vendredi 28 mars 2014

Les mille vies de la petite

J'étais contente, tout à l'heure. Mes parents se sont de nouveau parlé.
 
Pourtant, ça avait mal commencé ce matin. Mon papa m'a fait remarquer qu'il serait peut-être judicieux que je me bouge la couenne, parce que maman allait arriver et qu'il ne fallait pas la faire attendre.
 
Je me suis demandé s'il ne voulait pas me chasser de la maison. Carrément.
 
Comme prévu, maman est venue me chercher sur le trottoir et elle m'a emmené faire du shopping. Nous sommes arrivées dans un grand entrepôt, me rappelant quelques souvenirs rennais, et j'ai fait le plein de tout ce qui était possible. A un moment, maman m'a rappelé que je rentrais à Nantes en train, dimanche, me faisant sérieusement douter quant à la pertinence d'acheter ce kilo de pépites de chocolat, en sus de ce que j'avais déjà raflé.
 
Ma maman, elle est trop forte en pâtisserie et elle connait tous les bons tuyaux...
(Là, on ne voit que sa main, je ne l'aurais jamais traité de pomme)
 
 
Maman, elle est pleine de bon sens, alors, je l'ai écoutée. Je crois que mon dos et mes bras lui en seront reconnaissants, dans trois jours, quand, entre deux gares, je ramerai littéralement et suerai comme du beurre dans une casserole chaude.
 
Ensuite, maman m'a déposée mais papa n'était pas rentré. Ah oui, je vous en ai déjà parlé, mais quand même, mon papa à moi, c'est une star. Il met un casque sur sa tête, pas pour faire de la moto, non. Pour faire de la radio! Et le pire, c'est qu'on dirait qu'il a fait ça toute sa vie.
 
Oui, c'est vrai, je suis assez fière de mon papa.
 
J'ai attendu qu'il ait fini sa chronique quotidienne sur France Bleu Gironde, pour une émission dont j'adore le nom. "Le grand miam", pensez donc, ça donne envie. J'avais bien envie, pour patienter, de taper dans les brioches qu'on avait faites, la veille, avec maman, mais ce n'était pas raisonnable, alors, à la place, je suis montée dans ma chambre faire mes cahiers de vacances.
 
Il s'agissait de trier toutes les parutions presse consacrées à Cuis'in les Ateliers. Et je peux vous dire qu'il commence à y en avoir un paquet, depuis l'ouverture en 2009. Résultat, quand papa est rentré de la radio, je n'avais pas encore fini.
 
Je n'ai pas trop osé lui parler de maman. A la place, on a fait des activités manuelles, du découpage (d'articles) principalement et puis, parce qu'il était un peu tard et qu'on est rien que des gros gourmands, on s'est offert un plateau de frites énorme. On a fait genre, "oh la la, y'a tout ça à manger, c'est trop"... Avant de tout engloutir, sans trop de scrupules (enfin, j'ai eu une pensée sincère pour mes capitons, qui se sont gorgé de tout ce qu'ils aiment. Hum).
 
Après les frites, il y a eu une deuxième bonne nouvelle: maman est revenue. Il fallait qu'elle discute avec papa. J'ai pas tout compris, parce que je pensais qu'ils allaient parler de la garde alternée, toussa, mais ils n'ont fait qu'évoquer des cours de macarons, de pâte à chou ou de viennoiseries, je me suis demandé où ils voulaient en venir. Pas d'engueulades, rien. Ils étaient sérieux, en plus, on aurait dit qu'ils travaillaient!
 
Bon, malheureusement, maman est repartie mais heureusement, papa s'est bien occupé de moi. J'ai refait un peu de découpage et puis ensuite, il m'a fait écrire un texte. Le plus drôle, je crois bien, c'est lorsqu'il m'a proposé qu'on aille cuisiner ce qu'on venait d'écrire. Il fallait faire de la chantilly rouge, une crème avec plein de beurre, et pis des asperges, plein, pour raconter tout ça dans un chouette papier.
 
Suspense insoutenable. La chantilly va-t-elle finir par arriver, sur ses petites papattes? Papa veille au grain.
 
Ce que j'ai préféré, je crois, c'est quand papa a voulu prendre de jolies photos du plat et qu'il a déménagé à peu près tout l'atelier pour y parvenir. J'ai un peu regretté que maman ne soit pas là pour voir papa zoomer sur une famille de bovins devant une assiette d'asperges.
 
C'est rigolo, un papa qui joue avec des objets en plastique et qui les photographie comme si sa vie en dépendait.
 
Mais en fait, j'ai compris, d'un coup, que mon papa et ma maman, ils n'étaient pas fâchés, en fait. Ils ont juste chacun leur vie, leur domaine et ça me va bien, moi, de changer constamment d'univers, sans avoir à choisir.
 
Mais faudra peut-être que je leur dise, un jour. La petite, là, elle a 39 ans. Je sais, c'est dingue.

3 commentaires:

  1. 39 ans !!! c'est beaucoup ^^ j'ai l'impression de lire une carte postale envoyée de colo, et j'en redemande !

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  2. Chouette alors, tu as perçu les vrais morceaux d'hormones planqués dans cette carte postale!! Quand tu veux, j'aime bien parler de mon papa et de ma maman...

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  3. Génial!!!! Décidément, j'adore ta façon d'écrire...

    Anne-Lise

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