mercredi 26 août 2009

L'âme en paix

Ah la la, ces quelques jours loin de tout ont décuplé ma faculté à me laisser vivre et me voilà même à traînasser avant de revenir sur ce blog - pourtant mon petit espace - un comble! Il faut dire que ces vacances en République Dominicaine, cela ressemblait un peu à cela:



Vous voyez le genre.

Alors, forcément, je suis limite à me taper la tête lorsque j'ouvre mon agenda et que je constate, avec désarroi, que j'ai pris deux rendez-vous TRÈS importants cette semaine. Oui, là, en plein jet lag, je m'amuse à négocier sec. Toujours aussi fine, en somme...

Bon, avant de m'auto-flageller totalement, je vais rester un peu la tête dans les nuages. S'agirait pas de perdre tout le bénéfice de ces vacances. Et puis, je vous avais promis de tout vous raconter (ou presque - mais en fait, nulle honte ne s'est véritablement abattue sur moi et je ne me suis pas offert de cuite au rhum, malgré l'usage intensif - intempestif? - de cette "vitamine" comme l'appellent les Dominicains).

Alors, en gros, j'ai eu la judicieuse idée de partir pour une destination "lune de miel". Oui, avec de jeunes mariés ayant seulement enlevé les casseroles bruyantes de leur voiture pour rejoindre l'aéroport, roucoulant comme aux premiers jours (car justement, ils sont encore dans la phase idyllique, c'te blague), la bague bien en vue et les regards de braise, les petites attentions pour sa moitié et l'impression de vivre dans une bulle.

Forcément, avec mon loulou, je faisais un peu... tache.

Comme ils sont néanmoins en transe et dans cette fameuse bulle, ces jeunes couples n'ont heureusement pas témoigné le moindre agacement à l'égard d'un petit bonhomme de 6 ans que je surnomme affectueusement mon ver de terre. Avaient-ils d'ailleurs remarqué sa présence ? Même pas sûre.

Parmi eux, le couple Ken & Barbie, aux mensurations impeccables, lui adorable, elle un rien pimbêche; a contrario, les complexés, qui ne se baignent pas, gardant leurs vêtements pour tenter de cacher des formes trop pleines; les coincés, les sportifs, les discrets, les classe, les vulgaires... Un échantillon de la vie, en somme.

Il y avait aussi les Ricoré, avec le bon père de famille qui prend soin de ses femmes (la sienne, et ses deux filles) et la famille recomposée avec les parents - très démonstratifs, question postures langoureuses - et les deux enfants, dont l'aînée, visiblement traumatisée, répétant dix fois qu'elle a une autre soeur, mais pas de la même mère...

Bon, sinon, il y avait une autre maman célibataire, mais d'un grand garçon de 16 ans. Une sorte de couple qui m'a donné envie de trouver rapidement l'âme soeur, histoire de ne pas finir ainsi. Quelle tristesse, je vous assure, chez ces deux personnes, charmantes au demeurant... La mine basse, résignée, cette femme au teint pâle m'a demandé:

"- Et vous non plus, vous n'avez pas refait votre vie?

" - Euh, non"

Mais j'y coooooooooouuuuuuurs, au secoooooooooooouuuuuuuurs!

Comme dans tout groupe qui se respecte, il y avait les grandes gueules, représentées ici par deux quadra, rejointes par leurs aînés quinqua-sexagénaires aux cheveux blancs. Des Sudistes qui aimaient prendre l'apéro, rire très fort et faire passer les p'tits jeunes pour des coincés. Mission accomplie.

Et puis, évidemment, un voyage ne serait pas ce qu'il est sans le guide dragueur. D'ailleurs, mon statut de "single" m'a attiré les faveurs de quelques désespérés, sans doute en quête de papiers et d'un avenir plus prospère en Europe. Il me fallait "un homme pour s'occuper de ton fils et de toi-même", comme ils me l'ont conseillée. A la fin, lorsqu'un de ces kamikazes me demandaient où était mon mari, je tournais la tête en montrant qu'il était dans les parages, pas loin.

