jeudi 30 avril 2009

On/Off

Frais de port offerts, 30% sur la nouvelle collection, un cadeau offert pour toute commande de 10.000 milliards de dollars, soldes exclusives pour vous, special member, American Retro à -80%, une robe Maje ou Sandro à moins de 200 euros grâce à notre vente flash... J'oublie les promos spéciales de Meetic, la meilleure façon d'élargir mon pénis et de commander du viagra et l'élan de compassion de Janet qui sait à quel point c'est dur d'être grosse... Mais les vrais courriers, celui qui va m'annoncer que mon projet, il est fabuleusement génial, l'autre qui me confirme qu'en fait, j'ai-fait-une-erreur-de-calcul-et-j'accepte-finalement-ton-offre, celui-là encore qui m'annonce qu'il a réservé l'emplacement dont je lui ai parlé... Ben non, ceux-là, ils doivent être bloqués et partir direct dans les indésirables...

Faut pas rêver, rien ne tombe tout cru. Je suis un peu tordue, parfois, mais je sais qu'il faut avant tout compter sur sa propre volonté pour avancer. Mais les freins que m'imposent certains discours me fatiguent. Les avis sceptiques de ceux à qui on ne la fait pas m'usent.

La première fois que je suis allée exposer mon projet à un "expert", celui-là m'a fixé de toute sa hauteur:

- Et ça marche, les salons de thé, au Mans?
- Moi (Intérieurement): Pas du tout, c'est pour ça que je veux me lancer, j'ai envie de me casser la gueule direct, sans essayer de viser un marché porteur. Fucking asshole.
- Moi (en vrai): Oui, à tel point qu'il s'en est ouvert trois rien qu'en 2008 et qu'un projet est en cours (grand sourire d'hypocrite)

Un oeil sur mon topo, intitulé "les goûters gourmands" (ce ne sera pas le nom du resto, hein). Il me toise :

- Ouais, en gros, c'est un salon de thé ouvert le mercredi pour les mômes, quoi.
- Moi (Fulminant inside) : Oui, pour les beaufs de ton genre, à la vision bien étriquée. T'aimes pas les chiards ? Et on ne dit pas "quoi" à la fin d'une phrase.
- Moi (dégonflée): C'est un peu plus complexe et développé que cela. Il y aura à la fois une activité permanente de salon de thé, avec des créneaux consacrés aux enfants, pour y développer des ateliers. Une façon de se diversifier, en somme (Sourire large de lâche).

Retour sur le document. Ah, il tombe en arrêt, d'un coup, sur une ligne. Son oeil si suspicieux s'éclaircit. Non, j'y vois même... une flamme! Il vient de tomber en amour devant l'intitulé d'une recette:

- "Un croque perdu? C'est quoi, un, un (oui, il bégaie sous l'émotion) croque-perdu ?"
- Moi (jubilant, toujours inside) : Oh l'idiot, tout ce qui l'intéresse, c'est sa panse.
- Moi (jubilant, en vrai): Oh, c'est un croque-monsieur, mais façon pain perdu. C'est une tuerie (en toute modestie, évidemment).

Et me voilà en train de lui raconter comment je réalise une bombe calorique en deux temps trois mouvements, sous ses yeux ébahis. Y'a un truc qui se passe, soudainement. Il est séduit! Pas par mon projet, mais par... mon croque-monsieur à mille milliards de calories. Le verdict tombe:

- On va vous suivre.
- Moi (totalement hystérique inside) : J'y crois pas. C'est à ça que ça tient?
- Moi (totalement posée) : Parfait. Je vous communiquerai l'avancée de mes travaux au plus vite.

Et voilà comment je suis sortie de ce bureau, un soir de janvier. Il faisait -4° dehors, mais moi, je bouillais à l'intérieur. D'excitation, d'envie, d'un peu de surprise aussi. C'était la première fois qu'un responsable "officiel" disait vouloir me suivre. Cela dit, s'il me lit un jour, je suis grillée.

lundi 27 avril 2009

Idéaliste ? A peine.

Maslow, ODIL, McGregor... Non, ce ne sont pas mes nouveaux amis mais, je le sais déjà, je vais en rêver cette nuit. C'était aujourd'hui notre deuxième réunion hebdomadaire à l'AFPA et je suis tout aussi enthousiaste que la semaine passée. De quoi regonfler le moral!

Cette "confrontation" entre des projets plus ou moins aboutis me plaît pour les échanges qu'elle suscite entre nous, apprentis créateurs, et d'autant plus que j'y décèle une vérité commune. Pas d'esbroufe, mes petits camarades sont comme moi, à croire dur comme fer à leur projet, mais sans jamais oublier d'où nous venons.

Ce n'est pas par hasard que j'évoque ce terme de confrontation. Car, clairement, mes idées du commerce ne sont pas partagées par tous. Est-ce que je cours à ma perte?

