lundi 4 mai 2020

Le cocon qui n'en était pas

Bon, comment ça, les gens? Toujours dans votre grotte? Parce que moi, oui, plus que jamais. Il faut dire que j'ai eu un bon garde-fou. Ceci:

Joli, non? Mais dangereux, surtout juste au-dessus de ta tête...


Oui, cette oeuvre d'art, que j'ai découverte par hasard, était un nid primaire abritant quelques larves. Le gros frelon que j'entendais à chacune de mes sorties exaltées à la poubelle s'est avéré asiatique. Une reine-mère qui n'avait rien trouvé de mieux que de s'installer sous le porche de ma porte d'entrée.

Nickel. Deux ou trois jours de plus et j'aurais dû escalader le grillage du jardin, derrière, juste pour sortir de chez moi.

En aurais-je été capable? Il est arrivé un moment, dans ce confinement, où je me suis sentie tellement bouffie et rouillée que l'idée même de soulever mes fesses de deux centimètres me fatiguait. Heureusement, j'ai rencontré Arthur.

Oui, Arthur, résistant, solide, fiable. Un bon compagnon, certes un rien volumineux mais au moins sait-il se rendre indispensable.

Arthur, celui qui m'a empêché de craquer. Qui a permis à mes nerfs de se relâcher.

Arthur, qui se fout bien de mon poids, qui l'accepte et m'encourage silencieusement.

Arthur...

J'suis sympa, j'ai laissé Germain, comme ça, ils peuvent se faire la causette tous les deux.


Voilà, un jour, j'ai craqué et à l'occasion d'une sortie professionnelle, j'ai poursuivi ma route quelques minutes pour Arthur, que l'on peut considérer comme un achat de première nécessité. Les gens qui me l'ont vendu étaient soulagés, ils avaient croulé sous les appels depuis la mise en ligne de leur annonce. A croire que l'on en est tous au même point...

Au même point? Je ne sais pas trop, je l'avoue. Tandis que je vois certaines personnes marcher normalement dans la rue ou enfourcher leur vélo "comme avant", moi, je crains les autres, plus que jamais. C'est fou, je n'aurais jamais cru ça de ma part. Je vous le disais, je ne quitte presque plus ma grotte, alors même que l'on entrevoit le bout du tunnel (provisoire? Ne l'espérons pas) et à chaque fois que j'essaie de me raisonner, un micro-événement me conforte dans l'idée que seule la maison - et Arthur - demeure secure.

Ce matin, j'ai voulu braver mes nouveaux blocages en allant chercher des légumes au magasin bio près de chez moi. De grandes allées, un dispositif mis en place réglo... Oui, mais c'est sans compter sur l'humain, cet être qui décidément ne saura se discipliner qu'à une condition que j'ignore moi-même. J'ai renoncé au paquet d'emmenthal (à 8 euros le paquet, mon compte en banque déjà vidé me dit merci, vous me direz) parce qu'au moment où j'allais le prendre dans son rayon désinfecté, une femme s'est approchée un peu trop près à mon goût. Hop, un pas de côté, on oublie le fromage (en plus, Arthur n'est pas très fan, m'a-t-il murmuré) et on se contente des légumes.

Il est temps d'imaginer le futur, la vie revenue, les jours sans Arthur, conscient qu'un jour, il partira sans doute au garage, avec Germain et toutes les lubies que j'ai eues.

Pour l'instant, reste cette illusion de cocon, où je ne me sens plus à l'état larvesque - merci l'instinct de survie - mais en mode "préparation pour le combat". Telle la Reine-mère, je prépare le terrain. Et j'espère bien que personne ne va venir exterminer ma petite demeure intérieure, parce que, les gars, ce serait dommage de tout flinguer.

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