L'horreur totale, ce jeudi matin. Je rêvais que j'étais en retard, mais que des intrus squattaient mon garage et que je devais donc les déloger, avant d'aller défendre mon bifteck à l'entrevue du jour... Coup d'oeil au réveil. Effectivement, j'étais bien partie pour manquer un rendez-vous majeur, dans cette fantastique épopée qu'est la création d'entreprise: la recherche de garantie bancaire avec, dans le cas présent, un appui particulier aux femmes.
J'ai déjà lu des choses qui m'ont révoltée sur les créatrices. On les prévient que "se lancer à son compte" engendre un investissement majeur, limite insurmontable pour la ménagère qu'il y a en chacune de nous. Si, je vous assure, ces conseillers insistent bien lourdement sur ce facteur, beaucoup plus qu'on ne le ferait pour des hommes qui, on le sait, se mettent TOUS les pieds sous la table en arrivant, harassés par leur dur labeur, le journal dans une main, le whisky dans l'autre...
Pourquoi j'ai l'impression d'être dans un épisode américain des années 50, là? Ah, oui, j'ai lu dernièrement qu'une femme qui envisageait de créer sa boîte, devait "parler avec sa famille de son entreprise". Au cas où un taliban se cacherait derrière le doux visage de votre tendre et cher.
Ne riez pas, pour en avoir été témoin, je sais que ça existe.
Cela dit, à 9h39, après une trop courte nuit (toujours ce jet lag. Quitte à être un zombie, j'aurais mieux fait de sortir), je ne me sentais pas d'humeur rebelle.
Non, j'étais épuisée, point. Je n'avais qu'une envie : profiter plus encore du moelleux de ma couette.
Et puis, j'ai repensé à cette phrase très juste que j'ai lue dans "L'homme qui voulait être heureux" (dont je vous parlais hier) :
"L'être humain se complaît dans le laisser-aller, mais s'épanouit dans l'exigence de soi".
Ce type est un génie. Illico presto, j'étais sous la douche, et en moins de deux, la théière bruissait, j'avais un pied dans le pantalon, le top coincé aux épaules, le bandeau dans les cheveux pour masquer la coupe-j'en-ai-marre-de vivre. En fait, je tentais juste de synchroniser mes gestes, histoire de m'éviter une cascade dans le tapis, qui m'aurait définitivement retardée.
La tendance laisser-aller m'aurait guidée vers un petit déj gargantuesque. L'exigence de soi m'a orientée vers une option plus light. D'autant plus encourageante que le passage sur la balance m'avait indiqué le délestage de ces deux kilos super-superflus que j'avais ramenés des Caraïbes(merci le all inclusive...). Finalement, je crois savoir qui étaient les intrus de mon rêve...
Sur ces considérations débiles, et le réveil dans la douleur d'un loulou aussi zombie que moi, j'avais donc récupéré suffisamment d'énergie pour répéter, une fois de plus:
- que je n'étais pas folle
- que oui, je savais que la crise n'épargnait personne, et surtout pas la restauration
- et que ce milieu demande un temps de travail faramineux
- et que si tu veux, madame, je te fais des cannelés pour te convaincre.
Au lieu de cela, je suis tombée sur une personne très à l'écoute, qui n'a pas cherché à me piéger, simplement à vérifier un minimum la part d'incongruité dans tout cela.
Limite si je n'étais pas déçue de ne pas être attaquée.
Serais-je devenue tellement exigeante envers moi-même ? Ou ne se laisserait-elle pas aller, elle ? Envisageant très sérieusement d'aller prendre mes gouttes (et de retourner sous la couette finir mon rêve et chasser mes intrus), je suis plutôt partie pour un marathon, avec une liste de choses à faire ABSOLUMENT aujourd'hui. Je me connais trop: si je me laisse aller, c'est mort. Du coup, je décuple mon énergie pour accomplir des tâches aussi dingues qu'aller déposer des prévisionnels dans des boîtes à lettre, poster mes impôts, passer chez le cordonnier récupérer des bottines qui poireautent depuis trop longtemps, faire deux-trois courses pour le dîner du soir, prévoir quinze amuse-gueules alors que nous sommes trois et trier, enfin, des photos pour les développer.
Évidemment, j'ai oublié l'essentiel: aller voir un restaurant qu'une de mes "accompagnatrices" m'a suggéré de contacter, afin de tester mes compétences avé la toque sur la tronche.
Laquelle toque me permettrait certainement de masquer ces petits yeux que je traîne. C'est sûr, ce vendredi, je fonce.
vendredi 28 août 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Je rêve où il y a même une contrepèterie dès le titre ? Grande classe...
RépondreSupprimer"mais s'épanouit dans l'exigence de soi"....attends, ça, c'est pas tombé dans les oubliettes....merci, tiens !
RépondreSupprimerVoui, bien sûr, une femme c'est une petite chose fragile, faut la mettre en garde quand elle veut monter sa boîte ! et pis elle va peiner à tout gérer du coup ! 's'ra moins dispo pour la bouffe/les fringues/les mômes et surtout LE MONSIEUR ! qui va nous faire un gros complexe d'infériorité, surtout s'il est salarié...!
Peuh ! ça me ravage tiens !
Allez, passe outre et fais ce que tu dois faire !