Je l'ignore, mais je reste persuadée que l'on peut développer son affaire à son échelle, sans chercher à racoler les clients les plus huppés, ceux qui sont au sommet de cette "pyramide de Maslow". On les identifie comme ceux qui ont des "besoins de réalisation" (c'était la minute-je-sors-ma-science. C'est aussi à cela que sert une formation, pas vrai?) J'avoue que ça me choque, naïvement, que l'on puisse considérer que les signes ostentatoires de richesse sont forcément autant de marques de réussite et de bonheur. Et que l'on puisse penser combler cette clientèle, prête à payer davantage pour s'assurer qu'elle fait bien partie de la France d'en haut, au détriment d'une population moins nantie.

Je conçois parfaitement qu'il faille s'adapter aux exigences de sa clientèle, mais l'évocation d'une déférence particulière à l'égard d'une classe plus aisée me pose problème. Pourquoi devrais-je me comporter autrement ? Je n'ai pas envie de ravaler tous mes idéaux ni de faire des courbettes pour avoir "l'honneur" de recevoir les fameux CSP++. Pas question de fermer mes portes à qui que ce soit - ce serait du suicide et j'ai conscience des couleuvres qu'il faut parfois avaler dans le commerce - mais de là à privilégier une certaine clientèle au prétexte qu'elle a un pouvoir d'achat supérieur... Oui, je sais, c'est l'éternel paradoxe qui m'agite. Je veux gagner ma vie mais sans perdre de vue la notion d'une aventure humaine, pas toujours compatible avec le business.

C'est ce qu'estime notamment M.C. - dont j'apprécie par ailleurs la franchise et la vivacité d'esprit - laquelle m'a fait remarquer qu'il était dommage de devoir trimer pour vingt-cinq clients lorsque l'on pouvait obtenir le même chiffre avec un seul client plus fortuné. Ben oui, mais, que voulez-vous, moi, j'aime la diversité. Et, qu'on se le dise, je n'ai pas envie de créer un lieu pour les plus nantis, mais pour tous ceux qui cherchent un endroit cosy. Qu'ils soient dans une recherche de besoins "primaires" ou de "réalisation". Riches ou pauvres. J'ai encore le droit de rêver, non?

samedi 25 avril 2009

C'est plus fort que moi

Après deux journées pour le moins studieuses, néanmoins ponctuées par une très agréable -et hautement improvisée - soirée détente, je me suis réveillée ce samedi matin avec la ferme intention de simplement profiter d'un temps-mort. Pas de loulou en vue ce week-end, parti chez son papa. Pas de devoirs, puisque j'avais bouclé ceux de l'AFPA. Pas de ménage (enfin, c'est moi qui juge, cela dit...). Pas de papiers à trier. Allez, j'allais m'octroyer une journée off. Un bon vieux samedi comme lorsque j'étais ado et que j'allais "en ville". Sauf que pour le coup, j'habite en plein centre, ce qui, ma foi, a tendance à exciter plus encore ma p'tite carte bleue, sagement enfouie dans mon sac depuis une bonne semaine.

Bref, je pars en prévoyant déjà mon plan de route : h&m, zara, les galeries lafayette n'auront pas de pitié pour moi et je n'ai aucune intention de résister. Trop envie de futilités, de shopping idiot, de faire le vide, tout simplement, l'esprit seulement occupé à savoir si je prends la taille M ou si le corail est bien compatible avec mon teint de lavabo.

Premier faux-pas, la médiathèque. Allez, je file rapidement aux rayonnages sur l'univers pro, je jette un oeil sur les guides d'étude de marché avant de me reprendre: je suis là pour m'amuser. Have some fun, today. Cette petite piqûre de rappel me permet de reposer un guide APCE pour choisir le dernier David Lodge. Prise de tête = 0. Je suis dans les objectifs.

Direction h&m, donc. Rien. Enfin, si, mais je n'ai envie de rien, je ne vois même pas ce que je fais là. Oh la la, me connaissant, l'heure est grave. Je ressors bredouille. Même pas un p'tit T-shirt à 4,90 euros. Début d'inquiétude. Je suis en train de sortir de mes objectifs.

Je me reprends chez Promod. Deux T-shirts. Carte bleue= -20 euros. Mes relents consuméristes sont là. Ouf.

Passage chez Zara. Le grand vide intersidéral. Je ne me reconnais plus. Ces petits hauts en lin qui me crient habituellement "prends-moi... prends-moi" me font juste l'effet de guenilles aujourd'hui. Ouh, je vais mal.

Grand bouquet final au milieu des "Soldissimes". Les -20% me laissent de marbre. Plus grave, les -50% ne me tentent même pas. Je n'ai pas envie de m'acheter le 321e top de l'année, ni ce pantalon noir qui rejoindrait les 52 autres de mon armoire. Je m'apprête à quitter les lieux lorsqu'un éclair de lucidité me traverse l'esprit. Je file illico presto au sous-sol. Et là, elle m'attend, toute belle, rutilante, offerte (enfin, presque): une sublime centrifugeuse, qui va me permettre de réaliser des jus de fruits et smoothies au goût divin.

