dimanche 27 mars 2011

50% girly, 50% Robocop

Vous pourriez la croiser dans le métro et la trouver jolie. Longs cheveux blonds et visage de poupée, la demoiselle dispose de quelques sérieux atouts.

Ensuite, vous l'entendriez parler. Et là, vous pourriez imaginer qu'elle est votre copine, plutôt du style déluré, celle qui fait rire la galerie et qui est limite à réclamer les bières en se collant dans le canapé parce que c'est l'heure du foot. Un peu garçon manqué, finalement, derrière le lissage et la robe cupcakes. Elle fait de grands gestes et bouge dans tous les sens, dans une sorte de tourbillon où les personnages vont et viennent, justes et crédibles. Grosse boule d'énergie dénuée de tout complexe, qui se prend pour le sosie de Natacha Kampusch et qui lâche deux, trois bombes, comme ça, l'air de rien, sur la société.

Elle jongle avec les clichés et pourtant, la magie opère. Bérengère Krief est une jeune comédienne qui, avec son one woman show, "Ma mère, mon chat et Docteur House", balance des pavés dans la mare et revisite les relations homme/femme dans ce mélange mi-girly/mi-robocop qu'elle semble avoir inventé. Une sorte de Florence Foresti (Lyonnaise comme elle, elle en a les intonations) encore teenager, qui parle de "demi-molle" lorsque la salle n'applaudit qu'à moitié, qui fait se confronter le surmoi masculin (personnalisé par Jean d'Ormesson, qu'elle imite très bien) au ça, sous la forme d'un Joey Starr très classieux... Elle prouve surtout qu'on peut renouveler un genre pourtant très prisé et y apporter une saveur particulière. Elle joue très bien avec tous les codes de la communication, aussi, prenant son public en photo, instaurant une interactivité futée et relayant le tout avec candeur sur facebook. Oui, elle a tout compris.

J'ai eu le bonheur de la voir, lors de la dernière soirée de sa tournée nantaise et je vous encourage vivement à aller l'applaudir si par chance, elle vient près de chez vous. Au delà de ses textes désormais bien rodés, elle m'a bluffée par son aisance sur scène, parce que, dans ce genre si particulier du one man show, la moindre errance se cristallise, le moindre flottement est cher payé et sans une sérieuse dose d'inconscience, il est certainement très compliqué d'oser afficher ainsi ses velléités artistiques.

C'est une bonne leçon: Bérengère Krief, qui n'hésite pas à démarrer son pestacle en sous-vêtements (!) ne semble pas craindre le ridicule. Et cette audace est payante. Non seulement elle n'est pas grotesque, mais elle donne envie de foncer, d'aller au bout de ses convictions. Et sous ses airs de petite nana presque futile, elle donne même à réfléchir sur ses fameuses relations entre les deux sexes.

Attablés autour d'un verre de vin, on a refait le monde, ensuite, revisitant les poncifs avec un étonnement nouveau, d'autres questionnements, comme si, finalement, elle avait levé le voile sur quelques interdits qui nous titillaient.

Elle parle de la société, tout simplement, et ce regard-là, drôle et rafraîchissant, est précieux. Comme quoi, oui, on peut encore rire, et en ces temps incertains, c'est bon de s'en souvenir.


5 commentaires:

  1. Et puis surtout, c'est une voie comme une autre pour entamer de saines réflexions, la preuve : ton billet ! Joli compte-rendu, bravo !

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  2. Super, on dirait qu'elle t'a insufflé un surplus de vie !
    Bises, la Mouette.
    Thierry

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  3. C'est tout à fait ça, cette fille a une pêche communicative et ça fait du bien!
    Anne, ça change des compte-rendus institutionnels, pour sûr;)

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  4. Attention attention, c'est BérEngère!!!! Avec 2 "e", elle risquerait de t'en tenir rigueur!

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  5. Oups, bien vu, c'est corrigé, merci!!

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