mercredi 26 mars 2014

De l'art d'être en garde alternée

Demain matin, elle passe me récupérer sur le trottoir. Mais moi, je suis un peu perdue, parce que jeudi, c'est Jésus, pas Patricia. Faudrait qu'ils se mettent d'accord, les grands.
 
Ah oui, je ne vous ai pas dit: je suis en garde alternée. La différence, c'est que je n'ai pas un papa et une maman qui se détestent, même si, quand même, je serai sur le trottoir demain matin. Non, j'ai un cuisinier d'un côté, une pâtissière de l'autre, et je vais de l'un à l'autre durant tout ce stage.
 
Je vous explique pas le dilemme. Préférer papa? Maman? Mais enfin, quelle question, c'est comme si vous me demandiez lequel de mes chats je préférais. On est d'accord, comparer Jésus et Patricia à ces boules pleines de poil qui me servent de félins, c'est complètement absurde. Mais ça vous situe justement la complexité de la situation.
 
Mes brioches ressemblent enfin à quelque chose. Enfin, à quelques détails près... En gros, ceux de Patricia sont top. Les miens sont encore à travailler. Le premier qui me parle de la pointe toute bizarre, je lui casse la tête à la récré.
 
 
Ce que je veux dire, c'est que j'apprends tellement des deux côtés que je ne peux trancher. Alors, moi, "la petite", je pars un jour découvrir les secrets de la pâte feuilletée levée (et donc, notamment, des croissants, pure tuerie absolue), avant de revoir le lendemain le BA-ba en matière de cours de cuisine.
 
Ouais, ok, rendons à César... Sans Patricia, pas sûre (doux euphémisme) que mes brioches auraient eu cette tête-là...
 
 
Je passe de la brioche à la terrine de saumon, jongle entre les impératifs de suivre la com d'une entreprise et les appels d'offre sur un coup de dé. Surtout, je mesure le chemin qu'il me reste à accomplir en termes de pâtisserie et je me sens, paradoxalement, comme un poisson dans l'eau, dans cet atelier cuisine parfois envahi par des êtres bizarres...
 
Là, on dirait qu'ils écoutent. On dirait...
 
 
Oui, des enfants. Bien animés, ça oui, je vous le confirme.

Ils avaient l'air plutôt bien dans leurs baskets. Sans doute ne connaissent-ils pas la dure loi de la garde alternée, où papa et maman se disputent ta présence...

Mais en fait, je dois vous faire une confidence: j'adore jongler de l'un à l'autre, passer de l'univers de Jésus, à la fois pragmatique et toujours inspiré, à celui de Patricia, aux mains d'or et plein de promesses. Il n'y a même aucune rivalité entre l'un et l'autre, seulement une complémentarité absolue qui fait de cette nouvelle semaine à Bordeaux un moment privilégié, où je savoure la chance de rester en équilibre entre deux mondes, cuisine et pâtisserie...

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