lundi 6 décembre 2010

Un chômeur sachant chômer...

Un jour, je vais devoir me résoudre à changer l'intitulé de mon blog. Oh, je vais en conserver le titre, bien sûr, mais le coup de la "chômeuse volontaire", ça commence à dater. Deux ans que je squatte Pôle Emploi... sans vraiment squatter Pôle Emploi, certes.

Hormis quand j'ai envie de rire (jaune) ou gratter un peu de matière pour ici.

Aujourd'hui, je suis toujours officiellement chômeuse. Ma fin de droits était prévue pour novembre mais, de mission en mission, j'ai réussi à repousser l'échéance et le couperet doit tomber en, en... Ben, je ne sais pas, figurez-vous car j'enchaîne ces CDD qui m'éloignent un peu plus de la date fatidique... tout en m'empêchant, paradoxalement, de trouver un "vrai" travail.

Entendez un travail où on n'a pas l'impression de devoir se démultiplier pour s'en sortir. Un boulot avec des temps de travail, donc, mais aussi des temps de repos. Un job qui ne t'oblige pas à rester entre quatre murs sans voir personne pendant quatre, cinq, six jours. Un travail décemment payé, qui te permet d'organiser ta vie avec un minimum d'équilibre entre devoir et plaisir.

Oh, je sais, je suis libre d'arrêter quand je veux mais ce boulot-là me plaît, bizarrement. Même si j'ai conscience que c'est du grand n'importe quoi. Un exemple? J'ai passé toutes les soirées de la semaine passée à retranscrire un enregistrement jusqu'à minuit, une heure, deux heures du mat. Y compris dimanche soir, sachant que je devais me lever ce matin à 6h du mat' pour un "travail sur site", entendez un déplacement (mais pas à Nantes, trop facile, non, à une bonne centaine de kilomètres.)

Je crois pouvoir affirmer que ça n'a plus grand chose à voir avec le quotidien d'un chômeur, même si finalement, chacun vit différemment cette période (ou cet état, devrais-je peut-être écrire ? ça finit par le devenir, oui). Certains s'ennuient, paraît-il. En deux ans, ça ne m'est JAMAIS arrivé. J'ai déprimé sec, oui, mais l'ennui, je ne l'ai jamais ressenti. Je passe toujours mon temps à courir.

Dans la voiture, j'écoutais les infos. On parlait de l'initiative de Cantona, qui enjoint tout le monde à vider ses comptes demain à la banque -encore faut-il avoir du cash sur les dits-comptes - et des intentions à peine voilées de Dominique de Villepin. L'élégant homme, un poil démago (nooooon? à peine) évoquait, plein d'empathie (démago, je vous dis) le quotidien des Français, "qui passent leur temps à courir" assurait-il. "Courir pour amener le petit à la crèche, courir pour aller dans les transports, courir..." A voir le nombre de voitures devant moi sur le périph', à 7h du mat, je n'ai pu que l'approuver.

A quoi bon? Pourquoi cette vie de dingue? Parce que la crise. Ah oui. Je laisserai "en temps de crise", alors, sur le blog.

Bon, mais je m'égare. J'ai éteint la radio et mis un CD pour m'envoler sur "Breathe me", formidable morceau de Sia qui m'aurait presque fait monter les larmes aux yeux, souvenir du final de Six Feet Under.

Rien à voir avec un quelconque épuisement, bien sûr, les larmes.

Avec cinq heures de sommeil au compteur, la pluie et les bouchons, je vous laisse imaginer mon état en arrivant. Les débats n'avaient pas démarré que j'étais assommée de fatigue. Visiblement, je n'étais pas la seule à piquer du nez, la dame en face de moi finissant d'ailleurs par s'endormir (!), dans l'après-midi, tandis qu'un autre résistait à la tentation en se frottant machinalement les yeux toutes les trente seconde. Quant à moi, je sentais mes paupières devenir de plus en plus lourdes.

Finalement, la vue d'un spécimen très, très physiquement intelligent - une espèce d'autant plus rare parmi ces "vieux machins" - m'a sorti de ma léthargie. Je lui aurais bien dit de venir me respirer, d'être mon ami, pour faire ma Sia de base, mais il était un peu loin, et il paraît que je n'étais pas là pour ça.

J'ai ainsi pu me reconcentrer sur les débats (à quoi ça tient, hein, finalement...). C'est là que j'ai senti les larmes me monter aux yeux. L'une des intervenantes évoquait les lettres que le "Père Noël" recevait, au centre de Libourne qui collecte toutes les missives de nos joyeux candides. Parmi elles, de plus en plus d'enfants, affirmait-elle avec tristesse, demandaient "un boulot pour maman."

Ah, c'est moins fun qu'une DS ou des Playmobil, on est d'accord. Mais plus utile. Certes (quoique).

J'ai pensé que mon loulou, de toute façon, n'y croyait plus. Que les miracles n'existaient plus. Que nous vivions quand même une époque drôlement pathétique pour que les rêves enfantins deviennent aussi terre à terre.

Et que je devais être drôlement épuisée, pour en être rendue à contenir mes larmes dans un hémicycle. Cela n'avait évidemment rien à voir avec le fait que la dame, là, avait touché pile là où c'est sensible.

4 commentaires:

  1. Il sent un peu le blues, cet article, la Mouette. Je te souhaite que le père noël existe, cette année, et qu'il t'apporte le boulot que tu te souhaites et qui te permettra d'assurer le quotidien plus tranquillement.
    Bises.
    Thierry

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  2. En le relisant pour le corriger hier soir, je me suis fait la même réflexion et j'ai failli ajouter une explication de têxte pour préciser que non, je n'allais pas me pendre et que ça allait, je gardais le sourire.

    Mais en fait, c'est dans cette vulnérabilité physique que le coeur s'exprime le mieux, j'imagine, et ce sentiment mélancolique ancré en moi depuis bien longtemps (depuis toujours?) a pu s'exprimer, profitant de cette fatigue purement physique.

    Alleluia!

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  3. Je connais ça, la Mouette.
    Alleluia !

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  4. ah, le sale monde...! juste une idée : si au lieu de CROIRE au père noël, on se mettait à ETRE le père noël, et qu'on construisait le monde où on a envie de vivre ?

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