samedi 18 avril 2009

Du rêve à la réalité

La première fois que je suis allée à (feu) l'ANPE, j'ai exposé mes envies. Regonflée à bloc, j'ai même avoué mon envie ultime: ouvrir une chambre d'hôtes. J'ai vite compris que ce joli projet allait être rangé dans un p'tit coin de mon esprit pour un bout de temps. Peu importe, c'était aussi une façon de désacraliser l'ouverture d'un restaurant. Car ce qui aurait pu me sembler une montagne m'est apparu d'un coup comme une très belle étape vers "le" projet.

En attendant, au quotidien, les étapes, je les passais au fur et à mesure. Et j'en ai connu, des phases! Au début, déjà, j'étais assez étonnée que mes interlocuteurs ne me rient pas au nez quand je leur racontais ce que j'assimilais encore à un délire. Une journaliste qui veut ouvrir un resto? J'ai bien perçu parfois du scepticisme, mais davantage lié au contexte actuel qu'à moi-même. A vrai dire - et c'est fou - aucun diplôme n'est requis pour se lancer dans la restauration. J'imagine bien que celui qui sait à peine cuire un oeuf aura du mal, rapidement, à assurer aux fourneaux, mais enfin, cela m'a semblé incroyable qu'une simple passionnée culinaire puisse passer à l'acte, sans "validation officielle".

Bon, j'avais quand même un peu envie de me rassurer, ou de m'entendre dire, peut-être, qu'il valait mieux laisser tomber. Un sentiment d'imposture hélas un peu familier, j'avoue, mais qui me permet, au moins, de garder les pieds bien sur terre... Alors, j'ai fait ce que l'on appelle un "bilan de compétences", une vraie aubaine en vérité. Parce que j'y ai vu un concentré de notre société et ressenti beaucoup d'optimisme.

Je me souviendrai toujours de cette première séance collective où, évoquant la radiation des droits en cas d'absence à l'une des séances, la consultante (A-L., si vous me lisez, merci, sincèrement) a lâché un sacré lapsus: "Eradication", a-t-elle dit, provoquant le rire général et l'impression... de n'être que des parias. Des rebuts de la société. On a ri, sincèrement, de ce constat doux-amer.

On a fait un tour de table. Nous étions sept. Et pour la plupart, le chômage était de fait vécu comme un mal nécessaire pour retrouver cet équilibre qui nous manquait. Cela m'a surprise. Je m'attendais sans doute à ne lire que désespoir et souffrance dans les yeux de mes nouveaux camarades. Il y a eu des larmes, certes. Une veuve, un handicapé, une personne victime de harcèlement moral, beaucoup de galères et d'émotions. Mais aussi du pragmatisme et un vrai bon sens face à ce qui nous arrivait. Le plus frappant, c'était cette sensation d'oppression qui se dégagait des histoires de chaque personne présente. Tout du moins, lorsqu'elles travaillaient. La plupart avouait leur soulagement d'avoir quitté un monde de fous. Mais aussi leur inquiétude de ne pas retrouver une place.

Je suis repartie de cette première séance vidée. Mais pleine d'espoir. Ces personnes m'avaient permis de relativiser, de comprendre aussi que nous pouvons tous avoir mille vies en une. Il suffisait de suivre le bon chemin.

2 commentaires:

  1. "+1", comme on dit chez les djeuns dans le monde des blogs!
    Oui, "+1".

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  2. Marrant, ça. Je ne peux pas vraiment dire que j'ai fait très exactement comme toi, mais presque. Quand j'ai décidé de quitter le salariat, après 21 ans de bons et loyaux services, j'étais arrivé au terme d'une maturation certes lente mais irréversible. Mon projet professionnel était infiniment moins sexy et révolutionnaire que le tien - puisque je suis toujours dans le même business - mais il y a maintenant un mot qui change tout : désormais je suis INDEPENDANT. Ce qui fait que je suis aujourd'hui à des années-lumière de ce qu'était mon quotidien d'il y a 3 ans. Et que je ne pourrai plus jamais remettre le collier (cf. « Le loup et le chien » de La Fontaine).
    Pas toujours facile évidemment, surtout dans cette foutue période, mais dans les bons jours - mais oui, il y en a en ce moment !! - il m'arrive d'entrevoir ce que pourraient être les choses si j'étais tiré d'affaire. Ce serait bien, très bien... Croisons les doigts. Pour la réussite de nos projets ! ;-
    OlivierJAV.

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