C'est décidé: terminé, les jeans boyfriend, les tuniques ceinturées, les tenues casual...
J'adopte le costard. A vie.
J'avais endossé le mien, aujourd'hui, pour jouer à la fille sérieuse (et surtout parce que c'est un peu obligatoire dans le règlement intérieur de ma boîte...). Un petit brush à la Dallas plus tard et les boucles d'oreille ad hoc, j'étais fin prête. Je n'étais plus la mouette, messieurs dames, mais une fille respectable et crédible. Limite, une femme qui en jette, même.
Je vous jure.
A la station-service, où j'ai trouvé, sans même attendre dans une interminable file le droit de renflouer ma titine moyennant quinze mille dollars le litre, j'ai saisi le pouvoir du costard (et payé quand même quinze mille dollars le litre de sans plomb, y'a pas de petits profits, messieurs les pompistes, pas vrai?).
"Je vous fais une fiche avec TVA ?" qu'elle m'a demandé, la p'tite dame de la caisse. Hein? Oui, lui ai-je répondu, sachant pertinemment qu'elle ne me serait d'aucune utilité. J'avoue, je me suis un peu effrayée toute seule. Parée d'un costard, coiffée comme une lionne, j'étais devenue en quelques secondes une sorte de Jean-Claude Romand, au féminin. Moins le côté marié. Et psychopathe.
Une gentille impostrice, vous voyez bien.
Du genre à sillonner les autoroutes en costard pour faire genre, j'ai un job important et des missions passionnantes.
Arrivée dans le hall de la mairie, rebelote. Un élu, que j'estime plutôt bien, m'arrête en souriant et me demande: "Mademoiselle (+ 10 sur mon échelle d'estime, d'entrée de jeu pour lui), vous êtes journaliste, n'est-ce pas?"
Je n'ai pas osé le contredire. De toute façon, mon "oui" franc et massif, qui n'a pas manqué de m'étonner moi-même (mais qui avait donc investi mon enveloppe corporelle?), n'a pu lui laisser aucun doute. Il s'est tourné vers son acolyte en lui tapant le bras: "tu vois, je te l'avais dit". Et il est parti sur de grandes considérations sur les institutions. C'était exaltant mais j'étais obligée d'abréger la conversation: mon costard et moi, on devait monter dans la salle du Conseil.
Là, le monsieur chargé de l'enregistrement m'a fait un joli compliment sur mes cheveux. Sans ses moustaches épaisses et son grand âge, je crois que je l'aurais embrassé.
Du coup, je me suis redressée et j'ai tapé, tapé, tapé des débats sur une demande préalable de travaux pour les... toilettes publiques d'un quartier et le coût d'un élève dans un école catho. Peu importe, avec mon costard, mon sérieux ne pouvait en aucun cas être remis en doute. J'aurais dit "prout" que les gens auraient salué ma rigueur.
Finalement, y'a bien que mon ex-belle mère (ma sauveuse actuelle, qui garde Loulou pendant que je fais ma claudette-romande sur les autoroutes) à ne pas être dupe. En me regardant ce matin, du haut de son escalier, elle a mis la main sur ses hanches et a lâché négligemment:
"Et toi, sinon, tu comptes trouver un vrai travail?"
Démasquée. Costard ou pas.
lundi 18 octobre 2010
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Mouarf ! ah, les belles-mères....Des fois, on hésite entre l'envie de leur sauter au cou, ou celle de les arseniquer tranquillement, l'air de rien.....
RépondreSupprimerN'empêche, ce qu'il faut pas faire pour beurrer son pain ! se déguiser en business-woman ! pas moi qui pourra jamais faire ça....
Et j'ai jamais compris que les boîtes exigent ça ; ça n'a jamais donné de compétences, des chiffons......:)
J'ai connu ce refrain des milliers de fois quand j'étais musicien et que je gagottais ma vie sur le planches "et sinon, tu fais quoi comme métier ?" Laisse la dire, pour l'instant elle te sauve la mise, c'est l'essentiel.
RépondreSupprimerAnne a raison, le costume ne donne pas de compétences mais il apporte quand même de l'assurance et une sorte de fighting spirit. Dont tu ne manques pas, la Mouette.
Bises.
Thierry
"Si l'habit ne fait pas le moine, il aide à rentrer au monastère", dixit le vieil adage...
RépondreSupprimerJ'en aime cependant un autre :
"Si derrière toutes les barbes il y avait de la sagesse, les chèvres seraient toutes des prophètes"!
Avantage : nous dire qu'on est jolie, c'est toujours bon à prendre!
Donc met de belles jupes, mais rase toi quand même!!!
A bientôt la mouette.
Je ne suis oas fan des panoplies, en général mais paradoxalement, j'aime ce sentiment de se déguiser pour jouer un rôle, alors si je retire avec bonheur la tenue à mon retour, quel boost pendant! Thierry a raison, le costard apporte un plus d'assurance... qui me manque sérieusement dans la vie, d'ailleurs;)
RépondreSupprimer@ Babelle: sur le dernier rendez-vous de la journée, le plus important à mes yeux, je crois que le costard n'a pas eu d'incidence, pas vrai ?;) Mais face à tant d'élégance, je m'incline et vais donc penser à me... raser les jambes.
J'adore le coup des chèvres prophètes! A bientôt...
C'est vrai, tu es parfaite!
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