lundi 27 avril 2009

Idéaliste ? A peine.

Maslow, ODIL, McGregor... Non, ce ne sont pas mes nouveaux amis mais, je le sais déjà, je vais en rêver cette nuit. C'était aujourd'hui notre deuxième réunion hebdomadaire à l'AFPA et je suis tout aussi enthousiaste que la semaine passée. De quoi regonfler le moral!

Cette "confrontation" entre des projets plus ou moins aboutis me plaît pour les échanges qu'elle suscite entre nous, apprentis créateurs, et d'autant plus que j'y décèle une vérité commune. Pas d'esbroufe, mes petits camarades sont comme moi, à croire dur comme fer à leur projet, mais sans jamais oublier d'où nous venons.

Ce n'est pas par hasard que j'évoque ce terme de confrontation. Car, clairement, mes idées du commerce ne sont pas partagées par tous. Est-ce que je cours à ma perte?

Je l'ignore, mais je reste persuadée que l'on peut développer son affaire à son échelle, sans chercher à racoler les clients les plus huppés, ceux qui sont au sommet de cette "pyramide de Maslow". On les identifie comme ceux qui ont des "besoins de réalisation" (c'était la minute-je-sors-ma-science. C'est aussi à cela que sert une formation, pas vrai?) J'avoue que ça me choque, naïvement, que l'on puisse considérer que les signes ostentatoires de richesse sont forcément autant de marques de réussite et de bonheur. Et que l'on puisse penser combler cette clientèle, prête à payer davantage pour s'assurer qu'elle fait bien partie de la France d'en haut, au détriment d'une population moins nantie.

Je conçois parfaitement qu'il faille s'adapter aux exigences de sa clientèle, mais l'évocation d'une déférence particulière à l'égard d'une classe plus aisée me pose problème. Pourquoi devrais-je me comporter autrement ? Je n'ai pas envie de ravaler tous mes idéaux ni de faire des courbettes pour avoir "l'honneur" de recevoir les fameux CSP++. Pas question de fermer mes portes à qui que ce soit - ce serait du suicide et j'ai conscience des couleuvres qu'il faut parfois avaler dans le commerce - mais de là à privilégier une certaine clientèle au prétexte qu'elle a un pouvoir d'achat supérieur... Oui, je sais, c'est l'éternel paradoxe qui m'agite. Je veux gagner ma vie mais sans perdre de vue la notion d'une aventure humaine, pas toujours compatible avec le business.

C'est ce qu'estime notamment M.C. - dont j'apprécie par ailleurs la franchise et la vivacité d'esprit - laquelle m'a fait remarquer qu'il était dommage de devoir trimer pour vingt-cinq clients lorsque l'on pouvait obtenir le même chiffre avec un seul client plus fortuné. Ben oui, mais, que voulez-vous, moi, j'aime la diversité. Et, qu'on se le dise, je n'ai pas envie de créer un lieu pour les plus nantis, mais pour tous ceux qui cherchent un endroit cosy. Qu'ils soient dans une recherche de besoins "primaires" ou de "réalisation". Riches ou pauvres. J'ai encore le droit de rêver, non?

5 commentaires:

  1. Je m'en voudrais de casser l'ambiance, la Mouette, mais moi la diversité je n'y crois pas! Je ne pense pas que le client qui te fais faire le chiffre des 25 autres viennent justement dans le resto où il croisera...ces 25 autres! Mais c'est bien de faire un choix. Et si je devais en faire un, je crois que je ferais le même que le tien.
    Merci de nous faire vivre avec le talent qu'on te connaissait déjà ton aventure...

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  2. Pour aller dans le même sens que dbentejac, j'ai également du mal à croire à ton lieu idéal où tout type de personne se croisera...
    J'imagine que tu as déjà fait une étude de marché... ou même regardé autour de toi... tu trouves des restos pas chers (genre grec, kebab, routier...), des restos hyper tendances à la mode spécialement pour les Bobos, des restos hyper selects... mais pas de lieux qui regroupent tout ça (et c'est bien dommage !).

    Le fait de vouloir ouvrir un salon de thé-restaurant vise déjà une certaine catégorie de personnes... et que tu le veuilles ou non, ton affaire se placera dans une certaine catégorie (cf. plus haut !) en fonction des personnes qui la fréquente, du bouche à oreille, des prix pratiqués, etc.

