mercredi 27 octobre 2010

Bye bye, city!

Lorsque j'ai posé mes valises ici voilà seize ans, lestée d'une petite vingtaine de kilos supplémentaires (!) mais sans plus de bagages qu'une voiture ne peut en contenir, j'ai senti comme un grand vide en moi (d'où les kilos qui ont mis du temps à se faire la malle, vous voyez bien).

Je n'avais pas choisi cette ville, que je ne connaissais que par son circuit automobile et sa fameuse spécialité que je n'apprécie guère - les rillettes - mais je réalisais un rêve, celui de rentrer dans le magazine pour lequel j'avais tant espéré travailler.

Alors, après, le lieu, hein... Je me posais surtout, pour la première fois de ma "vie de grande", quelque part. Je savais que j'entamais là un long bail et que j'allais devoir apprendre à connaître davantage ma ville d'adoption, au delà des clichés.

Au début, lorsque j'allais à Nantes, je disais que "je rentrais", alors que mon chez-moi était bien, désormais, au Mans. J'avais souvent l'impression d'être en transit, ici, entre deux déplacements. Je me souviens d'un blues monumental au retour de mon premier voyage à New York, lorsque j'ai remonté l'avenue de la gare, au Mans, sous un ciel noir et des bâtiments gris et mornes.

Une vraie chape de plomb. Et j'étais là depuis un mois. J'ai cru que je ne m'y ferai jamais.

Pourtant, est arrivé un moment où la signification du mot "stabilité" a pris un sens. Et quitte à être stable, autant y avoir ses aises.

Alors, j'ai commencé à élargir mon cercle, purement professionnel au départ. Des gens du boulot qui deviennent des amis, ceux croisés au basket auxquels on s'attache, une inscription au théâtre pour ouvrir quelques horizons - et jouer sur une scène municipale la coupeuse de tête, à faire "couic" sur un banc public, autant vous dire que je n'aimerais pas revoir les images - et y rencontrer une amie que j'ai gardée aujourd'hui... Le temps fait son oeuvre et nous permet de tisser des liens, où que l'on soit.

J'ai longtemps considéré cette ville comme une cité un peu impersonnelle, où les gens ne se sentaient jamais aussi bien qu'en clan, où ils avaient du mal à s'ouvrir. Où les horizons étaient raccourcis. J'ai voulu la quitter, aussi, pour vivre à New York, à Paris, avant de réaliser que j'étais tout simplement en train de construire ma vie ici, au Mans. Je m'aérais de ces allers-retours, qu'ils soient au Brésil ou à Gravelines, en Italie ou à Chalon-sur-Saône, les déplacements professionnels m'offraient ces escapades, aussi peu glamour soient-elles, parfois, mais synonymes d'un peu de respiration.

Et puis, j'ai appris à l'aimer, cette ville, à en apprécier les contours, les artères, les ruelles. La modernité nouvelle, les quelques restaus, le ciné sympa, les concerts de plus en plus diversifiés... le basket, avec une équipe qui avait franchi un cap, qui jouait dans la cour des grands, qui était (qui est) une grande, qui compte.

J'ai fini par aimer un Manceau aussi. Mon fils est né ici.

J'ai grandi ici.

J'ai même pensé y monter un commerce, utopique que je suis...

Vendredi dernier, lorsque j'ai salué la directrice de l'école une ultime fois, j'ai senti mon coeur chavirer, les larmes me monter. J'ai compris qu'avec loulou, nous refermions un pan de notre vie. Fini, le petit circuit maison-école qui nous plaisait tant, fini les petites balades improvisées dans le centre à la sonnerie de la classe, fini le passage à la petite boutique d'à côté où Loulou allait malicieusement se ravitailler en thé "pour enfants"... Une nouvelle vie nous attend, nous allons construire une nouvelle routine ailleurs, je l'ai voulu et je ne le regrette pas, bien au contraire.

Mais je quitte Le Mans avec un sentiment que je n'aurais jamais envisagé auparavant à l'égard de cette ville. Je me suis attachée, tout simplement.

3 commentaires:

  1. Comme quoi tout arrive. C'est bien la preuve que tu es forte ! Allez, demain est devant toi....:)

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  2. Ne te retourne pas, la Mouette. Anne a raison, tu es forte et demain t'appartient... ailleurs.

    Bises.
    Thierry

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  3. Belle et bonne chance dans ta nouvelle vie ma belle ;-)

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