dimanche 28 juin 2009

Michael, le Bidule et le sel de la vie

J'aimerais vous parler de celui que j'admirais en me couchant le soir et en me réveillant le matin. Il était habillé de rouge et ne ressemblait à personne d'autre. Il me regardait un peu de haut mais je ne lui en voulais pas. Je l'aimais tellement que j'avais mis toutes mes économies dans l'achat de son "poster géant". Il chantait "Beat it" et lorsque j'ai vu la première fois son célèbrissime clip "Thriller", j'en ai eu des frissons et le goût de l'interdit. J'avais 9 ans et c'était ma première idole. Peu de temps après, je transférais toute ma passion sur Madonna, allant même jusqu'à l'imiter, des tonnes de caoutchouc sur les avant-bras, chouchou rose dans la chevelure crêpée, jupe courte à volants et brassière funky. J'étais absolument ridicule mais je ne m'en suis rendue compte qu'en tombant sur la photo immortalisant ce délicieux instant de mon enfance, des années plus tard.

Michael Jackson était sorti depuis longtemps de mon esprit, mais apprendre qu'il est parti, c'est comme refermer définitivement un pan de sa propre histoire.

J'aimerais vous parler d'un lieu, ouvert quelques heures dans la journée seulement, vieillot, où l'on ne sert qu'un vin blanc ou un rouge, dans de minuscules verres; où l'on est obligé de se serrer comme des sardines et d'en sortir rapidement, au risque de mourir étouffé. Le Bidule est un défi permanent aux lois du marché. Ce bar de Pornichet, que j'ai connu il y a fort longtemps, n'a pas changé d'un iota - si ce n'est qu'il ne se prolonge plus dans la rue, comme par le passé. Endroit incontournable du coin, ce p'tit bistrot atypique est l'endroit où il faut être, quitte à se faire renverser du blanc sur les pieds ou aggraver l'état du balai qui a décidé de jouer les prolongations. C'est une véritable étuve et on doit jouer des coudes pour parvenir à commander auprès d'un barman suintant à grosses gouttes. Tous les âges, toutes les catégories, de la jeune pépée allumeuse au vieux pépé blasé, du petit couple en goguette aux bandes de copains sortant de la plage, la mèche péroxydée par le soleil, tout le monde se retrouve, un petit verre dans une main, l'autre dans le paquet de chips amené pour l'occasion, sans se soucier des autres, d'un design quelconque ou du cadre général. Un beau pied de nez à tous ces lieux surfaits où tout tient à la déco. En plus, le blanc a tellement un goût de reviens-y que l'on s'est senti obligé, hier, de revenir à la charge. Quitte à ricaner bêtement en sortant.

J'aimerais vous parler du bien-être que peut procurer un mini-break et de l'angoisse du retour de bâton qui suit irrémédiablement. Sincèrement, ces quelques jours à la mer m'ont remise la tête (à peu près) à l'endroit, à défaut d'un équilibre stable et d'une allure droite. Je sais aussi que je présente dans quinze jours mon projet à un jury et que ça va être compliqué de boucler tout ça. Mais que n'aurais-je donné pour un peu d'air iodé et la sensation du sable chaud s'égrenant lentement de mes mains? Pour le cri des mouettes et l'horizon clair de l'océan?

Oui, j'aimerais vous parler de la folie qui nous empare, nous les geek. Avant, lorsque je rentrais des vacances, c'était déballage de valise, douche, coup d'oeil au courrier et basta. Là, j'ai allumé l'ordi, véritable intoxiquée privée d'internet et, le corps encore couvert de sable, j'ai entamé le tri méticuleux de mes mails. Pour constater qu'il y avait quinze tonnes de pubs, de soldes, de spams et finalement peu de vrais messages intéressants. Tout cela est tellement vain, finalement. Mais je ne sais pas, peut-être espèrais-je un courrier miracle m'annonçant que mon local m'attendait, comme par enchantement?

J'aimerais vous parler de tant de choses mais je ne veux pas vous saouler. J'ai envie aussi de savourer, quelques instants encore, le vent de liberté que j'ai laissé filtrer dans mon quotidien, pour affronter avec une énergie démultipliée la dure réalité qui s'annonce.

4 commentaires:

  1. Et moi, j'aimerais te parler des images revenues au fil de tes lignes, du sourire sur mes lèvres, du plaisir de te lire...
    J'aimerais te parler de ceux qui ne partent jamais, et qui ont dans les yeux les embruns que tu as bu....
    J'aimerais te parler, en un clin d'oeil, un sourire, et un silence en suspension, des jolis moments vécus qui rient dans les mémoires.
    En espérant que tu casses vite cet encombrant balai, bon retour, la Mouette !
    Il arrive qu'il y ait des lundis...hélas.

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  2. Bonjour la Mouette. Ah, enfin une geekette - je craignais d'être un peu seul au sein de notre petit groupe "d'amis virtuels".
    Heureux de savoir que ce week end t'a fait du bien. Maintenant, tu vas pouvoir tranquillement te mettre au boulot et tu y arriveras. Tu vas terminer ton projet haut la main et tu recevras certainement les félicitations du jury.
    Bon courage.

    L'oiseau

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  3. C'est toujours aussi émouvant de te lire...
    Tu dis si bien les choses. Celles qu'il y a au fond, enfouies...
    Te lire est un régal, Steph. Merci.
    Gros bisous

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  4. Merci Véro, j'ai lu de mon côté ton "hommage" à Mike, je m'y suis retrouvée pleinement!
    Bizz aussi

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