samedi 22 mai 2010

Fisher Price m'a sauvée

A quoi ça tient, un job, disais-je...

A un jouet en plastique, parfois.

Cette semaine, j'aurais pu effectuer un banc d'essai pour les déodorants. Tester leur efficacité en situation extrême. Oui oui. Rien de moins.

J'aurais aussi pu tester les auto bronzants, histoire de ne pas offrir ce spectacle de fille au teint cadavérique et cernée jusqu'aux omoplates.

Sauf que je ne vois vraiment pas à quel moment j'aurais pu me tartiner de la chose avant d'aller vaquer, à oilpé, dans mon appart, le temps que le fluide agisse.

Je n'ai pas escaladé l'Everest. Je n'ai pas passé la porte de la moindre cuisine de chef étoilé. Mais je n'ai jamais autant rêvé à des journées de 48 heures.

Surmenage, que ça s'appelle.

Je rassure tout de suite les pompiers de service (quoique, j'en ai croisés tout à l'heure, la race présente quelques spécimen physiquement intelligents) (oui, je sais, j'adore les clichés) (mais en même temps, vous auriez vu les dits messieurs, en train de mater la fille au teint cadavérique et en vélo en train de foncer sur eux, vous ne pourriez que m'approuver) (Bref) (c'est drôlement fatigant, la lecture entre parenthèses, un jour, je vous ferai un billet sponsorisé pour vous récompenser de votre fidélité par un mââââgnifique cadeau) (ah oui, c'est vrai, je ne suis pas une bloggueuse influente, aucune chance que cela arrive) (Bref, disais-je), je rassure tout de suite les pompiers de service, je n'ai pas fini à l'HP. Et je n'ai succombé qu'à un seul malaise, devant l'école, à l'issue de LA nuit de trop, à taper du discours au lieu de dormir, bêtement.

Quelle idée, je vous le dis, moi, de dormir la nuit.

Alors qu'un tas d'opportunités s'offre à vous.

La journée, c'était pareil. J'ai refusé tout contact extérieur, dès lors qu'il était amical. J'ai pas le temps, j'ai pas le temps, j'ai pas le temps : personne sondée, sors de ce corps.

J'ai naïvement cédé à une séance de basket, ce que j'ai regretté amèrement, tant elle m'a plombé mon timing.

Là, comme vous êtes, je le sens bien, vous pensez quand même que j'ai pété une pile, que je suis proche du burn out. En fait, non. Et maintenant que les suées sont derrière moi (ça sent meilleur que sous les aisselles, pour sûr), je vous raconte.

Lundi, donc, j'allais à une réunion de Conseil municipal (pas au Mans, c'eût été trop facile), pour retranscrire les débats. Avant de partir, je vérifie quand même la durée d'enregistrement de mon dictaphone. 2h45. Mince.

Je suis mal, ça durera plus.

Mon portable de la mort qui tue est doté d'un magnétophone, je le teste, alléluia, ça marche, je suis sauvée, si j'avais un voisin pompier, je l'embrasserais.

Mon enthousiasme s'avère un rien douché une fois sur place, je sens bien que le magnétophone va être un peu faiblard pour enregistrer les propos de cette grande assemblée.

Je suis mal.

Premières suées. Armée de mon ordi, je tape ce que je peux au cours de la réunion, les gens parlent de noms d'arrêt de bus un peu biscornus (les noms, pas les bus), je ne capte rien. Je les regarde tous : Et vas-y que j'embrouille l'étrangère au teint pas encore cadavérique avec des abréviations à la noix. Il faut TOUT retranscrire.

Je suis mal.

J'ai un voisin sympa (même si son allure n'a absolument rien à voir avec celle d'un pompier, mais ne mélangeons pas tout, nous ne sommes pas là pour ça) qui m'aiguille un peu sur qui est qui. Je crois que mes suées l'ont touché (ou incommodé, c'est possible aussi).

Je respire. Un peu.

Je dois aller éteindre mon dictaphone, pour enregistrer à l'arrache les fichiers sur mon ordi, avant de le rebrancher, le tout dans la discrétion la plus totale. Sauf que si je bouge, les mouches tombent.

Je suis mal.

Je m'y résous, les gens doivent avoir les sinus bouchés (ou alors ils sont polis), tant mieux, je passe, branche mon téléphone portable, histoire de ne rien manquer, éteins mon dictaphone, procédant à la manoeuvre hautement stratégique qui me laisse l'impression d'être devenue un agent secret doté de matériel de la plus haute technologique (une clé USB, pensez donc) et j'imagine combien ce nouveau statut va susciter une liste d'attente hallucinante de princes charmants, alléchés par l'apparat.

Je me ressaisis. Pourquoi elle parle si bas, la dame, là ? Et lui, il a besoin d'imiter Speedy Gonzalès, 'peut pas articuler ? Non mais, des fois.

