mercredi 14 mai 2014

Shigelle et le ragoût de mon toutou

J'ai ouvert doucement la porte. J'ai entendu un léger souffle.
 
Visiblement, elles étaient toutes endormies. J'allais les avoir par surprise.
 
J'ai dégagé le chemin sans mot dire.
 
Calmement, je me suis approchée et, soudainement, poum!
 
Un coup d'éponge savonneuse, un!
 
J'ai recommencé, et recommencé, et recommencé, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Puis, je me suis souvenu qu'elles ne mouraient pas, qu'elles pouvaient juste être neutralisées, les sournoises.
 
N'empêche. Shigelle, clostridium perfringens et sa sœur botulinum, campilobacter et autres E. coli, je voulais leur peau depuis que j'avais appris toutes les vilaines choses qu'elles faisaient à nos boyaux. Alors, en rentrant de ma première journée de formation HACCP (l'hygiène et toussa), ce soir, autant vous dire que j'ai regardé le frigo de mon œil le plus noir et qu'il n'a pas trop fait le malin, l'animal.
 
Les bactéries, elles, sont parties un rien vexées, je crois, mais je dois me méfier. Comme l'a expliqué la formatrice, leurs toxines, sous le coup d'un stress lors d'une congélation à -18° (rigolez, j'aimerais vous y voir, vous, sous la banquise), remettent le couvert plus fort dès qu'on les réchauffe et hop, vas-y que je te contamine tout ce que je peux et que je colle de pauvres innocents à l'hôpital.
 
Parano, moi? Vous verriez ce qu'on risque, en allant au restaurant, vous auriez comme moi envie de prendre des douches à base de solution hydro-alcoolique à chaque petite sortie culinaire... Une mauvaise idée, quand je pense à ce que je fais déjà subir à mes mains, toutes fripées.
 
Sinon, à part ça, mes mollets, mes deux mains gauches, ma tête et moi, on va bien. Les premiers prennent du volume, à force de m'agiter comme je le fais. Histoire de faire ma Jeannie Longo de base, j'ai en plus décidé d'enfourcher mon vélo pour me rendre au centre de formation.
 
Au moins lorsque monsieur Soleil, ce capricieux, veut bien pointer son nez.
 
Ça plaît visiblement à certains voyeurs, comme ce sournois (était-ce une moisissure? Un virus? Une bactérie? Certainement pas une levure, en tout cas. Juste un affamé, en fait) qui s'est amusé à me coller aux basques sur une partie de trajet, avant de me doubler avec un grand sourire puis de vérifier, un peu plus loin, que j'étais toujours derrière. Bref, aucun intérêt, on est d'accord mais j'admets une certaine lassitude, face à ces types qui matent sans gêne aucune, à qui j'ai envie de demander s'ils ne veulent pas le prix, non plus.
 
Ah oui, j'ai oublié de préciser. J'étais en robe. Même pas courte, même pas sexy. Juste en tenue de fille, pour schématiser. Un argument suffisant, j'imagine, pour se faire déshabiller du regard.
 
Je vous jure, y'a des claques qui se perdent. En même temps, je me vois mal frapper qui que ce soit, 1/ parce que la violence physique, bon, ben, je n'en vois pas l'intérêt ; 2/ je suis tellement HS ces derniers jours que je n'en aurais pas la force, quand bien même je voudrais me lancer dans le punching-ball et 3/ j'ai besoin de mes deux mains.
 
Justement, vous disais-je, mes deux mains gauches vont bien, même si l'une d'elle est partie se réfugier dans le tiroir "prudence"... A moins qu'il s'agisse de celui où je range habituellement la gourmandise, car, comme dit Galina avec son délicieux accent de l'Est, "pas de bras, pas de chocolat."
 
Et comme je tiens à garder le moral à coup de magnésium (mon ex me disait toujours que la bonne foi, bien faite, était irréfutable), je mets mes bras à l'abri des lames et des flammes.
 
En revanche, je n'ai pas trouvé de solution pour protéger mes oreilles des velléités artistiques de mes ouailles, qui ont un talent fou pour te coller un air débile dans la tête.
 
C'est comme ça que je me suis retrouvé à entonner "Ragoût toutou, le ragoût de mon toutou", tout un service mais aussi une fois rentrée à la maison. Il n'a pas supplanté "Chaud cacao", mais dans le genre entêtant, on est bien.
 
Pas sûre que ma culture en ressorte véritablement grandie, mais que voulez-vous, tant que le ragoût du toutou ne finit pas en staphylocoque doré, y'a pas mort d'homme...

1 commentaire:

  1. J'avais oublié "Ragoût toutou" ! Dois-je te remercier de me l'avoir remis en tête ? Mmfff ^^

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