samedi 3 juillet 2010

Mon fils est un ver de terre

Je me suis levée ce vendredi matin avec l'idée d'aller me recoucher dès que possible, mais en fait, on fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie.

Un parent d'élève à qui j'ai évoqué cette idée folle de rejoindre mon lit m'a aussitôt proposé un pique-nique chez lui, dimanche, en me précisant d'amener mon maillot de bain.

J'ai trouvé ça louche. Mais à vrai dire, je n'avais pas le temps de réfléchir. Je n'ai pas sauté sur le monsieur, non, je sais me contenir (d'autant que j'apprécie sa femme), j'avais d'autres choses à penser. Et à faire, surtout. Rédaction la journée, service le soir, la classique, en somme. Ou comment passer sa journée les doigts sur le clavier et la finir à passer la serpillière, après avoir rempli des verres à la chaîne.

C'est original.

Donc, après une triple journée (oui, les quelques heures à jouer les mômans parfaites - ah ah - ça compte), les knaki balls gonflés et les yeux explosés, je jubile rien qu'à l'idée de m'enrouler dans ma couette (oui, j'aime tellement ma couette que je ne l'abandonne jamais, même en plein cagnard. Plutôt suer sang et eaux que dormir sans. C'est n'importe quoi, je sais).

J'avais terminé ma première mission en début d'après-midi. Quel pied. Pour me récompenser, je suis allée à la sortie de l'école (youpi) où, en ce dernier jour de classe, toutes les mamans attentives avaient pensé à offrir un petit cadeau à l'instit. La maman indigne que je suis est évidemment arrivée les mains vides. La classe. Pas rancunière, la maîtresse m'a assuré que je ne devais pas culpabiliser. A propos de quoi? "Bah, à propos de votre fils!"

Pourquoi, il a un pied-bot que je n'avais jamais décelé? Un QI d'huître? Une incapacité à suivre une scolarité classique? Un troisième téton?

En fait, j'ai eu le tort de ne pas aller lécher les bottes de la dame, dans l'année, je crois, et du coup, elle en a déduit que je ne m'occupais guère de mon loulou. A l'écouter, j'ai compris l'idée qu'elle avait pu se faire de ce petit bonhomme, qui se trouve être mon fils. Et de sa mère, cette écervelée irresponsable, qui laisse son gamin livré à lui-même. Un peu comme ces petits voisins qui rentrent seuls de l'école, du haut de leur 6-8 ans, et que je croise dans l'immeuble. Ça me fait mal au coeur de les voir ainsi, eux qui doivent grandir trop vite, parfois tenus responsables de leurs petits frères et soeurs de 4 ou 5 ans.

Ainsi donc, elle me mettait dans le même panier?

J'en ai été un rien vexée, je dois l'avouer. C'est marrant, j'avais l'impression que je me démultipliais, y compris pour le bien-être de loulou. Eh bien non. J'ai même cru que je devenais parano. Non plus. Elle, tout ce qu'elle a vu, c'est que loulou manquait de sommeil (suis-je responsable si le marchand de sable est rarement ponctuel, en ce moment?) et qu'il ressemble à un asticot. Toujours à bouger, se balancer, tanguer, virevolter...

Mon fils est un ver de terre, je le sais. Cela fait-il de lui un enfant compliqué? Ingérable?

Je crois qu'elle a remarqué mon air blessé et elle a bien ramé ensuite. "Non, mais vous savez, c'est un enfant intelligent, c'est pas parce qu'il est agité que..." Que quoi? Qu'il sera au chômage plus tard? Qu'il sera inadapté? Qu'il sera aussi précaire que sa mère, aussi incapable, aussi... ?? Elle aurait voulu me mettre le moral à zéro qu'elle ne s'y serait pas prise autrement. Mais finalement, j'ai compris qu'elle avait elle-même de lourdes choses à gérer, et que, de toute façon, son jugement ne devait pas m'affecter. Il s'agit de son avis, point.

"Ne vous inquiétez pas" a-t-elle poursuivi, "il est équilibré, votre fils." Un asticot équilibré, c'est vrai, pourquoi culpabiliser, hein?

En partant, elle m'a souhaité "Bonne Continuation." Avant de préciser, avec un petit air de connivence un rien indécent : "Et pas bonnes vacances, parce que j'imagine que vous n'allez pas en prendre." Oh, madame, vous savez, les pauvres, ils sont bien soutenus, peut-être même que mon loustic si agité pourrait aller faire du ramdam avec tous les autres cas sociaux que le Secours populaire ou autre asso accueille en son sein.

J'ai essayé d'évacuer ce drôle d'échange. J'ai repris mon rôle de maman, comme je l'ai pu - ce qui est visiblement insuffisant, donc. Et comme je suis pauvre et que je n'amène pas mon fils en vacances, je suis allée endosser une autre casquette, quelques heures plus tard, celle de serveuse.

D'ailleurs, demain, je vous parlerai du rapport entre mon travail de psychopathe et un buffet de communistes.

3 commentaires:

  1. Ha ha ha ha ha ! Euh, hum hum, peut être ne devrais-je pas rire... Mais je suis sûr que tu t'en sors très bien avec ton Loulou, tu n'es pas une mauvaise mère ni une marâtre. Laisse la dire, cette instit de mes deux. Et courage, la Mouette.
    Bises.
    L'oiseau

    RépondreSupprimer
  2. Pas bonnes vacances??? Non mais!! Elle n'est pas au courant, la petite dame que, comme tout le monde, tu as le droit à tes 5 semaines de congés par ans??? Et c'est pas parce que tu ne pars pas loin qu'elle ne peuvent pas être bonnes, tes vacances!!! Pour moi, la définition de vacances, c'est "casser la routine pendant quelques temps" et pas "jouer au homard sur une plage surpeuplée du sud de la france!" Et puis, elle est mimi, la p'tite dame, mais tout le monde n'a pas 2 mois de congés l'été!!
    Et pour avoir eu la chance de rencontrer ton p'tit loup, je ne ferais qu'une remarque : je veux le même!!! Et puis, c'est pas normal d'être fatigué en fin d'année scolaire? Il a deux mois pour s'en remettre!!

    Bisous, la mouette!
    Anne-Lise

    RépondreSupprimer
  3. Non mais elle est complètement lourdée la malheureuse ! C'est pas Oliver Twist quand même ton Loulou ! du grand nawak ! allez, fais pas gaffe, show must go on, passe à la suite et oublie !

    RépondreSupprimer