dimanche 26 septembre 2010

Zyva le restau de ouf

C'est drôle, auparavant, je vous aurais fait un teasing de folie, une semaine durant, pour une malheureuse journée passée à travailler derrière le comptoir. Et voilà que je rentre, des enclumes à la place des jambes, que je me pose sur le canapé et que je réalise n'en avoir même pas touché un mot ici même... J'deviendrai pas un peu blasée, au hasard?

Blasée, il me semble impossible de l'être dans ce métier où les surprises surviennent chaque jour. Prenez aujourd'hui: de façon traditionnelle, le restau pour lequel je travaille (et dont j'étais la seule résidente, ce jour, pour le coup) accueille plutôt une clientèle bobo, va-t-on dire, des Manceaux bien comme il faut, de tout âge, ou des touristes, comme ce couple d'Anglais venu déjeuner ce midi.

Eh bien, là, paf! J'aperçois une première doudoune noire, une deuxième, une capuche grise derrière, de jeunes visages au regard fuyant: je vous le donne dans le mille, des Parisiens, plutôt 9-3 que 16e, visiblement affamés et pressés. Ils sont onze, il est 13h05, ils veulent être partis à 14h et, a priori, aucun bras supplémentaire n'a poussé chez moi la nuit passée.

Si vous pouvez vous installer? Bien sûr.

Ils passent commande vite fait, avant de reprendre leur portable, parce que c'est bien beau de déjeuner ensemble, mais si en plus, faut causer ensemble, zyva, c'est la loose. Parfois, quand même, des circonstances exceptionnelles les obligent à sortir de leur mutisme.

"Vas-y, demande-lui à la dame!"

La dame, c'est moi, j'imagine.

En fait, c'était pour une boisson. Après, ils ont essayé de m'embrouiller sur le nombre de parts de gâteau au chocolat et de tarte au citron, et puis y'avait ceux qui voulaient leur café en même temps que leur dessert (non, non, toujours aucun embryon de bras, malgré mes suppliques auprès d'une quelconque force céleste qui aurait pu me sauver) (si elle se reconnaît, qu'elle n'hésite pas à m'envoyer un devis, j'étudierais le dossier en profondeur), zyva le truc de ouf.

Wesh, à la fin, je parlais quasi comme eux. L'éducateur - que j'avais un peu pris pour le chef de bande, au départ - m'a demandé un renseignement sans quitter l'écran de son téléphone portable d'un iota. Ensuite, il m'a fait une vieille blague sur "le noir de service", son voisin d'en face, un Martiniquais. Je crois que c'était pour me faire rire, mais je sais pas, j'avais pas bouffé de clown ce matin et c'est tombé un peu à plat. Néamoins, je crois avoir marqué des points, parce que l'éducateur m'a remerciée pour tout, au moment de l'addition, et s'est même fendu d'un étonnant "à bientôt."

Je crois que je les ai convertis au lieu. J'ai assisté à la naissance d'une nouvelle catégorie sociale, et je vous promets que je ne caricature pas. De la pure bobo-9-3, je ne vous dis que ça.

3 commentaires:

  1. Y a pas à dire, t'es une keuf d'enfer pour avoir réussi à bobo-iser une bande de keum du 9-3 !

    Bises, la Mouette d'enfer.
    Thierry

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  2. Tu as l'ai de te débrouiller plutôt bien!

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  3. Une " meuf", le Piaf ! si la Mouette était une " keuf", elle bosserait pour la PJJ, hahaha !
    zyva la Mouette, t'as assuré un max !!

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