C'est là que j'ai réalisé que je n'avais non seulement pas la place de l'installer dans ma cuisine déjà saturée, mais, surtout, pas davantage dans un hypothétique restaurant - puisque celui dans lequel je me projetais m'est pour l'instant inaccessible. Que c'était donc ridicule de céder à cette impulsion.

Vous savez quoi? Je me suis dirigée direct vers la caisse avec mon gros carton. Je l'ai payé, mais j'étais si fatiguée que je n'ai même pas eu le courage de l'emporter chez moi. Il est en stand-by. Comme moi.

vendredi 24 avril 2009

Non, je ne suis pas trop gourmande

Depuis deux jours, j'admets volontiers que c'est un peu les montagnes russes dans ma petite tête. Et je suis touchée par le soutien que j'ai pu recevoir, entre ceux qui m'ont rappelée à quel point tout ça aurait été presque trop facile (merci, cousin, pour ton assiduité!) et les autres, parfois les mêmes, qui me conseillent simplement d'attendre que mon interlocutrice revienne à la raison.

Car non, je ne me suis pas montrée trop gourmande et je n'ai pas cherché à brader son lieu. Ce que j'ignorais, c'est qu'il y a des règles comptables immuables lorsque l'on évoque la reprise d'établissements commerciaux et que nous ne pouvons y couper, sous prétexte que j'aime l'endroit et que je m'y voyais déjà. Voilà, c'est la fameuse confrontation entre business et affect que je viens de recevoir en pleine face. On ne paye pas le double juste pour le plaisir de s'installer.

Je n'ai pas encore fait une croix sur cette opportunité car je continue de croire qu'elle était idoine pour se lancer. Mais je dois avancer et j'ai donc remis le nez dans mes projets initiaux. Il ne s'agit plus seulement de convaincre du bien-fondé de mon entreprise, mais aussi de chercher combien une telle création va coûter, ce que cela va engendrer financièrement et personnellement, avant de prospecter vers un nouveau lieu. Qui serait le mien, cette fois.

Dans le même temps, j'ai toujours, dans mon salon, ce carton de recettes qui m'attend sagement, prêt à être désossé, me rappellant le but ultime de cette aventure : satisfaire ma gourmandise naturelle, pour la cuisine et pour la nature humaine. Malgré tout.

jeudi 23 avril 2009

Vie de merde.com

Je ne sais pas vous, mais moi, j'adore ce site. J'en rigole, seule, derrière mon écran tout en pensant que 1/ le ridicule ne tue pas et 2/ je pourrais régulièrement contribuer à sa mise à jour tant j'ai l'impression que ma vie n'est parfois qu'une suite de petites merdouilles sans fin. Eh ben, aujourd'hui, c'est vraiment le cas. Pas envie de rentrer dans les détails ici, même si un blog implique une démarche hautement narcissique. Mais là, je zigzague entre les tas, j'essaie de les éviter mais rien à faire, tout part en vrille.

Je peux:
- Faire l'autruche
- Me venger sur la tablette de chocolat qui me nargue sournoisement
- Aller me réfugier sous la couette
- Cumuler tout ça
- Aller courir/nager/respirer
- Faire un reset.

Ce sera reset, pour moi, sans chocolat ni sueur, juste avec l'énergie du désespoir qui m'anime aujourd'hui. Non, je ne joue pas à la victime. C'est juste que tout se ligue contre moi. Et ne me dites pas que je suis parano, j'ai eu ma dose pour la journée!

mercredi 22 avril 2009

Vogue, vogue la galère...

J'étais bien décidée à partager mon enthousiasme en ce début de semaine, sauf que mon ordi en a décidé autrement. En attendant de le récupérer, je me suis attelée à diverses tâches, entre lectures d'ouvrages comptables - où l'impression de pénétrer dans un monde désespérément hermétique à mon p'tit cerveau s'est fait de plus en plus prégnante au fil des pages - et rendez-vous avec de précieux conseillers.

Oui, j'avais l'impression d'avancer, même si je voyais les heures s'écouler sans l'ordi, sans connexion et donc sans pouvoir faire mes devoirs pour l'AFPA. Ils comprendraient, pensais-je, d'autant que j'ai senti que l'échéance - reprendre un lieu déjà existant - prévue en août, pouvait même peut-être se rapprocher davantage.

Et ce soir, c'est un peu la dégringolade.

"Non'". La personne avec qui je pensais trouver un accord a dit "non". Un non franc, massif, cinglant. Est-ce sa propre déception? Est-ce juste de l'impulsion? Nous ne trouvons pas de terrain d'entente sur l'aspect financier mais je n'ai même pas l'occasion de défendre mon bout de gras. C'est non.

