jeudi 24 février 2011

Marmotte contrariée

Minuit 44 - Allez, près de trois heures de débats retranscrits en une (grosse) journée, je bombe le torse en pensant que je suis juste devenue la speedy gonzales de la parlotte politique. Je ne suis pas fatiguée, mais je me raisonne. Deux pages de bouquin et je rejoins Morphée.

1h32 - "Ça fait toujours plaisir, une visite, si ce n'est pas à l'arrivée, c'est au départ". Je réfléchis sur la pertinence de cette réflexion, qui me va bien. L'auteur en est Béatrix Bec, une écrivain belge, dont la tirade ne provient pourtant pas de l'une de ses oeuvres, mais de l'opus d'Emmanuel Carrière, "d'autres vies que la mienne".

1h33 - Ça fait toujours plaisir, un regain d'énergie en pleine nuit, on peut lire, tout ça. Mais faut savoir partir, oh. Laisser les gens dormir.

1h34 - J'aime bien ma vie mais dans celle des autres, j'suis sûre qu'il y a plus de sommeil, là.

1h43 - J'ai senti le murmure du souffle d'un frémissement d'un bout de ma paupière droite. C'est le sommeil, je vois que ça.

1h44 - J'éteins.

1h45 - En voulant atteindre l'interrupteur, je sens mon dos craquer. Ça me réveille.

1h46 - Je méprise ce signe. J'éteins.

1h47 - Alors, à quoi je pourrais penser pour m'endormir?

1h48 - Ça, c'est ma méthode infaillible pour m'endormir. Je pense à un truc doux, un souvenir qui va me conduire vers les songes les plus délicieux...

1h52 - Ça marche pas, ma méthode infaillible. Je fais rien que d'être torturée, à la place.

1h 58 - Faut que j'arrête de regarder l'horloge.

2h03 - Le souvenir doux me ramène à des pensées plus douloureuses.

2h08 - C'est pas logique. Mais en fait, si. Allez, on évacue.

2h13 - Mon plafond aurait vraiment besoin d'être refait.

2h14 - Toute la peinture de la chambre aussi, en fait. Le mâââgnifique sticker en forme de geisha (si si) que je me suis échinée à arracher dès mon arrivée dans l'appartement a laissé des traces. Et puis le tout n'est pas très gai.

2h15 - C'est pareil, ce meuble et ses tiroirs tout déglingués, faudrait que je m'en occupe.

2h16 - J'ai pas le temps pour ça.

2h17 - Faut que je dorme, plutôt.

2h52 - Je me suis assoupie. Je viens d'être réveillée par une débile qui a brandi son amendement sous mon nez.

2h53 - Dans mon rêve, je veux dire. Ce qui prouve que j'ai bien dormi. Parce que, pour le reste, je n'en ai aucun souvenir.

2h54 - Enfin, "bien dormi", façon de parler.

2h55 - J'allume doucement la radio. On y parle élevage canin, snobisme de vouloir prendre un pur race et ingéniosité de recueillir plutôt un animal abandonné, souvent très affectueux.

2h56 - Demain, je file à la SPA. J'ai besoin d'affection.

2h 57 - Enfin, plus de sommeil, dans l'immédiat.

2h58 - Mais l'affection, c'est bien, aussi, comme concept.

2h59 - Sauf la léchouille baveuse. Ça, j'aime pas.

3h - J'écoute le flash.

3h01 - Bain de sang en Libye, on découvre que Khadafi est une raclure. Tiens.

3h02 - Je fais comment pour dormir, moi, maintenant que j'ai entendu parler que ça déchiquetait à tout va ?

3h03 - "Mamaaaaaaaan", j'arrive pas à dormir!

3h04 - Manquait plus que ça.

3h05 - J'ai à peine donné une cuillère de sirop antitussif à Loulou qu'il se rendort aussi sec.

3h06 - Je prends une décision qui va changer le cours de ma vie. Moi aussi, au lieu de retranscrire des gens bizarres qui parlent trop sérieusement, avant de me coucher, je vais écouter "l'omelette au sucre", avec sa petite musique entraînante.

3h07 - Retour au lit. Allez, le tout c'est d'y croire. Je peux dormir, je peux dormir, je vais dormir...

3h16 - J'ai faim. J'ai bien perdu les kilos pris à la va-vite cet hiver. Mais comme on dit, on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs (à cette heure, j'ai rien de plus intelligent à écrire, désolée). Et donc, la soupe maison, bah, elle manque un peu de corps.

3h17 - Cet été, quand je me baladerai avec mon chien, en bikini sur la plage, j'aurai même pas de paréo de secours, quand Denzel ou Brad viendront me reluquer.

3h18 - Il y a peu de chances que je parte en vacances cet été.

3h19 - Il y a peu de chances que Denzel ou Brad viennent à Pornic ou Quimiac cet été. Et je ne vous parle même pas du fait qu'ils sont déjà maqués.

3h20 - J'ai besoin d'affection, je vois que ça.

3h21 - Ou de petites pilules pour les schizo, peut-être, plus.

