jeudi 6 août 2009

Tipi

Quelle chaleur, mercredi soir! Et pas seulement parce que le thermomètre s'emballe depuis peu, non. Je me suis sentie suffoquer devant ma télé, tout bêtement. Pour les non-initiés, c'était en effet le début des qualifs de la dernière chance, pour disputer le championnat d'Europe de basket. La France a péché, à de multiples reprises, pour tout un tas de raisons - à commencer par une incompétence notoire des big boss de la Fédé. Et si les Bleus ne disputent pas l'Euro, en septembre prochain, ce sera le plus gros gâchis de l'histoire du basket français. Lequel sport n'a pas besoin d'une telle pub pour finir de s'enterrer, hélas.

Bon, je mets fin au suspense, la France a fait le métier et réussi à battre l'Italie, son plus gros rival, sur les terres transalpines. Et le plus fort, c'est que l'équipe a montré pas mal de ressources, malgré l'absence de son leader, Tony Parker.

Tony Parker. Mais si, vous savez, le mec qui fait la pub pour Kinder Bueno, l'air ahuri devant le distributeur? Siouplaît, j'aime trop les kinder et j'arrive pas à les attraper... Non?

Ben alors, le p'tit gars qui tente de rapper ? Balance, balance-toi... ? Toujours pas?

Le mari d'Eva Longoria?

Ah, ça y est, vous y êtes. Bon, le joueur, on aime ou on n'aime pas mais son dévouement pour l'équipe nationale est sans faille. Chaque fois qu'il a pu le faire, il a rejoint l'équipe de France, s'est montré souvent héroïque et a toujours clamé qu'il voulait terminer sa carrière sur une médaille d'or, avec les Bleus, entouré de ses potes de toujours.

Cette fois, il y a eu un hic : une entorse bénigne. Au début, il a juste été dispensé des matches de préparation, mais on pensait tous qu'il serait d'attaque pour disputer le premier match de ce tournoi de "rattrapage" - le plus important, en passant. Sauf que le jeune homme est employé par un club NBA et que les Américains, qui aiment bien savoir pourquoi ils paient leurs salariés - et qui, surtout, continuent de se comporter comme s'ils étaient les maîtres du monde - ont exigé que TP rentre aux Etats-Unis pour que le médecin des San Antonio Spurs vérifie la nature du mal. Genre, vous vous cognez douze heures de vol jusqu'au Texas, pour vous entendre dire que, de fait, vous souffrez d'une... entorse bénigne. C'est vrai que la médecine française en est à ses premiers pas... Bref. Tony a eu le feu vert mais n'a pu prendre part à la première rencontre. Cela aurait pu être fatal aux Bleus, si l'audace des p'tits jeunes n'avait pas fait la différence.

Pourtant, Parker, aussi milliardaire et coté soit-il, ne peut que s'incliner lorsqu'on lui intime l'ordre de rentrer. L'arrogance américaine, Tony y est habitué, après tout, étant lui-même mi-frenchie/mi-yankee. D'ailleurs, ça me rappelle quelques lointains souvenirs...

La première fois que je l'ai rencontré, je devais réaliser une interview de ce jeune Français qui assurait à la terre entière qu'il allait réussir en NBA - alors qu'il jouait relativement peu dans son propre championnat, finalement. Un stagiaire d'alors m'avait accompagnée et comme le Hamster - surnom du stagiaire, cherchez pas - était fort motivé, je lui avais proposé de préparer quelques questions, au cas où.

Nous sommes donc arrivés chez Tony, porte de Saint-Cloud, qui nous a ouvert la porte en traînant des pieds, chaussettes blanches dans les tongs, la démarche chaloupée et nonchalante. Le ricain dans toute sa splendeur. Les clips de MTV passaient en boucle sur la télé dernier cri. Sa copine d'alors semblait un rien gênée, à vrai dire, de cette attitude légère, et tentait de rattraper le coup par un accueil des plus chaleureux.

Nous avions devant nous un grand gamin de 17 ans qui se la jouait à la one-again et, à vrai dire, j'ai vite écumé les questions. Pour tout dire, je me suis même sentie en complet décalage, comme si j'avais pris d'un coup vingt ans dans les dents. J'ai fait un signe au Hamster, pour qu'il prenne le relais. J'étais dépitée, Tipi se targuait d'une confiance sans limite en lui-même, mais manquait clairement de naturel.

Nous sommes sortis, le Hamster aux anges, moi déçue. Cette sensation mi-figue, mi-raisin, je l'ai ressentie à de multiples reprises, chaque fois que j'ai re-croisé Tony Parker. Alors que je ne m'attendais plus à rien, il m'a bluffée lors de notre entrevue suivante, montrant beaucoup plus d'intérêt. Puis, de nouveau branché sur courant alternatif, il n'a même pas cherché à réfréner ses bâillements.

Lors de son premier All Star Game, où il avait de quoi frimer au milieu du gratin de la NBA, il avait pris le temps de prendre quelques nouvelles. Au suivant, il a esquivé toute la presse française. Lors de ses dernières finales NBA, dont il a fini MVP (meilleur joueur, excusez du peu!), il répondait systématiquement aux questions de ses compatriotes de journalistes, avant de se tourner vers toutes les caméras nationales, et les types de CBS nous regardaient toujours de travers, comme si nous avions commis un crime de lèse-majesté.

A la fois très mature et très juvénile, Tony n'a pas hésité à faire poireauter pendant des heures un tas de fans venus écouter son (mauvais) rap, lors d'une soirée grotesque à Houston, n'arrivant que très tardivement aux côtés de sa tendre et chère Eva. Mais, sensible aux critiques négatives qui lui sont revenues aux oreilles, il nous a tous "convoqués" dans les vestiaires, nous les scribouillards français, à quelques minutes de jouer le All-Star Game.

A suivre...

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