Nous avions envisagé que je reprenne son restaurant-salon de thé, dont elle conserverait le droit au bail, ce qui lui permettait de le garder sous la main et moi de disposer d'un lieu que j'aime et dont j'aurais pu disposer à ma guise. Je m'y voyais déjà, forcément. Là, il y aurait une étagère pour y poser de grands bocaux, ici, des suspensions, par là une console... Tout était calé dans mon esprit, j'avais même en tête le camaieu des chaises et l'endroit où j'allais disposer les cadres. Pour tout dire, j'ai passé quelques heures chez IKEA la semaine passée à repérer les Foto, Ronnskar, Kroken et autres Ribba... Pouf, la bulle a éclaté et je tombe de haut.

L'opportunité était-elle trop belle? Me suis-je montrée trop présomptueuse? Dois-je passer davantage d'embûches pour parvenir à mon dessein? Je ne me décourage pas, non. Mais si ce "non" reste sans appel, comme c'était le cas ce soir, il va falloir que je prenne mon mal en patience pour ouvrir un lieu qui serait véritablement le mien, cette fois. Le parcours du combattant commence.

mardi 21 avril 2009

La vie avant tout

Bon, finalement, j'ai stressé pour rien, comme d'habitude. Cette première journée "d'école" s'est avérée fructueuse et... drôle. Il y a de la vie, dans ce groupe.

Neuf personnes, dont sept femmes. Et parmi elles - outre une femme séparée qui a dû faire le deuil d'un enfant- nous sommes pas moins de quatre mamans célibataires ! Est-ce le désespoir que notre statut de "Cosette" confère qui nous pousse ainsi à prendre des risques? Cosette, on en est loin. Ces femmes ont dépassé cette notion pour au contraire prendre leur vie en main. Pas forcément sans souffrance, bien sûr. Une séparation difficile, laissant une gamine de six ans sans père, un divorce et... un veuvage, qui m'a valu ma plus grosse boulette de la journée, quand j'ai demandé à la maman comment elle faisait pour la garde de ses trois enfants. Hum.

Certains se lancent par passion (des plantes, des chiens), réalisant ainsi leur rêve. D'autres par pragmatisme et opportunisme (services à la personne), pour quitter un bar de campagne, des petits boulots ou parce que leurs droits s'arrêteront vite, aussi. Mais le point commun de toutes ces personnes, c'est leur détermination, leur volonté d'indépendance. La vie d'entreprise les a avalées tout cru avant de les rejeter. Une bonne claque, qui les a menées autour de cette table. Il y a donc J., coach personnel; C., maman de 26 ans, complexée par son jeune âge - c'est selon son banquier un handicap. On rêve! - qui souhaite s'associer à S., la fameuse veuve, véritable boule d'énergie. MC, notre nouvelle "sorcière bien-aimée", passionnée de plantes; T., qui a vendu son bar pour devenir plaquiste; Y., à l'idée d'animation novatrice ; F. qui concocte ses recettes cosmétiques bio ; So. qui lance son élevage canin. Et moi, donc, que le formateur a visiblement bien l'intention de canaliser. Ou tout du moins, de structurer mes idées.

"Mon" resto, je ne le vois absolument pas comme un lieu figé. Les idées s'amoncellent et j'ai conscience de rester seule maître à bord pour les réaliser. Lui, visiblement, voit surtout que je m'éparpille. Je crois qu'il n'a pas tout à fait tort, mais peu importe.

On a trois mois tous ensemble pour synthétiser nos envies. Sincèrement, l'idée de retrouver ce groupe, chaque lundi, me ravit. J'ai réalisé qu'ils étaient tous comme moi, plein d'enthousiasme mais aussi de doutes. Humains, tout simplement. Loin des concepts que j'imaginais parfois, où la création d'entreprise ne doit être que comptable, juridique et financière.

Oui, il y a de la vie, et j'aime ça.

dimanche 19 avril 2009

Je stresse...

Drôle de week-end. Pour la première fois depuis, ouh, très longtemps, j'ai le blues du dimanche soir, lorsque l'on prend conscience de repartir pour une semaine. A vrai dire, j'ai un peu perdu la notion des week-end, vacances, jours fériés et toutes ces occasions de souffler, savourant mon état perpétuel de procrastination. Mais là, back to reality: demain, je prends mon cartable et je retourne à l'école. Trois mois à l'AFPA, pour tout savoir sur la création d'entreprise. Mais qu'est-ce qui m'a pris, de réclamer une formation aussi longue?

Le pire, c'est que j'ai insisté.

En décembre dernier, premier coup de fil au dit-organisme. Je me fais envoyer bouler. J'imagine que, fêtes de Noël oblige, la dame-pas-aimable-et-limite-agressive-même a plus le coeur à emballer ses derniers cadeaux qu'à se soucier d'une énième pénible en quête d'une solution miracle. Bon, je rappelerai, hein. Et je passerai surtout par le Pôle Emploi.

