lundi 21 mars 2011

Je suis normale

Hein? L'a pété un câble, la mouette, ou quoi? Normale? La nympho-chasseuse, là, qui passe de l'air (du supermarché) à l'eau (de la piscine) à la terre ferme pour oublier les vicissitudes de l'existence? Qui multiplie les jeux débiles pour pimenter son quotidien ? Qui écoute un Poney et un médecin dépressif?

Eh bien oui, la mouette nouvelle est arrivée, en même temps que le printemps. Avec l'envie d'une vie "normale".

C'est quoi, une vie normale, me direz-vous? Eh bien, un peu moins décalée que d'habitude, dans mon cas. Avec une sorte de rythme où tu travailles dans la semaine et où tu te détends le week-end. Oui, la routine, en gros. Que nombre d'entre vous cherchent à fuir, j'imagine. Mais qui semble m'apaiser, finalement.

En fait, depuis mon arrivée à Nantes, voilà maintenant... hey, presque cinq mois, j'avais un peu posé mes bagages avant de repartir comme en quarante, sans chercher vraiment de repères, juste contente de revenir aux sources. J'étais repartie pour les longues journées d'ermite, uniquement ponctuées par un aller-retour à l'école vite fait, des week-ends où j'aurais pu être mangée par les chiens en pilou (le pyjama, pas les chiens), tellement j'étais recroquevillée sur mon canapé à bosser. Je menais cette sorte de vie adaptable partout, en gros, au Mans à Nantes ou à Tombouctou (quoique).

Et voilà que l'appel d'air m'a conduite vers un nouveau chemin, avec cette envie de respirer un peu. En courant, en nageant, donc, ça je vous l'avais raconté, en allant retrouver les embruns marins, mais tout récemment, en décidant de faire des pauses le week-end, d'accepter de passer du temps comme tout le monde à... flâner.

Flâner. Rien que de l'écrire, ça me fait bizarre. Ce doit être cette sorte de culpabilité qui remonte, celle de l'ex-chômeuse, consciente qu'au lieu de sortir, elle ferait mieux d'envoyer quarante CV par semaine à des "vraies" boîtes.

Alors, donc, j'ai flâné ce week-end. J'ai un peu couru aussi (une course très sympa pour la lutte contre le cancer du sein). D'ailleurs, j'ai moins fait la maligne, rapidement, réalisant que j'étais partie comme une grande malade, boostée par l'énergie de tous les concurrents. J'ai été, comment dire, rattrapée par la réalité de mon organisme et de mes jambes de bois... J'étais très classe à la fin, avec ma bave aux lèvres.

Un détail.

Qui n'a en rien assombri le tableau. En fait, je me suis laissée vivre. J'ai consolé mon Loulou qui était tombé lors de la course des enfants, qui m'a tenu responsable de sa grâââââve blessure (deux, trois égratignures au coude). J'ai oublié que j'étais toujours en tenue de yogging, marinant dans ma sueur maintenant refroidie. Oui, j'ai respiré (en me bouchant un peu le nez quand même, au bout d'un moment, ça devient dangereusement énivrant).

On s'est promené au milieu d'un jardin nantais que j'ai redécouvert, on a cherché un peu le soleil et puis on s'est assis sur des rondins de bois. On a mangé du moelleux au chocolat dans les cris et le tumulte des enfants. J'ai regardé Loulou se coller les pieds dans l'eau, tenter de pêcher des poissons avec du bambou et faire l'imbécile avec son chocolat plein la bouche. L'affreux, on aurait dit un vagabond. Avec sa mère de yoggeuse, je vous explique pas le tableau.

Et pourtant, cette sensation inexpliquée.

Le bonheur. Peut-être simple, peut-être banal. Mais le bonheur.

Et même lorsque, le soir venu, Loulou m'a traitée de "plus mauvaise mère du monde"* (ça devait finir par arriver, depuis le temps), je suis restée placide. Limite, ça m'a fait sourire.

Et si la normalité rend zen, alors, moi je signe tout de suite.

*Rassurez-vous, Loulou n'a pas demandé, depuis, à échanger sa mère contre une plus sympa, sa colère s'est calmée et une heure (et un gratin de pâtes) après, il m'a assurée qu'il m'aimait "comme d'habitude" et que finalement, j'étais "pas si mal, comme mère." Donc, vous êtes gentils, personne n'appelle la SPC (Société protectrice des Caliméros). Pas la peine de déranger ma sérénité toute neuve.

3 commentaires:

  1. Ah ben c'est bien, tout ça ! Fait plaisir de te voir ainsi. Si si, c'est vrai. Bon, perso, je trouve ça moins drôle que de te voir te cogner la tête dans les murs mais c'est parce que je suis un peu méchant, sur les bords... Non, je déconne, je suis très content pour toi.
    Bises, la Mouette.
    Thierry

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  2. Oui, je sais que c'est moins drôle, moi aussi j'ai un penchant pour l'anormalité... On dira que ça me fait un peu de répit!;)

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  3. héhéhé.....comme quoi on se lasse de tout, hein ?
    Je ferais bien de m'en donner aussi, tiens, des jours "à flâner". ça fait quel effet, finalement ?
    Le bonheur....ouais. J'en reprendrai bien une tranche aussi, moi. A défaut de Loulou, Monsieur l'Homme devrait faire l'affaire.

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