jeudi 23 septembre 2010

Rester dans les rails

Jour de grève aujourd'hui? Jour d'extra pour bibi. Enfin, rien n'était fixé, nous avions convenu avec la boss que ma présence dépendrait de la météo. Les premiers rayons du soleil perçant ces nuages a priori menaçants, j'ai donc pu endosser mon costume de Shiva en remerciant intérieurement les syndicalistes de se battre. Au moins, ça fait du boulot pour les sans-grades comme moi.

Histoire d'être productive, j'avais prévu un autre plan pour la journée, en cas de pluie: poser mes jalons. Candidater, si vous préférez, dans diverses institutions et boîtes nantaises. Mon premier challenge consistait donc à me concentrer sur mes lettres de motivation, avant de partir (ou pas) au front, pour préparer l'avenir (hum).

Je vous dis pas la tête de l'avenir, à ce rythme.

Mon deuxième challenge m'emmenait vers une sorte de mission-suicide : passer à travers le cortège, lequel avait squatté le bas de ma rue, puis me faufiler entre les drapeaux et les grévistes pour rejoindre le trottoir d'en face. L'opération s'est avérée d'autant plus délicate que les manifestants semblaient nettement plus enragés que lors du précédent mouvement. Du pur, du dur, de l'intégriste, nous avions affaire ce matin aux gros bras de la grève, ceux qui préfèrent se résoudre à la retenue d'une deuxième journée de salaire plutôt que de se taire.

Mon troisième challenge s'avérait particulier: il s'agissait seulement d'assurer le service au plus vite en éliminant au maximum les fioritures. Oui, les petits bavardages habituels avec les clients, tout ça. Halte à la convivialité, place à la rentabilité ! Pas simple pour moi mais j'ai vite compris l'intérêt d'être efficace avant tout. De toute façon, la majorité des clients semblait peu encline à la futilité, en témoignaient ces visages soucieux, marqués par ce mélange de colère et de résignation.

Bon, j'ai servi du café avec son marc - la cliente m'a bien chambrée pour ça - j'ai inversé un plat avec un autre, avant de rattraper la boulette in extremis... mais pour le reste, on va dire que les challenges ont été remplis. J'ai même cru ne pas y avoir laissé trop d'énergie.

C'est lorsque j'ai dérapé sur les rails du tram, alors que j'étais en vélo, quelques minutes plus tard, que j'ai senti une légère défaillance. Une chute et un petit moment de solitude plus tard, je me suis dit que ma maladresse ne s'arrêtait pas en cuisine. Un jour, il faudra que je regarde où je vais.

4 commentaires:

  1. Arf... Bon courage!!!
    J'espère que tu ne t'es pas fait mal?

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  2. Pareil, j'espère que tu ne t'es pas fait mal. Mais dis-toi que les rails du tram, tu n'es ni la première ni la dernière. Tant que le tram n'arrive pas juste à ce moment là ! En tout cas, je te trouve bien courageuse, la Mouette.
    Bises.
    Thierry

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  3. Purin, c'est dangereux, un tram ! Pas trop de bobo j'espère ?

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  4. Un gros hématome, c'est rien. Et puis ça m'a donné l'occasion d'une rencontre fortuite avec un monsieur plutôt physiquement intelligent;)

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