J'expose ma requête et j'obtiens un rendez-vous en... mars. Bien. J'arrive, avec mon topo sous le bras, il faut qu'une psychologue me fasse passer des tests, paraît-il. Laquelle lit trois lignes de mon projet, pendant que j'en suis encore à me demander comment je dois me tenir - on ne sait jamais - et elle me rend tout ça: "ok, pas besoin de tests." Là, je me dis que j'ai bien fait de me laver les cheveux ce matin, je crois que je lui ai fait bonne impression. Et là, elle ajoute : " je vous inscris à la réunion d'information pour la formation de créateur d'entreprise" (oui, c'est toujours long, ces intitulés, appelons ça la RIFCA). En gros, ça veut dire que je poireaute depuis trois mois juste pour avoir l'honneur de participer à une RIFCA. Waouh, réactifs, ces gens-là.

J'ai de la chance, il y en a une, de RIFCA, dès le lendemain. On se retrouve autour d'une table ronde et on nous expose alors le principe de cette formation. 35 heures par semaine. Beaucoup de travail personnel. Une réunion hebdomadaire, chaque lundi. Et si vous voulez vous inscrire, pour la prochaine session, le 20 avril, il vous faudra prendre rendez-vous, exposer votre projet à deux "jurés" et, si tout va bien, peut-être qu'éventuellement, sur un malentendu, vous pourrez suivre cette formation. Ni une ni deux, je fonce sur le type, limite à lui arracher son agenda, je lui suggère que l'on se voie dès le lendemain, histoire d'accélérer un peu les choses. La méthode a payé: maintenant, me voilà en train de stresser, d'avoir à retrouver un rythme de vie "normal", comme tout le monde. C'est bien fait pour moi, tiens.

samedi 18 avril 2009

Du rêve à la réalité

La première fois que je suis allée à (feu) l'ANPE, j'ai exposé mes envies. Regonflée à bloc, j'ai même avoué mon envie ultime: ouvrir une chambre d'hôtes. J'ai vite compris que ce joli projet allait être rangé dans un p'tit coin de mon esprit pour un bout de temps. Peu importe, c'était aussi une façon de désacraliser l'ouverture d'un restaurant. Car ce qui aurait pu me sembler une montagne m'est apparu d'un coup comme une très belle étape vers "le" projet.

En attendant, au quotidien, les étapes, je les passais au fur et à mesure. Et j'en ai connu, des phases! Au début, déjà, j'étais assez étonnée que mes interlocuteurs ne me rient pas au nez quand je leur racontais ce que j'assimilais encore à un délire. Une journaliste qui veut ouvrir un resto? J'ai bien perçu parfois du scepticisme, mais davantage lié au contexte actuel qu'à moi-même. A vrai dire - et c'est fou - aucun diplôme n'est requis pour se lancer dans la restauration. J'imagine bien que celui qui sait à peine cuire un oeuf aura du mal, rapidement, à assurer aux fourneaux, mais enfin, cela m'a semblé incroyable qu'une simple passionnée culinaire puisse passer à l'acte, sans "validation officielle".

Bon, j'avais quand même un peu envie de me rassurer, ou de m'entendre dire, peut-être, qu'il valait mieux laisser tomber. Un sentiment d'imposture hélas un peu familier, j'avoue, mais qui me permet, au moins, de garder les pieds bien sur terre... Alors, j'ai fait ce que l'on appelle un "bilan de compétences", une vraie aubaine en vérité. Parce que j'y ai vu un concentré de notre société et ressenti beaucoup d'optimisme.

Je me souviendrai toujours de cette première séance collective où, évoquant la radiation des droits en cas d'absence à l'une des séances, la consultante (A-L., si vous me lisez, merci, sincèrement) a lâché un sacré lapsus: "Eradication", a-t-elle dit, provoquant le rire général et l'impression... de n'être que des parias. Des rebuts de la société. On a ri, sincèrement, de ce constat doux-amer.

On a fait un tour de table. Nous étions sept. Et pour la plupart, le chômage était de fait vécu comme un mal nécessaire pour retrouver cet équilibre qui nous manquait. Cela m'a surprise. Je m'attendais sans doute à ne lire que désespoir et souffrance dans les yeux de mes nouveaux camarades. Il y a eu des larmes, certes. Une veuve, un handicapé, une personne victime de harcèlement moral, beaucoup de galères et d'émotions. Mais aussi du pragmatisme et un vrai bon sens face à ce qui nous arrivait. Le plus frappant, c'était cette sensation d'oppression qui se dégagait des histoires de chaque personne présente. Tout du moins, lorsqu'elles travaillaient. La plupart avouait leur soulagement d'avoir quitté un monde de fous. Mais aussi leur inquiétude de ne pas retrouver une place.

Je suis repartie de cette première séance vidée. Mais pleine d'espoir. Ces personnes m'avaient permis de relativiser, de comprendre aussi que nous pouvons tous avoir mille vies en une. Il suffisait de suivre le bon chemin.

mercredi 15 avril 2009

Rêve de gosse

Vous allez penser que l'enfance me hante, mais quand j'étais petite, je voulais être journaliste. Et après, "mais seulement quand je serai vieille", ouvrir un restaurant.

Je n'avais pas forcément imaginé être vieille à 34 ans. Ou alors ma reconversion arrive un peu tôt. Mais qu'importe, l'opportunité est là.

