vendredi 7 mars 2014

Ma semaine avec Jésus (part friiiiiii)

 
Jeudi, 23h59... Ah, au secours, je suis attaquée par le syndrome Cendrillon, il est minuit et... je n'ai pas eu une minute pour poster! Et pourtant, il y avait matière, une fois encore, aujourd'hui. Depuis deux jours, sous un soleil retrouvé et des airs printaniers, nous arpentons en vélo le bitume bordelais avec bonne humeur... en oubliant, léger bémol, les gaz d'échappement et les klaxons plus nombreux que les bars à cannelés dans la ville de M. Juppé - et c'est dire.
 
Parfois, après la radio, on passe au marché des Capucins, haut-lieu que j'ai toujours adoré, avec ses étals colorés et pleins de promesse.
 
Il y a Abdel qui me raconte qu'il adore Jésus, "un homme propre", et qui me dit s'éclater dans sa poissonnerie, lui qui avait commencé par l'éducation nationale. "Que veux-tu, les gamins, tu peux même pas les toucher s'ils ont fait une bêtise, sinon, t'es convoqué directement!" Et il se marre, heureux qu'il semble être de bosser à son compte. Il y a tous ces marchands à qui l'on fait juste un sourire, et qui y répondent, simplement. Il y a cette ambiance bon enfant, ces odeurs, mélange étonnant et détonant d'encens, de cumin, de poulet cuit et d'herbes... On revient le vélo plein d'ail, de poivrons, de persil plat et de deux-trois autres courgettes et gigot d'agneau.
 
D'autres fois, on prend un vélo uniquement pour transporter de la grosse came. Genre, un meuble à casiers qui pèse un âne mort, dégoté dans un lieu improbable (avec Jésus, j'ai l'impression de découvrir des cavernes d'Ali Baba à tous les coins de rue, en fait, quand j'y pense). Et là, le sourire du Chef n'est pas feint, on s'est bien amusé à ramener la trouvaille à l'atelier.
 
Mais au delà de toutes ces victuailles et autres trésors, je ne me lasse pas de toutes ces rencontres, à droite, à gauche, à l'occasion d'un passage chez un fournisseur, d'un galeriste qui, du coup, prendrait bien de nouveaux cours de cuisine... Et même dans des instants plus graves - je ne crois plus aux Bisounours, on est d'accord, tout n'est pas si joyeux et chaleureux, évidemment - je me réjouis de découvrir certaines personnalités.
 
Ainsi, dans un hôpital où Jésus avait rendez-vous aujourd'hui pour évoquer des projets autour de la cuisine, on a rencontré des personnes qui s'investissent pour que ce monde dans lequel nous vivons soit le plus supportable, à la fois, bien sûr, pour ces malades atteints du cancer, mais tout simplement pour chacun d'entre nous. Sans angélisme, mais plutôt comme une évidence. En me tendant une bouteille de coca gélifiée, Laura, chargée de développer les activités de cet institut bordelais, m'a fait un sourire. "Hey, il faut bien rigoler un peu, hein? Surtout dans un tel contexte."
 
Un contexte effectivement moins drôle que l'on pourrait l'imaginer, au vu de ce cliché. Le soleil, trompeur, masque la réalité des faits, celle d'une vraie rencontre de travail entre une directrice artistique, la sémillante Laura, donc, et Jésus.
 
 
Sans refaire le monde, ils ont simplement échangé sur leur projet, confrontés à des réponses négatives du corps médical pour qui l'imagination n'a que peu à faire dans les protocoles.

Pour un chef d'entreprise, ces tranches de vie sont autant de graines que l'on plante et qui, un moment ou un autre, vont germer, si l'on n'oublie pas de les arroser. Jésus, lui, reste en alerte, jamais à court d'idées, ayant compris depuis bien longtemps que son activité ne s'arrêtait pas à la fin d'un cours de cuisine.
 
Anne me demandait, dans son commentaire du post précédent, si j'apprenais des choses utiles pendant ce stage. Sans doute s'interrogeait-elle sur le fait que je n'étais pas la main dans la pâte, à cuisiner.
 
Mais je crois qu'il ne s'agit pas, cette fois, de faire, mais bien d'être. Et je prends une bonne leçon, là.

3 commentaires:

  1. Tu sais, on ne peut pas faire grand-chose de valable sans " être"....

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  2. Hello Steph, je voulais t'appeler mais je vois que ce n'est pas trop le moment. Bravo pour ton stage et tes posts : on se croirait avec toi. Profite bien !
    Bises et à bientôt,
    Philippine

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  3. Sûrement es-tu partie à Bordeaux parce que tu avais envie/besoin de conjuguer l'auxiliaire "être". La cerise sur le gâteau est que tu sembles le conjuguer à toutes les personnes :)

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