dimanche 5 juillet 2009

L'habitude intolérable du manque

Qui va me réveiller le matin en criant: "J'ai fini de dormir?"

Qui va faire de mon salon un champ de bataille en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, installant là des magazines de foot, ici des magnets, voire... un but?

Qui va tenter de squatter l'ordinateur ?

Qui va me supplier de le regarder à chacun de ses mouvements sur un terrain... de foot?

Qui va me traîner dans les magasins, en quête du maillot parfait?

Qui va m'obliger à compter jusqu'à trois, avant d'obtempérer?

Qui va faire son petit visage d'ange pour obtenir mes grâces?

Qui va me demander quinze fois, le soir venu, une autre histoire, un verre d'eau, un pansement, une autre histoire, un drap, la lumière dans le couloir, une autre histoire... ?

Qui va m'obliger à jouer le rôle du papa ET celui de la maman en même temps?

...

Ce soir, mon fils est parti chez son papa pour les vacances. Trois semaines. J'aurais dû y voir l'occasion de souffler. Mais en le regardant partir vers d'autres horizons, j'ai songé à tout ce que j'allais rater. A tous ses rires, à tous ses caprices, à tous ses mouvements d'humeur. Je me suis dit que j'allais le trouver changé d'ici là, qu'il m'appellerait "papa" les premières heures de son retour, qu'il faudrait remettre les points sur les i d'emblée et retrouver notre petite vie.

Comme d'habitude.

Je le voyais filer, presque indifférent, déjà à l'aise dans son autre maison. Mon coeur s'est serré, je n'ai pas demandé mon reste, prête à le laisser. Il est revenu en courant vers moi, quelques secondes, accomplissant le rituel de toute longue séparation, spontanément. Les larmes au bord des yeux, j'ai béni mes lunettes de soleil et pris le chemin du retour.

Le retour vers une drôle de vie, soudain dénuée de sens. Comment je faisais, avant ? Je veux dire, lorsque j'étais célibataire, sans enfant? Qu'est-ce qui me faisait vibrer? J'en vois deux au fond qui bondissent, alors je les rassure tout de suite: je m'accomplis, sans mon enfant. Il n'est pas toute ma vie. Il n'est surtout pas l'homme de ma vie (!). Mais tout de même, quel vide, d'un coup!

Je devrais y être accoutumée. Cela fait trois ans que mon loulou a deux maisons, qu'il va de l'une à l'autre sans broncher, que l'on vit des plages loin l'un de l'autre. C'est tellement banal! Mais la banalité n'efface pas le manque. Et quand vient l'été, je sais que j'ai juste à me regarder le nombril et à ne me soucier (presque) que de moi. Sauf que c'est tellement rassurant de s'oublier, de ne pas se regarder dans le miroir et de jouer à la maman attentionnée.

Et puisque je n'ai plus de prétexte pour être accaparée, que les soeurs ne me seront sans doute pas du meilleur conseil et que la ville est un rien désertée, je vais me plonger dans le monde merveilleux qui m'attend: mon avenir.

2 commentaires:

  1. Je vais nager à contre courant des idées toutes faites : il part p'tit loulou ? tant mieux, il grandit ! que vou le voyiez, son père et toi, ensemble ou séparément n'est qu'une autre répartition du temps, rien de plus ; ça t'empêchera d'oublier de le voir, prise par le quotidien ; ça te redonne une bouffée d'air et de "vie à toi, pour toi" ; vous vous réapprendrez à son retour, tu ne l'en regarderas que mieux...
    "Quand on aime, il faut partir" - c'est tellement vrai....se séparer, pour mieux se rejoindre ; se re-voir ; s'attendre et se manquer ; normal que ça flotte un peu au début, normal...tu vas voir ta joie, plus tard !
    Allez la Mouette, VIS ! c'est une forme de vacances que tu vis...des vacances de maternage !
    Tu nous raconteras la rentrée ! "Loulou 1er, ze come-back !"

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  2. Comme tu as raison, Anne, et pourtant, c'est une étape toujours difficile. Lorsque c'est pour quelques jours, ça va, mais trois semaines, ça me semble une éternité.

    Cela dit, je vais apprécier dans quelques jours cette douce saveur de liberté, de vie sans contraintes quotidiennes, cette possibilité de bosser jusqu'à pas d'heure et sans la peur de ne pas assurer derrière... Il me faut juste un peu de temps pour m'habituer à cette idée que je connais pourtant si bien!!

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