Ils ne le voyaient pas, mais j'avais le temps de filer. Quelle maligne, ah ah ah.

Je me suis amusée à noter deux, trois choses lorsque j'étais là-bas. En relisant ces lignes, je m'aperçois que le tableau qui pourrait se dégager de la République Dominicaine ne s'avère guère flatteur. Rues cabossées, maisons délabrées, gamins non scolarisés qui survivent en cirant des chaussures ou en portant des sacs dans les supermarchés, chiens errants sur la plage ou le bitume, fouillant dans les poubelles de St-Domingue quelque aliment oublié, vendeurs envahissants, circulation démentielle...

Et pourtant. Au son de la merengue, danse nationale, une douceur et une envie de vivre intense s'insinuent dans nos esprits occidentaux. Il y a, ça et là, des relents de culture américaine, notamment dans les architectures de certains bâtiments - commerciaux, surtout- et les voies de circulation. Pour le reste, le rythme des Caraïbes berce le quotidien, ralentissant nos velléités d'en faire (toujours) trop.

Les façades multicolores, la végétation luxuriante, près de la montagne, les senteurs - celles du café, du cacao, de la vanille..., le goût exquis des mangues et de la papaye, les cocotiers qui bordent les rues et les plages, les îles désertes paradisiaques, la mer turquoise, la gentillesse des autochtones donnent des couleurs à cette terre où, pourtant, la misère des habitants ne peut être voilée.

La moiteur de l'air est un autre facteur, bien sûr, mais il y a cette désinvolture incroyable qui apaise nos cerveaux surexcités. A quoi bon? semblent penser les Dominicains. Soudain, on a l'impression que tout sera possible, mais sans se triturer l'esprit. Y compris rouler à trois en moto, sans casque ni permis, ouvrir le parapluie en cas d'averse tropicale sur cette même moto, rester debout à quinze sur une camionnette à plus de cent kilomètres à l'heure, s'arrêter en plein milieu de l'autoroute, juste pour trinquer (!)....

Mais aussi vendre des poissons en les enfilant sur un guidon de mobylette (miam...) ou exposer des têtes de cochon à l'air libre - mais que dirait la DSV?

Allez je vous montre:




Je sais, ça n'a pas l'air ragoûtant. Mais nous n'avons même pas été malades - je n'ai pas testé ce boucher-charcutier, cela dit... D'ailleurs, moi qui parlais de catastrophes, rien à signaler de ce côté-là. Cela a bien failli, avec la menace d'un cyclone prévue en fin de séjour. Finalement, Bill a passé son chemin. Au final, me voilà bredouille de péripéties (une perte de lunettes de vue dans des chutes, y'a pas mort d'homme et ce n'est guère passionnant, n'est-ce pas), mais la tranquillité, ça a du bon, parfois.

3 commentaires:

  1. T'inquiètes pas la Mouette, la vie va tout doucement te rattraper. De belles vacances, donc ! Puis tu vois, t'es pas si Miss Catastrophe que ça !
    Des chouettes vacances, donc et d'excellents souvenirs en perspective.

    Bises
    L'oiseau

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  2. J'ai bien aimé le "et vous NON PLUS, vous n'avez pas refait votre vie", comme si être une maman solo était un signe de loose, comme si on n'avait plus de valeur en tant que femme dès lors qu'on a pas "su" ré-intéresser un mec !
    Perso, je me dis qu'avec une telle façon de penser, pas étonnant que rien ne lui arrive ! c'est quand on s'épanouit dans sa vie avec soi qu'on attire les autres, déjà, un mec n'a jamais confondu une femme seule avec un cocker abandonné, à moins qu'il ne s'agisse d'un déséquilibré atteint du complexe de Jésus Christ (sauver à tout prix cette âme en détresse) !
    Pas mal, la brochette de co-voyageurs.....

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  3. Ah bon, on n'est pas loose, quand on est une maman solo? Ah, je croyais! Non, sans blague, tu as raison, Anne, c'est dingue, ces croyances... J'adore ta comparaison avec un cocker abandonné, à vrai dire, c'est un peu l'air qu'elle avait, cette dame!
    bizz à vous deux

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