A l'issue de la séance, je me jette littéralement sur ma sauveuse. Une demoiselle qui va me fournir les cassettes de l'enregistrement, à la condition express que je lui renvoie rapidement - c'est la seule trace de ce Conseil. Je respire (pas elle, j'imagine, impressionnée par mes auréoles sous les bras- j'suis bête, j'ai gardé ma veste, elle peut pas les voir. J'eus été plus inspirée de l'enlever, cela dit, histoire d'éviter ce coup de chaud), je vais pouvoir tout écouter, sans le son pourri que j'imaginais déjà, enregistré sur mes appareils hautement technologiques, je vous le rappelle.

Je me demande juste sur quel support je vais bien pouvoir écouter ces cassettes.

J'enlève mon costume d'agent secret et je rentre. Comme je suis à l'ouest, je ne retrouve pas le chemin de l'autoroute et je me tape de la nationale à minuit, j'adore. Un p'tit mail à la société pour les informer que tout s'est passé sans souci, tu penses, et au lit.

Le lendemain, illumination, je vois ma chaîne hifi, un rien antique, et ses deux boîtiers de cassettes (je ne sais même pas comment on appelle ça. Rapport au fait que je suis passée au tout-technologique. Hum). Toute contente, je mets la première cassette dedans. Hop. Play. Hop. C'est quoi ce bruit? Hop, Eject. Hop, Eject que j'ai dit.

La cassette ne peut pas sortir, l'appareil est bloqué. C'est pas comme s'il s'agissait de l'UNIQUE trace de ce Conseil, que je dois en outre retranscrire DANS SON INTÉGRALITÉ. Avant de la rendre ABSOLUMENT.

Je suis mal.

Je sens des torrents de sueur envahir mon corps.

Là, je me souviens que j'ai une cuisine, avec des couteaux dedans. J'en prends un, je défonce l'appareil, ah ah ah, 'fait moins le malin, cet idiot. Tout ça parce que je ne l'utilisais pas, il a décidé d'une grève du zèle au pire moment. Saleté de technologie vintage.

Bon, le couteau toujours dans une main, la cassette sortie triomphalement de l'autre, je tente de réfléchir calmement. Comment j'écoute ce truc, vu que je n'ai que des lecteurs de CD sous la main?

Et là, nouvelle illumination, je bénis Loulou d'avoir insisté, un jour de vide-grenier, pour acquérir ce magnifique magnétophone-enregistreur Fisher Price.

Puis, je me bénis d'avoir acheté, un jour de grande inspiration, des piles.

Ça marche. Ça maaaaaaaaaarche. Je suis sauvée. J'aime cet appareil, s'il n'était pas en plastique, s'il n'était pas jaune, aussi (j'ai un peu de mal avec cette couleur, trop criarde à mon goût), je l'embrasserais (n'ayant en outre pas de pompier de permanence à disposition, c'est dingue, ça, je suis quand même un peu agent secret dans l'âme).

J'ai donc ré-enregistré les débats sur mon dictaphone. C'est là que j'ai réalisé qu'il manquait le début des propos. J'aurais pu de nouveau défier les lois du Narta-univers. Bah, même pas. Enfin, presque pas.

Bon, quatre heures d'enregistrement, on dirait pas, mais c'est long, très long à retranscrire, d'où le teint cadavérique, les cernes, la tête farcie et le délestage de trois kilos (au moins, çela aura servi à quelque chose) vu que, en sus de ma diète, je n'avais de toute façon pas le loisir de manger - ça prend trop de temps.

Le travail, c'est la santé. Tu parles.

Ah oui, parce que je ne vous ai pas précisé que j'ai Loulou à plein temps, maintenant (je dis ça et il est parti en week-end chez son papa, c'est pas d'une logique incroyable, mais bon), vu que l'Ex a trouvé du boulot à quelques centaines de kilomètres d'ici. Et puis j'avais eu la bonne idée d'accepter une commande et livraison de petits gâteaux, aussi. Remarquez, ça m'a détendue, de cuisiner tout ça, à l'arrache, entre deux délibérations.

Ça s'appelle jongler. Et y'a pas à dire. Fisher Price est le meilleur ami du jonglage.

Avec Madame la Folie, quand même.

4 commentaires:

  1. Hahahahahaha !
    Y a pas, t'aime vivre dangereusement, toi, hein ?
    Fais gaffe à ta tension tout de même, hé ?

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  2. Fan!

    Je suis fan! Une fois, on a vanté mon "débit littéraire". J'ai trouvé que c'était exagéré.

    Et bien moi, je vante TON débit littéraire à toi! sans guillemets et exagération aucune. C'est drôle et agréable à lire.

    @++
    Sousou - con tant...

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  3. @ Anne: c'est à l'insu de mon plein gré, je crois... Ma tension? Oups, t'as raison, déjà qu'elle est basse naturellement, voilà qui ne va pas arranger mes affaires!

    @ Sousou: Ravie que ça te plaise, je débite... pas mal de conneries, il est vrai ;)

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  4. J'adore ta façon de raconter cette rude épreuve ! La prochaine fois, mets un débardeur et un short de foot que tu auras préalablement acheté au vide grenier, tu supporteras mieux la chaleur. Bon courage pour la prochaine mission d'agent secret.
    Bises, la Mouette.
    L'oiseau

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