Drôle de rêve cette nuit. J'étais en chaise roulante et cela n'avait pas l'air de me tourmenter plus que ça, comme si j'avais intégré cela dans ma vie. Depuis l'accident d'un proche la semaine passée, mon inconscient me joue des tours, lui qui m'envoie parfois de troublants messages nocturnes. Je me suis levée, n'y ai plus repensé. Jusqu'à midi.
Là, coup de téléphone. Le papa de mon fils. Il me parle, je crois à une blague au début. Il me dit qu'il ne prendra pas mon loulou ce soir, car il va à l'hôpital. Il balance l'info, comme ça, d'un ton presque léger. Quelque chose cloche. Il me confirme: "je n'arrive plus à parler".
OK, je vous vois venir, il dit ne plus pouvoir parler et il parle quand même? En fait, il n'arrive plus à s'exprimer, il ne trouve plus ses mots et ceux qu'il m'adresse semblent comme des résidus, quelques miettes de sa mémoire. Il raccroche, trop vite. Je sens une boule au ventre. Je pense à Tonton Enzo. A mon rêve. Je flippe. Il est en train de faire un AVC.
Je rappelle à son travail, où il était. On m'annonce qu'il est parti, qu'ils ne savent pas où car il n'a rien dit. Ils ont bien constaté qu'il n'était "pas dans son assiette ce matin", mais c'est tout. Il est donc bien en route, là, en voiture. Je regarde mon fils, qui ne se doute de rien, forcément. Cacher sa peur, ne pas penser au pire.
Il me rappelle de chez lui, finalement. Il essaie de m'expliquer des choses, il ne finit aucune phrase. C'est horrible, je sens qu'il fait des efforts surhumains pour avoir l'air "normal". Il a peur d'aller aux urgences, "parce qu'on va me prendre pour un fou", craint-il. Je vais le chercher, il s'attarde sur des détails mais ne peut décrire l'essentiel. Ce grand bonhomme n'est plus qu'un enfant impuissant, qui cherche vainement les mots, qui ne peut plus écrire - il a tout de même pris son stylo, mais la faute qu'il a faite en notant son propre nom de famille en dit long sur son état.
Ce soir, il est à l'hôpital où il va rester quelques jours. Il a déjà subi toute une batterie d'examens et le verdict est tombé. C'est bien un AVC. Il n'est pas question de chaise roulante, dans son cas. Mais la peur que j'ai lue dans son regard me rappelle plus que tout à quel point nous sommes vulnérables.
vendredi 7 août 2009
Carpe Diem, piqûre de rappel
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Avant tout, je suis désolé pour lui - j'ai eu la chance d'être diagnostiqué à temps et de pouvoir être traité préventivement alors je sais quelle merde ça peut être, crois-moi. Comme tu as raison, comme nous sommes fragiles. Si je peux t'être utile en quoi que ce soit...
RépondreSupprimerBises
L'oiseau
Zut ! La vie n'est vraiment pas toujours sympa ! il est encore assez jeune je pense, en plus, non ? Bon rétablissement à lui, et bon courage à toi, surtout, je penserais à vous, si une pensée peut avoir autant de forces qu'on le dit.....
RépondreSupprimerMon Monsieur l'Homme bosse en milieu médical, si tu as besoin de renseignements ou des questions à éclaircir....tu sais, selon son âge et son mode de vie, il peut se remettre sans séquelles, il faut savoir que c'est un peu long, c'est tout - mais toute séquelle n'ayant pas disparu en un mois je crois ?) risque d'être, hélas, définitive.....
Ne baisses pas les bras surtout, et si vous avez la chance d'être restés amis, aides-le au mieux en protégeant ton loulou....
Si je puis quelque chose pour toi ?
La Mouette, je suis effarée ! il a conduit dans l'état où il était, quel inconscience ! il fallait se faire véhiculer direct aux urgences et te prévenir de là ! Il aurait pu se produire des choses terribles !
RépondreSupprimerMerci à tous les 2 pour votre inaltérable soutien. Oui, il est jeune, il n'a que 38 ans. En prenant son véhicule, il savait (hélas!) très bien ce qu'il faisait, d'autant qu'il se souvenait parfaitement de ses cours de secourisme. Mais il s'est bien gardé d'alerter qui que ce soit que ça allait aussi mal (il n'arrivait pas de toute façon à leur dire, ni à leur écrire). Oui, il y aurait pu y avoir de la casse, et pas que pour lui...
RépondreSupprimerpiqûre de rappel ,as-tu dit ...oui oui ,petite chose fragile ...une bonne raison pour en profiter avec délectation ...en lâchant prise pour des détails qui ne valent pas tripette ; alors profite de tes vacances présentes et à venir . un gros poutou
RépondreSupprimerC'est effrayant. J'ai vécu ça avec ma mère... un beau matin de juillet 2002, elle m'a appelée pour me demander pourquoi je n'ouvrais pas ma porte... (elle était devant, mais moi j'étais en vacances chez mes beaux-parents. Elle le savait pourtant)... tout ce qu'elle devait savoir avait disparu de sa mémoire. Jusqu'au chemin pour rentrer chez elle...
RépondreSupprimerC'était aussi un AVC...
Je n'entends que ce genre d'avatar partout autour de moi. Est-ce mieux diagnostiqué ou y en a-t-il plus qu'autrefois???
En tout cas, ça fait peur...
Je t'embrasse...
Véro, je pense qu'effectivement, nous sommes davantage sensibilisés à ce terrible mal, qui touche quand même entre 130000 et 150000 personnes en France chaque année, si j'en crois les différents site consacrés à la maladie... Il y a quelques moyens de la prévenir, et certaines personnes sont plus disposées que d'autres à en être victimes, mais nul n'est à l'abri.
RépondreSupprimerSur cette note optimiste, je t'embrasse!