lundi 20 décembre 2010

La fêlure

Plus les jours passent (dans ma petite vie, hein, pas dans cette saleté hivernale) et plus j'ai l'impression d'être un peu fêlée de la cafetière. Décalée, définitivement décalée.

Oh, ne vous méprenez pas, j'adore le décalage, promesse de burlesque, de surréalisme et d'absurdité.

Mais plus dans les films ou les bouquins, vous voyez bien.

Me prendre sans cesse les pieds dans le tapis, c'est drôle, ça fait rire les autres, mais j'ai une fâcheuse tendance à m'en lasser lorsque je suis sans cesse le dindon de la farce (le premier qui dit que j'ai une tête de pintade, je le... farcis à Noël, 'fera moins le malin).

Je vous rassure, il ne m'est rien arrivé de grave ce week-end. Ni incendie, ni vol, ni perte (mais où est ma carte de médiathèque, les enfants, où est-elle? ça me fout en l'air, ça), ni dégâts des eaux, ni coinçage dans l'ascenseur (quoique, mon nouveau voisin répond à certains critères de l'intelligence physique, ne serait-ce que le détail d'une femme qui semble vivre avec lui, j'irai bien lui demander du sel).

Rien, si ce n'est un micro-épisode grippal qui a bien failli me laisser sur le flanc mais que j'ai combattu, à coups de méthode Coué, répétant tel un mantra tu n'es pas malade, tu n'es pas malade, tu n'es pas malade... Tout simplement parce que ce scénario est juste inconcevable, à moins d'avoir envie de passer mes réveillons l'oreille tendue vers le PRU ou le SCOT en cours.

Et là, ce n'est pas la fièvre qui parle, je vous assure.

Je vous parle bien des dernières retranscriptions, que je ne me lasse pas d'accepter, appâtée par le gain (entre autres, mais surtout, quand même).

Oui, la maladie est devenue un luxe pour moi, pour tous les TNS (travailleurs non salariés), auto-entrepreneurs ou chefs d'enteprise d'une TPE (ça y est, je suis touchée du syndrome des acronymes, déformation professionnelle. Bientôt, vous devrez apprendre à lire en crypté et passer sur google toutes les trois secondes pour comprendre de quoi je cause. Et non, je ne vous prends pas pour des abrutis). Finis, les arrêts maladie à rallonge pour virus et cassage de jambe divers, il faut être sur le pont...

Et le rapport avec le décalage, alors? Ah oui, je sais, tout ça est un peu décousu. Eh bien, submergée de travail, un comble pour la chômeuse que je suis de moins en moins (et que je ne regrette pas, je vous confirme), j'ai décidé d'en finir hier soir avec l'une des missions, sachant qu'il me restait quelques longues dizaines de minutes d'écoute.

Dix minutes d'écoute = une bonne heure dans la vraie vie. A force, j'ai fait le compte (je sais, ça fait peur, surtout à la perspective des huit heures qui m'attendent après ça).

J'ai donc décidé d'en finir hier soir, non pas avec la vie, bien sûr, même si j'aurais eu quelques circonstances atténuantes, mais avec cette mission, histoire de passer à la suivante, et surtout à Poney. Explosée de fatigue, je grelottais sous mon plaid et mes trois couches de T-shirt, chemise, gilet (on n'est pas sur un blog glamour, je crois que vous l'aurez compris) (cela dit, je suis restée digne, sans la goutte au nez, je veux dire) (avec, quand même, mes cheveux raplapla, ce qui, quand on se balade comme moi avec la coupe Jackson Five, s'avère le signal ultime de la souffrance de mon organisme -croyez-le ou non, je venais d'écrire "orgasme" avant de réaliser ma boulette!) (y'a encore quelqu'un, après toutes ces parenthèses? Ça mérite un kinder surprise, ça, avec le foutu papa noël dedans).

Bref, alors que tout me conduisait sous la couette sans délai pour aller ruminer sur cette garce de grippe et l'absurdité de mon rythme actuel, j'ai pris mon ordi et écouté le Maire rire des absurdités de son opposante n°1. Limite envoûtée et fascinée par tant de mauvaise foi, j'ai tapé, tapé et... bouclé le boulot. Alléluia.

A 2 heures du mat', avec un loulou qui se lève régulièrement entre 7 h et 9h (j'ai une marmotte, ouf) et donc la fièvre, qui me laissait maintenant en sueur. Aïe.

Le pire, c'est que j'ai encore du pain sur la planche, avec cette nécessité de vivre en décalé - la journée avec Loulou, le soir (je n'ose parler de nuit, je vais en frissonner de nouveau) avec mon travail... vampirisant, le terme me semble adéquat.

Je vois les sceptiques, dans le fond, qui hurlent à l'imposture. Quoi, tu te dis fêlée juste parce que tu traînes un peu devant ton écran le soir - et pas pour chercher l'homme de ma vie, ah ah ah - pour un boulot que, de toute façon, tu dois rendre, alors que tu as 37°6 (je schématise, les gens de mauvaise foi versent souvent dans la caricature, de toute façon). En fait, si ça ne tenait qu'à ce détail, ils auraient raison. Mais ce détail actuel a tendance à se répéter encore et encore, ces derniers mois, et j'ai l'impression de ne faire rien d'autre que me raccrocher à cette branche du travail intensif pour ne pas basculer dans la précarité la plus totale.

Et les mots, parfois, limitent ma pensée, forcément.

Et ce blog n'est que la partie immergée de l'iceberg.

...

Demain, je vous raconterai pourquoi je n'ai pas le droit de me plaindre (d'ailleurs, je souris, là).

2 commentaires:

  1. Woaw ! Ca, c'est une sacré vie ! Bon courage, la Mouette.
    Bises.
    Thierry

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  2. Bienvenue au club, parce que parmi les décalés, je me pose un peu là aussi....:)

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