jeudi 13 août 2015

Je veux être ce quelqu'un

 
Ceux qui traînent leur misère ici depuis des années connaissent la suite: fin du rêve, bricolage, remise des rêves dans la malle des soupirs, là- haut dans la caboche. Retour vers une réalité, celle de l'écriture dans de drôles de conditions, et puis burn out, et puis formation en cuisine, en pâtisserie, et puis rencontres, et puis diplômes et puis sourire, et puis un premier boulot, et puis...
 
"Mais tu vas faire quoi, après?"
 
...
 
Et puis... le vide?
 
Début août, pour la dernière fois, je suis sortie des vestiaires, j'ai  enfourché mon vélo et dit au revoir à ce laboratoire dans lequel rien n'était jamais tout à fait pareil, chaque jour. Presque trois semaines dans ce haut lieu de la pâtisserie nantaise et voilà que j'avais engrangé tellement que je me demandais bien ce que j'allais faire maintenant.
 
Souffler, peut-être?
 
J'ai un peu imaginé cela. Nous étions début août, la ville s'était vidé de ses habitants, il était peut-être temps de s'octroyer un répit.
 
Oui, mais. Je finissais samedi après-midi et, par la grâce d'un ami aux bons tuyaux (c'est déjà lui qui m'avait rencardée pour mon premier CDD!), je m'escrimais sur un tout nouveau CV dès le lundi soir. En effet, petit miracle, un restaurant, dont la cuisine et l'esprit étaient proches de ce que j'avais imaginés voilà donc des années, vous disais-je, cherchait "quelqu'un".
 
Quelqu'un? Soudain, toutes les pièces du puzzle se rassemblaient. Tout ce que j'avais vu, vécu, espéré, attendu, appris... Tout ça était juste posé là, comme sur un plateau et j'étais ce quelqu'un, j'en étais sûre. J'envoyais ma lettre le soir-même. Le restau allait m'appeler, il ne pouvait en être autrement.
 
Comment pouvais-je en être si certaine ? Tout collait, je vous dis. Et lorsque, dès le lendemain matin, le boss me demandait de l'appeler, c'était comme une évidence. Le pire, c'est que je vous l'écris sans arrogance. J'étais ce quelqu'un, c'est tout.
 
J'ai compris au fil de ces mois que la cuisine et la pâtisserie étaient à mes yeux des (jolis) prétextes à l'échange, au lien. Je n'ai jamais tant aimé me mettre derrière les fourneaux que pour mieux partager, ensuite. D'un coup, un poste est créé, où il s'agit de mitonner des plats maison, simples, goûteux, sans prétention. Où il s'agit, aussi, de pâtisser, pour des goûters gourmands et des clients pas (forcément) pressés, heureux de s'installer dans un lieu qui a une âme, et pas juste des assiettes.
 
Après une première discussion téléphonique, nous nous sommes rencontrés, le boss et moi. J'ai senti cette même évidence.
 
Lundi prochain, je démarre, à l'essai pour quinze jours. Ensuite, si tout va bien, c'est le début d'une aventure que j'espère belle et généreuse, équilibrée et gourmande.
 
Jamais été aussi contente de ne pas partir en vacances, tiens...
 

1 commentaire:

  1. Yihaaaaah ! allez fonce la Mouette, emmène avec toi tous les petits bouts de lieux qui t'ont accompagnée, tous les regards, tous les moments qui ont compté, et ouvre la porte de l'avenir :-)
    Super heureuse pour toi, plein de bises

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