samedi 29 mars 2014

Papa m'épate et et maman m'a tout donné*

"Rebecca!"
 
Hein, hein, quoi? Hier matin, j'ai cru que ça allait barder dès le réveil. En fait, papa me sonnait juste les cloches parce que j'allais être en retard chez maman et que je n'avais plus qu'une poignée de minutes pour sauter dans ma tenue et filer là-bas.
 
Il n'avait pas dit "Rebecca", évidemment, mais je sais pas, je devais rêver des Hauts de Hurlevent. J'avais dû faire le lien, toussa, avec la Mornay, en entendant quelques minutes plus tôt mon alarme, qui avait eu l'effet d'une bourrasque sur mes oreilles délicates.
 
Quand je suis descendue, j'ai bien compris que j'avais été à deux doigts de la fessée, le jeudi soir, parce qu'à écrire mon journal intime ici, je m'étais couchée à pas d'heure et ça, papa, il aime pas trop. En même temps, mes yeux non plus n'aiment pas trop, et mon ego encore moins, quand il croise dans le miroir un visage défait et des yeux bouffis par le sommeil.
 
Bon, comme mon papa, au fond, il est gentil, il m'a laissé squatter la salle de bain et partir sous sourciller.
 
Je crois qu'il a bien intégré le concept de garde alternée, d'autant que Tony arrivait au moment où je partais. Je sais pas, je crois qu'ils n'osent pas me dire la vérité, mon papa et lui, alors ils me disent que Tony est juste en stage, mais moi, je me demande s'il ne serait pas genre, mon demi-frère, un truc comme ça.
 
Chez maman, on a fait de la pâte à choux et écrit des mots sur ses jolies photos, dans la partie cachée de son blog, pour que ma maman, elle ressorte bien sur Google, et qu'on sache qu'elle fait les meilleurs macarons et autres religieuses du monde. Après, plutôt que d'aller à la cantine, on est allé dans un vrai restaurant et je me suis dit que j'avais quand même drôlement de la chance d'avoir une maman pareille.
 
Finalement, j'ai réussi à en toper une. oui, une seule. Maman, elle avait tout fait pour l'école, dégoûtée!
 
En rentrant de déjeuner, pourtant, j'ai eu comme un doute. Je sais pas, je crois qu'elle n'ose pas me dire la vérité, mais quand elle m'a annoncé qu'elle allait porter toutes les chouquettes que nous avions faites à l'école de ses enfants pour le carnaval de sa petite, je me suis posé des questions. Je me suis demandé si, genre, elle n'aurait pas d'autres loustics et une vie, un truc comme ça.

Je me suis dit que maman m'avait tout donné... * sauf les chouquettes.
 
Du coup, je suis rentrée chez papa. Mon demi-frère était toujours là et on s'est amusé comme des petits fous, entre rédaction de recette (j'espère que j'aurai la moyenne) et inventaire. Papa, il est trop fort, il me fait faire du français et des maths, alors que je pensais bosser ma cuisine!
 
Ensuite, mon demi-frère est parti mais je n'ai pas pu profiter de mon papa pour moi toute seule. Des tas de gens qu'on ne connaissait pas ont déboulé dans la maison. Et là, j'ai compris que les cours de cuisine, papa, il les réservait pour quand on était nombreux! Comme j'ai trouvé ça rigolo, j'ai fait comme tout le monde, j'ai pris un tablier et j'ai redoublé de fierté en écoutant mon papa.
 
Mon papa, il est trop fort pour raconter des histoires. Je crois qu'il a un bouton caché quelque part, qu'il sait déclencher en un instant. Mettez-le devant des élèves, un micro, une caméra, paf, la magie opère.
 
Le casque tient bien tout seul, en vrai. Mais mon papa, quand il enregistre les sons pour la semaine,
il aime bien reprendre "We are the world" en boucle.
 
 
C'est comme ça qu'il a démarré sa chronique quotidienne sur France Bleu Gironde. L'interview qu'il avait accordée à la radio locale avait notamment marqué Rodolphe Martinez, l'animateur aguerri qui sévit le matin, et il a réussi haut la main le test qui lui avait été proposé, quelques temps plus tard, pour une pige, jusqu'à devenir la figure du Grand Miam.
 
 
L'émission commence dans trois minutes. Pas de quoi affoler notre chef...
 
A l'antenne ou dans son atelier, dans la rue ou au marché, vas-y que je te parle en toute spontanéité et avec beaucoup de cœur du fond de veau artisanal, de la soupe de pois cassés ou d'un restaurant bordelais et tout le monde l'écoute religieusement.
 
Ah oui, c'est vrai, mon papa, il s'appelle Chef Jésus.
 

1 commentaire:

  1. Je ne sais pas si j'aurais regardé les chouquettes me passer sous le nez avec autant de bonne humeur.

    J'ai maintenant en tête la chanson de Pierre Perret "Les jolies colonies de vacances", et son "merci maman, merci papa" :)

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