vendredi 26 novembre 2010

Je plaide coupable - le mal de mère

C'est bête, hein... L'autre soir, j'ai regardé un docu très bien fait sur "les mères indignes" et je riais, mi-outrée, mi-soulagée. Les pulsions que j'ai pu parfois pu ressentir avec la chair de ma chair, je ne suis (hélas?) pas la seule à les avoir eues, regrettées et, globalement - heureusement - contrôlées.

Les paroles de ces femmes parfois dépassées, parfois hilares, étaient tout bonnement incroyables, parfois choquantes, bien sûr, souvent tellement réalistes. Elles n'avaient pas peur de passer pour ces monstres d'égoïsme que la société voudrait imposer comme modèle à bannir. Alors qu'elles sont juste des mamans normales, partagées entre l'amour absolu pour leur enfant, leurs enfants, et leur désir de vivre leur vie, sans ces chaînes au pied.

J'ai éteint en pensant que je n'étais ni meilleure, ni pire que les autres.

Hier, j'ai accompagné Loulou à une sortie scolaire - les Machines de l'Ile de Nantes, quelle merveilleuse idée! Enfin des grands à l'imagination fertile, qui n'ont rien perdu de leur âme d'enfant!- et malgré la migraine logique après un tel cyclone (Loulou qui est une vraie pile m'a semblé finalement plutôt calme parmi cette horde d'agités, vous imaginez le niveau d'hyperactivité de ces mômes!), j'ai pris le temps de discuter hier soir avec mon rejeton, en me disant que j'adorais ces moments de complicité-là, cette sérénité qui se dégageait, son adaptation à sa nouvelle vie.

Blablabla...

Sauf que là, j'ai le moral en vrac. J'ai mis une soufflante - une engueulade, je veux dire - à Loulou ce matin et, à vrai dire, il ne l'avait pas volée. Il n'y a pas eu de claque mais, quand même, un coup de pied aux fesses, un vrai, un qui m'a fait mal moi-même et qui m'a surprise par sa violence. Évidemment, Loulou était en larmes et m'a à peine concédé un bisou d'au revoir, quelques minutes plus tard, quand il a fallu se quitter devant le portail de l'école et pour le week-end.

Vous imaginez la culpabilité que j'ai pu ressentir.

Je devrais oublier. Me sortir ça de la tête. Parfois, je lui dis, à Loulou, comment je fais pour évacuer les idées noires. Je les colle dans un ballon gonflable, je fais un noeud, je l'envoie vers le ciel et je le regarde filer, loin là-haut. C'est idiot, mais ça marche.

Sauf que là, je n'y parviens pas.

Et du coup, tout rejaillit, les incertitudes, les angoisses, l'avenir...

Je crois bien que je déteste le froid, qui me congèle tout mon enthousiasme pour ne laisser en moi qu'un vide abyssal et l'envie d'aller hiberner ces six prochains mois.

6 commentaires:

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  2. Oué. Pour sûr, on n'aime pas quand ça arrive. Sauf que tout le monde a pété les câbles au moins une fois. C'est quand même pas un gosse martyr le Loulou. Et là, il vient de "visualiser" (et comment !) qu'on ne dépasse pas de limite impunément, et qu'on n'agace pas non plus les gens impunément.
    Certes, ça vous a sans doute aussi surpris l'un que l'autre. Maintenant, tu comprends pourquoi certains gamins sont élevés "aux claques", quand les parents ont des vies de merde, pas de temps, pas d'écoute et trop de soucis à résoudre.....
    Il va pas cesser de t'aimer, dis-toi ça. Et tu ne vas pas te transformer en marâtre non plus. Il grandit, aussi. Et une maman, même si c'est là pour les câlins, la complicité et tout ça, bin une maman, c'est pas la copine de son fils, c'est un parent - une personne qui a charge d'éducation. Certes, la méthode est rude. Je ne connais AUCUN parent qui n'ait jamais parfois débordé un peu, à sa plus vive surprise du reste.
    Relax, absolvo te. Il apprendra au moins qu'on pousse pas les gens à bout. Même ceux qui nous aiment inconditionnellement. Vous passerez ça, mais c'est toi qui doit être sûre d'avoir bien fait, sinon tu te décrédibilise. Que tu te dises "oups ! heu....un peu gros, là", OK. Que tu te ronges de remords, non. Non, parce que ça te donnerait tort à ses yeux ( il sentirait que tu te sens en tort, mais ne relierait pas au geste mais à la CAUSE !) et ça ouvrirait la porte au chantage affectif. Tu sauras bien te reprendre et mieux te maîtriser une autre fois. L'idée, c'est que même excessif, du moment que c'était mérité, et bien c'est comme ça, point.
    Allez, courage. bisous.