Oui, j'ai toujours rêvé d'ouvrir un restaurant. Ou plutôt, une sorte de lieu d'échange, d'immense table qui réunirait tous les convives autour de p'tits plats chaleureux. Le bruit, le fourmillement, la toque, sans m'effrayer, ne sont pas dans mes cordes. En revanche, couvrir la nappe de plats colorés, joyeux, originaux, tester de nouvelles saveurs sans chercher à en mettre plein les mirettes, voir les convives oublier un peu leur retenue pour se servir de nouveau, ou prendre leur pain pour le tremper à même le plat... Voilà, c'est ça, pour moi, un déjeuner (ou un dîner, hein) réussi. Où chacun peut partager ses impressions, les papilles en alerte. A vrai dire, c'est une façon de retenir le temps.

Paradoxalement, l'affectif ne devrait pas rentrer en compte lorsque l'on souhaite ouvrir un restaurant, où les notions de chiffre d'affaires, de coûts de revient et de marge ternissent sérieusement la conception chaleureuse que je garde naïvement d'un repas. Pourtant, c'est le pari que j'aimerais réaliser. Ouvrir un lieu qui me ressemble, où mes hôtes se sentiraient comme à la maison.

C'est en lisant un jour "Mangez-moi" d'Agnès Desarthe - excellent roman, au demeurant - que le déclic s'est produit. L'histoire d'une femme qui ouvre son resto, dans lequel elle est contrainte de vivre - dans le secret. Sans doute avais-je envie de m'identifier à ce personnage de fiction. En tout cas, je me suis dit que moi aussi, un jour, je me lancerai. En tentant de concilier business et chaleur. Oui, je suis une éternelle rêveuse.

mardi 14 avril 2009

Flash-back 2- Doux laisser-aller

Je me souviens, lorsque j'étais à l'école primaire, le directeur, qui était aussi mon instituteur en CM2, ne cachait pas son dédain pour ses têtes de turc. En leur balançant sèchement leurs travaux, il s'arrêtait devant eux, les regardait fixement en fronçant ses sourcils et leur assénait le verdict, fatal :

"Tu seras au chômage plus tard".

Je ne savais pas trop de quoi il parlait, à vrai dire, mais ça ressemblait bien au mythe du grand méchant loup. Il fallait voir la tête de mes petits camarades, déjà condamnés, à 10 ans... C'est resté ainsi dans mon esprit très longtemps. Je pensais naïvement que cela n'arrivait qu'aux autres. Aurais-je dû donc vivre ma nouvelle situation comme une punition suprême? Comme la preuve que je n'avais pas bien travaillé, comme le sous-entendait cet instit plein de tact?

Les choses ne sont jamais si simples, bien sûr. Cela m’amuse de décrypter les visages, soudain affolés, des bien-pensants qui veulent montrer toute leur empathie mais qui, au mieux, ne laissent transparaître que de la pitié, au pire du mépris. Quelle est donc cette folle qui quitte son travail pour rien ? Les jours passent et les choses s’installent. Le matin, lever difficile, on part à l’école avec mon fils et c’est à chaque fois le même sentiment de doux laisser-aller qui me traverse sur le chemin du retour. Voilà, ma journée commence et j’ai jusqu’à 16h30 pour me « réaliser ». Travailler. Potasser. Je n'en fais rien. Au lieu de cela, j'ai l'impression de suspendre le temps. De me laisser porter.

Pourquoi faire mine d'aller mal? Devrais-je courber l'échine? Non, bien sûr que l'on doit garder la tête droite, le pas altier. Faire mine. D'être pressé, d'avoir une vie bien remplie. Penser que lundi, y’a école, même si le lundi, pour vous, c’est juste un jour comme les autres, où le tram se remplit un peu plus le matin, où le centre-ville est désert et où vous pouvez circuler partout sans craindre la cohue en pleine journée, pendant que les gens travaillent. Eux.

En ce début d'hiver où j'aime habituellement me calfeutrer, j'ai l'impression de prendre plus de temps pour tout, j'ai envie de journées de 36 heures et j'en suis à établir des listes tellement je me sens submergée. Une façon de taire mes angoisses? Peut-être. Car, parfois - et trop vite à mon goût - mon inconscience me rend folle. Pourquoi je passe autant de temps à humer l’air extérieur, à discuter, à ne plus rien minuter, alors que l’urgence, c’est de se remettre dans une case, vite ?

J'ai la réponse en moi. Je sais que j'ai besoin de souffler avant de repartir vers une nouvelle aventure. L'instit savait-il que le chômage peut devenir salvateur?

dimanche 12 avril 2009

Je vais bien, ne t'en fais pas

Olivier Adam - qui n'aura jamais l'occasion de me le reprocher, d'ailleurs - me pardonnera d'emprunter le titre d'un de ses (touchants) romans. C'est simplement ce qui me semblait le plus approprié, aujourd'hui, après que trois personnes se sont inquiétées de mon moral. Mon ton serait-il trop teinté de mélancolie? Ceux qui me connaissent savent que j'ai (la fâcheuse) tendance à tourner les choses à la dérision, souvent à l'auto-dérision, même. Une façon de me planquer, peut-être, - mais ce blog n'a pas de visée psychanalytique ni même un dessein thérapeutique. J'ai juste envie de partager des sentiments, sensations, des tranches de vie, avec vous, et sans doute égoïstement, de m'aider à avancer dans mon projet en posant des jalons. Après, si cela peut sembler triste, c'est juste une illusion. Ou l'état d'un moment fugace.

