Ils sont là, devant moi, animés par leur foi, parfois aux abois.
Ils crient, ils vocifèrent, visiblement, et puis se calment. Un consensus sur l'amendement a dû être trouvé, par mollesse politique - ou aveu courageux que, décidément, l'union fait la force, c'est selon.
Je suis là, devant eux, animée parfois par l'enjeu (payer mon loyer), parfois par un voeu.
Celui de m'échapper.
Pourtant, je plisse les yeux, je tends l'oreille et je ne comprends pas, je ne les entends pas, ils sont si près, si loin...
...
Ouf. Saleté de rêve. 4h53, m'indique le réveil, que je soupçonnerais de me narguer s'il avait un semblant d'âme.
C'est comme ça depuis une semaine. Je me réveille en sursaut, entre 4 et 5 heures, échappant à un cauchemar (je ne vous raconterai pas le plus gore d'entre eux, digne d'un fait divers, autrement plus terrible nerveusement que des débats dans un hémicycle). Entre les surprises de la vie et les vingt-deux heures de retranscription, je flotte entre deux, à la fois sereine et débordée.
Débordée. Justement, je voulais vous parler de ce bouquin que je voulais absolument lire, celui de Zoé Shepard. Véritable pavé dans la mare du monde territorial, ce livre dépeint de façon caustique les moeurs de nos collectivités. Alors, certes, j'ai reconnu certains termes propres à ces assemblées, comme ces "groupes de travail" qu'on multiplie comme MAM and co cumulent les boulettes mais enfin, à les écouter, je me dis que certains ont quand même sérieusement potassé leur sujet.
Surtout, au delà de ça, je me suis demandé ce qui m'avait laissé sur ma faim, en refermant ce pamphlet. Après tout, c'est plutôt drôle, vivant, percutant. Cruel, aussi. Trop? Je ne sais pas. Ces écrits ont résonné en moi car j'y ai perçu la colère, l'incompréhension et l'indignation que l'on ressent face à la mauvaise foi et au laxisme. Et finalement, tout ça m'a ramené à un temps, si loin, si proche, où je me battais contre les moulins (de l'administration) et où je couchais mes errements et désarrois ici. Une personne, qui a disparu de ma vie depuis (je suis cruelle, décidément, ah ah), m'avait d'ailleurs reprochée "d'être en guerre contre tout le monde".
Je n'avais pas vraiment compris ce qu'elle signifiait ainsi, alors. Avec le recul, et pour être allée piocher dernièrement dans d'anciens posts, j'ai maintenant une idée de ce qu'elle voulait dire. Oui, je ressentais cette hargne, cette incompréhension, cette forme de mépris face à la bêtise et l'inertie humaines. Et je ne m'en cachais pas.
Mais une bataille tranquille, est-ce vraiment possible? La colère n'est-elle pas saine, parfois, lorsqu'il s'agit de bouleverser la donne?
Aujourd'hui, je me sens apaisée. Certains rêves sont toujours en moi, oui, bien sûr, mais la révolte ne gronde plus à ce stade qui m'empêchait de vivre au jour le jour. Consensus mou? Ou aveu que, parfois, la vie nous commande de laisser venir? C'est selon.
Ce soir, je me fais double dose de camomille.
samedi 19 février 2011
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Va pour la double dose de camomille. Et je te souhaite de bien dormir.
RépondreSupprimerNe sois pas trop apaisée, pas trop zen, c'est bien d'être en guerre, c'est la preuve au moins que tu es vivante, encore capable de te révolter. Choisis juste mieux tes ennemis et ne cours plus après les moulins à vent.
Et surtout, fais gaffe à ne pas te rendre malade. A trop tirer sur la ficelle, elle risque de casser.
Bises, la Mouette.
Thierry
" Mais une bataille tranquille, est-ce vraiment possible? La colère n'est-elle pas saine, parfois, lorsqu'il s'agit de bouleverser la donne? " ---> si, bien sûr. A condition de ne pas la laisser nous miner, de ne pas la laisser dominer. Elle doit être un carburant pour l'action, jamais une fin en soi. Elle doit être assez forte pour soutenir l'action, pas forte au point de l'empêcher.
RépondreSupprimerOui, faut aussi savoir laisser venir. En fait, faire les choses en temps et lieu.
Une question d'équilibre, peut-être.
Ce qui nous révolte doit servir de direction à nos vie, pas de tourment. Enfin, il me semble...
Ce qui me bouffe souvent, moi, c'est de savoir mon destin entre les mains de bouffons préoccupés d'eux-même. Cela ne devrait pas être.
@ L'oiseau: mais tu connais ça,aussi, l'insomnie, tu sais combien on reste impuissant dans ces cas-là, à regarder le plafond en attendant que le sommeil revienne... Et puis, tu sais, je crois que j'ai une santé de fer, maintenant. Vraiment. Jamais je n'aurais pu résister à si peu de sommeil, auparavant. Mais avec la vieillerie, je sais pas, y'a un truc qui se passe, un besoin de rester éveillée et ouverte au monde (on sait jamais, il pourrait se passer des choses...)
RépondreSupprimerPour le reste, ça fait quand même du bien, cette tranquillité d'esprit, complètement paradoxale car je n'ai aucune raison de me "reposer sur mes lauriers". t'inquiète, je reste en veille;)
Anne, complètement d'accord en soi, la colère est passagère et ne doit pas nous déterminer, l'aigreur et l'agressivité ne sont alors jamais très loin, sinon... Comme le stress, je prends la colère comme une sorte de booster et comme le stress, j'esaaie de l'éloigner dès lors qu'il envahit trop mon esprit. Le fait de se détacher permet d'oublier un peu ces bouffons dont tu parles même si, hélas, la connerie humaine guette à chaque coin de rue!
Donc tout va bien. Juste une chose, la Mouette, 36 ans, c'est encore loin de la vieillerie :-)
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