3h22 - Quand je pense au massacre lybien, je me sens encore plus débile de m'apitoyer sur mon sort. Après tout, je suis toujours dans mon lit, dans ma couette toute chaude...

3h23 - Sans chien pour y coller ses poils.

3h24 - Sans homme pour y coller ses fesses.

3h25 - OK, je m'égare.

3h26 - Je pourrais prendre un bain.

3h27 - Comme ça, hop, en plus, demain matin, je gagne du temps!

3h28 - Je me réveillerai en jackson five, rapport au zapping de brushing.

3h29 - Parce que le sèche-cheveux, ça fait un peu de bruit en pleine nuit.

3h30 - Si je prends un bain, je vais réveiller Loulou que j'entends encore tousser.

3h31- Pfffffff.

3h32- Allez, un bon vieux magazine de filles avec des conseils à trois balles, ça va m'endormir, ça.

3h37 - "Mon secret pour rester belle? Huit heures de sommeil." Grognasse, et le botox sur les petits plis, là, tu crois qu'on le voit pas?

3h38 - Mais c'est qu'elles me narguent, toutes, avec leur teint frais et leur mine resplendissante.

3h39 - Je suis odieuse avec les people.

4h01 - Je colle les magazines dans mon panier à recyclage.

4h02 - Ouais, j'ai un panier spécial recyclage. Je suis une fille organisée.

4h03 - Une fille en manque d'affection, certes, mais organisée.

4h04 - Je cherche le rapport de cause à effet.

4h 08 - Rien ne sort de mon cerveau. Ce qui doit expliquer cela.

4h24 - J'ai craqué. J'ai pris mon ordi et repris mon taf là où je l'avais laissé à minuit 44.

5h47 - Tiens, je vais écrire un petit post idiot sur mon blog.

6h17 - J'entends le chant des oiseaux, les premiers volets roulants des voisins, Loulou qui tousse encore un peu. Et qui va bientôt me dire: "J'ai fini de dormir!"

6h18 - J'aurais tellement aimé commencé, moi, à dormir. Mais le sommeil s'est fait la malle, sans même m'avoir rendu visite.

6h19 - Vivement ce soir, tiens.

7 commentaires:

  1. Pôv Mouette, va. Ceci dit, si tu crois qu'un homme ne laisse pas de poils sur la couette... ALors un chien, c'est une bonne idée, ça te fait faire un petit jogging avant de te coucher, ça fait un break avec le boulot, ça te vide la tête. Donc ça devrait te permettre de dormir.

    Bises, la Mouette.
    Thierry

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  2. C'est pas sur l'oreiller que ça laisse le plus de poils, un homme, c'est dans le lavabo !
    Bon, trop de fatigue tue le sommeil. Bosse QUE 8h sur tes trucs, point. Toutes les demi heure de travail, tu te donnes 5 minutes de break, tu vas ouvrir la fenêtre, t'étirer un bon coup en respirant bien, tu bois un jus de fruit bien frais., et tu t'y recolles. Et quand t'as tiré tes 5 h, tu lâches ! la "slave-attitude", c'est mauvais pour la santé ! pis après, le travail est bâclé !
    Bon courage !

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  3. je voulais dire "tiré tes 8 h", mais mon doigt il a glissé d'un rang ! shit ! au fait, le mot de vérif du com précédent, c'était "inwar", haha ! et si tu cessais dê l'être un peu avec toi-même, hein ?

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  4. T'es mignonne, Anne: si je ne bosse que 8 h par jour sur ces missions, je me tire une balle dans le pied, j'ai une deadline, sinon ce serait trop facile! Cela dit, tu as complètement raison, pour la méthode de relaxation... et pour le fait d'être... in war. On ne change pas comme ça!

    L'oiseau, je vais me contenter du yogging, j'aime pas les poils, d'abord;)

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  5. Je vois, "on" te colle des objectifs réalisables uniquement à la condition de mener une vie de machine (Stakhanov, sors de ce corps !), pour laquelle on te sous-paye en te surexploitant, j'ai bien compris ? c'est beau, la "modernité" du travail ! mais ça n'arrange pas ton problème, ça, et du coup, ça me laisse sans solution...immédiate (une révolution, éventuellement, plus tard, et de nouvelles formes de syndicalisme pour re-construire un droit inernational du travail digne de ce nom ?) - en attendant, ma pauvre, je ne peux que te souhaiter bon courage - et le sirop antitussif, le prochain coup, pas seulement à Loulou....sait-on jamais ? si àa aide à passer une nuit à peu près valable, ne lésinons pas, même si la solution est boîteuse...:(

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  6. Tu as tout compris. Bah.... Zen, je reste zen, le stress inhérent à ce genre de situation existe, mais j'essaie de l'évacuer, je prends juste ce qu'il faut pour me booster et je laisse la part prise de tête au loin. Enfin, j'essaie au moins... Et sans sirop, madame;)

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  7. Délicieuse cette insomnie.
    J'y penserai à ma prochaine.

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