Lorsque l'on bouleverse sa vie, son petit rythme, que l'on quitte ce qui nous faisait vibrer auparavant, on s'auto-persuade régulièrement qu'il n'y avait pas d'autre issue. Personnellement, j'en suis convaincue. Méthode Coué, sans doute, mais plutôt efficace. Sauf que c'est ainsi que l'on se retrouve à rassurer son entourage. Lorsque, d'un coup, je me suis mise "hors-jeu", j'ai lu l'empathie dans le regard des gens. L'inquiétude des proches, bien sûr, l'interrogation teintée de scepticisme chez d'autres. On m'a assuré que j'allais « rebondir ». Qu’est-ce que cela signifie ? Que je vais trouver mieux ? Ou que je vais juste trouver ? Les langues avisées m'ont conseillée de ne pas faire la fine bouche. Genre, c'est déjà beau si on te propose quelque chose.

Moi, j’ai juste eu envie d’en profiter pour me poser, réfléchir. Je ne veux plus être bridée. Le souci majeur de notre société, c’est que l’on a à la fois envie de s’épanouir personnellement dans un travail - qui finit normalement par déborder sur notre vie « à côté » -mais que l’on nous pousse aussi à prendre ce qu’il y a à prendre, « parce que c’est la crise. » N’ont que ce mot à la bouche, tous ces inquiets. Le plus drôle, c’est que ce sont des personnes « actives » qui s’angoissent le plus. Je reste zen. Je suis « inactive » mais sereine. A mes yeux, c'est compatible. Et je vais bien, donc. Mais c'est gentil de s'en soucier.

samedi 11 avril 2009

Interdit de rire

Au début, quand on est au chômage, on se sent un peu en vacances. Enfin, je généralise peut-être. Moi, je me sentais ainsi, en tout cas. Plus de travail, plus de raison sociale, plus d'histoire de semaines à 35 heures (un concept inconnu là où je bossais), de récup', de congés payés. Plus de déplacements, ni de reportages. Plus de hiérarchie. Plus de collègues, non plus.

Le premier jour de ma nouvelle vie, je me suis d'emblée méfié de ma nature nonchalante. Ce jour-là, c'était un samedi et un jour férié. Double raison de m’étirer paresseusement dans mon lit. En jetant un oeil sur le réveil, je me suis simplement retournée. J'ai remis la couette sur moi, en songeant à ce qui m'attendait. L'hibernation? Hum, pourquoi pas. Se replier sur soi-même et savourer l'agitation ambiante... Un peu vain. Reprendre la main sur sa vie ? Trop tôt. Non, j'ai juste eu envie de souffler, à cet instant. Tout en ayant bien à l'esprit que les vacances, les vraies, n'ont pas tout à fait la même saveur...

Début novembre, c'était un vrai cliché. Le ciel bleu, le temps sec des jours qui précèdent l’hiver, quand vous avez à la fois envie de vous emmitoufler et de vous dorer au soleil sur un banc. Désormais, j’avais le temps mais mille choses à faire. La première, c'était de profiter de mon fils, qui devait se souvenir davantage des jeux de la garderie que de sa propre chambre ces dernières semaines. Subitement, je me suis sentie hors du temps. Je planais, même. Cette immense sensation de soulagement, d’avoir repris le contrôle de ma vie, avec ce sentiment grandissant d'être à contre-courant.

Je me suis parfois surprise à freiner mon enthousiasme, à cacher mon sourire. On aurait perçu mon attitude comme arrogante, provocante, dans ce monde qui n'a plus envie de rire, où prendre du recul semble ne concerner que les inconscients. Interdit de rire. Chaque jour la même rengaine. Pendant que je relevais la tête, fièrement, j'ai vu ces gens dans la rue, rentrer la leur, comme des tortues. Peur d’être touchés par la crise mondiale, peur de ne pas s’en sortir, de tout perdre, de couler. J'ai compris ce besoin de s'accrocher à ses petits acquis.

Pourquoi alors ne me sentais-je pas concernée? Je me souviens avoir regardé une hôtesse d’accueil au supermarché en me disant qu’après tout, quand j’en aurais fini avec cette drôle de période qui commencait, je pourrais peut-être postuler. Trouver un job.

jeudi 9 avril 2009

Flashback 1 - A long time ago...

