samedi 4 juillet 2009

Jojo in Paris, ou comment je suis restée baba

Ce qui est bien avec Michael Jordan, c'est qu'il fait l'effort de venir et je l'ai ainsi vu à deux reprises, en France. Oui, bon, OK, ce n'était pas (que) pour moi mais c'est l'intention qui compte, non?

Après notre courte entrevue en juin 1997, Jojo venait donc à Paris en septembre de la même année. Jouant les pots de colle à outrance, je l'avais suivi partout, des lattes de Bercy au studio de Canal +, où il avait été invité pour l'émission "Nulle Part Ailleurs". Les Américains qui viennent visiter notre jolie capitale sont tous les mêmes. Sauf Mike. Malgré son statut d'icône, il reste très humain, sensible et attentif aux autres. Ou du moins, c'est un excellent comédien. Lors de sa venue avec les Bulls, à l'occasion du tournoi Open McDonald's - qui réunissait ténors européens et champion NBA, sur le Vieux Continent - il avait bluffé toute l'assistance, sur et en dehors du terrain.

Neuf ans plus tard, mon chef vient me voir et me parle d'une rumeur persistante: Michael Jordan viendrait à Paris. Je dois relater l'événement. Mais Jojo, il ne joue plus, oh! Si c'est pour parler de ses frasques conjugales, ses affaires foireuses ou sa passion nouvelle pour la moto, je ne vois pas l'intérêt. Bon, évidemment, je vais y aller, j'ai ma conscience professionnelle, bien sûr, et ce n'est pas du tout pour le simple plaisir de le revoir que je me vais finalement accepter de me rendre à quelques encablures des Champs-Elysées, dans le fastueux Palais Ledoyen. Non.

La rumeur se confirme mais chut, il ne faut pas l'ébruiter, il y a une liste réduite d'invités à cette conférence de presse. Je suis une VIP, je suis une VIP! J'ai soudain plein d'amis qui veulent m'accompagner. Désolée, les gars... Moi qui croyais que Jordan avait quasiment viré dans la catégorie has-been, me voilà bien obligée d'admettre qu'il fascine toujours autant.

En arrivant dans ce fameux palais, j'en ai d'ailleurs la confirmation. Le contraste est saisissant entre l'ambiance feutrée que confère un tel endroit et l'effervescence palpable. Vieux roublards ou jeunes Rastignac, les journalistes présents, triés sur le volet je vous le rappelle, sont excités comme des puces. Il y a ceux qui ont déjà eu affaire à Mike et qui la jouent blasés, mais qui, intérieurement, sont en pleine ébullition. Et les autres qui ne cachent même pas leur exaltation à rencontrer, enfin, l'idole de leur jeunesse. En vrai. A l'intérieur, c'est la folie, on dirait les finales NBA, avec des caméras partout. Le pire, c'est que tout le monde se contrefout de la raison qui amène la star à Paris. Seule sa présence compte.

Je retrouve des confrères, on s'installe et on discute en attendant l'arrivée de Mike. Souvent, dans ce genre de retrouvailles, entre deux bouclages, les scribouillards aiment à se plaindre, entre eux, l'horaire, le lieu, la personne... Là, tout le monde est heureux. L'ambiance s'avère on ne peut plus dissipée, quelques dizaines de minutes plus tard.

Soudain, un frémissement.

Jojo est là. Silence. Question look, c'est un peu la cata, avec son costard à gros carreaux blancs, les boutons de manchettes dorés, l'énorme montre bling-bling et sa cravate orange. Pour le reste, il n'a rien perdu de son aura. OK, il a un peu empâté depuis sa retraite, trois ans plus tôt. Cou épais, traits plus marqués, rides visibles, Jordan a 43 ans. Mais il lui suffit de sourire pour embarquer toute l'assistance. Je le revois encore, à se passer sa si célèbre langue (pour les néophytes, il la sortait quand il partait au dunk) sur les lèvres, l'air mutin, nous regardant, amusé.

J'avoue, je n'ai pas retenu tout son discours sur la marque qu'il venait promouvoir. Comme les autres, j'étais simplement conquise devant tant de charisme - et après tout, je venais pour écrire un papier d'ambiance, pas pour lui servir la soupe. Mais je n'ai pas manqué l'occasion de lui parler, enfin. Fébrile, j'ai levé la main. "Yes ?" qu'il m'a fait, fixant son regard dans le mien. J'ai lâché ma question, il a souri, y a répondu, j'ai vite fait jeté un oeil dans la salle, regardé Mike et, sentant son approbation, hop, osé une deuxième. Je ne vous explique même pas, une vraie midinette, mais genre, sérieuse, concentrée sur les dires de Jojo. Mes questions étaient insignifiantes mais rien que de lui parler, je sentais mon coeur battre à tout rompre.

Voilà, c'est ça l'effet Jordan. C'est unique. J'ai eu la chance de rencontrer beaucoup de basketteurs, des très bons, des moins bons, des célèbres et des anonymes. Des chiants, des pénibles, bien sûr, mais énormément de personnes attachantes, respectables et adorables, aussi.

Jojo est à part.

Sans vouloir l'idéaliser (il était perçu comme un tyran, du temps des Bulls, dictant ses lois à ses coéquipiers et sa reconversion, après le basket, n'a pas été sans heurts), j'avoue que je le situe au-dessus de toutes ces considérations. Les palpitations qu'il a toujours suscitées chez les autres ne sont que le signe d'un être d'exception. Je ne tire aucune gloire de l'avoir rencontré, j'ai juste conscience d'avoir croisé une personne rare. J'imagine qu'aujourd'hui, c'est le même sentiment qui anime ceux qui ont la chance de côtoyer Barack Obama.

Demain, je vous raconterai pourquoi j'envisage d'aller sonner chez mes voisines du dessus, les soeurs de la Providence (ou de la Miséricorde, j'ai un doute). Un vrai retour aux réalités!

2 commentaires:

  1. Ouaaah ! Chuis sciée ! C'est bien la première fois que QUELQU'UN réussit à m'intérresser, MOI, à un sportif !
    T'en a d'autre, la Mouette, des comme ça ?
    Sinon j'ai hâte d'être à demain ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire de bonnes soeurs ??? Te voilà touchée par la grâce ?

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  2. Ah, la Mouette, je ne sais pas quelles sont les raisons qui te poussent à quitter le journalisme et elles sont sans doute bonnes mais tu gâches un p... de talent (désolé pour le gros mot, je ne savais pas dire autrement). Avec toi, on a toujours hâte d'^etre au lendemain.

    Bisettes
    L'oiseau

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