mercredi 4 août 2010

Comme on fredonne de vieilles mélodies...

One, two, three, four... chantonne Feist.

Old teenage hopes are alive at your door...

Avec ma voix de casserole, j'y vais gaiement, je reprends cet air entêtant en choeur. Moi aussi, mes rêves d'adolescente ne m'ont pas quitté. Un bond dans le passé est venu me le confirmer. Alors, je chante. Mal, évidemment.

M'en fiche, suis toute seule dans ma voiture. Le ciel est dégagé, la route aussi. Pas un chat ce soir, Feist et moi, on peut cracher du son, même si je n'ignore pas qu'elle s'en sort, oh, un tout petit peu mieux que moi.

Bah, on peut pas avoir tous les talents du monde, hein.

Et là, soudain, prise de conscience. C'est quoi, mes talents à moi? A part m'avachir comme une grosse loque sur le transat, comme je viens de le faire pendant plusieurs jours?

Bon, puisque c'est ça, je change le CD. Tété. A la faveur de l'automne. Lui aussi chantonne un tout petit peu mieux que moi et lui aussi m'entête avec son "un, deux, trois, quatre" et ses âmes esseulées. Il est dans l'attente, posté derrière la fenêtre, rivé derrière le téléphone, il évoque cette mélancolie qui ne me lâche pas souvent.

La mélodie m'envahit. Les pensées aussi. Bon, il est temps de réfléchir. En vrai, maintenant que je rentre, je fais quoi? Maintenant que j'ai vu de nouvelles choses, maintenant que j'ai pris conscience de ces petits riens, entre insouciance, nostalgie et illusions perdues? Maintenant que ce break est passé, sans scrupule aucun, sans, non plus, que l'esprit soit totalement libéré, toujours englué dans les réalités quotidiennes?

J'ai eu la sensation très brève de bouleverser soudainement l'ordre établi. Pour une simple question de visite d'appartement, j'ai entr'aperçu la lueur. Et puis, deux lapins plus tard, plus rien. Le rideau s'est refermé et je suis repartie. Au lieu de rentrer de plain-pied dans cette nouvelle vie que j'ai tellement rêvée, j'ai dû rebrousser chemin. Je suis rentrée chez moi, convaincue que le temps sera mon meilleur allié et qu'en attendant, vogue la galère. J'en suis au même point. Mais.

Mais.

Oui, oui, j'insiste, il y a un mais. Ces jours passés, entre retour en terrain connu, retrouvailles joyeuses avec les fidèles amis, amies surtout, bref passage iodé, et surtout, cette sensation de laisser s'égrener tranquillement les heures sans appréhender la vitesse des aiguilles, sans craindre l'échafaud à tout bout de champ, oui, ces jours passés m'ont au moins offert cette décompression que j'attendais tant. Et conforté dans l'idée de ce que je veux faire.

Pendant une dizaine de jours, j'ai arrêté d'écrire. J'ai juste observé, écouté, lu. L'écriture me manquait et pourtant, cette matière que je saisissais inopinément me laissait présager des lendemains plus souriants, comme si, enfin, j'allais me décider.

Je n'ai jamais eu autant envie d'écrire. J'ai la sensation de pouvoir palper ce vieux rêve d'adolescente, plus prégnant que jamais et je chantonne, un, deux, trois, quatre... La rampe de lancement est là, je me mets aux starting-block. A la faveur de l'automne? Qui sait? J'ai appris qu'il était inutile de forcer les barrages du temps, l'heure viendra.

Les minutes s'écoulent lentement. Dans quelques jours, la tornade sera revenue, sans doute, et je me sentirai sans doute oppressée par les cinquante mille tâches à venir, débordée par cette fuite permanente du temps.

Mais là, je suis seule. Je n'attends pas de coup de téléphone. Aucun regard vers la fenêtre. Laisser le temps accomplir son oeuvre. Continuer de croire à ses rêves d'ado, espérer que son coeur continuera de battre jusqu'à ce que, enfin, le lien se fasse.

Respirer.

5 commentaires:

  1. Toujours palpitant de vie. J'attend la faveur de l'automne. Et je continue à prendre du plaisir à te lire. Presque tes mots m'ont manqué ces derniers jours !

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  2. A la faveur de ces bulles hors du temps, on prend conscience de ce qui compte vraiment... Reste ancrée dans cette certitude et le vent t'emportera, lalala... :-)

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  3. Laisse le temps au temps et profite, l'automne arrivera bien assez tôt. Ne renonce à rien, surtout pas à tes rêves.

    Bises, la Mouette.
    L'oiseau

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  4. Tout vient à point à qui sait attendre ; oui, je sais, usé, le poncif. Et pourtant.....si c'est ça qui te porte, tu verras, tu verras que c'est là que tu te re-trouveras......

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  5. @ Bruno : Merci; vous m'avez manqué aussi ;)

    @ Pascale: Et tu sais de quoi tu parles... Au fait, très en retard, bon anniversaire, c'est ça de partir prendre l'air, on oublie les dates-clé!

    @ L'oiseau: pour les rêves, je fais ce que je peux ;)

    @ Anne: La patience, ça n'a jamais été mon fort... Mais bon, vieillesse aidant, j'évolue!

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