vendredi 12 juin 2009

De Tourcoing à New York...

Be at the right place at the right time. Être au bon moment au bon endroit. Combien de fois ai-je entendu cette réponse? Et combien de fois ai-je posé la question de savoir pourquoi mes interlocuteurs n'avaient pas concrétisé leur rêve ultime ?

J'ai eu de la chance. J'étais au bon endroit au bon moment.

Maintenant que j'étais à l'école, j'avais une sorte de passeport. Du haut de mon insouciance d'alors, j'ai pris le téléphone et j'ai appelé directement le rédacteur en chef du magazine dont je rêvais depuis gamine. Écrire une lettre de motivation? Je n'y avais même pas pensé, à vrai dire. Et voilà comment je suis arrivée la première fois dans cette rédaction de basket. Un stage, un deuxième. Une réunion, un jour, parce que la société avait lancé un deuxième titre, très enfantin, qui marchait -alors- du feu de dieu. Ils avaient besoin d'un journaliste. J'avais été conviée, mais plus en tant que simple observatrice. J'ai quand même évoqué l'idée que cela pourrait m'intéresser, éventuellement... (Intérieurement, je bouillais). Le red' chef de la publication m'a regardée, drôlement étonné:

"Je pensais que tu ne voudrais jamais. Les étudiants en journalisme ont souvent le syndrome de Watergate."

Ah, ah. Moi, d'où je viens, c'est impossible. La zone a dû être décontaminée. Pour avoir la tête comme une pastèque, il faut quand même un gonfleur et mon papa a beau être un passionné de cyclisme, il ne m'a jamais fourni la valve.

Quelques jours plus tard, je visitais... Tourcoing (ou Roubaix? C'est grave, j'ai fait un total reset!), où j'étais censée travailler en locale pour un grand (le syndrome, ça y est, j'étais atteinte!) quotidien régional et là, je sais pas, j'ai eu comme une petite déprime. La sensation d'une ville-fantôme, grise, terriblement vidée de son âme... Va savoir pourquoi, j'ai finalement été affectée à Lille, mais à la PAO (mise en page).

Pfffff, là, ça dégonfle le melon. J'avais toujours en tête "le" poste mais j'avais signé un contrat auparavant, j'étais un peu coincée. Et puis, y'a pas à dire, quand on passe ses journées à monter des pages remplies de ducasses, comices agricoles, de faits divers super sanglants ("une femme rate la marche en sortant de la mairie: 3 points de suture") et autres noces d'or, on revoie vite ses rêves de grandeur.

Et c'est justement alors que j'étais en plein casse-tête sur des noces d'or (caser une photo sur 6 cols, avec 200 signes de texte, je vous jure, c'est pas simple) que j'ai reçu un coup de fil. Le réd'chef me demandait de lui trouver des idées pour le nouveau magazine, là, tout de suite. Un délai de 24 heures obtenu et un passage au kiosque plus tard, me voilà en train de disserter sur "les bons conseils de rookie" (!) sous l'oeil noir de l'un de mes collègues et alors que le chef de locale de Dunkerque trépignait sur la deuxième ligne. Et c'est comme ça que j'ai été embauchée.

Par téléphone.

Alors que je raccrochais, l'un des journalistes a foncé sur moi, complètement excité : "c'est génial, tu vas aller aux States!" Il était carrément hystérique. Pourtant, je n'avais aucune intention de l'amener dans mes valises.

Cela dit, il avait raison et je n'avais même pas songé à la chose en débitant mes trois idées pourries. Je me disais seulement que j'atteignais mon but, même si c'était par la porte de derrière : je n'étais pas supposée travailler pour le magazine dont je rêvais initialement, seulement son (tout) petit frère. J'ai pensé aussi que je ne connaissais personne dans le milieu, mais que mon utopie n'en était pas une. J'ai ressenti une sacrée montée d'adrénaline.

C'est dans cet état d'esprit que j'ai débarqué, trois mois plus tard, à l'aéroport JFK Kennedy...

6 commentaires:

  1. Ah la vache ! ça me scie ! tu as le sens de l'opportunité, c'est bien ! Alooooors ? ensuite ? (tu vois, tu vas l'écrire ce bouquin...un de ces 4...)

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  2. Oh la la, Anne, tu as été tellement réactive que tu as dû lire ma première version ce de texte, avant que je le corrige. Bah, peu importe... Ensuite? Plus tard, plus tard...

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  3. Fruit du hasard...Alors j'ai relu la "réformée", tout aussi bien. Ah, vivement demain !

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  4. C'est haletant ! J'ai du mal à ne pas trépigner en attendant la suite. Tu as raison, parfois, il faut forcer son destin.

    L'oiseau

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  5. M'dame, ce serait bien de ne pas critiquer le Nord maintenant que j'y habite !!! Surtout que mon fils aime bien la ducasse avec ses 3 manèges et 4 stands de bières (cherchez l'erreur !).

    Pour ce qui est de ton escapade new-yorkaise, j'espère qu'on aura le droit à ta "visite" dans le Bronx... oups, je vends p't'être la mèche la, non ?

    Bizz et à bientôt pour la suite de tes aventures !

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  6. Oh, je ne critique pas le Nord, j'ai beaucoup aimé mon séjour là-bas, c'est juste qu'au quotidien, dans le journal, c'était pas toujours haletant, comme dirait l'oiseau. Je m'en vais de ce pas publier le post sur mon espcapade new-yorkaise, mais l'épisode du Bronx n'y sera pas relaté, pour l'instant du moins, puisque c'est venu bien plus tard... Mais y'a moyen de rigoler! bizz et sans rancune, dis, le ch'ti!

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