Certains souvenirs nous paraissent parfois si lointains que l'on se demande si on ne les a pas imaginés. La volonté de tourner une page suscite ce genre d'impressions. Parce que l'on a envie de tirer un trait sur le passé, on force sa mémoire au black-out. C'est exactement ce que je ressens avec mon ancienne vie. Non pas que je la renie, loin de là, elle a été riche, pleine de rencontres, d'amitiés, de conflits, aussi, qui me permettent aujourd'hui de savoir ce que je veux, ou pas. Non, simplement, j'ai eu le sentiment d'une renaissance voilà quelques mois.
Le 31 octobre dernier, pour être précise.
Je me souviens parfaitement de ce tourbillon, d'un coup, dans ma tête. Il faisait beau, ce jour-là, un ciel bleu assez incroyable à pareille époque de l'année. Je me souviens de ce couple, jeune, qui s'enlaçait, semblant ne faire qu'un, avec ce sentiment d'être seul au monde. Il y avait un enfant sur le parvis de la gare, qui faisait tournoyer son sac à dos. Et je me suis sentie ainsi, bousculée, balayée, mais insouciante. Ma liberté chérie, je l'avais.
Je me souviens avoir froncé les yeux, gênée par les rayons du soleil. Peut-être avais-je l'air inquiet, tourmenté. Sans doute aurais-je dû l'être, alors que la crise économique mondiale avait déjà bouleversé l'ordre établi. J'étais sereine, au contraire. J'étais
moi-même, droite, fière, à la fois rejetée, seule mais volontaire.
Voilà, c’était la fin de quinze ans dans cette société que j’avais rêvée, imaginée, que j’ai fini par rejoindre, là où j’ai grandi, où je me suis abîmée aussi, bien sûr. Et au moment où le monde marche à l’envers, j'ai décidé de ne plus tourner en rond, justement et de partir, laisser ma vie reprendre ses droits, avec toutes les angoisses que cela suscite forcément.
Envoyer tout valser, on en rêve tous. J'ai même pensé que c'était facile, finalement. Entre euphorie et mélancolie, j'ai tout quitté, moi qui avais beaucoup, pour vivre, seule, peut-être, mais avec la conviction de rester fidèle à moi-même, à mes envies, à cette petite gamine espiègle que j’étais.

J’y ai réfléchi et si personne n’a vraiment osé m’en parler, j’ai eu conscience de l’aspect presque puéril de vouloir tout bazarder, comme si ailleurs, forcément, les contraintes n’étaient remplacées que par un champ de roses. Je savais qu'il me faudrait revenir sur terre. C'est à cet instant que j’ai décidé d’écrire mon journal d’une chômeuse volontaire (en temps de crise) parce que j’aime bien être à contre-courant.

Bonjour, je me présente...

Je m'appelle Steph, La mouette pour les intimes, et je veux réussir dans la vie... Euh, enfin, ça, je ne sais pas trop. En fait, j'ai envie de partager avec des lecteurs et lectrices potentiels mon parcours initiatique, moi qui suis en pleine création d'entreprise. C'est sans doute une volonté narcissique de lancer un tel blog. Je le vois comme une façon d'avancer, de me contraindre à un carnet de bord et d'écrire. L'envie de rester à l'écoute, aussi, parce que les doutes existent, l'angoisse m'étreint parfois et qu'il est bon d'ouvrir grand ses oreilles et ses yeux pour ne pas rater la marche. Mon enthousiasme et le petit grain que j'ai là-haut m'ont toujours permise d'aller où je le souhaitais. Mais cette fois, l'entreprise est plus conséquente. Alors, y arriverai-je??
De quoi je parle, devez-vous penser. Pour amorcer ces chroniques d'une chômeuse volontaire (en temps de crise), je ferai ces prochains jours un petit flash-back sur ces derniers mois, les premiers de ma vie où je ne représente plus "rien" socialement (sinon un cas soc', un parasite, l'une des 3.8 millions de Français pauvres, si j'en crois une lettre que j'ai reçue récemment, signée de Martin Hirsch et Brice Hortefeux...) et sur l'envie qui m'a tenaillée de créer mon salon de thé/ restaurant.
Pour l'instant, je débute juste dans la blogosphère et je me contenterai d'une présentation sommaire: 34 ans, fille, journaliste chômeuse, donc, après quinze ans dans la même rédaction. J'exerçais un métier somme toute assez inutile, dans un milieu confidentiel et, en gros, j'écrivais pour cinq personnes : le rédacteur en chef, qui avait besoin de matière pour remplir son canard ; la correctrice, toujours avide de passer son feutre rouge sur mes copies, le lecteur amoureux (y'en a toujours un, en plus, ça flatte l'ego), mon papa, fier comme un paon de lire ma signature - et donc son nom, puisque sa pauvre fille n'est même pas mariée - et moi-même, parce que c'est bien de commencer par s'aimer soi-même (même si j'avais souvent des raisons de me détester!).
Bref, je prenais beaucoup de plaisir, mais à quoi je servais? A rien. On est d'accord.Il serait vain de penser que je vais avoir une quelconque utilité dans les semaines à venir, mais si tout va bien, je vais nourrir quelques bouches d'ici août. C'est déjà ça.