Elle sourirait certainement à cette évocation mais, avec sa bouche charnue, sa peau lisse et ses pommettes hautes, elle a des airs de Scarlett Johansson. Elle est vivante, pleine de peps et n'hésite pas à parler fort dès qu'elle sent des regards perplexes la scruter. Sonia a 29 ans, bientôt 30, et elle m'a écrit un mail, voilà quelques jours. Où elle me disait que le projet collectif bio, ça n'allait pas le faire pour elle, mais qu'elle avait "aimé ma façon de penser" et que l'idée de travailler ensemble lui plairait beaucoup.
Je suis une star, je sais.
Nous nous sommes de fait rencontrées à cette réunion collective, dont la deuxième séance se tenait ce soir. A ce propos, j'avais mûri ma réflexion et, ne voyant pas comment on pouvait vivre de ce projet certes passionnant mais très utopique -il me semble- je savais que j'allais y renoncer. J'avais en outre les idées plus claires grâce, j'imagine, aux petites aiguilles de monsieur le magicien, alias l'ostéopathe qui, à défaut de m'avoir débarrassé de mon balai, m'a permis d'effectuer un petit "reset" mental.
En gros, j'étais zen. Et je venais à cette nouvelle entrevue davantage pour écouter, avant de refermer la porte, avec l'idée de ne pas (trop) intervenir.
Dès qu'elle m'a vue, Sonia a eu cette petite lueur complice dans le regard, du genre, chut, ne dévoilons rien, nous aviserons en temps voulu. A côté d'elle, un nouveau, la cinquantaine bien tassée, un peu monsieur-je-sais-tout, a commencé à me taper sur les nerfs. Là, j'ai compris que ça n'allait pas être possible de travailler avec des personnes si différentes les unes des autres.
Au final, il était plutôt constructif, mais du coup, c'est Edith, "à qui il manque juste l'auréole", dixit Sonia, qui me sortait par les yeux, elle qui n'a jamais mis les pieds dans un bar. J'exagère à peine. Dommage lorsque l'on a un projet de bar-restaurant. A vrai dire, Sainte-Edith me semble une sorte d'ayatollah du bio et n'a pas caché son effarement lorsque l'on a soumis l'idée de vendre de l'alcool. Perso, je n'ai pas caché ma perplexité: super, l'idée d'un lieu qui refuse de rentrer dans le jeu des capitalistes en ne vendant ni Coca, ni aucun produit de multinationales. Mais on fait comment, pour être rentable, avec nos trois bouteilles de Jaja bio qui se battent en duel? Avec quatre temps-pleins ? Eh ben, on coule. Vite.
Pour autant, le naturel revenant toujours au galop, je n'ai pas pu m'empêcher de l'ouvrir et j'étais assez sciée de constater l'attention dont je bénéficiais.
Je suis une star, je vous dis.
A la fin de la séance, je ne pouvais plus me cacher. Je ne me sentais pas de les planter. Sincèrement, leur projet me plaît et si leur idée aboutit, ce sera un chouette lieu de vie. Mais tout cela me semble intenable, en terme de rentabilité, avec autant de personnes - aux caractères et aux envies tellement hétérogènes, qui plus est. Je leur ai donc avoué que je partais a priori seule, même si je n'étais pas opposée à l'idée de les suivre, en prenant sans doute de la distance. Sonia m'a fixée, un peu interrogative. Genre "seule, seule?"
En sortant de chez Adrian, Sonia et moi avons naturellement emboîté nos pas. Nous nous sommes installées à une terrasse et avons discuté. De business, bien sûr, mais surtout de nous. Elle m'a montré la photo de sa fille. Evoqué ses joies et ses peines, en lissant régulièrement ses cheveux châtains, et sans jamais se départir de sa bonne humeur. M'a raconté ses amours avec une liberté et une générosité incroyables.
Elle m'a semblé à la fois forte et fragile. Mûre et espiègle. A la fin, elle m'a demandé, de nouveau, si on pouvait monter notre affaire ensemble. Elle a pour elle sa vivacité, son expérience de la restauration, son ouverture. Je ne la connais que trop peu pour envisager de prendre à la va-vite une décision tellement primordiale pour la suite. Mais c'est drôle de constater que je puisse représenter, à ses yeux, un espoir. Une sorte de béquille.
Je ne voudrais surtout pas la contredire. D'ailleurs, je vais éviter de lui raconter ce que m'a dit ce matin l'ostéo en observant mon dos : que je ressemblais à la Tour de Pise.
PS: Ah, au fait, motivée par le challenge "week-end réussi en sept leçons", je pars dès demain quatre jours à la mer. Donc, je vous donne rendez-vous au plus vite, dimanche soir peut-être. D'ici là, portez-vous bien et si vous connaissez un moyen d'avoir une allure normale avec un balai, surtout, n'hésitez pas, sonnez-moi!
Re-PS : Je lui dois ce surnom de "Mouette" et surtout pas mal de sacrés moments. Joyeux Anniversaire à toi, Zoccie!
jeudi 25 juin 2009
Scarlett, la Tour de Pise et Sainte-Edith
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La Mouette, il n'y a qu'une seule façon d'avoir une allure normale avec un balai : assise dessus, le jour d'Halloween.
RépondreSupprimerDis donc, tu paries qu'Edith est une amish travestie ? un témoin de Jéovah ? qui veut réformer la mentalité de tous ces mécréants vers la Voie du SAIN !!!le sain étant MORAL !!!
ah, si frédéric Dard (père) était encore de ce monde...amenez Béru !
OK, j'ai compris Anne, je vais me rebaptiser la sorcière, ce sera plus cohérent!
RépondreSupprimerJe crois que tu as démasqué Edith... Avec son allure de Tintin, pantacourt trendy il y a dix ans et son visage sec, elle me donne envie d'aller direct me jeter sur de la junk-food! Le pire, c'est quand elle a demandé comment on faisait pour avoir une ambiance chaleureuse dans le resto, comme si ça s'apprenait. C'est vrai que de son côté, y'a des notions qu'elle a loupées... Bon, la langue de vipère a assez parlé, désolée pour cette transgression, je file à la mer me refraîchir les idées!
Ah ouais, ma sorcière bien-aimée ! Excellente idée !
RépondreSupprimerPlus sérieusement, te lances pas avec des gens comme ça, ce sont de doux rêveurs mais le rêve, ça ne nourrit pas son homme (quoi qu'en pense Jonathan Livingston le goéland). Ce genre de lieu, ça pourrait être bon pour une association loi 1901, pas pour une entreprise. Fais ton chemin, le tien, c'est ce que tu as de mieux à faire.
Bon week en à rallonge.
L'oiseau