    Désolé pour mon côté terre à terre... c'est peut-être une déformation professionnelle...
    En tout cas, je te souhaite sincèrement d'atteindre ton but...

    Et, là où je partage totalement ton point de vue, c'est que je préfère de très loin faire quelquechose où je m'éclate pour un gain moindre, plutôt qu'une activité très bien rémunérée mais où on s'ennuie...

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  3. @ Dom: je parle d'idéaux, pas de réalité, hélas... J'aimerais tant que le resto soit une sorte de "blender géant"! Merci pour ta fidélité, mon cher...
    @ Jérôme : Merci, cousin, pour cet éclairage très intéressant, et je t'assure que je ne me moque pas! Je suis en pleine étude de marché et j'ai évidemment conscience de l'intérêt de viser un public et de celui qui est susceptible de rentrer dans mon 'tit resto. D'ailleurs, j'aurais bien besoin d'un consultant! Mais je vois que tu as bien perçu ma volonté de travailler avec du plaisir au détriment, peut-être, d'un intérêt financier supérieur...

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  4. Moi j'y connais rien, donc je vais plutôt donner un avis de cliente potentielle.

    Perso, le fait d'être mieux traitée quand j'arrive avec mon sac Mac Douglas, mon tailleur et mes talons, ça m'ennerve... Ne pas avoir droit aux même égards quand j'arrive en jeans/Converse, ça me gonfle vraiment. J'ai le même pouvoir d'achat dans les deux cas, mais dans l'un, c'est plus "visible" (enfin, ce qu'ils croivent!), et c'est presque génant.

    Il y a plein de salons de thé, à Tlse, l'un hyper hype, avec que des gens "branchés", surtout le serveur/proprio, c'est bon, et pas plus cher qu'ailleurs, mais je m'y sens mal, parce que le proprio traite vraiment les gens à leur tête, et ne manque pas de dire qu'il exècre ce qu'il croit être la médiocrité: les gens pauvres (dont je fais parti, même si ça se voit pas).

    Dans un autre, même prix, même ambiance cosy, la branchitude en moins, et une proprio tellement adorable que j'ai l'impression que c'est ma copine, parfois.

    Ben, y'a pas photo, même si ses gâteaux sont un peu moins bons, je préfère aller chez elle!!

    Quant à la diversité, je pense qu'un resto peut attirer une clientèle, non selon son pouvoir d'achat, mais selon ses convictions, goûts, etc...
    En face de chez moi, vient d'ouvrir un bar branché, écolo, bio, éthique, et de ce que j'y vois (j'y suis rentré, mais c'est sectaire aussi malheureusement), les gens qui s'y cottoient ont des portes monnaies remplies de manière très différente (après, ce sont les apparence). C'est sectaire intellectuellement, je ne sais pas pourquoi ni comment, mai quand j'y suis rentrée avec Mouflette pour prendre un chocolat chaud, j'ai bien compris que le message c'était "hé, ici, on reflechi, on vient pas avec lesmômes!!". Mais plus de la part des clients ue du personnel. J'ai trouvé ça dommage.

    Bref, j'espère t'avoir un tout petit peu éclairé sur les attente d'un client lambda.

    Bonne chance pour la suite, ton enthousiasme fait plaisir à voir!!

    Bises

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  5. Merci La mite pour ton témoignage si parlant, je peux le reprendre dans mon étude de marché, dis?
    J'approuve totalement tes propos, je n'ai pas envie non plus, en tant que cliente, de me déguiser en bourgeoise que je ne suis pas, pour obtenir un grand sourire et un service plus agréable. Et quand bien même je ferais partie de cette caste, pourquoi les choses devraient-elles être différentes? Oui, je sais, on ne prête qu'aux riches. De la même façon, ton dernier exemple témoigne bien de la ghettoïsation qui touche toutes les catégories et la réaction "hostile" d'un public a priori ouvert laisse supposer bien peu de tolérance, au final... Je suppose que l'on doit vivre avec, mais de là à l'accepter, il y a un pas que je n'ai pas envie de franchir, utopiste que je suis! En tout cas, sache que Mouflette sera la bienvenue chez moi, avec sa môman, et quer vous pourrez même venir avec des copains-copines, qu'ils soient habillés en h&m ou Hermès! Merci pour ton témoignage et ton soutien... Bizz!

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