Je m'étais déjà assoupie sur la fracture numérique de nos territoires lorsque le téléphone a sonné. Vers 15 heures.
"Maman, maman, ma dent elle est tombée!"
Hein, hein, quoi, Formidable, mon chéri, je suis où, là? Mince, prendre une voix normale et pas dézinguée comme celle que je devinais.
Loulou m'avait donc réveillée - grand bien lui fasse - et je me lançais, sitôt le téléphone raccroché, à corps perdu dans la suite des retranscriptions, dont l'effet soporifique est désormais testé et approuvé par ma pomme. Qu'est-ce qu'on s'embête parfois, à empoisonner son p'tit corps avec des saletés chimiques, alors qu'une bonne réunion de politicards (plus ou moins - mon affection grandissante pour eux me suggère de ne point trop les blâmer) mal embouchés s'avère dix fois plus efficace?
Hop hop hop, j'y retourne, développement durable, santé et environnement... Zzzzzzzz... Coup de sonnette. Un oeil à l'horloge: 15h53. A cette heure, la sieste, ça craint, je l'admets.
A la porte, Loulou qui s'était pris une bonne engueulade par ses grand-parents et qui arrivait donc tout penaud, les pieds rentrés, les yeux encore rougis d'avoir trop pleuré.
Jeté par les siens (comment ça, j'en rajoute?).
Euh, je fais comment pour dormir, euh pardon, travailler?
J'ai fait ma mère indigne de base, et vas-y que je te colle devant un dessin animé/un bouquin/un baby-foot (les parties en solitaire, je vous dis pas, y'a rien de mieux. Si si, Loulou doit s'en persuader) pendant que je me plongeais dans les affres de ce monde qui me fascine par sa propension à la parlotte inconsidérée.
C'est mal, je sais. Mais bon, l'avait qu'à pas faire l'idiot, aussi. Un rien rongée par ce sentiment de culpabilité qui, décidément, ne me (nous, pôôôôvres parents) lâchera jamais, j'ai bien pensé, le soir venu, à mettre mon portefeuille en évidence, pour rappeler à mon cerveau embrumé de jouer à la petite souris, rapport à la dent tombée (oh, vous suivez, ou quoi? ). Et puis je suis retournée vers mon ami fidèle, l'ordinateur, bien décidée à vous pondre un petit post sur les requêtes débiles, une fois le Budget Primitif passé. Il était 21 heures.
Je me souviens juste m'être réveillée l'ordi sur les genoux, vers 22 heures. L'opération traînage jusqu'au lit ayant abouti, je goûtais à ce sommeil sans crise porcine ni algues vertes. La sérénité...
Sauf que ce matin, quand Loulou m'a crié son sempiternel "Maman, j'ai fini de dormir!", angoisse: la petite souris! J'avais oublié la petite souris! Ce môme allait perdre les dernières illusions qui lui restent! Histoire de préserver sa rassurante candeur, j'ai donc pris délicatement une pièce, que j'ai glissée sous l'oreiller en lui parlant de la petite souris - et en essayant surtout de choper cette #@&# de quenotte.
Que Loulou a trouvée.
Raté. J'ai lu le dépit dans le regard de mon Loulou (dès le matin, je peux lire des choses comme le dépit, la déception, la faim, des choses comme ça. Moins le bonheur sur terre, mais ça vient au bout de quelques minutes de chauffe, je vous rassure). Vite, vite, trouver une solution. Remettre la main sur ses trois neurones.
"Non mais regarde????!"
Loulou me fixe, interloqué, pendant que je soulève son oreiller. J'y vais à fond:
"Alors ça, j'ai JA-MAIS vu ça! La petite souris est bien passée, mais elle a juste oublié la dent!"
Et Loulou de contempler avec une joie sans borne la pièce. Après, il a fallu expliquer les résultantes de la campagne contre les lumbagos chez les souris, qui ont conduit ces charmantes petites bêtes à ne plus porter de charges trop lourdes. Et cette nuit, ça se trouve, la petite souris, elle avait déjà eu des tas d'autres petites dents à récupérer, alors elle avait, avec grand désarroi, dû renoncer à celle de mon Loulou.
"Ou alors, ça se trouve, elle a laissé tomber celle d'un autre garçon. Je crois bien que c'est pas la même", me dit Loulou en examinant la dent sous toutes ses coutures. "Parce qu'elle était fatiguée."
Ce gosse a tout compris. La fatigue peut vous conduire vers des chemins inexplorés.
jeudi 17 février 2011
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Tu devrais écrire des livres pour les enfants :)
RépondreSupprimerJe viens de mesurer à quel point tu vis dangereusement. Tu as droit à toute ma compassion et mon soutien moral. :)
RépondreSupprimerCe post est bien plus intéressant et drôle que toute la matière qu'auraient pu te fournir les requêtes débiles. Si si, sans déconner !
RépondreSupprimerEn plus, tu as fort bien joué le coup, avec le lumbago de la souris :-)
Bises, la Mouette.
Thierry
@ Gaby: je serais à peu près sûre d'avoir le même stade de maturité que mes lecteurs, pour le coup! Excellente idée, que je développe parfois dans mes rêves...
RépondreSupprimer@ J'en suis toute chose, merci!;)
@ Bon, alors, j'annule mon post? ça tombe bien, il n'était pas écrit! Merci pour tes mots en tout cas;)
Non, ne l'annule pas, c'est toujours très amusant.
RépondreSupprimerTout le plaisir est pour moi, la Mouette.
Chouette billet, la Mouette!
RépondreSupprimerOui, en effet, à ta place je réfléchirais aux histoires pour enfants!
Bravo et bien rattrapé! Je crois que mes parents m'ont fait une fois le coup, d'oublier de récupérer la dent la première nuit... Bon, de mémoire elle est partie la nuit suivante, et j'ai même pas eu deux pièces, mpfff!
@ l'oiseau: à ton service, cher lecteur;)
RépondreSupprimer@ François: merci! Loulou a raconté à tout le monde à l'école le coup de la souris, il était fier comme un paon. Ouf! Futés, tes parents;)