Je radote, oui, mais c'est la première fois que je ne reprends pas le chemin de l'école (enfin, là, ça remonte) ou du bureau et j'avoue que cela m'angoisse un rien. Depuis la semaine passée, les routes se sont remplies de gens tout-bronzés-tout-stressés, anxieux à l'idée de reprendre le taf et les habitudes. Et, alors que j'ai toujours tout fait pour éviter cette déprimante routine, je me surprends à écouter avec envie les témoignages de ceux qui ont retrouvé leur vie de tous les jours.
Voilà un an, j'avais une boule d'angoisse mais à vrai dire, le rythme, infernal, avait déjà démarré. C'était la course pour tout, la moindre minute était comptée, on parlait de rentabiliser le temps au maximum, quitte à s'épuiser très vite. Trop vite.
Cela faisait quatorze ans que je vivais les affres de la rentrée dans ce magazine. Beaucoup de stress, un tas de coups de fil à la dernière minute, des corrections à tire-larigot, quelques coups de gueule, d'immenses soupirs de soulagement à chaque fin de bouclage... L'année passée, pourtant, quelque chose s'était cassé. Nous avions été rachetés par nos concurrents et tout avait changé. L'impression de n'être plus qu'une vache à traire de l'info. La sensation d'avoir mis les pieds dans un engrenage infernal où l'idée de prendre UNE journée de répit équivaudrait à une quasi-démission. Des sandwiches avalés à la va-vite devant l'ordi, les miettes sur le coin du bureau et l'oeil hagard traduisant toute l'incongruité de la situation.
Je n'ai jamais voulu cette fin. Mais elle était inéluctable. En regardant l'équipe de France de basket se qualifier pour l'Euro, hier, j'ai songé à quel point j'avais pris le large par rapport à ce petit monde, malgré mon intérêt, sinon intact, au moins certain pour la balle orange. Je ne pensais pas que l'on pouvait s'éloigner ainsi de sa passion, laisser la vie reprendre ses droits sur les priorités d'hier.
Sans doute parce que je suis une femme, on doutait parfois de mes compétences dans le domaine, de mes connaissances réelles, sur le basket masculin, principalement. A vrai dire, j'avais fini par mettre cela de côté, pour m'épanouir dans ce que j'aimais faire. Ce qui m'intéressait, c'était d'en savoir davantage sur l'homme, derrière le basketteur. Sur la capacité, aussi, à se transcender ou à rebondir, lorsque le joueur perdait pied.
J'aimais aussi partir, un peu à l'aveuglette, rencontrer les hommes et les femmes qui aimaient ce sport, au point de lui sacrifier des vacances. J'en ai gardé des liens enrichissants, sincèrement. Je les admire aujourd'hui d'autant plus que, de mon côté, je me suis éloignée des terrains, en jetant simplement un oeil curieux, sans chercher, comme auparavant, à creuser côté coulisses.
Je ne regrette rien. Cela ne servirait pas, de toute façon. Simplement, l'envie d'écrire, le bonheur d'avoir ce lien privilégié avec de belles personnes, la possibilité d'aller à droite, à gauche, avec une liberté de mouvement inestimable, j'avoue, cela me manque.
J'ai tourné une page. Et, au moment d'en tourner, peut-être, une autre, je réalise à quel point le sentiment d'inachevé - que j'avais chassé lorsque j'ai quitté le magazine - me rattrape insidieusement.
Je croyais avoir fait le tour mais il y avait encore tellement de choses à découvrir, à ressentir, à raconter que je rends les armes: tel que je l'ai vécu, le basket me manque.
lundi 31 août 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
C'est aussi sans aucun doute le fait d'êtr entre deux aventures: l'ancienne, terminée et la nouvelle, finalement pas encore commencée "concrêtement".
RépondreSupprimerJe pense que dès que tu auras "ouvert" ton petit "chez-toi", ces regrets, cette petite amertume si bien décrite, te quittera.En attendant, je veux bien héberger ta prose que j'adore (définitivement) dans mon modeste bazar...
J'aime te lire.
Je suis d'accord avec dbentjac, tu flottes un peu en attendant d'entamer ton nouveau challenge. Déjà, tu verras pendant tes deux semaines de stage, le temps va te paraitre bien court pour te pencher sur le passé et les questions et les regrets s'envoleront à vitesse grand v.
RépondreSupprimerBises
L'oiseau
Et comme les deux ci-dessus ont déjà dit ce que j'allais dire, je me contenterais d'un modeste "allez, c'est le blues de la rentrée, ça ne ve pas vraiment durer".....
RépondreSupprimerJe t'envoie un large sourire !