chaque gâteau dans son emballage individuel. Le truc qui vaut un bras et qui, accessoirement, se jette. Et le zéro déchet, les gars? Tous nos efforts? On en fait quoi?

Bon, j'ai trouvé des alternatives, des contenants en bagasse eux-mêmes issus du recyclage, donc pas fabriqués exprès pour un usage unique. Ma conscience s'en porte-t-elle mieux? Peut-être. Mais c'est tout un monde qu'il faut revoir, avec cette impression désagréable de rétro-pédalage. Moi la relou de base qui prêtait ma vaisselle pour que les clients puissent l'utiliser et la ramener - propre, hein - me voilà à balancer du carton - recyclé, certes- à tout va, dans des sacs en kraft individuels, toujours, et tout ça pour quoi? Ben, pour pérenniser ma propre boîte.

C'est plutôt justifié, on dira. Pas le choix que de se réinventer, d'imaginer un nouveau modèle.

A la réflexion, ce confinement aura justement permis à mon imagination, trop souvent tarie par la fatigue, de s'exprimer de nouveau. Rien ne sera comme avant et nous devons tous rebondir. On nous demande d'inventer, créer, imaginer, explorer. Je me sens comme une enfant à qui on donnerait soudainement le champ libre, qui en serait à la fois très excitée et terrorisée.

Que faire de de cette nouvelle liberté? N'est-elle pas contradictoire avec toutes les contraintes visibles et certaines?

A nous d'inventer de nouvelles stratégies. Il y en a une, en tout cas, que j'ai développée depuis le début de ce confinement : chaque fois que je vais dans ma salle de bains, je ne m'approche pas de la balance. Parce que j'ai peur du verdict implacable? Qu'elle m'annonce quelques kilos pris? Meuh non, pensez donc, rien à voir...

Simplement, elle peut retenir sur elle des traces du coco, donc je la considère comme potentielle porteuse du virus. Il serait tout simplement dangereux et même irresponsable de monter dessus.

Y'a pas à dire : La mauvaise foi, c'est beau quand c'est bien fait.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire