Âmes sensibles, attention: ce post n'épargne pas nos amis les poulpes. Personnellement, j'aime bien ça, plutôt assaisonnés et sans la parole. C'est moins effrayant et plus ragoûtant.
Mon amie se retourne vers moi, complètement chamboulée. Elle me fait signe de regarder devant.
Assis dans un siège, au milieu d'une boutique pleine de bric et de broc, un humain de type phénoménal lit un magazine local (je suis une poétesse malgré moi). Un vrai physiquement intelligent, mais qui sourit, en plus. Genre le petit détail en plus, qui donne envie d'aller s'asseoir directement sur ses genoux.
Entre autres.
Comme on est dans la vraie vie, je me contente de le regarder, fascinée par ce cocktail de charme, de beauté et de sympathie incarnés, et je vois bien le manège de mon amie qui trouve absolument merveilleux ce porte-manteau en... raquettes de tennis alors que, objectivement, c'est certes créatif mais franchement moche. Mais juste à côté de Human Bomb, donc...
Quant à moi, je tente la tactique du rapprochement par l'objet commun, en faisant mine de m'intéresser au dit-journal, qui semble tellement l'intéresser, feuilletant nonchalamment l'un des exemplaires posés sur une table. Comme si j'allais créer une sorte de connivence.
Pathétique.
Perdues dans nos rêveries, nous voilà sur notre petit nuage. La mort dans l'âme, nous quittons la boutique parce que, clairement, que peut-on espérer d'autre que ce sourire désarmant qu'il nous a lancé, à l'une et à l'autre ? Rien, sinon l'idée de conserver ce doux souvenir. Perdues dans nos rêveries, disais-je, nous reprenons la voiture. Alors que je suis prête à démarrer, un homme sur le trottoir me fait signe, me demande une minute d'attention. J'ouvre la vitre.
Il n'a pas l'air tout seul dans sa tête, à vrai dire. Je lui trouve aussi une vague ressemblance avec un... mollusque, peut-être? Les yeux, surtout.
Il s'anime. Et me demande... de quelle année date ma voiture. Parce que lui, il a une 106 mais elle est en fin de vie et il voudrait savoir si une 306, bah, c'est aussi bien qu'il le croit, parce que quand même, c'est du solide ces bagnoles-là et blablabla...
Je me retiens de rire. Mon amie ne tient plus, elle pouffe et j'abrège les débats avec ce monsieur, gentil au demeurant, en lui assurant que ça, c'est de la bonne bagnole. Il semble rassuré. Comme si je lui avais ôté un petit doute. Oui, pas méchant, juste un peu fêlé de la cafetière.
Ensuite, nous sommes allées au marché. Et j'ai trouvé à qui me faisait penser ce monsieur, en choisissant les antipasti, sur un stand ma foi fort alléchant.
A un poulpe.
Voilà, c'est ça ma vie. Je rêve qu'une bombe humaine daigne me parler... Et je me fais accoster par un pas fini aux airs de poulpe.
La situation présente quelques avantages : au moins, je garde les pieds sur terre.
dimanche 12 décembre 2010
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A la façon dont tu racontes ça, c'est drôle. Mais dans la vraie vie,ça doit l'être nettement moins, je suppose.
RépondreSupprimerBises, la Mouette.
Thierry
Bah, mieux vaut en rire;)
RépondreSupprimerLe poulpe est vilain, la bombe inacessible, mais on a bien rigolé!
Mais le poulpe était sans doute très gentil, et la jolie potiche un peu niaiseuse, va savoir.....
RépondreSupprimerT'as remarqué ? dans nos sociétés hyper-ritualisées, quelqu'un capable d'aborder les autres et de leur parler, ça fait soit peur, soit rire.....
Poulpe gentil, certes, mais légèrement trop fêlé de la cafetière pour moi... Je ne présumerais pas de la niaiserie du monsieur physiquement intelligent, il semblait avoir le package... Mais tu as raison, Anne, les gens sont toujours surpris d'être accostés par des inconnus, comme si on fendillait leur bulle;)
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