jeudi 13 mars 2014

La vagabonde de Nantes-Atlantique

Ouh la la, déjà?
 
J'ai l'impression que je viens de m'assoupir et il faut déjà se lever. J'ai un vrai problème avec le lever. Et je me dis que ceux qui bondissent de leur lit dès qu'ils entendent la première note de musique du radioréveil sont des sacrés veinards. Dans mes rêves, je serais une jolie princesse avec de longs et soyeux cheveux blonds (aaaah, les clichés, ça faisait longtemps) (les parenthèses aussi, tiens) (je suis en train de perdre mes tics, en ce moment, on dirait une mue) (je me demande en quoi peut bien se transformer une mouette) (bref).
 
Dans mes rêves, je serais donc une de ces pétasses qu'on déteste, qui poserait gracieusement ses délicats petons sur un sol propre et molletonné.
 
Dans la réalité, je me déteste de me sentir si molle, et j'essaie de trouver une place à mes pieds carrés entre les magazines et les bouquins qui jonchent le lino moyennement joli.
 
Dans mes rêves, j'irais rafraîchir mon visage si doux d'un peu d'eau et, telle une fleur, je descendrais au salon où m'attendrait un petit déjeuner à la fois léger et délicieux.
 
Dans la réalité, je me fais mordre par l'une de mes chattes, la deuxième me fonce dans les jambes pour aller chercher plus vite ses croquettes tandis que le troisième fait barrage entre la porte et lui.
 
Dans mes rêves, le thé serait déjà chaud, la tasse posée, l'odeur des tartines envahissant notre salon si zen et chaleureux.
 
Dans la réalité, je passe à la salle de bain, histoire de maudire un nouveau jour le Dexter capillaire n° 1 et la reine de la frange playmobil. J'essaie de virer la plus petite de nos chattes hors du lavabo, y renonce et descend péniblement au salon où la table est étrangement vide - hormis les miettes du dîner de la veille, peut-être et ce point de miel du... oui, c'est ça, du petit déj de dimanche dernier.
 
Dans mes rêves, je songe que, peut-être un jour, c'est moi qui préparerais les petits déjeuners, avec des cakes et des confitures maison, à nos hôtes venus passer quelques jours dans cette maison désormais mondialement connue qu'est "le repaire de la mouette". (le premier qui me propose un brainstorming pour trouver un nom à ma maison d'hôtes, je lui casse la tête à la récré. Non, parce que c'est moche de se moquer, quand même).
 
Dans la réalité, j'ai l'impression qu'une armée de petits soldats est venue miner le salon de papiers, magazines, lego, scotch, livres de cuisines, tasses, afin de transformer notre maison en terrain stratégique digne d'une troisième guerre mondiale.
 
Bref, tout ça pour vous dire que j'aime pas me lever. Et que lorsque je le fais très tôt, comme ce matin - l'homme partait à l'aéroport - je sais d'emblée que c'est une mauvaise idée.
 
Je vous passe la tête de déterrée, l'impression que quelqu'un s'obstine à me fermer les paupières contre mon gré et cette impression de brouillard qui ne me quitte pas. Je prends sur moi, mais parfois, les éléments s'obstinent contre vous, allez savoir pourquoi.
 
Allez, je peux l'avouer, je comptais bien, dès mon retour, aller m'en taper une avec Morphée ce matin, un peu honteuse, certes, mais consciente aussi que je ne pouvais pas traîner ma misère toute la journée.
 
L'homme déposé, j'ai donc rejoint titine dans un état mi-comateux, mi-excité... de retourner comater. C'est quand je suis restée coincée derrière la barrière du parking que j'ai senti que la journée allait être longue, mais loooonnnngue... "Carte illisible", qu'elle disait, la machine.
 
Moi, toujours motivée dès lors qu'il s'agit de retourner sous mes draps encore tout chauds, je ne me suis pas démontée. Un p'tit appel à un vrai monsieur, qui m'indique d'aller payer à la caisse automatique, la plus près étant située au "P3 Ouest".
 
Ou le P0 Ouest? Mince, j'ai un doute, surtout quand je ne trouve aucune de ces machines là où-je-crois-qu'il-m'a-dit.
 
J'erre sur les parkings. La vagabonde de Nantes-Atlantique, ne cherchez plus, c'est moi. Je maudis Vinci et me promets de me joindre au cortège anti-Notre Dame des Landes la prochaine fois.
 
 
En plus, je pourrais me prendre un pavé sur la tronche.
 
Ça pourrait faire une bonne excuse pour la mine de déterrée.
 
En même temps, si je me couchais plus tôt, je pourrais peut-être espérer le teint frais de la princesse, sans avoir à me faire mutiler par un flashball.
 
Je maudis Vinci mais bon, euh, quand même, je vais réfléchir pour jouer à la-fille-qui-aimait-se-faire-prendre-pour-cible-et-se-refaire-le-visage-à-coup-de-pavé.
 
J'erre donc toujours sur les parkings, je me demande où j'ai mis mes yeux, pour ne pas trouver cette foutue machine, me souviens que les yeux sont raccordés à un instrument bien utile qui s'appelle boîte crânienne, laquelle est censée, grâce à ses neurones magiques, rendre raison à son heureux propriétaire.
 
J'en ai marre d'être une quiche. Je veux dormir.
 
Là, mon portable sonne. Miracle, quelqu'un a dû retrouver mon cerveau.
 
C'est l'homme, il dit qu'on lui a confisqué sa bombe à raser, au portique qui fait bip-bip.
 
Je lui réponds que je suis toujours à l'aéroport et que, quand même, on est vraiment des pieds nickelés.
 
Il acquiesce, en reportant notre projet d'attentat (il écrit le mot en majuscules, le fou, je sens qu'on va être repéré illico par les RG) à une autre vie, quand on sera grand et qu'on saura détourner proprement un avion.
 
J'ai trouvé une machine. J'ai trouvé une machine!
 
La carte passe. Du premier coup. Alleluia, que j'écris à l'homme.
 
"Allez Louis A" qu'il me répond. Prendre l'avion semble lui insuffler un regain d'énergie, à moins qu'il ait bouffé un clown ce matin, y'a un truc.
 
J'ai repris la route du retour. C'est quand j'ai loupé la sortie, puis une deuxième, que j'ai compris que je devais définitivement abandonner l'idée d'aller sous les draps. Ce n'était pas plus pertinent que de faire demi-tour sur une ligne blanche, sous le regard des gendarmes, planqués juste en bordure de route.
 
Quand je vous dis que j'aime pas me lever...

3 commentaires:

  1. Y a des journées maudites.
    J'approuve à 300 % le nom " le repaire de la Mouette", c'est plus-que-génial.

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  2. Euh, tu dis ça parce que t'as peur que je te casse la tête à la récré? :)

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  3. Moi je Suis pété de rire en te lisant. Et le pire c est de se dire que t as vraiment Vécu tout ça. Reviens vite à Bordeaux

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