Non, non, je ne suis pas partie en vacances et cette recette de tarte au citron meringuée ne ressemble en rien (euh, elle ne ressemble à rien, d'ailleurs, mais ça n'a rien à voir. Pas la tarte qui cuit dans mon four à l'heure actuelle, la recette. Pffou, j'suis pas claire. Et pis j'ai chaud, quelle idée de faire cuire quelque chose par ce temps), bref, ce dernier post ne ressemble en rien à un épilogue, c'est juste que j'ai l'impression de m'être lancé un défi contre le temps.
Temps 1 - La mouette 0
Car voyez-vous, le temps est le plus fort et le sera toujours. Pendant que j'effectue ma course contre la montre, d'autres se meurent, attendent que leur heure vienne, justement. Non, non, je n'ai pas oublié mes petites pilules ce matin.
Entre deux compte rendus (je vais en venir à bout, je vais en venir à bout, yes!) et un aller-retour express à Nantes pour y déposer Loulou, j'ai fait un détour à l'hôpital. Oh, pas pour moi. Mais pour un ami qui a la joie d'y séjourner depuis lundi et son malaise matinal. Comme il est en cardio, ça m'a rappelé quelques mauvais souvenirs, même si, a priori, le mal est moindre.
En entrant dans le service, je me suis quand même dit que j'aurais dû les prendre, ces petites pilules. Histoire de voir la vie en rose et d'ignorer ces sombres nuages qui pèsent sur ces personnes diminuées, vieilles. En fin de vie, tout simplement. D'ailleurs, avec mon ami, on a ri (jaune) en lisant le titre d'un livre de recettes, vendu au kiosque en bas: "Alimentation pour les patients en fin de vie".
Quoi, c'est triple dose de chocolat parce que, de toute façon, c'en est bientôt fini?
Forcément, mon ami, du haut de ses 38 ans, c'est un peu la vedette du service. La guest-star, oserais-je. "Je suis un peu Johnny Halliday", qu'il m'a dit. Tu penses, il rabaisse d'un coup la moyenne d'âge de 50 ans, forcément, les infirmières, elles le chouchoutent.
Vous allez me dire, pourquoi je vous raconte ça? Euh, vous voulez que je vous parle du passage du très haut débit dans nos rases campagnes? Du ramassage scolaire à la carte? OK, on est d'accord, les débats institutionnels ne vous branchent pas (on dirait pas comme ça, mais c'est passionnant. Surtout quand ils se crient tous dessus et s'accusent mutuellement de faire de la "politique avec un petit p", insulte suprême).
Je vous raconte ça parce que forcément, lorsqu'un ami vous envoie un petit texto anodin pour vous annoncer un séjour en cardio, comment dire, ça marque un rien le quotidien.
Et puis, comme tous ceux qui se sont trouvé entre deux, son regard bleu et acéré a pris une nouvelle profondeur. Lui qui projetait sa vie en permanence, prévoyant ses week-end six mois à l'avance, a vu son emploi du temps de ministre bousculé. Paradoxalement, derrière l'angoisse première, je l'ai senti comme soulagé de ne plus avoir à remplir les cases.
Apaisé de faire le vide, parce que son corps le lui a demandé, il ne se questionne plus, sinon pour savoir s'il pourra chaparder une compote en douce ou manger autre chose que de la viande bouillie. Oh, cette paix intérieure est sans doute provisoire, liée au soulagement qu'il a ressenti à l'issue des examens, où les pires hypothèses ont été écartées. Mais une fois encore, c'est une petite piqûre de rappel.
En quittant mon ami, entouré de ces âmes grises, j'ai songé à cette course contre la montre que j'avais enclenchée. A la futilité de charger mes journées, moi qui crains le vide. Pour l'instant, je ne peux rien y changer: j'ai une mission à terminer et, samedi, une "escapade" dont je vous reparlerai. D'autres projets, imprévus, viennent de survenir. Et j'ai d'autant plus de mal à dire non lorsque les perspectives sont enthousiasmantes.
Pendant ce temps, mon corps se rappelle à mon bon souvenir, à coups de petits troubles lorsque je me lève. De courbatures nouvelles dans les mollets, alors que je n'ai pas eu le loisir de bouger mon gras depuis deux semaines. A la limite du surmenage, lassée de finir mes nuits sur l'ordinateur les paupières tombantes, je songe à un mini-break.
J'ai envie de pouvoir m'asseoir sur mon canapé autrement que pour bosser. Regarder un film à la télé. Sortir prendre l'air. Nager. Dans la piscine, dans la mer. Prendre le temps de discuter dans le jardin de mes parents et jouer au ballon avec loulou.
Vivre, en somme. Sans me préoccuper des échéances angoissantes qui m'attendent. De ce flou qui continue de mener mon quotidien.
Faire un break, donc.
Je sais, c'est sinon, surréaliste, au moins peu raisonnable alors que la situation m'impose de ne rien lâcher. Mais les yeux fatigués de mon ami me laissent penser qu'à l'impossible, nul n'est tenu.
Que la course contre le temps est perdue d'avance et qu'il vaut mieux, alors, s'en faire un allié.
jeudi 22 juillet 2010
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Ton est article est émouvant. Fais-le ton break et tu repartiras gonflée à bloc. Si tu attends que ton corps mette le hola, la récup sera bien plus longue. Courage et si tu t'approches d'une plage, fais un plouf pour moi! :)
RépondreSupprimerça fera deux ploufs, deux ! avec mes remerciements. Oui, quand un ami dans nos âges se paie une cure d'hosto, ça calme, hein ? On mesure alors la fragilité de nos vies, et la vacuité de nos existences laborieuses de fourmi : bin oui, le pire peut se pointer, n'importe quand, et qu'aurons-nous vécu qui en vaille la peine ? Combien de place laissons nous à nos soucis face à ce que nous devrions pouvoir vivre ? C'est bien la preuve que c'est l'absurde qui mène nos vies - bien déguisé, je le concède.
RépondreSupprimerTu sais quoi ? Fais-le, ton break. Va regarder le sourire des gens que tu aimes, avant qu'il ne soit trop tard.
Et exige d'être mieux payée, vu le temps de ta vie que ça te vole !
Bises
Depuis combien de temps te dis-je, dans mes commentaires, de te ménager un peu ? Les ennuis d'argent ne sont pas mortels alors que les ennuis de santé, eux, peuvent l'être. Alors peut être que d'avoir vu ton ami alité te poussera à changer un peu ta philosophie de vie ?
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec Anne, exige d'être mieux payée !
Bises, la Mouette
L'oiseau
Les ploufs sont bien enregistrés, je n'y manquerai pas !
RépondreSupprimerPour le reste, oui, notre vie est absurde et chaque événement de ce genre nous le rappelle, au cas où...
Pour l'idée d'une augmentation, je crois sincèrement que vous ne saisissez pas l'état des relations actuelles dans la vie active. Les employeurs profitent de la crise actuelle et ne s'embarrassent pas de faveur, surtout sur ce genre de job en free-lance, ou presque. Si je ne suis pas contente, j'arrête et puis c'est tout, en gros!
L'oiseau, je suis consciente de tout ça mais en même temps, je suis la seule à pouvoir sauver ma propre peau, dans quelques mois, je n'aurai plus d'indemnités de chômage et je n'ai pas envie de me retrouver au dos du mur, vraiment. Alors, oui, ça passe par un boulot de dingue mais je le répète: Je n'ai pas le CHOIX. Je n'ai pas attendu de voir le spectacle de mon ami alité pour fixer mes priorités, mais il y a un temps pour tout et je traverse une période de galère. Patience.