mercredi 10 juin 2009

Je ne suis pas Tintin

Mail de Pôle-Emploi aujourd'hui avec, dans l'intitulé, un mot qui fâche: suspension. Quoi, comment, pourquoi, que se passe-t-il? Il me reste 18 mois de droits et je suis en "parcours entreprise", messieurs-dames, si si. En gros, ça veut dire que cette "maison du chômage" - comme une charmante Québécoise que j'ai croisée hier l'a appelée - ne me cherche pas des poux et me laisse mariner tranquille pour mon projet.

En fait, la vénérable institution m'indique que, ne m'étant pas connectée à son site internet depuis cinq semaines maintenant, je vois mon CV "Reporter" suspendu. Et d'un coup, tout me revient en vrac, les images, les sensations, les visages, les errances, les joies, tout.

On n'efface pas quinze ans de sa vie ainsi.

Histoire de mettre les choses au clair, je précise que le terme de "reporter", qui peut sembler pompeux, ne vaut chez moi que parce que je réalisais des... reportages. N'allez pas imaginer là les grands baroudeurs qui frayent leur chemin à travers les champs minés. Je ne suis pas Tintin. Et d'ailleurs, je n'ai pas de Milou non plus, l'appart, c'est quand même pas génial pour un toutou.

Simplement, petit caprice, je pouvais écrire "reporter" dans mon intitulé de CV, et je ne m'en suis pas privée, genre je me la pète... et de toute façon, vous n'aurez pas de job à me proposer. Gagné. Depuis que je l'ai mis en ligne, en mars, je crois, j'ai eu une offre. A Avignon. Sympa, Avignon, y'a le festival, le soleil, l'accent du Sud... Oui mais non. Pas possible. Disons que j'étais déjà tellement investie dans mon projet de restaurant que l'idée de replonger dans le journalisme ne me tentait guère. Et que je ne suis pas très mobile.

Pourtant, j'ai toujours voulu faire comme Tintin. Lorsque j'étais gamine, bluffée par... la série française Châteauvallon (j'en vois au fond qui se marrent, je sais, c'est lamentable, mais j'avais dix ans tout au plus) qui mettait en scène une rédaction, j'avais décidé d'écrire un journal. Pas un diary personnel, non, un vrai journal de news. Qui s'appelait "La dépêche républicaine." Avant de se transformer en "La dépêche mondaine" car je voulais donner une connotation internationale à ce grand canard qui allait révolutionner la planète, - sans penser que le titre relevait plutôt du people.

Cette superbe feuille de chou était composée de petites feuilles quadrillées bleues (plus funky) et agrafées les unes aux autres, avec une mise en page assez exceptionnelle composée d'articles personnels et de... collages de papiers du Presse-Océan. La grosse classe. Mon cousin s'en souvient certainement, lui qui avait été catapulté directeur de la rédaction (par tirage au sort!). En tant que rédactrice en chef, j'imposais tous les papiers et c'était d'autant plus facile qu'il n'y avait personne d'autre, hormis une rédactrice, un peu dégoûtée par ce drôle de scrutin, qui lâcha vite l'affaire (Farida, si par le plus grand des hasards, tu tombais là-dessus, bonjour à toi).

Mon premier gros reportage fut la prise d'otages au Tribunal de Nantes, en décembre 1985, qui me marqua d'autant plus que mon papa était sur les lieux et qu'il n'était rentré qu'au petit matin, après une journée épuisante nerveusement. Témoin privilégié de l'affaire, il se plia de bonne grâce à l'interview, qu'il put lire ensuite, moyennement 50 centimes: parce que je n'avais qu'un exemplaire, c'était le prix de la consultation!

Il y eut aussi un "dossier" complet sur la disparition de Philippe de Dieuleveult, réalisé depuis la terrasse ensoleillée chez mes parents... Oui, le "terrain" était une notion très particulière pour moi, à l'époque... Mais je sentais un besoin profond de raconter des histoires, de partir de faits réels et de blablater dessus. Cela n'a pas changé depuis.

Tiens, d'ailleurs, voilà que je m'étends et que je rends ce post imbuvable en en mettant des tartines... Alors, à demain pour la suite!

6 commentaires:

  1. La suiste, on veut la suite, la suiiiiite !
    Je t'aurais bien vue en Rouletabille, plus qu'en Tintin, tout compte fait. Ou peut être en Albert Londres.
    Dis, il ne te resterait pas un exemplaire de ton journal de jeunesse que tu pourrais me prêter, s'il te plaît ?

    L'oiseau

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  2. je me joins à bluebird : t'as intérêt de retrouver ça et de nous le scanner, on veut voir ! (sourire gentil) - pas si imbuvable que ça ton article, puisqu'on l'a lu en entier...ça te va bien, de blablater sur des histoires ; ah ! ce cher pôle emploi ! quelle mirifique invention...du coup, ils t'ont sortie alors ?

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  3. J'crois que je les ai bennés, un jour de grand ménage... Je vous promets, je vérifierai, le jour où j'irai chez mes parents, mais je crois que c'est mort. Dommage, c'était bien kitsch!
    La maison du chômage (j'adore cette expression) n'est pas rancunière, j'ai cliqué sur mon profil et ils m'ont re-balancé des offres de rédacteur à Marseille ou Metz, c'est cool.

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  4. Que de souvenirs ! Oui oui je me souviens des premiers essais réalisés sur la table de la cuisine chez notre grand-mère ou dans la petite chambre...

    Je me souviens aussi de ce tirage au sort "arbitraire" et des bonnes idées de s'envoyer nos articles par courrier (à l'époque internet et les mails n'étaient même pas un doux rêve) !

    Que le temps a passé... et on a drolement évolué depuis... pour moi, le journalisme n'a finalement jamais été une vocation !!!! Domage d'ailleurs sinon j'aurais bien aimé écrire un papier pour annoncer l'ouverture d'un nouveau salon de thé au Mans !

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  5. Cela reste vraiment de jolis moment de notre enfance... Tu as pris une voie très brillante, tu n'as rien à regretter. Au moins, tu pourras venir au salon de thé, juste "pour rien", sinon le plaisir que j'aurai à t'y accueillir! bizz, cousin

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