lundi 6 septembre 2010

Pas assez précaire, ma fille... Ou bien trop?

Dans la liste monstrueuse des tâches que j'ai dressée, histoire d'y voir clair dans le déménagement à venir, j'avais noté: Pôle Emploi.

J'étais un point d'interrogation ambulant, pour tout vous dire. Plein de questions à leur poser. Et puis, je me disais que les lundis à pôle Emploi, ça me manquait, ça faisait longtemps et y'avait peut-être moyen de rigoler.

Ben même pas, figurez-vous. La demoiselle qui m'a reçue à l'accueil n'était certes pas une foudre de guerre (mais gentille, rien à dire), mais son collègue, qui a pris le relais, a parfaitement répondu à mes interrogations.

Je répète: le conseiller Pôle Emploi qui m'a reçue a parfaitement répondu à mes interrogations.

Comme quoi, tout arrive.

Il a même admis la confusion qui régnait actuellement dès lors que l'on évoque les auto-entrepreneurs indemnisés et en l'écoutant, j'ai eu l'impression d'être sortie d'un sacré fourbi en me radiant voilà quelques mois.

Je n'irai pas jusqu'à dire que le moment était agréable, mais enfin, ce passage chez mes employeurs principaux s'avérait plutôt informatif. Et puis, à un moment donné, j'ai pensé qu'il était temps de me faire un peu mal : j'ai demandé la date exacte de ma fin de droit, le gros mot qui fait peur aux chômeurs longue durée. Le verdict est tombé : 22 décembre.

Joyeux Noël.

Je pensais naïvement qu'avec mes petits boulots, à droite à gauche, j'avais créé de nouveaux droits. Sauf qu'il faut avoir bossé quatre mois pour ce faire. Il me manque... 72 jours. Aïe.

Le conseiller a donc évoqué la suite, l'ASS, l'allocation de solidarité spécifique et là, ouh, j'ai senti la chute. Comme un uppercut. Je suis restée un peu sonnée, il a perçu le malaise, je crois, et j'ai réalisé à quel point on tombe vite dans la précarité. La grande précarité, même. 15 euros par jour, ça fait peur.

Vous me direz: t'as qu'à bosser, fainéasse! Ah ben oui, c'est une bonne idée, ça, et justement, toutes ces annonces qui exigent, je dis bien exigent, une éligibilité aux contrats d'aide à l'embauche, puis-je désormais y accéder? Le monsieur m'a guidée de nouveau vers la demoiselle à deux de tension, laquelle a vérifié. Eh bien non, je ne suis pas assez précaire, mes passages successifs dans diverses catégories de demandeurs d'emploi - en formation, en auto-entrepreneur- me privent de cette sorte de sésame.

Je n'ai même pas le droit de me faire exploiter tout à fait légalement par des employeurs qui ont trouvé le filon et jouent sur la misère et le désespoir grandissants. Dingue.

Trop précaire pour générer de nouveaux droits, pas assez pour accéder à certains postes... J'aime bien l'idée de ne pas rentrer dans les cases.

Mais enfin, le côté marginal, comment dire, ça va bien cinq minutes.

2 commentaires:

  1. Tu as raison, c'est une véritable honte. Le système n'est pas fait pour aider ceux qui veulent bosser sous prétexte de lutter contre ceux qui ne veulent pas bosser.

    Bises, la Mouette.
    Thierry

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  2. L'angoisse qui fait pschittt....et ce pays qui fabrique de la précarité comme facteur de développement, y a des jours où ça me cole un de ces bourdons.....
    Je commence à conclure aussi comme toi, pour ma part.

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