    (punaise, les fôtes que j'avais laissées ! - j'y vois plus bien...)

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  3. Anne a tout dit ! Tu n'es pas une marâtre, la Mouette, tu es juste humaine. Et parfois, les humains pètent un câble. Il s'en remettra, ton Loulou, ce soir, il aura oublié et toi aussi.
    Bises.
    Thierry

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  4. Tout est dit!
    Je suis sûre que 10 min après ton départ, il avait tout oublié, le Loulou!
    Et puis, on est tous passés par là : même si ça fait mal, ça fait du bien d'être recadré. Les limites sont indispensables dans l'éducation. Si tu l'avais laissé les dépasser sans rien dire, là, tu aurais été fautive!
    Alors, déculpabilise! Tu as juste fait ton boulot de mère.
    Des bises,
    Anne-lise

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  5. Coupable de quoi ? D'avoir remis les pendules à l'heure ?
    Il y a quelques années, ma nièce, qui avait 7 ans à l'époque, traversait une période où elle était infecte avec tout le monde. Le genre, je fais la gueule pour rien, je gâche la vie de mes frères et sœurs qui prennent les engueulades à ma place, bref une horreur à vivre. Nous venions de passer une superbe journée et je ne sais quelle mouche l'a piquée, elle est devenue mauvaise au point de fiche les boules à tout le monde. Je suis allée la chercher dans sa chambre pour savoir ce qu'il se passait et lui parler et je n'ai eu qu'un regard de veau en guise de réponse. Alors j'ai craqué et lui ai dit très calmement de nous rejoindre et que si elle ne le faisait pas je lui pétais la gueule. C'est sorti comme ça....
    Elle a été surprise sur le coup, nous a rejoint et a été adorable par la suite et ne m'en a jamais voulu. Elle avait besoin d'entendre quelque chose dans le genre pour faire électrochoc.
    Le "je te pète...." est bien sûr resté boutade dans la famille et la petite, devenue grande, va très bien.
    Le coup de pied aux fesses était mérité et n'a pas à bouleverser la super maman que tu es. Le message est passé de cette façon aujourd'hui, il en sera autrement une autre fois car il recommencera sûrement ;))) Place aux câlins maintenant.
    Bisous

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  6. Merci à toutes et à tous pour vos messages réconfortants... et plein d'enseignements. Bien sûr, avec le recul, je me dis que j'ai bien fait de remettre les points sur les i (même si le message aurait pu passer aussi bien - qui a dit mieux? - sans coup de pied au cul). Mais je crois qu'on doit vivre avec cette culpabilité permanente dès lors que notre enfant naît (et même pendant la grossesse, d'ailleurs, oh mon dieu, je n'aurais pas dû boire ce verre de vin, ce genre de trucs;)).

    Ne voyant pas Loulou ce week-end, le poids de cette soufflante et de notre au revoir terriblement distant en était d'autant plus insoutenable ce matin. Un petit passage par l'école ce soir, vite fait, m'a permis de faire la paix avec moi-même. Et de réaliser qu'effectivement, loulou avait laissé son chagrin sous le préau... A chaque jour sa peine, pas vrai;)

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